Actualités :: Avenir du Burkina : "Seuls les peuples font et défont les régimes"

Nous avons reçu de ce lecteur cette réflexion concernant l’avenir du Burkina Faso. Dans l’écrit qui suit, Drissa Ouédraogo, inspecteur des impôts, dénonce les débats menés par des jeunes intellectuels dans les débits de boissons. Il les invite plutôt dans un cadre formel et invite tous ceux qui aiment le Burkina, à participer activement aux débats politiques ou à adhérer à des organisations de la société civile.

Pendant longtemps, trop de citoyens intellectuels sont restés en marge du débat démocratique et de l’avenir de ce pays que nous chérissons. Cette absence s’est remarquée surtout dans la presse et dans les regroupements associatifs et politiques.

La plupart des jeunes intellectuels cadres ne mènent le débat qu’autour d’une bouteille de bière (j’en connais beaucoup). Souvent dans ce cadre de débat, il ressort des propos pertinents, tout comme des avis saugrenus. Mais ce qui m’intéresse, ce sont les idées pertinentes qui auraient pu être discutées dans un cadre formel. Le pays aurait gagné beaucoup sur tous les plans. En clair, j’invite mes frères Burkinabè, surtout ceux qui ont un niveau d’instruction élevé notamment universitaire, à militer selon leur conviction, dans les formations politiques notamment et /ou dans des associations de la société civile.

Le destin des pays, ce sont les hommes qui le font. On ne le change pas autour d’une bière, mais par son action active sur tous les chantiers du développement.

La responsabilité du changement de ce pays repose en partie sur nous les jeunes ayant franchi le cadre universitaire. Cette distinction ne vise pas à mettre à l’écart ceux qui ne sont pas allés loin à l’école, mais repose sur notre plus grande aptitude à mieux cerner les enjeux démocratiques, économiques et sociaux d’une politique.
Le peuple a payé cher pour nos études, pour que nous discutions de son avenir de façon banale dans les débits de boissons.

Les dissertations dans les journaux

Moi je suis un cadre des impôts, et je ne serais pas à ce niveau, si des efforts n’avaient pas été consentis lourdement par le pays entier (Je remercie tous ceux qui y ont contribué par des apports quelconques au budget de l’Etat).

Aux partis politiques existants, je voudrais dire qu’il est beau de disserter dans les journaux, mais seulement peu de gens peuvent s’approprier un journal, pour plusieurs raisons dont notamment :
- Le faible niveau de revenus de la population, le prix du journal, bien que très étudié restant inaccessible pour le Burkinabè moyen (moins de 1% de Burkinabè ont un revenu permanent).
- La desserte : les localités les plus éloignées comme Banfora sont coupées très souvent des journaux, moins de 20% des Burkinabè sont en ville et les routes restent impraticables.
- Plus de 80% des Burkinabè sont analphabètes.
Les organes de presse dans le processus démocratique, au Burkina restent un support incontournable mais pas le mieux adapté pour communiquer avec les militants pour les raisons ci-dessus évoquées.

Les responsables des partis politiques doivent axer leurs actions sur les rencontres (AG, meeting...), et non dans les organisations d’activités de divertissement (sport, danse populaires ...)
Le peuple a besoin d’être éduqué.

Prenons l’exemple des pays où l’alternance a lieu (Sénégal, Ghana, Kenya...), les communications avec les militants sont directes.

Au Burkina, on accuse toujours le régime d’être militarisé et militariste, pour ne pas agir de peur d’être arrêté, châtié. Je m’insurge contre cette façon de voir. L’engagement doit être responsable.

Aucun régime au monde ne peut résister à la volonté du changement du peuple. Seuls les peuples font et défont les régimes. Tout est question de conviction et d’engagement.
Sans prendre position pour le régime au pouvoir, force est de reconnaître que l’opposition burkinabè est l’une des plus naïves en politique en Afrique. Elle a manqué plusieurs fois le rendez-vous avec l’histoire et découragé les militants par des comportements incompréhensibles.

Au Burkina, le malheur c’est la transformation des partis politiques en une entreprise unipersonnelle, une entreprise familiale et au mieux en une SARL à deux actionnaires (moi et mon ami).

Les limites de l’opposition

Les dernières élections législatives (j’étais président de bureau de vote) ont montré les limites objectives de l’opposition burkinabè à pouvoir s’organiser, et la présidentielle à venir nous montrera encore (je prie Dieu que cette assertion soit fausse) une autre face hideuse de notre opposition.

Nous avons tous cru en elle et osons croire qu’elle saura se comporter dignement et mieux s’organiser. Sans une opposition digne et crédible, pas de changement de comportement tant dans la gestion courante des affaires par les tenants du pouvoir que pour l’alternance.
Aux tenants du pouvoir actuel, il sera malhonnête de ne pas reconnaître qu’il y a un effort dans la gestion du pays, mais force est de reconnaître qu’il reste beaucoup à faire.

Il faudra mettre davantage l’accent sur la communication avec le peuple ; aujourd’hui, n’en déplaise à ses détracteurs, Blaise Compaoré est le président de tous les
L’avenir d’un peuple se trouve dans sa jeunesse. De ce fait, la jeunesse doit bénéficier de tous les égards de nos dirigeants par :
- l’augmentation du budget de l’éducation, l’octroi de plus de bourses à l’Université et l’accroissement des cantines scolaires
- l’accessibilité à l’école (baisse coût de l’éducation) du plus grand nombre d’enfants
- l’instauration d’une brigade des moeurs afin de lutter contre l’alcoolisme et la prostitution des jeunes, etc.
- la création d’emplois
- la création de plus de centres de formation professionnelle
- Vu les moyens limités de l’Etat, contraindre les banques pour plus de souplesse en faveur des promoteurs privés.

L’Observateur

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