Actualités :: Politique agricole : " Laissez Salif Diallo tranquille ! "

Dans une rubrique qu’il anime ("Droit dans les yeux"), le père Balemans a eu à évoquer la politique agricole menée au Burkina sous le ministre Salif Diallo. Le ministre chargé de l’Agriculture à travers sa DCPM ne partage pas les points de vue du prélat et réagit dans le droit de réponse ci-dessous.

Dans la rubrique " Droit dans les yeux" du quotidien "Le Pays" n°3219 du mardi 28 septembre 2004, Monsieur F. Balemans a publié un article sous le titre "Le gouvernement se moque des paysans". Monsieur F. Balemans qui est un ecclésiaste bien éduqué estime en réalité que " le gouvernement se fout loyalement de nos paysans" à travers un écrit aussi mensonger que diffamateur, certainement à dessein.

En fait, par cette campagne d’intoxication et de diffamation, F. Balemans se moque de nos braves paysans et de l’opinion publique. Monsieur Balemans, vous évoquez la question des subventions que certains gouvernements accordent à leurs agriculteurs, sachant bien que notre pays est l’un des leaders dans l’initiative des luttes menées contre ces subventions, et affiche clairement cette position lors des rencontres internationales où la question est à l’ordre du jour.

Le chef de l’Etat lui-même ne manque pas d’occasion pour monter au créneau à ce sujet. C’est une lutte de longue haleine où l’espoir est permis, même si les résultats se font attendre. Vous accusez le gouvernement d’avoir acheté du riz américain au détriment du riz local, dans le cadre de l’Aide alimentaire japonaise, tout en prétendant que certaines personnes en profitent.

Au départ de l’opération, sachez qu’il n’ a pas d’argent en tant que tel, le don japonais arrive en nature, sous forme de riz américain, australien, thaïlandais, chinois, vietnamien ou uruguayen déjà acheté par le Japon et stocké sur son territoire. Conformément aux directives applicables à l’aide non remboursable pour l’aide alimentaire japonaise, ce don est géré par un consultant indépendant recommandé aux autorités burkinabè par l’Agence japonaise de coopération internationale, sous la tutelle d’un comité consultatif regroupant les deux gouvernements.

La SONAGESS qui reçoit le stock de riz en distribue gratuitement une partie aux personnes démunies et détermine également la quantité à vendre selon les procédures en vigueur. Les recettes de la vente sont versées dans le Fonds de contre-partie géré de commun accord par le Burkina Faso et le Japon. Une partie du fonds sert à financer des projets de développement approuvés par le Japon, et l’autre partie est consacré à l’achat des céréales locales auprès des paysans pour renforcer les stocks de sécurité alimentaire.

Il n’ y a donc pas d’argent donné aux Américains, contrairement à vos propos, sinon que l’argent sert en partie à " payer le mil de nos propres paysans".
Des études sérieuses démontrent que l’aide alimentaire japonaise n’a pas d’influence négative sur le comportement du marché du riz au Burkina Faso.

Là où nous sommes d’accord avec vous, c’est que le prix de vente du riz livré au Burkina Faso est inférieure au prix de vente du riz local, cela pour des raisons structurelles liées aux facteurs de productions que nous savons tous défavorables. Ce que nous déplorons tous. Et là, le gouvernement est à la recherche de solutions pour résoudre cette question.

A propos des 125 millions de F CFA que le gouvernement aurait mis dans la SOPROFA, sachez que cette somme est la participation de l’Etat burkinabè au capital de ladite société à hauteur de 25%, libérée directement dans les comptes de la SOPROFA lors de sa constitution. Cette enveloppe a servi à la réfection des bâtiments , à l’acquisition du mobilier et du matériel roulant. Vous pouvez vérifier la transparence de toutes ces opérations au niveau du trésor public ou de la Direction générale de la SOPROFA. Du reste, vous avez la possibilité de commanditer une mission d’audit sur la gestion de ces comptes.

Sans vouloir défendre la SOPROFA, qui a effectué un investissement de 15 milliards dans le monde rural en deux ans, dont plus de 6 milliards de nos francs distribués directement aux producteurs, il faut reconnaître que sa création était plus qu’une nécessité et les décideurs ont vu juste en l’accompagnant. Vous comprenez donc que les 125 millions de francs CFA de l’Etat ne représentent qu’une infime partie des investissements consentis par cette société.

Si la SOPROFA n’existait pas, il aurait fallu donc la créer en tant que maillon manquant dans la chaîne de production agricole, notamment dans le domaine très sensible de la commercialisation des céréales. Et comme vous le dites si bien, l’Etat veille à ce que "le prix d’achat aux producteurs soit juste, rémunérateur et qu’on ne pille pas les paysans".

Aujourd’hui, même si la SOPROFA connaît quelques difficultés inhérentes à toute nouvelle entreprise, difficultés qu’elle s’efforce de résorber progressivement (entre autres difficultés le non respect des contrats de production, les crédits aux producteurs sont de 113 millions FCFA, pendant que les impayés de crédits intrants des producteurs sont de plus de 529 millions), il faut reconnaître que ses objectifs sont nobles, justes et louables.

Monsieur F. Balemans, vous êtes un prêtre, mais malheureusement loin d’être celui qui apporte la bonne nouvelle. Au lieu de vous contenter de rumeurs, vous gagneriez à aller chercher l’information juste et saine à la source pour mieux prêcher ; plutôt que de diffamer les bonnes volontés qui se battent nuit et jour et parfois au prix de leur vie pour le développement du monde rural.

Que reprochez-vous exactement au ministre de l’Agriculture ? Tout le monde est d’accord que pour l’initiative et les bonnes orientations, le ministre Salif Diallo en possède. Lui au moins ose lutter et prendre des décisions courageuses en faveur des producteurs. Allez ailleurs demander aux producteurs de Bagré, du Sourou et de Banzon, etc. combien ont-ils pu engranger avec la SOPROFA ? (voir encadré).

Dites-nous ce que devenaient leurs productions avant la création de la SOPROFA, et vous comprendrez que malgré les difficultés actuelles, elle se positionne comme un véritable instrument de lutte contre la pauvreté en milieu rural. Que Salif Diallo vienne du Yatenga ou d’ailleurs, en quoi cela vous gêne-t-il ? Qu’il soit soutenu par ses frères ne fait que confirmer son intégration véritable dans sa région au regard des actes positifs et louables qu’il pose tous les jours.

Et vous, d’où venez-vous pour vous permettre de parler au nom des producteurs du Burkina Faso qui ne vous connaissent pas, et dont vous ignorez les réalités. Arrêtez de distiller des hallucinations qui ne vous honorent pas ; à moins que, comme le disent les gens, il y ait quelque chose en vous qui ne tourne pas rond.

Une fois de plus Monsieur F. Balemans, faute de ne pouvoir ni comprendre ni encourager sa politique constructive du développement rural, laissez Salif Diallo tranquille, allez chercher d’autres chats à fouetter.


Evolutions des Achats directs de paddy

Sourou : 1 106 000 000

Banzon : 664 000 000

Vallée du Kou : 600 800 000

Bagré : 454 800 000

Autres plaines et bas-fonds : 524 400 000

La DCPM du MAHRH

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