Actualités :: Me Hermann Yaméogo : "Je n’ai pas été en Mauritanie"

Accusées par la Mauritanie de menées déstabilisatrices, les autorités burkinabè indexent à leur tour l’opposant Me Hermann Yaméogo d’être de mèche avec les maîtres de Nouakchott. Rentré hier de voyage, ce dernier a nié en bloc les accusations portées à son encontre par le ministre de la Sécurité, Djibril Yipènè Bassolé.

"Les confidences de Djibril Bassolé", c’est sous ce tire que Sidwaya, dans son édition n°5107 du mardi 28 septembre 2004, a ouvert à la une et publié en page 3 l’entretien que lui a accordé le ministre burkinabè de la Sécurité au sujet des incriminations mauritaniennes contre le Burkina.

Tout commence, on le sait, le 26 août 2004 quand Nouakchott accuse Ouaga et Tripoli d’être derrière la nième tentative de coup d’Etat qui y aurait été tuée dans l’œuf début août alors que le président Maouiya Ould Sid Ahmed Taya s’apprêtait à aller assister au 60e anniversaire du débarquement de Toulon en même temps qu’une quinzaine de ses homologues africains dont Blaise Compaoré. Ould Taya sera finalement absent des festivités de Provence.

La Mauritanie impute notamment au Burkina d’abriter des opposants irréductibles du président Ould Taya, parmi lesquels les cerveaux présumés de la précédente tentative de putsch, celle du 8 juin 2004, qui a failli emporter l’homme fort de Nouakchott : il s’agit, entre autres, des commandants Mohamed Ould Cheikhna et Saleh Ould Hannena, qui auraient atterri à Ouaga après avoir transité par le Niger et le Mali.

A ceux-là s’ajouterait Moustapha Ould Limam Chaffi, un Mauritanien établi de longue date au Burkina, lequel ne fait pas mystère de son hostilité au maître de Nouakchott, et est présenté comme un conseiller occulte du président du Faso, ce dont il se défend.

Bien entendu, les autorités burkinabè nient tout en bloc et s’efforcent de convaincre une opinion nationale et une communauté internationale d’autant plus sceptiques qu’il y a de fâcheux précédents.

Ouagadougou veut en tout cas montrer patte blanche, et pour preuves de sa bonne foi, fait état d’opposants mauritaniens qui auraient été arrêtés courant janvier 2004 avant d’être remis à qui de droit via le Mali.

Des explications qui sont loin d’avoir convaincu les premiers responsables mauritaniens, puisque le 25 septembre dernier, ils enfonçaient le clou, déclarant notamment sur les ondes de RFI que des putschistes mauritaniens seraient entraînés dans les garnisons de Dédougou et de Pô par un officier togolais, lui-même recherché par le général Eyadema. Et voilà l’affaire qui rebondit alors qu’on pensait qu’elle était retombée comme un soufflé et que la tension entre les deux capitales avait baissé d’un cran.

Les graves accusations de Bassolé

Les autorités burkinabè avaient beau demander la mise sur pied, par l’Union africaine, d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur cette ténébreuse affaire, leurs dénégations ne semblaient pas passer. Elles ont donc visiblement choisi de passer à la vitesse supérieure avec l’entretien exclusif accordé à notre confrère.

Sans prendre de gants, le premier flic du Burkina indexe Me Hermann Yaméogo d’être derrière les dernières informations relayées par la presse internationale. Morceaux choisis : "Il y a manifestement des puissances étrangères hostiles au Burkina... Elles bénéficient du concours d’illustres Burkinabè, qui sillonnent en ce moment même certaines capitales pour vendre des informations sur de prétendus camps d’entraînement de putschistes étrangers. Vous avez certainement lu l’article "Refermons vite cette parenthèse folle", du journal San Finna du 27 septembre 2004. Savez-vous que c’est Me Hermann Yaméogo qui l’a fait envoyer de Nouakchott, où il a été reçu mercredi 22 septembre à la présidence en provenance d’Abidjan ?".

L’accusation est grave, très grave même, et on peut raisonnablement se demander sur quelles informations se fonde Yipènè pour dresser un réquisitoire aussi sévère contre le président de l’UNDD.

Comme l’intervieweur de Sidwaya, on peut en effet penser qu’il est trop facile de faire d’Hermann le bouc émissaire des mésintelligences entre Ouaga et Nouakchott.

Pour certains, le régime, comme à son habitude, botte en touche au lieu de véritablement fournir la preuve de son innocence. Djibril Bassolé n’est d’ailleurs pas loin de présenter le natif de Koudougou comme un vulgaire racketteur quand il a affirme qu’"Il se bat comme il peut pour se faire un peu d’argent".

Mais que dit le fils de "monsieur Maurice" de toutes ces allégations ? Hier dans la matinée, nous avons essayé en vain de lui mettre la main dessus, mais il nous a été dit qu’il était absent du pays.

Jusqu’à ce qu’en début d’après-midi, nous apprenions qu’il était finalement rentré et qu’il donnerait à 18h à son domicile une conférence de presse sur les derniers développements de cette affaire.

Le plan de vol d’Hermann

C’est un Hermann particulièrement remonté qui a rencontré les journalistes, accourus entendre son mémoire en défense. D’entrée de jeu, il a nié en bloc les propos du ministre de la Sécurité, Djibril Bassolé, avant de détailler les différentes étapes de son périple. De la Côte d’Ivoire, il a été aux Etats-Unis, plus précisément à Washington, où il a participé à la rencontre du Black Caucus. Après cette rencontre, il s’en est retourné en Côte d’Ivoire.

Du pays d’Houphouët Boigny, le leader de l’UNDD s’est envolé pour la Guinée, où il a séjourné le désormais fameux 22 septembre. Hermann Yaméogo dit n’avoir pu se rendre au Sénégal ni au Ghana, faute de temps. Au moment de rentrer de Guinée au Burkina, tous les vols étaient pleins. Avec son compagnon, Noël Yaméogo, commissaire national de l’UNDD, ils ont donc été dans l’obligation de prendre un vol d’Air Mauritanie pour ce faire, malgré, commenteront-ils, les interprétations qu’on ferait de cette prise de décision.

A leur descente d’avion, expliquera Hermann, des policiers sont venus leur demander où ils étaient partis et qui ils avaient rencontré pendant leur périple. « D’ailleurs, Noël, affirmera-t-il, est toujours gardé dans les locaux de la Sûreté ». A la presse, Me Hermann Yaméogo dira qu’il faisait l’objet d’une filature depuis son départ au Burkina jusqu’aux Etats-Unis en passant par la Côte d’Ivoire et la Guinée.

Quant à l’écrit paru dans San Finna, le Directeur-gérant de ce journal expliquera dans quelles circonstances il a été reçu et publié : ayant eu vent de ce document, il a contacté un confrère qui en détenait copie. Ce dernier lui dira qu’à défaut de pouvoir lui remettre la copie, volontiers, il lui donne l’adresse électronique de l’auteur. Le Directeur-gérant de San Finna, Ndo Mathieu, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a donc contacté l’auteur.

Ayant obtenu l’accord de ce dernier, il en a tiré une copie de son ordinateur pour publication. De là donc à dire que c’est Hermann Yaméogo qui l’a écrit depuis Nouakchott… Le chantre du "tékré" rejettera donc les accusations de Bassolé, d’avoir été en Mauritanie et d’avoir rencontré Ould Taya.

C’est maintenant, ajoutera-t-il d’une façon ferme, que je vais engager des démarches officielles pour chercher à le rencontrer pour lui dire que ce ne sont pas tous les Burkinabè qui sont d’accord avec les multiples velléités putschistes ». D’ailleurs, dira-t-il, on est libre de rencontrer qui on veut. Il concluera en annonçant que cette fixation sur sa personne n’est que le fait d’un pouvoir aux abois et qui a peur.

Ousséini Ilboudo
K. Issa Barry
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