Actualités :: Ould Taya à la recherche de boucs émissaires

Dans sa livraison N°274 et sous sa rubrique Cockail Flash, notre confrère "San Finna" nous apprenait que le chef de l’Etat, Blaise Compaoré aurait reçu des envoyés de son homologue mauritanien, le président Ould Taya, une lettre de protestation pour une immixtion du Burkina dans les affaires intérieures de la Mauritanie. Les autorités mauritaniennes se plaindraient par ailleurs, de la présence de putschistes mauritaniens fuyards à Ouagadougou.

Cette information à laquelle on a prêté peu d’attention et d’intérêt aurait pu passer facilement inaperçue si des radios internationales ne l’avaient pas relayée. Tout simplement, parce que c’est difficile d’y croire. Diable ! Que pourrait bien aller chercher le Burkina dans ce désert mauritanien à des milliers de kilomètres de ses frontières même si d’aucuns lui prêtent une réputation de "déstabilisateur". Cette question, les Burkinabè se la posent certainement pour se rendre à l’évidence qu’il s’agit d’accusations gratuites, sans fondements comme l’a déclaré, le ministre de la Sécurité, Djibrill Bassolé.

Depuis qu’il est parvenu en décembre 1984 au pouvoir par les armes après avoir chassé Ould Haïdallah, cet autre colonel, le président Ould Taya se livre régulièrement à des purges tant dans l’armée que dans l’opposition civile. Les milieux négro-africains mauritaniens sont les principales victimes d’une politique d’exclusion sinon d’extermination rampante. Les affrontements entre le Sénégal et la Mauritanie en 1989 ont donné lieu à des violences inouïes à l’encontre des Noirs mauritaniens. C’est dire qu’un climat politico-militaire lourd pèse sur la Mauritanie, un des pays de plus en plus courtisés par les grandes puissances pour ses richesses halieutiques, son fer et bientôt ,son pétrole depuis que Ould Taya est au pouvoir. Un pouvoir qu’il a tenté en vain, de légitimer par les urnes : sa réélection en 1992 et en 1997 à la présidence de la République a été violemment contestée.

C’est désormais dans son propre camp que le président colonel doit taper tant sa politique intérieure sur fond de violences et de racisme et sa politique extérieure avec le retrait de la Mauritanie de la CEDEAO et son alignement sur Washington et Israël sont combattues. Ces dernières années, le chef de l’Etat mauritanien se livre à la chasse de ce qu’il appelle les "islamistes et les panarabistes". Parce qu’ils sapent le "processus de développement et d’émancipation ainsi que l’ordre constitutionnel".

Le pouvoir a, comme on le constate aisément, créé lui-même toutes les conditions de sa propre déstabilisation. Il est inutile de parcourir des milliers de kilomètres pour chercher des boucs émissaires où d’impliquer des pays dans les problèmes intérieurs de la Mauritanie.

Malgré les explications du Burkina Faso, sa bonne foi et sa disponibilité à coopérer dans la recherche des "prétendus putschistes fuyards" qui seraient sur son sol, rien n’y fait : Nouakchott poursuit ses accusations contre le Burkina Faso et la Libye. Chat échaudé, dit-on, craint l’eau froide : Ould Taya qui est arrivé au pouvoir en profitant de l’absence de Ould Haïdallah qui participait à une conférence franco-africaine voit partout des putschistes et des tentatives de coup d’Etat, réels ou imaginaires.

Selon des informations, le pouvoir mauritanien a de la peine à convaincre sa population sur la véracité surtout des dernières tentatives de coup d’Etat. Pure invention, simple imagination, dit-on dans certains milieux, pour encore purger. Imaginez comme l’affirme Nouakchott, deux commandos putschistes composés de Mauritaniens et de Touaregs dont l’un viendrait du Burkina Faso et l’autre de Libye, sur la capitale mauritanienne en l’absence du chef de l’Etat. Avec quels moyens logistiques ? Pour quels intérêts ? En passant par où ? Avec quel armement ?

Ces informations tombent malheureusement au moment où les Burkinabè s’attellent à accueillir très prochainement, deux grands sommets de chefs d’Etat. Que faire ? Continuer à démentir sans être entendu ou élever le ton ? Où se mettre à expulser sinon à livrer pieds et mains liés, les Mauritaniens et apparentés ? Non.

Le Burkina Faso doit garder sa tradition d’hospitalité, d’amitié, de solidarité et sa politique de coopération avec tous les peuples. Ce n’est pas la première fois qu’il est accusé de "déstabilisation". Croyant se faire mieux entendre, les autorités mauritaniennes n’affirment-elles pas que la Côte d’Ivoire et la Mauritanie sont dans le plan de déstabilisation du Burkina ? Quel calcul !

Bessia Baboué
Sidwaya

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