Actualités :: Blaise et la scène diplomatique : Les raisons de l’amorce d’un (...)
En Afrique du Sud
en juillet dernier

Réunion de l’Union africaine consacrée à l’emploi à Ouagadougou ; rencontre Blaise Compaoré - Laurent Gbagbo - Amani Toumani Touré à Bamako pour préparer le Sommet d’Accra III sur la Côte d’Ivoire ; visite réussie du Premier Burkinabè en Afrique du Sud ; récente participation de ce dernier au Sommet d’Accra III et tenue prochaine du Sommet de la Francophonie à Ouagadougou.

A bien des égards, le président du Faso est en train de sortir le pays et de se sortir d’un certain isolement diplomatique observé depuis quelque temps.

Aux indices déjà cités à ce propos, il faut ajouter le réchauffement des relations avec la France de Jacques Chirac et surtout les Etats-Unis de Georges W. Bush.

Une fois encore, après le 15 octobre 1987 où Blaise Compaoré était voué aux gémonies par un certain nombre d’organisations internationales, de pays et de personnalités ; après le procès expéditif et l’exécution de Boukary Jean-Baptiste Lingani et d’Henri Zongo en septembre 1989, qui avaient approfondi la haine que nombre de personnes nourrissaient à l’endroit de l’enfant de Ziniaré ; après l’assassinat de Norbert Zongo et la grave crise qui s’en était suivie en 1998, 1999, 2000 et les démêlés du régime avec les organisations internationales et les Etats-Unis au sujet du Liberia et de la Sierra Leone, personne ne vendait cher la peau de Blaise Compaoré ; mais voilà qu’en dépit de tout cela, celui-ci a non seulement résisté aux intempéries, mais mieux, il recommence à rayonner. Comment cela est-il arrivé ? Pourquoi, malgré la pertinence de beaucoup de critiques de l’opposition politique et du collectif de lutte contre l’impunité, le régime redevient-il fréquentable pour bien des personnes influentes de ce monde ?

Les forces de Blaise

Le révolutionnaire converti à la démocratie libérale aujourd’hui est conscient qu’il n’est pas éloquent et qu’il est peut-être tard pour lui pour d’apprendre et de pratiquer à la perfection les techniques d’expression orale et la rhétorique.

Alors, il fait d’une de ses faiblesses, une force : si on ne peut pas exceller dans la manipulation orale du concept, on peut, au moins, essayer de dompter ses propres pulsions en faisant preuve de patience et en se taisant pour écouter les autres. En d’autres termes, si on ne sait pas parler, on peut au moins écouter. Ce qui n’est pas nécessairement une insuffisance, car si l’éloquent peut séduire, voire convaincre facilement son interlocuteur, il reste qu’il révèle tout aussi facilement ses faiblesses et ses lacunes. Et puis, ne dit-on pas que si la parole est d’argent, le silence est d’or ?

Blaise Compaoré a donc compris que chez l’être humain, il n’y a pas d’insuffisance, du point de vue de la personnalité, qui ne peut être convertie en force. Le tout est d’en être conscient et de rechercher les moyens pour y parvenir. En plus de cette capacité d’écoute, on dit que le président du Faso adore les jeux de cartes (belote) et d’échecs. Or, qui dit jeux de société dit mise en œuvre d’opérations cérébrales pour battre son vis-à-vis. Adorateur de ces jeux, il n’en est pas forcément un as.

Mais ce qui est par contre plus certain, c’est que leur pratique bonifie les qualités de stratège qu’il possédait déjà en tant que chef militaire et chef d’Etat. S’il est indéniable que le fait de se sortir de situations alambiquées est, pour les croyants, dû à des coups de pouce du ciel, il est tout aussi indéniable qu’il a fallu que le mortel s’aide lui-même avant que le ciel vienne à son secours. De façon concrète, les qualités de stratège de Blaise Compaoré transpirent à travers la gestion des hommes : il a, à ses côtés, des caciques et prédateurs politiques prêts à tout écraser sur leur passage pour assurer la stabilité et la gestion tranquille du pays par leur chef. Dans leur excès de zèle, ils mettent parfois ce dernier devant le fait accompli.

En bref, ils ont pour mission de dissuader, grâce au contrôle qu’ils ont sur la force légale, le camp d’en face. Cela se fait-il toujours dans les règles de l’art ? Ce n’est pas notre point de vue. Mais, ici n’est pas notre préoccupation de l’heure. A l’extérieur du pays, ils ont pour mission de persuader en fonction des indications de B. Compaoré et de leurs propres domaines de compétence les partenaires du Burkina au sujet des bonnes intentions et des acquis du régime.

Sur le terrain, ça ne semble pas trop mal se passer au regard du retour progressif du Burkina sur la scène diplomatique internationale. Cela dit, B. Compaoré a également dans son sérail des personnalités qui, sans être des anges, se sont forgés une image de modérés préférant toujours privilégier la résolution des différends par la voie de la négociation au détriment de celle de la force. Aux plans national et international, celles-ci sont utilisées par le chef de l’Etat auprès des personnes, des organisations nationales (et internationales) et des pays sensibles au discours des colombes.

Il y a enfin ceux qui ne font pas partie de l’entourage institutionnel (membres du gouvernement, présidents d’institution, élu, chefs militaires et paramilitaires, etc.) du président du Faso et qui, pour une raison ou pour une autre, le soutiennent. Leur action s’apparente à celle des colombes. Les offensives combinées de ces trois catégories de personnalités sous sa supervision lui permettent aujourd’hui de mieux respirer. C’est tant mieux pour lui et tant pis pour ses adversaires. On ne devrait pas lui en vouloir pour cela. Cependant, il faut avoir l’honnêteté de relever qu’il y a plus qu’une ombre au tableau.

Effectivement, si on ne peut pas lui en vouloir de se battre pour se sortir et sortir le pays de l’isolement diplomatique dans lequel ils étaient confinés, on est en droit d’exiger de lui la résolution d’un certain nombre de problèmes qui assaillent le peuple burkinabè : sont de ceux-là : la pauvreté qui "n’arrête pas de s’étendre et touche aujourd’hui plus de la moitié de la population... le renchérissement du coût de la vie avec les augmentations fréquentes des prix des produits de grande consommation..., le manque d’eau, ...le Sida, l’insécurité..." , selon la déclaration du collectif de lutte contre l’impunité datée du 8/02/2004, qui s’est basée sur les rapports du collège de sages (1999), du Comité national d’éthique (2003) et du Groupe national de réflexions sur le développement humain durable (2003) sur la corruption. Par ailleurs, le dossier de l’emblématique Norbert Zongo reste sans dénouement.

Certes, Blaise Compaoré, bien que premier magistrat du pays, ne peut rendre justice à la place de la Justice en tant que pouvoir constitutionnellement reconnu, mais le fait est là que c’est sous son régime que ce qui ne devait pas arriver arriva ; le fait est là également que de fortes présomptions pèsent sur les éléments de sa sécurité à l’époque des faits ; le fait est enfin là qu’entre ces éléments et lui, il n’y a qu’un pas que beaucoup de personnes, de pays et d’organisations n’ont pas hésité à franchir. Vider judiciairement, comme il le faut, ce dossier apportera certainement un plus au soleil diplomatique qui semble se lever sur le pays des hommes intègres. Et tout le monde y gagne.

Zoodnoma Kafando
L’Observateur

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