Actualités :: Robert Ménard de RSF : "Le Burkina progresse en matière de liberté (...)
Robert Ménard

Le forum de la société civile se poursuit ce matin avec l’examen du thème de la "Bonne gouvernance, la paix et la sécurité". Mercredi après l’ouverture des travaux, les 300 délégués présents ont échangé sur le statut, les caractéristiques de la société civile dans l’espace francophone.

Il était aussi question de lutte contre la pauvreté, de genre mais aussi et surtout de droits de l’Homme et de démocratie. Nous avons donné la parole à quelques participants qui nous ont dit leurs attentes par rapport à ce forum. Parmi eux, Robert Menard de Reporters sans frontière qui signe son retour au Faso. Il n’a pas manqué d’évoquer l’affaire Norbert Zongo mais salue aussi les progrès réalisés par notre pays dans le domaine de la liberté d’expression.

Robert Ménard :

C’est une bonne idée que de réunir les acteurs de la société civile avant le Sommet de la Francophonie.
Un tel cadre était à mon avis indispensable car le sommet va aborder des thèmes qui intéressent les membres de la société. Il est tout à fait normal qu’on leur demande leur point de vue sur ces questions dont ils ont la charge au quotidien. Parler des droits de l’Homme sans donner la parole à ceux qui les défendent au jour le jour dans les différends est absurde. De ce point de vue, cette rencontre est une très bonne initiative. Maintenant, il va falloir attendre le sommet lui-même pour voir si les idées qui seront avancées ici seront réellement prises en compte.

S. : RSF a -t-elle des attentes par rapport à ce forum ?

RM : Oui ! Nous avons des attentes.
Il y a d’abord la liberté de la presse qui est loin d’être acquise dans les pays francophones. Au Xe Sommet, nous attendons des chefs d’Etat et de gouvernement qui ne sont vraiment pas des modèles en terme de liberté de la presse. Je ne pense pas ; si j’en juge par l’état de la presse dans les pays francophones, qu’on ait ici une espèce de palme en terme de respect de la liberté d’expression. C’est la première chose que je dirai à ce forum et que je continuerai à dire.

La deuxième préoccupation que je présenterai au forum, c’est le problème de l’impunité au Burkina. Cela fait cinq ans que je n’ai plus mis les pieds dans ce pays. N’empêche que l’affaire Norbert Zongo n’est toujours pas réglée. L’impunité est une atteinte à la base des droits de l’Homme. Il est tout à fait normal que l’on punisse ceux qui sont responsables d’atteintes violentes et graves aux droits de l’Homme. Je n’oublierai pas l’affaire Norbert Zongo car c’est un cas d’impunité grave.

Je suis ravi d’être à Ouagadougou et je remercie les autorités burkinabè, en particulier le président Blaise Compaoré, pour m’avoir autorisé à revenir au Burkina Faso. C’est lui, le Président du Faso qui a donné le feu vert qui me permet de vous parler aujourd’hui après cinq (05) années d’impossibilité.

Je remercie le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf qui a bien voulu voir le Président burkinabè et régler le problème de mon retour au Burkina Faso.

Je suis ravi d’être là et de constater que le pays, le Burkina avance sur le terrain de la liberté de la presse. Je vous rappelle que M. Blaise Compaoré n’est plus dans les prédateurs de la liberté de la presse de Reporters sans frontière. Ce qui ne me fait pas oublier pour autant l’affaire Norbert Zongo qui est toujours patente. On attend, vous et moi, toujours que les assassins de notre confrère soient punis. Là, ce n’est pas une histoire de politique. C’est une histoire de droits de l’homme. Et comme l’a dit le ministre des Affaires étrangères du Burkina à l’ouverture du forum, les droits de l’Homme, si c’est le socle sur lequel on construit la Francophonie, il faut en finir avec l’impunité.

S. : N’y a-t-il pas eu des marchandages pour que vous veniez à Ouagadougou ?

RM : Aucun marchandage. Tout s’est passé de la meilleure manière qui soit. J’ai rencontré le président Diouf qui en a parlé au président Compaoré. J’ai eu après un appel de la Francophonie qui me disait que c’était réglé. Vendredi, dans la journée, j’avais mon visa et j’étais aussi sec ici. J’avais hâte de venir au Burkina Faso. J’y ai passé quelques mois. J’y ai plein d’amis. J’étais très content de venir à Ouagadougou.

S. : Vous êtes-là depuis le 18, on vous a à peine vu ?

RM : Je ne viens pas faire un scandale, encore moins de la provocation. Je n’en ai jamais fait. C’est un certain nombre de vos ministres qui le pensent ici. D’abord, je suis-là pour rappeler que la liberté de la presse se défend.

Je suis ravi de voir en cinq (5) ans à quel point le paysage y compris des médias burkinabè a évolué dans le sens du pluralisme. Il y a encore plus de pluralisme qu’il y avait, il y a cinq (5) ans. Sauf qu’il y a une affaire qui n’est pas réglée. Celle-ci, je ne suis pas prêt de l’oublier pas plus que vous. Quand je rencontre la famille, les enfants... je suis troublé comme vous. On partage cela en commun que l’on soit média public ou média privé. Cette histoire doit se résoudre par un procès digne de ce nom. Je le répète, je ne fais pas de la provocation. On est là pour défendre la liberté de la presse et les confrères qui ont été assassinés et faire en sorte qu’un jour ceux qui ont tué Norbert Zongo et ses compagnons soient punis.

S. Quelle forme prendra votre contribution à ce forum ?

RM : Je vais intervenir cet après-midi (Mercredi soir. L’entretien a eu lieu dans la matinée d’hier juste après l’ouverture des travaux du forum) en rappelant ce que je vous ai dit plus haut. C’est bien de parler des droits de l’homme, c’est encore mieux de les mettre en œuvre. Il y a encore dans l’espace francophone des confrères qui sont maltraités, emprisonnés ou contraints à l’exil. Les pays francophones d’Afrique sont bien sûr concernés par ces manquements mais il ne faut pas aussi oublier les autres pays tels que le Vietnam. Alors, il serait grand temps que les gouvernements passent de la parole à l’acte.


Prosper Kompaoré, (Atelier Théâtre Burkinabè)  :

Ce qui me semble particulièrement intéressant avec ce forum, c’est que l’on reconnaît désormais que les activités culturelles et artistiques sont une composante de la société civile. Cela est quelque chose d’important car pendant longtemps, on a considéré que la dimension art et culture, c’est simplement le divertissement et le loisir. Or, il est maintenant prouvé que les activités culturelles et artistiques contribuent à influencer considérablement la vie et la société. Nous espérons qu’avec cette rencontre, on va pouvoir dégager des moyens de mieux affirmer la contribution du secteur culturel à l’évolution de nos sociétés.

La question de mobilité dans l’espace francophone qui sera abordée au cours de la rencontre nous intéresse également à plus d’un titre. Nous sommes très souvent handicapés pour la circulation des biens culturels, des produits et des artistes. Il est bon que dans le cadre d’une telle tribune, on puisse quand même donner beaucoup plus de liberté pour la circulation et la diffusion des biens culturels.


Zahra Zniber Mesfioui, représentante du Conseil international des femmes francophones (CIFF) :

Je viens du Maroc et je représente le CIFF dont le siège est à Paris. Le CIFF est une ONG qui regroupe des femmes francophones. Il est présent dans les cinq (5) continents. C’est en tant que responsable pour l’Afrique que je suis présentement à Ouagadougou pour prendre part à ce forum. Notre organisation a pour but de valoriser le rôle des femmes dans les pays francophones. Il œuvre pour ce faire, à la promotion de l’égalité et la participation des femmes aux prises de décisions. Il développe enfin la solidarité entre les femmes de l’espace francophone et ne manque pas l’occasion de participer aux rencontres de ce genre pour faire entendre la voix des femmes francophones.

Dans nombre de pays francophones, les femmes n’ont pas les moyens de participer à des rencontres au niveau international. Avec le CIFF, leurs points de vues sont quand même défendus. Nous organisons ainsi des rencontres, des conférences et des tables rondes où nous recueillons leurs préoccupations. Nous espérons ainsi renforcer la diversité culturelle qui est un des principes fondateurs de l’Organisation de la Francophonie.

Notre attente, c’est que ce forum devienne un outil institutionnel parce que la société civile a prouvé qu’elle était plus proche des populations. Cela donnerait plus de chances de réussite aux projets de développement car la société civile a une plus grande influence sur les bénéficiaires avec qui elle travaille au quotidien.

Entretiens réalisés par Victorien A. SAWADOGO (visaw@yahoo.fr)
Sidwaya

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