Actualités :: Journée du "tirailleur sénégalais" à Dakar : Un devoir de mémoire pour les (...)

Le président du Faso, Blaise Compaoré a participé lundi 23 août 2004, à Dakar, à la célébration de la première Journée du tirailleur sénégalais. Dans la capitale sénégalaise, le chef de l’Etat a aussi inauguré avec son homologue sénégalais, Me Abdoulaye Wade, la Place du tirailleur sénégalais. Il a en outre, participé à une cavalcade et une évocation historique du parcours des tirailleurs sénégalais. C’était en présence des chefs d’Etat du Bénin, du Mali et du Premier ministre mauritanien.

Proposée par le président sénégalais, Me Abdoulaye, la Journée du tirailleur visait à rappeler la saga fantastique des tirailleurs sénégalais, terme générique désignant cette phalange de soldats venus de tous les pays d’Afrique francophone qui ont permis à la France de se doter d’un empire et surtout, de se libérer du joug hitlérien.

Un devoir de mémoire qui s’imposait car il faut rétablir la vérité historique pour les générations futures. En effet, nombre de tirailleurs sont plus que octogénaires et un grand pan de l’histoire africaine pouvait disparaître car leur épopée, bien qu’ayant duré près d’un siècle, n’est consignée dans aucun manuel d’histoire scolaire. Mieux, ces soldats ont contribué de manière déterminante, à la libération de la France, de l’Europe et du monde pendant la 2e guerre mondiale sans que leur action n’ait été reconnue à sa juste valeur 60 ans durant. Il aura fallu le soixantième anniversaire de débarquement de Provence, initié par le président français, Jacques Chirac, afin que pour la première fois, les hauts faits des tirailleurs sortent réellement de l’oubli.

Aussi, l’Afrique sous la houlette de Me Abdoulaye Wade, le président sénégalais, leur a rendu un hommage appuyé le 23 août à Dakar. Une date et un lieu qui revêtent beaucoup d’importance dans le parcours des anciens combattants. En effet, c’est à Dakar que ces "tireurs venus d’ailleurs au Sénégal’’ d’oû le nom de "tirailleurs sénégalais’’ se sont regroupés volontairement ou non pour construire l’empire français, défendre la liberté et la solidarité entre les peuples d’Afrique et du monde.

Plus d’un siècle au service de la liberté

"De la création, le 21 juillet 1857, du 1er régiment de tirailleurs sénégalais, aux années des indépendances, les tirailleurs, en hommes de leur temps, croyaient profondément dans l’humanisme et la grandeur de la France, "mère des arts, des armes et des lois’’, que le poète a, naguère, chantée avec tant d’amour’’, indique Me Abdoulaye Wade.

C’est ainsi que ces tirailleurs qui n’étaient pas selon Amadou Toumani Touré, le président malien, "des curiosités ou des soldats bananias’’ mais des intrépides et redoutables combattants ont été de tous les combats. Ils constituaient, semble-t-il, les 2/3 des combattants de l’empire à la 1ère guerre mondiale (1914-1918) sur quelque 170 000 soldats mobilisés. Pendant la 2e guerre mondiale, au mois de juillet 1944, ce sont encore les tirailleurs sénégalais qui, de l’aveu même du Général de Gaulle, représentaient les 2/3 des effectifs combattant dans les unités constituées.

8000 d’entre eux reposeraient selon Amadou Toumani Touré, dans les cimetières et fosses communes en Europe.

"En instituant une journée du tirailleur sénégalais, nous voulons réparer une injustice et combler une lacune, en sacrifiant à un devoir de mémoire qui est aussi un devoir civique... Car la vérité, nous la devons aux générations présentes et futures. Célébrer cette journée, c’est payer une dette morale, j’aillais dire une dette de "re-connaissance’’, une dette de considération, une dette d’égalité, au nom du respect dû à tous les êtres humains, pour reprendre une formule chère à l’académicien Eric Orsenna, grand défenseur des tirailleurs sénégalais, victimes d’une injustice innombrable’’, explique Me Abdoulaye Wade.

Cette journée qui se déroulera chaque année le 23 août pourrait être tournante pour permettre à tous les Africains de se souvenir et de saluer la mémoire de leurs illustres et dignes fils.

Pour le président du Faso, "le 23 août marque le début de la libération effective par l’armée d’Afrique et ses valeureux tirailleurs, des villes de Toulon et Marseille’’. Blaise Compaoré trouve donc légitime l’hommage qu’on leur rend aujourd’hui car les tirailleurs ont contribué à défendre la liberté et l’humanité. "Leur action doit être glorifiée afin qu’ils demeurent dans nos consciences et dans celles des générations futures, une référence pour l’honneur et la dignité’’, insiste Blaise Compaoré. Le président du Faso souhaite voir en tout cas, d’autres initiatives tendant à perpétuer dans les mémoires africaines, les hauts faits des tirailleurs qui sont en réalité, porteurs d’espoir et de solidarité internationale.

Justice et réparation...

La célébration de la journée du tirailleur a été l’occasion pour les Africains de prendre, à un très haut niveau, un engagement pour que justice soit faite pour de bon aux anciens combattants notamment en ce qui concerne la revalorisation de leurs pensions.

Mieux, les chefs d’Etat souhaitent intensifier et ouvrir une page nouvelle dans leur relation avec l’Europe. Toutefois, ils ne semblent pas vouloir froisser les susceptibilités françaises. "Les tirailleurs sénégalais ont souvent ressenti l’oubli et la discrimination dans l’allocation des pensions... Nous saluons l’engagement et le geste des autorités françaises en direction d’un équitable traitement que nous appelons de tous nos vœux’’, déclare Blaise Compaoré qui voudrait que l’idéal de justice et d’humanité qui guidait les tirailleurs soit "perçu comme un ciment de la Francophonie, communauté culturelle, espace de solidarité, de respect mutuel et d’engagement commun’’.

Ce qui est sûr, les anciens combattants viennent de bénéficier, à n’en pas douter, du plus grand soutien politique à leur cause. Du reste au-delà du langage diplomatique adopté à l’occasion, les chefs d’Etat ont montré clairement qu’au-delà des tirailleurs, c’est l’Afrique qui exige maintenant justice pour le prix fort qu’elle a payé pour la paix dans le monde.

Seul bémol, la France était absente ou presque à ces festivités. Elle s’est faite représentée par un haut représentant du président Chirac, Pierre André Wiltzer. Mais quelle que soit l’issue des revendications, pardon des prétentions africaines en la matière, ce continent aura déjà gagné l’essentiel : sauver un pan important de son histoire de la perdition. Ce combat-là valait la peine d’être menée.

Victorien A. SAWADOGO (visaw@yahoo.fr)
Envoyé spécial à Dakar


En bref...

Sacrés tirailleurs...

Les tirailleurs sénégalais continuent leur saga à travers la gendarmerie sénégalaise dont une section, la LGI (Légion de gendarmerie d’intervention) continue d’arborer les couleurs, la tenue...perpétuant ce qui est désormais une tradition franco-africaine.


Une journée mémorable...

La première édition de la Journée du tirailleur sénégalais aura été sminutieusement préparée par les Sénégalais qui sont sortis nombreux participer aux festivités. Les anciens combattants méritaient cette grande mobilisation dans les rues de Dakar. Pourvu que les autres pays qui accueilleront l’événement leur fassent ce même honneur.


Pas de place pour la revendication...

Tandis que se déroulaient la cavalcade, la parade en tenues de 1890, 1900, 1910 et 1942 puis la reconstitution historique du parcours des tirailleurs (jadis spahis), un ancien combattant demandait de l’aide au président Wade.

Aliou, ancien combattant de 85 ans, Mle 84245 ne perçoit toujours pas sa pension. Pourtant depuis 1996, on lui aurait notifié la possibilité de pouvoir disposer de ce fameux pécule. Malheureusement, cette bonne nouvelle n’est pas suivie d’effet. Ne disposant pas de carte de combattant, Aliou ne peut toucher son argent. "Nous sommes nombreux dans cette situation au Sénégal", nous a-t-il confié. D’aucuns ont même cessé de poursuivre le précieux document. Pour lui, l’espoir pourrait venir du président Wade qu’il essayait d’approcher à la sortie du stade Iba Mar Diop. "M. le président, aidez-moi", pouvait-on lire sur sa pancarte. Il n’aura pas l’occasion de faire lire son message par qui de droit car promptement, la sécurité sénégalaise confisquera la pancarte .


Deux Burkinabè décorés...

A la faveur de la Journée du tirailleur, le président sénégalais a décoré une quinzaine d’anciens combattants d’Afrique et d’Europe. Deux (02) Burkinabè étaient parmi eux. Il s’agit de Youma Tarnagda et de Yemdaogo Dianda.


Une statue pour la postérité...

Les tirailleurs sont entrés dans l’histoire mais leur épopée attendait. C’est chose faite avec la statue, "Dupont et Demba’’ erigée à Dakar et inaugurée dans la journée. Dupont, aussi bien connu en France représente n’importe quel soldat français des deux guerres mondiales. Demba, tout aussi commun en Afrique, peut être n’importe quel tirailleur africain. C’était bien la volonté de l’artiste : inscrire dans le volume et la forme, pour les générations futures, les combats de Français et d’Africains qui ont contribué à instaurer ce monde d’aujourd’hui dont nous sommes tous fiers.


Panne d’électricité au Méridien Président...

Une panne d’électricité est survenue à l’hôtel Méridien Président où logeaient les chefs d’Etat et les invités à la Journée du tirailleur au moment où les présidents et leurs délégations devaient quitter l’hôtel pour le stade Iba Mar Diop. Le problème qui a duré quelques minutes, a donné des frayeurs à plus d’un car un président pouvait se trouver en ce moment dans un ascenseur. Fort heureusement, il n’en fut rien. Comme quoi, l’homme propose et la technique dispose.

V.A.S
Sidwaya

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