Actualités :: CDP-Houet : Un frein à la cohésion sociale

A quelque une année de la présidentielle 2005, la majeure partie des formations politiques qui comptent au "Pays des hommes intègres" ont déjà annoncé leurs ambitions. A commencer par le parti présidentiel, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), qui, par la voix de son secrétaire général, le tout-puissant ministre d’Etat en charge de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, Salif Diallo, a mis son poulain en selle dès les premiers jours de l’année 2004.

Oui, le mégaparti, sérieusement bousculé lors des dernières législatives, n’entend pas faire les choses au hasard. En 2005, en effet, après 18 ans de règne, il faudrait que Blaise Compaoré, son candidat naturel, l’emporte certes, mais avec un score confortable, à défaut d’embrasser la tradition soviétique en la matière. A dire vrai, le CDP a les moyens tant humains, financiers que logistiques pour faire de ses ambitions une éalité.

Le Conseil d’Etat ne s’est encore certes pas prononcé sur la candidature éventuelle de son candidat, dans la mesure où le top de départ n’a pas été donné, et que lui-même ne s’est pas encore déclaré partant pour un énième mandat, mais on n’a pas besoin d’être un devin pour savoir que Blaise n’a pas construit le nouveau palais présidentiel à Ouaga 2000 pour y loger un contempteur.

Ses opposants semblent s’arracher les cheveux pour affronter l’échéance de 2005 en rangs serrés, tant à leur niveau chacun nourrit l’ambition secrète de défier l’enfant terrible de Ziniaré, ou, à défaut, de faire entendre la voix de son parti au quatre coins du Faso. Pour l’instant l’opposition ne cache point sa soif d’alternance, mais semble faire de l’invalidité de la candidature du promoteur du "Programme de large rassemblement" et du "Programme du développement solidaire" une fixation.

Laissant la voie libre au Congrès pour la démocratie et le progrès, qui écume les villages en cette campagne agricole, pour encourager les braves paysans et surtout, battre le rappel de ses troupes. Là-bas, on a certainement l’habitude des consultations, contrairement à l’opposition, qui, jusqu’aux dernières élections législatives et municipales, n’avait pour seul mot d’ordre que le boycott. Malgré cet avantage indéniable, le CDP ne cesse de faire étalage de ses contradictions internes chaque fois que s’annonce une épreuve d’envergure nationale, chacun voulant légitimement porter la couronne ou faire partie de la cour du roi.

On l’a vu dans la capitale, où le bourgmestre, Simon Compaoré, et le militant de première heure El hadj Mahamadi Koanda refusent depuis toujours de se gratifier du moindre sourire, et surtout dans la province du Houet, où, de par la faute de ses ouailles, le sang a coulé. Mille et une fois, on a enterré la hache de guerre, mais en prenant bien soin de garder le poignard à portée de la main, pour se régler les comptes entre militants, pourtant du même parti, pour le partage du gâteau qui va s’amenuisant.

Les plus illustratives sont à recenser dans le Houet, où lors des municipales de 2000, les clans Alfred Sanou (le maire sortant) et Célestin Koussoubé (candidat à la succession du premier) se sont livré une guerre "sainte" qui faillit saper les fondements de la cohésion sociale nationale. La Cour suprême a finalement départagé dans les moments douloureux, les protagonistes, mais le mal était déjà fait : deux morts sacrifiés sur l’autel des ambitions personnelles des braconniers de la scène politique.

En 2000 encore, lors des législatives, la température est montée d’un cran, mais le patronat du parti a su taper du poing sur la table pour clamer le jeu, même si la démocratie qu’il prône a été bafouée. Jamais deux sans trois, dit-on, le CDP-Houet, en ce tournant historique de l’an 2004, a choisi de s’offrir en spectacle, à quelque une année de l’élection présidentielle, et au moment même où des quatre coins du continent, experts et ministres déferlaient sur la capitale burkinabè dans la perspective du Sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté, prévu les 8 et 9 septembre.

Une nouvelle fois sur le tapis : le problème du renouvellement des structures de base à Sya. Voici encore deux tendances qui sortent du bois pour occuper les devants de l’actualité : le clan du député El hadj Salia Sanou s/c Thomas Sanou, face au clan Gnira Adama Traoré s/c Célestin Koussoubé. La conséquence immédiate est le pèlerinage effectué le mardi 31 août à Ouagadougou par les militants du second et leur descente inattendue au siège du parti sis avenue Kwamé-N’Krumah.

365 km en cars pour manifester son mécontentement et son refus de la dictature du parti, la démocratie est vraiment en marche au CDP. Jusqu’à l’heure nous tracions ces lignes, nous ignorions les délibérations du Bureau politique, secrètement convoqué en session extraordinaire à cet effet, mais l’action des pèlerins du mardi nous autorise quelques observations. La crise permanente au sein du CDP-Houet, pourquoi ?

Passée l’époque des Daniel Ouezzin Coulibaly, la capitale économique burkinabè n’a plus enfanté de leader politique charismatique. Depuis le retour du Burkina Faso à la démocratie, les animateurs du CDP qui y font la pluie et le beau temps ont été fabriqués de toutes pièces : des marionnettes, en somme, instrumentalisées par les pontes du parti tapis à Ouaga et par les puissances d’argent. Car pourquoi tant de querelles et de haines au sein du même parti, si tous prônent le développement du Houet ? On n’est pas loin de penser que tous autant qu’ils sont ne pensent plutôt qu’à se servir qu’à servir.

La conséquence, eux avancent, mais Bobo-Dioulasso recule inexorablement. Il est indéniable que là-bas, le parti présidentiel a fait sien le monopole de la pagaille, mais il s’avère urgent de pacifier les forces en présence et de favoriser l’expression libre des militants dans le choix de leurs leaders tout en préservant la discipline du parti. Car, ce serait vraiment prétentieux de vouloir faire leur bonheur à leur place. Il y a donc lieu qu’au sommet du mastodonte CDP, l’on prône la transparence si l’on veut éviter que demain le feu de paille bobolais se transforme en feu de brousse.

Observateur Paalga

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