Actualités :: Une opposition persécutée, une démocratie confisquée

Etre opposant au Burkina Faso, une énorme responsabilité pour laquelle des sacrifices quotidiens sont nécessaires tant le pouvoir déploie une machine repressive aux multiples facettes. Etre opposant au Burkina, c’est affronter les foudres d’un pouvoir qui ne veut pas entendre le mot "alternance".

Malheureusement, peu de Burkinabé semblent conscients des difficultés de l’opposition qui n’a pourtant qu’un seul objectif : instaurer un veritable Etat de droit où chaque habitant de ce pays exprimera sa citoyenneté.

Voici un exercice auquel il faudra un jour s’adonner pour comprendre tout le caractère répressif et anti-démocratique du régime Compaoré : calculer l’énergie et l’argent dépensés par l’opposition depuis l’avènement de la IVème République pour survivre face aux provocations et aux manoeuvres du pouvoir en place. Aucune formation politique de l’opposition combattante n’a échappé aux turpitudes du parti majoritaire.

Tantôt c’est une scission, tantôt un procès ou, comme c’est le cas actuellement pour Me Yaméogo Hermann, des accusations fantaisistes tendant à divertir tout le monde. Cette technique de la complotite et de la subversion, usée et abusée sous d’autres cieux, est devenue éculée. Très peu de dictateurs africains l’utilisent encore. Seul Robert Mugabe continue à harceler ses opposants en brandissant l’arme d’atteinte à la sécurité de l’Etat. Malgré l’échec de cette stratégie d’étouffement des opposants, le pouvoir s’entête. Au risque aujourd’hui, d’ouvrir enfin les yeux des Burkinabé sur ses manoeuvres.

Mais il aura tout de même commis d’énormes dégâts et porté préjudice à l’évolution de l’opposition. Après les législatives de 2002 et la percée de l’opposition, on a vu le virage à 180 degrés opéré par le régime, à travers la révision honteuse du code électoral. Outre l’institution parlementaire soumise à sa volonté, le pouvoir utilise l’appareil d’Etat pour régler ses comptes à l’opposition et à tous ceux qui lui sont proches. Il n’est pas question pour un opérateur économique qui ne détient pas la carte du parti, d’être attributaire d’un marché public, fût-il compétent. C’est une chasse gardée. Les nominations aux hautes fonctions de l’Etat, loin de privilégier la compétence, célèbrent l’appartenance et l’étiquette politiques.

Dans ces conditions, il est quasiment impossible pour un cadre aux idées indépendantes de bénéficier de promotions professionnelles qu’il mérite en toute légitimité. Bref, tout le système administratif est verrouillé. La porte restée entrebaillée ne laisse passer que les soumis et les béni-oui-oui. Mais en croyant neutraliser l’opposition, les dirigeants de la IV ème République portent atteinte à tout le processus démocratique. Car, qu’est-ce qu’une démocratie libérale sans une opposition forte ? Or, toute la stratégie de survie est fondée sur l’écrasement des partis d’opposition.

Impossible, dès lors, pour eux de jouer leur rôle qui est d’animer la vie politique en veillant au bon fonctionnement des institutions. D’ailleurs, cette politique du "Diviser pour régner" a donné naissance à un chef de file de l’opposition sans aucune légitimité. Le comble, c’est que justement, des citoyens burkinabé ont accepté de jouer le jeu du pouvoir. Devenus opposants factices et administratifs, ils n’ont aucune gêne à se présenter devant le peuple sous le label d’opposants. Une véritable trahison s’il en est, qui sera mise tôt ou tard au grand jour !

Entre deux elections donc, il n ’y a aucun répit pour les partis d’opposition au Burkina. On leur donne toujours des problèmes à gérer de telle sorte qu’ils ont de la peine à se structurer et à occuper le terrain politique. N’eûrent été la ténacité et la conviction de certains opposants déterminés, il est incontestable que certains partis auraient disparu. Les vrais fossoyeurs de la République, ce ne sont donc pas les véritgables opposants mais bien les tenants du pouvoir qui multiplient les actes anti-démocratiques.

En retardant l’avènement d’un veritable Etat de droit pour leur bon plaisir, le CDP et les partis larbins qui l’accompagnent, commettent un impair grave que l’Histoire retiendra. Parce que la marche de ce pays vers la démocratie, qu’on le veuille ou non, aboutira. La prise de conscience croissante des populations victimes de diverses prédations et des errements d’un régime usé et sans imagination, sont les éléments qui creuseront la propre tombe des fossoyeurs.

L’occasion est en tout cas belle pour le peuple burkinabé de briser les chaînes de l’asservissement qui l’entravent. La cherté du coût de la vie, la stagnation des salaires et revenus, la confiscation des libertés politiques, syndicales et de presse sont autant de pilules amères qui ne peuvent que réveiller les plus endormis. Une mobilisation citoyenne pour un changement démocratique est nécessaire. Ce sursaut peut être canalisé par l’opposition responsible réunie dont les membres ont fait la preuve de leurs convictions démocratiques.

Le compte à rebours a commencé. Il ne faut pas se laisser distraire par les manoeuvres d’un pouvoir en perte de vitesse. Cette fin d’année doit annoncer une nouvelle ère dont le couronnement sera probablement l’élection présidentielle de 2005. Il suffit d’y croire, afin que cessent les persécutions contre les opposants, la prise en otage des institutions nationales, la misère sans cesse croissante de la population.

San Finna

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