Actualités :: Burkina/Côte d’Ivoire : Gbagbo accuse, Djibrill Bassolé contre-attaque

Suite à la saisine des présidents de l’Union africaine et de la CEDEAO par Laurent Gbagbo de Côte d’Ivoire, au sujet d’une "action de déstabilisation de son régime, à partir du Burkina Faso’’, une réaction officielle est partie le 4 octobre de Ouagadougou pour Abidjan...

Le ministre burkinabè de la Sécurité, Djibrill Yipènè Bassolé y répond, point par point, à son homologue Martin Bléou de Côte d’Ivoire.

Le Burkina s’inscrit en faux, arguments à l’appui, contre les propos rapportés dans la lettre adressée par le président Laurent Gbagbo, dimanche 26 septembre dernier, aux présidents en exercice de la CEDEAO et de l’Union africaine. Voilà pourquoi, le ministre de la Sécurité, M. Djibrill Yipènè Bassolé, vient d’adresser une lettre, le 4 octobre 2004, à son homologue de Côte d’Ivoire, M. Martin Bléou.

Dans son adresse à son "frère’’ ministre ivoirien de la Sécurité intérieure, Djibrill Yipènè Bassolé marque son étonnement que le président Gbagbo ait pu apposer sa signature au bas d’un document constitué d’informations érronnées, "truffées d’erreurs’’, pour porter des accusations contre le pays frère .... le Burkina Faso.

Informations "cousues de fils blancs’’ dont, les services de renseignements burkinabè, selon le ministre Bassolé, ont su localiser le lieu d’émission depuis Ouagadougou ( le 23 septembre 2004, à 11h49 mn, à partir d’un télécentre de la place), pour Abidjan (hôtel Ibis du Plateau).

Selon nos sources, c’est le ministre ivoirien en charge des relations avec les institutions, qui aurait été dépêché, auprès du président John Kufuor en tant que président en exercice de la CEDEAO à Accra et ensuite du président nigérian, Olesegun Obasanjo en tant que président en exercice de l’Union africaine à Abuja, afin de porter la lettre de Laurent Gbagbo, accusant ceux qu’il a qualifié en ces termes : "... Nos adversaires et leur allié, le président Blaise Compaoré du Burkina Faso...’’.

Nos sources affirment par ailleurs, qu’en dehors de l’ambassadeur du Burkina en Côte d’Ivoire qui a été convoqué pour s’entendre répéter les reproches contenus dans la lettre de Laurent Gbagbo en date de dimanche 26 septembre 2004, ceux de France et des Etats-Unis en Côte d’Ivoire ont également été reçus à cet effet.

Face à cette donne et en raison du fait que, lors de la rencontre des ministres chargés de la Sécurité des pays membres de la CEN-SAD à Cotonou au Bénin, les 29 et 30 septembre 2004, le ministre ivoirien de la Sécurité a publiquement exprimé "des préoccupations relatives à une action déstabilisatrice de la Côte d’Ivoire...’’, le ministre Bassolé, selon nos sources, a décidé de réagir...

En invitant son "homologue et frère’’ de Côte d’Ivoire, à privilégier les cadres de concertation pour la paix et la stabilité sous-régionales, en lieu et place de tels types de réactions (...).

Compte tenu de "l’importance du sujet et des controverses qu’il soulève’’, nous vous livrons, in extenso, la lettre que vient d’adresser Djibrill Yipènè Bassolé à Martin Bléou.

Sidwaya


MINISTERE DE LA SECURITE

N° 2004-0161/SECU/CAB/CONF

Ouagadougou, le 04 OCT. 2004

Le Ministre de la Sécurité

A

Monsieur le Ministre de la Sécurité Intérieure de la République de Côte d’Ivoire

- Abidjan-

Monsieur le Ministre et cher frère,

Suite à notre dernier entretien en marge de la réunion des Ministres chargés de la Sécurité des pays membres de la CEN-SAD à Cotonou, je voudrais vous transmettre quelques éléments de réponse quant aux préoccupations que vous aviez exprimées relatives à une action de déstabilisation de la Côte d’Ivoire.

Comme je vous l’avais indiqué, les informations contenues dans la lettre que le Président de la République de Côte d’Ivoire a notifiée à l’ambassadeur du Burkina Faso à Abidjan en votre présence, méritent que nous l’examinions ensemble compte tenu de l’importance des questions de sécurité qui y sont relatées.

Monsieur le Ministre et cher frère,

Je voudrais d’ores et déjà vous faire remarquer que la lettre de la Présidence de la République de Côte d’Ivoire qui incrimine le Burkina Faso et adressée au Président en exercice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) date du 26 septembre 2004.

Son contenu est strictement conforme à celui d’un document faxé de Ouagadougou le 23 septembre 2004 à 11 heures 49 minutes et reçu à l’Hôtel Ibis Plateau (Abidjan) par Monsieur YAMEOGO Noël et dont une copie a été saisie en sa possession le 28 septembre à son retour à Ouagadougou en provenance d’Abidjan en compagnie de Monsieur YAMEOGO Hermann.

Je joins à la présente pour votre information une copie de ce document qui se caractérise par son manque de substance crédible.

En effet les premières investigations ont permis d’établir qu’il s’agit d’une machination destinée à extorquer de l’argent auprès des autorités ivoiriennes et de jeter le discrédit sur le Burkina Faso et ses dirigeants.

Les services techniques de mon Département sont disposés à vous transmettre les numéros de téléphone et de fax, les numéros de comptes bancaires et tous les éléments qui indiquent qu’il s’agit d’une activité de désinformation à des desseins inavouables.

Par rapport à la substance même des informations qui vous amènent à incriminer le Burkina Faso, je voudrais vous faire part de mon analyse et de mes impressions sur quelques- unes qui se trouvent être dénuées de bon sens.

- Monsieur Jean Pierre BEMBA, actuel Vice-Président de la République Démocratique du Congo (RDC) nous situera sur l’exactitude de la présence de 150 de ses éléments. En tout état de cause, Loumana est une localité située à 10 Km de la frontière ivoirienne où la présence de 150 Congolais en armes ne passerait pas inaperçue.

- Le Colonel MANTION de la DGSE (Général depuis 1997) après un long séjour en Afrique centrale jouit paisiblement de sa retraite en Nouvelle Calédonie. Son arrivée à Ouagadougou aurait été de notoriété publique.

- Solenzo est une localité située à l’Ouest du Burkina Faso à 300 Km de la frontière ivoirienne. Aucun camp militaire n’est basé à proximité. Des instructeurs israéliens qui forment des Ivoiriens Bété, des Libériens et Sierra Léonais seraient facilement identifiés par les populations elles-mêmes.

- Johnny Paul KOROMA n’a pas pu être ressuscité pour se retrouver sur l’Avenue Kwamé N’KRUMA dans la nuit de samedi à dimanche (probablement dans un maquis) en compagnie de cinq (05) éléments de la Sécurité Présidentielle.

- La présence du Capitaine PEDRO de l’UNITA à Ouaga 2000 ainsi que le séjour d’anciens éléments du NPFL de Taylor et de l’aile dissidente du LURD à Pô n’est que le fruit d’une invention fantaisiste.

- L’aile militaire des Forces Nouvelles a-t-elle vraiment besoin de venir à Bobo pour tenir une rencontre importante ? Elle contrôle tout le Nord de la Côte d’Ivoire.

- Pour l’Antonov 12 qui s’est posé à Bobo immatriculé en Moldavie (ER ICJ) dans la soirée du lundi, si l’informateur a pu disposer d’autant de précision cela veut dire que les mêmes éléments peuvent être vérifiés auprès de I’ASECNA.

En outre pour un type d’avion qui ne transporte que quatorze (14) tonnes, quinze (15) véhicules 4 X 4 et deux (02) camions logistiques avec autant d’armement ne peuvent y tenir.

- L’avion du Président du Faso a un programme de vol facilement vérifiable et l’Officier OULD Mid pourra difficilement entrer aux Etats-Unis sans visa, toutes choses qui peuvent facilement se vérifier.

- Les transactions financières au profit des rebelles de Côte d’Ivoire et des putschistes mauritaniens opérées par les banques qui sont citées dans la correspondance peuvent se prouver facilement dans la mesure où les lesdites banques sont connues.

Je voudrais enfin vous signaler que les informations relatives aux éléments combattants de la Mauritanie indiquent tout simplement que les informateurs de Ouagadougou ont eu le souci de vous servir en même temps que les autorités mauritaniennes, ce qui explique qu’Abidjan et Nouakchott aient agi simultanément (les 25, 26 et 27 septembre 2004).

Monsieur le Ministre et Cher Frère,

Un examen rapide du contenu des informations transmises de Ouagadougou et reprises par la lettre du Président de la République montrent que les informateurs ont eu le souci de la précision relative à des lieux, des dates, des identités de personnes, des immatriculations d’avions, des noms de localités de banques, etc. Ceci devrait nous faciliter les enquêtes et les recherches.

Ces informations pourront toujours si vous le souhaitez faire l’objet de vérifications à travers les cadres de concertations en matière de sécurité dans lesquels nos deux pays sont engagés.

Les suspicions et les accusations créent ou exacerbent des tensions inutiles qui engendrent presque toujours des conséquences dommageables sur la paix et la sécurité de nos populations. C’est pour cette raison qu’il est nécessaire de les vérifier minutieusement avant d’en faire un quelconque usage officiel.

Le crédit que les autorités ivoiriennes accordent à des informations aussi mal dégrossies et cousues de fil blanc augmente nos inquiétudes quant aux exploitations insidieuses qui pourraient en être faites.

La vigilance doit donc être de rigueur en attendant que nous nous retrouvions pour échanger sur les vrais problèmes qui nous préoccupent.

Je vous expliquerai de vive voix ce que cache en réalité l’acharnement concomitant des autorités ivoiriennes et mauritaniennes sur le Burkina Faso ainsi que les conclusions de la réunion de Conakry que les services de sécurité ont pu établir.

Tout en vous exprimant ma disponibilité à œuvrer pour la paix et la stabilité dans nos deux pays et dans la sous-région, je vous prie de bien vouloir accepter l’expression de ma haute et cordiale considération.

Djibril Bassolé

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