Actualités :: Accusation de la Mauritanie contre le Burkina : Djibril Bassolé (...)
Djibril Bassolé

Le ministre de la Sécurité burkinabè a démenti au cours d’une conférence de presse, le 27 août 2004 à Ouagadougou, les accusations de la Mauritanie selon lesquelles notre pays serait impliqué dans une tentative de déstabilisation de son régime.

Le 26 août 2004, sur les ondes de RFI, nous apprenions que les autorités mauritaniennes ont accusé le Burkina d’être impliqué dans une tentative de déstabilisation de son régime.

Dès le lendemain 27 août, le ministre de la Sécurité burkinabè, Djibril Bassolé, a ameuté la presse nationale et internationale dans les locaux de la Direction générale de la police nationale. Objectif, apporter un démenti à ces accusations du régime nouakchottois contre notre pays. Ce, en attendant, a précisé le ministre Bassolé, la notification de la protestation du Burkina aux autorités mauritaniennes et à la communauté internationale par les canaux diplomatiques traditionnels.

Avant de se prêter aux questions de la presse, il a apporté, à sa connaissance, des informations relatives à la récente visite du ministre mauritanien de la Défense. A l’issue de l’audience qu’il a eue avec le chef de l’Etat, une équipe burkinabè, composée du ministre de la Défense, du chef d’Etat-major particulier ainsi que du ministre de la Sécurité, a eu une séance de travail avec la délégation mauritanienne qui était conduite par son ministre de la Défense.

C’est à cette occasion que l’émissaire de Maouya Ould Sid Ahmed Taya les a, selon Bassolé, informés que trois officiers de l’armée mauritanienne (le commandant Mohamed Ould Cheïkna, l’ex-commandant Saleh Ould Hanana, le capitaine Abderahmane Ould Mini) accompagnés de sept autres personnes sans plus de détails, en fuite après une troisième tentative de putsch seraient réfugiés au Burkina. Le ministre mauritanien aurait indiqué que les militaires fugitifs avaient été localisés au nord du Mali avec des islamistes algériens, puis au Niger et enfin au Burkina.

Selon Bassolé, à la conclusion de la séance de travail, nos autorités ont souhaité que leurs homologues mauritaniens apportent plus de précision sur l’identité des fugitifs et même leurs photos afin de permettre aux services de sécurité du Burkina de les interpeller aux frontières, aux aéroports, … La seule description qu’aurait donnée la partie de Nouakchott, c’est que ce sont des Arabes mauritaniens. En janvier 2004, nous a informés Bassolé, la Direction générale de la police nationale avait interpellé trois Mauritaniens, farouchement hostiles au régime de Taya, alors qu’ils étaient détenteurs de cartes d’identité maliennes (des copies de ces vraies fausses pièces ont été distribuées à la presse).

Ces derniers à leur arrivée ont pris un certain nombre de contacts, notamment avec l’ambassadeur de la Libye pour demander à rejoindre la Libye afin d’y subir des formations. Après un contact avec le Mali par son cabinet pour vérifier l’authenticité des documents, il a lui-même effectué une mission à Nouakchott afin de donner l’information aux autorités mauritaniennes. Ces fugitifs, qui ont été entre-temps reconduits à la frontière malienne comme il se doit, ont bel et bien été reçus, lui a confirmé le ministre de la Défense mauritanien au cours de leur entretien.

« Nous sommes étonnés, a déclaré Bassolé, que les Mauritaniens, au lieu de nous remercier d’avoir pris l’initiative d’interpeller des gens de chez eux sur notre territoire, de les leur renvoyer, nous profèrent des accusations ». Avec une telle coopération policière, dit-il, notre étonnement ne peut être qu’au comble d’apprendre sur la voie des ondes des accusations qui, estime-t-il, sont sans fondement. De son avis, c’est inconsistant de faire de la présence supposée d’opposants mauritaniens au Burkina une preuve d’implication d’Etat dans une tentative de déstabilisation.

Le Burkina pêche par sa communication

Il aura fallu les accusations ouvertes de la Mauritanie pour que la presse burkinabè soit informée qu’il y a eu des fugitifs mauritaniens qui ont séjourné au Burkina et ont même été interpellés en janvier 2004 par nos forces de sécurité.

La presse burkinabè n’a pas du tout pardonné à nos autorités cette manière de retenir certaines informations. Pourquoi ce comportement de nos autorités ? Une telle interrogation a amené Djibril Bassolé à sortir de son cocon en révélant aux journalistes toutes les informations que ses services détenaient par devers eux et qu’ils n’ont pas cru, dit-il, devoir livrer à la consommation de la presse. Car si la presse n’a pas été associée, ajoute-t-il, c’est pour des raisons de discrétion ; il n’est pas habituel selon lui, que dans ce genre de situation l’on diffuse des informations y relatives.

En ce qui concerne par exemple la séance de travail avec la Mauritanie à l’occasion de la récente visite du ministre de la Défense de ce pays, Bassolé note que ce n’était pas la première du genre. De longues séances de travail, avec des équipes plus techniques, avaient eu lieu avec le directeur de la Sûreté de l’Etat mauritanien ici même au Burkina. La rencontre avec le ministre de la Défense mauritanien avec ses techniciens qui l’accompagnaient n’est qu’une suite logique de ce qui avait été entrepris avec le commissaire Dadayé de la Sûreté de l’Etat de la République islamique de Mauritanie.

Comme l’on peut le constater, ces informations n’avaient pas été portées à la connaissance de la presse pour l’opinion nationale voire internationale. Pour ce qui est de la présumée présence de fugitifs mauritaniens sur notre territoire, Djibril Bassolé dit qu’à l’heure actuelle, nos services de sécurités n’en savent strictement rien. Et que c’était bien l’objet de la visite du ministre de la Défense mauritanien et de la séance de travail qu’ils ont eue par la suite. Malheureusement, s’indigne-t-il, ce dernier n’a donné que des noms sans précision. La seule description était que ce sont des Arabes mauritaniens. Mais, lancera Bassolé, ceux qui ont un physique s’apparentant à des Arabes mauritaniens sont nombreux au Burkina. Il estime que nous-mêmes nous avons des populations d’origine un peu arabe, et qu’on ne peut se mettre à persécuter des gens qui ressemblent à des Arabes mauritaniens parce qu’on rechercherait des fugitifs.

Pour Djibril Bassolé, après le retour de la délégation mauritanienne, nos autorités s’attendaient à ce que leurs homologues donnent une suite à la conclusion de leurs travaux en apportant suffisamment d’éléments matériels comme des indices - localisation, numéro de téléphone utilisé, photos - pour faciliter les recherches. « Si nous avions un procédé magique par lequel nous pourrions détecter à l’entrée de nos frontières tous ceux qui sont animés de mauvaises intentions pour leur pays, croyez bien que nous les éjecterions toute suite hors du Burkina », a-t-il déclaré.

A défaut, le Burkina, tant qu’il n’est pas saisi, n’a pas de raison particulière de se méfier de gens qui viennent de la sous-région ; cette manière de traquer les gens n’est pas en conformité avec la volonté d’intégration du Burkina dans la sous-région ; même si la Mauritanie ne fait plus partie de la CEDEAO, ajoute-t-il, ses ressortissants n’ont d’ailleurs pas besoin de visa pour entrer au Burkina et il y a une forte communauté qui vit sur notre territoire sans problème. Nous ne sommes en rien impliqués dans cette affaire et aucun coup d’Etat ne se prépare sur notre territoire.

S’il y avait un seul commando mauritanien en préparation ici, cela ne passerait pas inaperçu, selon Bassolé. Il ajoute que les journalistes seraient même les premiers à s’en rendre compte. Toutefois, Bassolé indique, avec prudence, qu’on ne peut pas dire qu’un jour ou l’autre des fugitifs ne soient pas passer par le Burkina. Il n’est pas non plus impossible qu’un jour ou l’autre des gens qui, parce que fuyant la répression, trouvent refuge chez nous. Mais que le Burkina ait abrité et surtout que son Etat ait été un cadre de préparation pour des putschistes, Bassolé nie cette thèse de manière catégorique.

Quant à la stratégie de communication de notre gouvernement que les journalistes ont vivement critiquée à l’occasion, Djibril Bassolé a dit être d’accord avec les observations faites par ces derniers. Il a promis qu’à l’avenir cela changera parce que, dit-il, dans ce monde la bonne foi n’est pas la chose la mieux partagée. Désormais, conclura-t-il, « Chaque fois qu’un émissaire quelconque viendra pour dire qu’il y a un oiseau de son pays qui a survolé le Burkina, ou qu’il y a un criquet qui y a plané, nous vous tiendrons informés ».

Hamidou Ouédraogo et Dieudonné Z. Zoungrana
L’Observateur Paalga

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