Actualités :: Blaise Compaoré : "Je ne suis pas fatigué"

A l’occasion du 44e anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance, le président Blaise Compaoré a accordé un entretien radio-télévisé à la presse. Ousséni Ilboudo (l’Observateur), Harouna Kindo (RTB), Marceline Ilboudo (Sidwaya), Mathieu Bonkoungou (BBC-Reuters) avec comme animateur principal Pascal Yemboini Thiombiano (RTB) se sont succédé pour interroger le chef de l’Etat sur des questions touchant à la présidentielle 2005, notamment à sa probable candidature, à la tentative présumée de putsch, à la crise ivoirienne et ses répercussions sur l’économie du Burkina, etc. Voici l’essentiel de cette interview retranscrite par nos soins.

Le Burkina célèbre ce 5 août la fête de son indépendance. Que retenez-vous de ce pays après 40 années d’indépendance ?

• Avant de répondre à votre question, je voudrais d’abord saisir l’occasion pour souhaiter bonne fête à tous les Burkinabè, à nos amis et à tous ceux qui sont à nos côtés. Pour leur dire que nous vivons ces moments avec beaucoup d’émotion. Le 5 août 1960 est un moment historique. C’est la rupture de notre nation d’avec la domination coloniale extérieure. Au cours de ces 40 années, on a vu notre peuple sceller son propre destin. Je retiens que c’est surtout un pays qui avance dans la liberté et que notre peuple chérit cette liberté. Nous pouvons retenir que ce peuple assume sans complexe cette souveraineté. C’est dire que je suis tout simplement fier d’assumer les hautes fonctions qui sont les miennes.

Hier, c’était plutôt le 4 août, date du déclenchement de la révolution. C’est une date également importante dans l’histoire de notre pays. Qu’est-ce que vous en pensez ?

• Toutes les dates sont importantes. Avant le 4-Août, il y a eu le 3 janvier, le 8 février, le 25 novembre, le 7 novembre. Tout cela a constitué pour notre peuple des épreuves qui lui ont permis de corriger des insuffisances, des erreurs ; d’aller un plus de l’avant. Aujourd’hui, nous sommes à la IVe République et c’est un peu la synthèse de toutes ces épreuves. Le 5 août peut être considéré comme l’achèvement de toutes ces aspirations.

Que pensez-vous de ceux qui disent que c’est plutôt le 4 août qu’il fallait fêter parce que cette date serait la plus importante.

• Nous sommes dans un pays de liberté, vous savez. Chacun fête ce qu’il veut fêter. Pour d’autres, il y a la Tabaski, Noël, le Ramadan. Mais la loi nous indique que pour les intérêts nationaux, le 5 août représente beaucoup plus le symbole de liberté nationale.

Depuis l’entretien de Salif Diallo dans l’Observateur paalga début janvier 2004, votre candidature fait l’objet d’un intéressant débat politico-juridique et même éthique dans une certaine mesure. Tout le monde s’est prononcé là-dessus, sauf vous, le premier concerné. Monsieur le président, allez-vous être candidat à votre propre succession ?

• Je ne me suis pas prononcé sur la question, tout simplement parce que ça ne me paraît pas une préoccupation du moment. Vous savez que lorsque vous êtes à ma place... En ce moment, nous avons un agenda très chargé particulièrement pour l’année 2004 avec les différentes rencontres. Nous avons aussi, je crois, un ensemble de projets, d’idées pour résoudre les préoccupations essentielles de notre peuple. Tout cela fait que commencer à parler de ma candidature à la présidentielle de 2005 me paraît prématuré.

Mais nous sommes quand même à une année de l’échéance et Salif Diallo est l’un de vos fidèles lieutenants. Voulez-vous dire que ses propos n’engagent que lui ?

• Certainement (rires).

On voit pourtant un certain nombre de manifestations, vous implorant presque de vous présenter. Est-ce tout cela n’a-t-il pas pour objectif de préparer le terrain ?

• Je suis sensible à ces manifestations positives en faveur de mon action à la tête de l’Etat. Mais je pense sincèrement que 2005, c’est encore loin surtout avec les nombreuses charges que nous avons.

Reposons la question autrement monsieur le président : d’un point de vue purement juridique, puisque le débat est également à ce niveau, pensez-vous que les multiples révisions de la Constitution, notamment de l’article 37, vous autorisent à vous représenter ?

• Si je vous dis oui, vous allez dire quoi ? (rires). Moi je n’ai pas à me prononcer sur l’appréciation que le Conseil constitutionnel peut avoir sur cette disposition. Je suis un citoyen comme vous ou comme tout autre citoyen. S’il y a une appréciation que nous pouvons accueillir valablement, c’est celle du Conseil constitutionnel. Mon appréciation n’aura donc aucune valeur.

Comment comptez-vous donc prendre votre décision, parce qu’elle est quand même personnelle !

• Vous avez tantôt parlé de manifestations de certains éléments de la société civile. Il y a bien sûr des points de vue personnels sur cette candidature. Par contre, il faudra voir ma candidature comme devant être le résultat d’une certaine démarche, qui doit consister à écouter ces personnes qui bougent pour cette candidature et à écouter d’autres qui ne l’ont pas affirmé publiquement et aussi écouter les partis politiques (CDP et autres formations de la mouvance présidentielle) afin de dégager une position. Moi je n’ai qu’une voix et un bulletin. En allant en campagne, il faut que je sache que j’ai devant moi des hommes et des femmes du Burkina qui jugent que nous avons atteint des résultats et qu’il nous faut encore aller de l’avant.

Une personnalité que vous connaissez bien, Halidou Ouédraogo (NDLR : président du MBDHP), a dit que vous pouviez vous représenter. Vous attendiez-vous à ce soutien ?

• Je ne pense pas qu’il me soutienne ! C’est plutôt un homme de droit qui parle sur la base de ses convictions et de sa connaissance du droit. Je n’ai pas de débat à faire autour de cette position. Tout ce que je sais c’est qu’il n’est pas un membre de mon parti.

Mais venant d’Halidou, c’est plutôt pain bénit pour vous !

• Ce sont des points de vue personnels. Je le répète, sur cette question, c’est la position du Conseil constitutionnel qui est importante pour clore les débats. Cela dit, je reconnais que toutes ces manifestations contribuent au débat libre sur toutes les questions dans ce pays.

A la fin de votre mandat actuel, vous aurez passé 18 ans à la tête de ce pays. Tous les chefs d’Etat le disent, c’est une fonction particulièrement éprouvante. Ne vous arrive-t-il donc pas de penser à une retraite bien méritée, si on ose dire ?

• On peut se lasser de cette fonction lorsqu’on imagine qu’on travaille pour rien. Avec le soutien des populations du Burkina, des partis politiques, de la société civile, des communautés religieuses et coutumières, nous sommes en train de construire dans ce pays la démocratie. Nous constatons que les institutions républicaines fonctionnent, l’administration d’Etat travaille chaque jour à être davantage plus efficiente. Nous avons les populations qui commencent à s’intéresser à la chose publique avec la déconcentration au niveau communal d’abord et bientôt rural.

Le secteur privé est également très engagé et plus productif. Nous avons des artistes, des artisans, des hommes de culture. Cet environnement nous permet de dire que nous ne devons pas nous lasser, car ce sont des apports au développement de notre peuple. Il reste beaucoup à faire dans les domaines de la santé, de l’éducation, des routes... Lorsqu’on obtient des résultats, on ne peut pas se lasser. Même si nous sommes tous là pour un temps. D’autres vont continuer à notre place.

Vous avez pensé à un éventuel dauphin, car 18 ans au pouvoir, quoi qu’on dise... Vous arrive-t-il d’y penser comme on le voit dans certains pays ?

• Je crois qu’au Burkina, ce n’est pas la recherche d’un dauphin qui est primordiale. L’important c’est que nous avons bâti ce pays sur le plan des institutions, des règlements, des ambitions socio-économiques. Que je sois là ou pas, et en s’en tenant à ces gardes-fous, ces règlements consensuellement adoptés, si on aime ce pays, on ne doit pas penser à un dauphin.

Il y a quelques temps de cela, Mgr Jean-Baptiste Compaoré, archevêque de Ouagadougou, a accordé un entretien à Sidwaya, qui a fait des vagues. Une partie de l’opinion en a fait une lecture selon laquelle l’archevêque aurait dit qu’en dehors du chef de l’Etat actuel, il ne voit pas dans le paysage politique quelqu’un qui puisse assumer véritablement la fonction de président du Faso. Avez-vous ce sentiment également ?

• Je peux vous dire que ça fait des mois ou même un an que je n’ai pas vu l’archevêque Compaoré. Je crois que c’est un point de vue qu’il a exprimé de façon libre. Et je n’ai pas d’autre appréciation. C’est un point de vue qu’il faut accepter. Chaque jour, vous avez des points de vue divergents dans ce pays ! Il ne faut pas voir un jeu de sorcier ou de sorcière autour de ces débats ! Nous avons le dernier mot par rapport à ce débat et je vous dirais ce dernier mot le moment venu (rires).

Parlons maintenant de l’opposition. La bagarre actuellement, concerne la candidature unique de l’opposition. Qu’est-ce que cette bagarre vous inspire ?

• Qu’il y ait deux, trois, quatre ou mille candidatures de l’opposition n’est pas mon problème...

Tout de même avez-vous une préférence ?

• Je n’ai pas de préférence ! Pour moi, il faut qu’il y ait des élections transparentes. C’est ce qui importe pour moi ! Ça je vous le dis ! Personnellement, je ne comprends pas ce qui se passe là-bas... En ce qui concerne l’opposition, je ne peux pas... Ça bouge beaucoup....

Il y a très souvent des scissions dans les partis d’opposition et le parti majoritaire est le plus souvent incriminé...

• Quand des partis dits sankaristes font la scission, ils vous disent toujours pourquoi ça arrive. Ils n’ont jamais cité le parti qui est au pouvoir. C’est plutôt des problèmes de gestion interne dans le parti, et vous le savez bien ! Le parti au pouvoir est un parti majoritaire qui a mobilisé beaucoup de gens et qui a également la majorité à l’Assemblée. Pensez-vous qu’il ait le temps de s’occuper de ces bagarres internes à l’opposition ?

Monsieur le Président, la vieille politique du diviser pour régner n’a pas commencé avec le CDP !

• Mais sans diviser, nous régnons ! Nous avons la majorité ! Il ne faut pas nous donner d’autres tâches qui vont nous empêcher de nous occuper de l’essentiel.

Est-ce que vous pensez que votre parti a des faiblesses ?

• Je pense que tout parti a des faiblesses ! Seulement, ce parti travaille tous les jours à corriger ses erreurs, ses insuffisances et ses lacunes aux niveaux structurel, organisationnel, de l’occupation du terrain, etc. Mais ce qui est essentiel pour un parti, c’est d’avoir beaucoup de suffrages au sein de la population. Ce parti les a et c’est suffisant.

Pour revenir aux crises qui ont secoué récemment l’opposition, le cas d’école est celle de l’ADF/RDA où Me Hermann Yaméogo a été débarqué. On dit que vous ne lui avez pas pardonné ses prises de positions sur la crise ivoirienne. Qu’en est-il au fait ?

• Sur la crise ivoirienne, je crois qu’une très large majorité soutient la position du président du Faso. A savoir que c’est une crise qui concerne la Côte d’Ivoire et qu’il y a des voies de sortie pour la résolution de cette crise consiste à aller vers des élections ouvertes. A côté, il y a des populations burkinabè qui souffrent de violence, de spoliation, de voies de fait, etc. Donc la majorité des Burkinabè comprennent que le gouvernement, le président du Faso, aient une position.

Maintenant, qu’il y ait des personnes, des personnalités au Burkina qui apprécient autrement, c’est leurs points de vue ! La majorité que nous avons avec nous nous suffit. Vous lisez la presse comme nous. Je ne pense pas que le problème entre Hermann et Gilbert soit le fait du président du Faso ou du CDP. Il faut relire les différentes déclarations et vous verrez que ce sont des problèmes internes.

Mais on a vu la procédure accélérée au terme de laquelle Me Gilbert a été fait chef de file de l’opposition.

• Je ne pense pas que ce soit une accélération déclenchée de la présidence du Faso ! Je pense qu’il fallait nécessairement que cette position de chef de file de l’opposition soit mise en œuvre ! C’est sur cette base et sur la base des dispositions légales que cela a été fait ! Il n’y a pas eu d’accélération !

Pourquoi n’était-ce pas le cas quand c’était le Pr Ki-Zerbo ou Me Hermann qui avaient cette majorité pour être le chef de file de l’opposition ?

• Vous savez que nous l’avions voulu depuis. D’après le processus que j’ai suivi, pour installer Hermann Yaméogo, il y avait des débats sur le contenu de ce qu’il devait faire, le positionnement du chef de file par rapport au gouvernement actuel. Il y a certains de l’opposition qui ont pensé à l’époque qu’il fallait créer un gouvernement parallèle à celui du premier ministre Yonli. Ce qui a entraîné naturellement beaucoup de débats qui n’ont pas abouti. Cela a retardé la mise en œuvre de cette disposition.

L’actualité a aussi a été marquée par l’affaire dite de la tentative présumée de putsch, qui a défrayé la chronique début octobre 2003 et qui a finalement été jugée courant avril. Au vu de la personnalité et de la qualité des présumés putschistes, une bonne partie de l’opinion est restée dubitative sur la réalité de cette affaire. Avaient-ils vraiment des possibilités de vous inquiéter ?

• Est-ce que ceux qui brûlent les feux rouges m’inquiètent ? (rires). La loi est là pour tout le monde. Je ne dois pas dire que c’est parce que ces gens m’inquiètent ou pas qu’ils ne doivent pas répondre devant la justice ! Que vous soyez petit ou grand, lorsque vous portez atteinte aux règlements et aux dispositions de la loi, vous en répondez devant la justice. Je crois que justice a été rendue, et tout cela relève désormais du passé.

Ces militaires étaient pour la plupart des administratifs sans troupe. Conclusion : c’était plutôt un vrai faux coup d’Etat comme on l’a entendu un peu partout.

• Dans le monde, vous avez tous les jours des échos de violence çà et là. Ce n’est pas toujours des militaires qui font ces violences. Je veux dire que lorsqu’on a opté pour la violence, on n’a pas besoin d’être militaire. Ce qu’on peut retenir est que la justice a tranché. Par conséquent, vous comme moi ne pouvons qu’observer.

Vous parvenez quand même à dormir de vos deux yeux depuis que cette affaire est enterrée.

• Je crois que la sécurité pour un dirigeant politique, surtout pour un chef d’Etat, ce n’est pas la garde, la sécurité rapprochée. Ce qui compte le plus, c’est la confiance que le peuple garde en vous. C’est plutôt cela que nous recherchons.

Vous avez le sentiment de l’avoir ?

• Nous avons ce sentiment. Chaque jour vous écrivez, mais chaque jour aussi, nous recevons des messages qui nous viennent de loin, de l’intérieur du pays et qui nous remercient parce qu’il y a eu tel forage ou parce que telle route ou telle école ont été construites. C’est ce qui fait que nous sentons que cette confiance existe.

Certains putschistes ont justement dépeint un tableau assez sombre du pays, expliquant que c’est pour ces raisons qu’ils ont tenté ce coup de force.

• Moi je ne peux pas apprécier ce qui les a motivés. Mais je sais que quand on est devant le tribunal on peut chercher les voies et moyens de s’en sortir. L’essentiel est qu’eux-mêmes ont affirmé qu’ils voulaient aller vers la violence. C’est ce que le tribunal a apprécié. On peut faire un débat autour de ce qui reste, mais ça n’a pas de valeur.

Pourront-ils bénéficier de la grâce présidentielle un jour ?

• Je ne sais pas s’il faut en parler ici. Il y a des dispositions de loi en ce qui concerne la grâce présidentielle. Si ces conditions sont remplies comme tout autre citoyen, ils peuvent bénéficier un jour de cette grâce.

Monsieur le président, cette affaire a eu au moins le mérite de révéler le profond malaise qui existerait au sein de notre armée. En tant que chef suprême des armées, en avez-vous conscience ?

• Quel malaise ?

On parle de militaire frustrés d’officiers qui n’avancent pas normalement de la prééminence des militaires du Conseil vis-à-vis des autres corps. Finalement, cela ne transforme-t-il pas l’armée en une Cocotte-Minute dont le couvercle peut sauter à tout moment ?

• Dans cette armée, je pense que beaucoup a été fait pour qu’il n’y ait pas de droits pour les uns et d’absence de droits pour les autres. C’est une armée républicaine. Ce n’est ni au niveau du recrutement, ni au niveau des avancements. Regardez ce qui se passe dans d’autres pays où on tient compte de telle ou telle région ; où on dit qu’il faut recruter dans telle ethnie et pas dans telle autre. Chez nous, c’est vraiment une armée républicaine. Lorsque devant le tribunal des gens invoquent tel ou tel aspect de l’armée, je peux vous affirmer que beaucoup de noirceur a été faite. Malgré des insuffisances que l’on essaie toujours de combler, elle reste une armée républicaine et opérationnelle.

Tout de même, la révolution d’abord, la rectification ensuite n’ont-elles pas contribué à donner trop de puissance à certains sans-grade au détriment des supérieurs dans un corps qui est réputé être celui de la discipline et de la hiérarchie.

• Quand vous parlez de l’armée sous la révolution et pendant les autres périodes d’exception vous vous rendez compte qu’il y a une certaine évolution. Vous pouvez constater qu’au niveau des unités, il y a un recentrage qui est en train d’être fait. Nous travaillons à éradiquer tous ces aspects négatifs qui ont constitué des difficultés pour quitter l’armée d’Etat d’exception pour l’armée républicaine. Mais cela ne se fait pas du jour au lendemain.

Parlant de cette armée, il y a cette polémique sur le colonel qui a giflé le policier dans l’exercice de ses fonctions. En êtes-vous informé ? Si oui, quel est votre avis ?

• Ecoutez, chaque jour on parle de situations analogues. Un jour, on parle de tel journaliste qui a fait des histoires avec tel barman ; un autre jour, c’est un policier qui a giflé un vendeur de poulets...

Mais un colonel de l’armée qui en vient à gifler un policier, c’est quand même rare !

• Mais il y a beaucoup de choses qui sont rares ! Pourquoi un journaliste peut-il faire la bagarre avec un barman ? C’est vous dire que tout peut arriver dans nos sociétés. Ce n’est pas parce que c’est dans l’armée ! C’est vrai, nous condamnons ce genre d’acte. Ce n’est pas pour autant qu’il faut en faire du jamais vu ! Dans d’autres pays il arrive des manquements à la discipline ou à la morale.

On en fait une histoire parce que le policier en question a été incarcéré bien qu’il ait reçu une gifle !

• Je ne connais pas bien le dossier malheureusement. Je trouve que c’était un fait divers qui devait être traité par le commandement ou par la justice. Je ne connais pas bien le dossier.

M. le président, Kofi Annan, lors du dernier sommet de l’Union africaine demandait aux chefs d’Etat d’éviter de tripatouiller les Constitutions. Comment avez-vous accueilli cette position du S.G. de l’ONU.

• C’est normal qu’il rappelle un certain nombre de principes sur la gouvernance politique en Afrique. Ce qui est important est qu’en Europe, en Amérique ou un peu partout, les processus démocratiques suivent un processus original. Cela signifie qu’il n’y a pas un pays qu’il faut comparer à un autre.

Personnellement, vous sentiez-vous concerné pour ne pas dire interpellé par cette sortie de Kofi Annan ?

• Non ! Pas du tout !

On a quand même modifié la Constitution au Burkina ?

• La Constitution a été modifiée un peu partout dans le monde ! L’essentiel est que ces modifications suivent des principes constitutionnels et que cela se fasse avec une majorité parlementaire ou un principe référendaire universel. Les débats que nous faisons ici sur certaines questions comme les modes de scrutin, les circonscriptions électorales sont toujours menés par des pays comme la France et l’Angleterre aujourd’hui ! La démocratie vit avec ce genre de débats. Cela n’entrave en rien la vie démocratique dans un pays.

Monsieur le président, cela fera bientôt six ans que notre confrère Norbert Zongo a été assassiné. Six ans après, ce dossier a-t-il été enterré avec l’illustre disparu ?

• Nous revoyons toujours cette tragédie avec une grande émotion. Je peux vous assurer que tous les moyens ont été mis en œuvre pour arriver à la vérité dans cette affaire. Je ne pense pas qu’il n’y a pas eu un obstacle à un moment du traitement de ce dossier.

Vous avez bon espoir que justice sera rendue un jour ?

• Je m’en remets aussi à la justice comme vous. L’essentiel pour nous c’est de donner à la justice les moyens pour aller au bout du traitement de ce dossier.

Une Commission d’enquête indépendante, qui avait été mise en place à l’époque, a balisé le terrain et a sorti un certain nombre de pistes. On avait donc l’impression que cela allait permettre d’aller plus vite...

• Vous savez qu’une Commission d’enquête, généralement pour qu’elle travaille juste et bien, doit travailler dans la sérénité. Je pense que vous vous êtes rendu compte que la configuration de cette commission et l’ambiance qui y régnait n’ont pas conduit à beaucoup de sérénité dans le traitement de ce dossier au niveau de la Commission d’enquête. L’essentiel devant un tribunal, ce ne sont pas des affirmations. Vous pouvez affirmer des choses, mettre des rumeurs dans votre dossier, mais le juge d’instruction, lui, est obligé de faire des recoupements, d’instruire à charge et à décharge dans la recherche de la vérité. Je ne dis pas que cela n’a pas aidé le juge, mais ce n’est pas une voie judiciaire, une commission d’enquête.

Le rapport du PNUD sur le développement humain durable classe cette année encore le Burkina 175e / 177 pays. Que ressent-on quand on est président d’un des pays les plus pauvres du monde ?

• On se dit tout simplement qu’il faut davantage d’ambition. De tels classements, basés sur un nombre réduit de critères, ne permettent pas d’évaluer et d’apprécier l’ensemble des efforts déployés ces dernières années. Mais à la lumière de ce rapport, ce qu’on peut noter, ce sont les insuffisances au niveau surtout de la santé et de l’éducation. Le Burkina Faso a eu une croissance de 5 à 6% en 2003 et de 5% les deux années précédentes. Ce qui montre qu’au plan économique, nous avons une progression appréciable comparée aux résultats que nous observons sur le continent.

Mais il reste que dans les secteurs de l’éducation et de la santé, il faut déployer des efforts. En 2003-2004, un bon qualitatif a été fait au primaire et la couverture sanitaire nationale a également évolué dans le bon sens. C’est simplement vous dire que le rapport montre qu’il faut encore plus d’efforts, car c’est tout de même un pays pauvre.

Vous parlez de taux de croissance de 5 à 6%. Il y a également le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP). Mais quand on regarde les chiffres, on se rend compte que la population devient de plus en plus pauvre. Le citoyen ne sent pas le taux de croissance dans sa poche...

• La croissance est portée par le monde rural d’abord. Nous savons que c’est difficile. Ce qu’il faut voir pour un pays, ce sont les grandes tendances. Celles-ci ne sont pas seulement les chiffres macro-économiques, il faut voir que dans ce pays, chaque mois, chaque semaine pratiquement, il y a des constructions d’écoles, de routes, des aménagements de bas-fonds, des ouvertures de CSPS, une utilisation plus renforcée des centres sanitaires, un recul de la prévalence du SIDA, etc. Je crois que c’est cela qui doit nous encourager à poursuivre et m’indique, moi, que nous pouvons imaginer un futur meilleur.

Pensez-vous que le peu de ressources dont nous disposons soit bien utilisé ? Le REN-LAC par exemple estime que la corruption va grandissant dans notre pays, ce qui est un des facteurs limitant le développement.

• Il est certain que dans tous les pays du monde, la corruption est un phénomène difficile à cerner. Nous avons l’éthogramme de renforcement de la gestion budgétaire, les programmes de la bonne gouvernance économique et sociale. Il y a là aussi des indications qui montrent que nous sommes en train de créer les conditions, surtout les règlements, pour permettre une plus grande transparence du circuit de la dépense, et une meilleure organisation des marchés publics. L’économie burkinabè d’aujourd’hui n’est pas celle d’il y a 10 ou 15 ans.

Prenez les chiffres, indépendamment des affaires économiques publiques, si vous prenez tout ce qui accompagne cette économie dans d’autres domaines, vous verrez qu’il y a un nombre d’activités plus grand et cela avec une interpénétration plus renforcée entre le secteur privé et le secteur public. Il est effectivement difficile de maîtriser tout cela. Mais nous avons conscience que la corruption peut jouer sur l’économie nationale et je pense qu’il n’y a pas un chef d’Etat qui va souhaiter que son pays s’enfonce dans la corruption. Il n’y a pas d’intérêt à avoir une économie qui ne marche pas parce qu’il y a la corruption. Je veux simplement dire qu’il y a une grande volonté de faire en sorte que ce phénomène de corruption diminue dans notre pays.

Vous vous êtes investi dans la bataille pour la suppression des subventions du coton. Cette semaine à l’OMC, il y a eu un accord. Estimez-vous que cela soit une demi-victoire pour les Africains ?

• L’accord ne satisfait personne. L’essentiel pour nous était d’aller dans le débat politique sur les relations économiques internationales et de faire savoir que dans cette mondialisation libérale, s’il n’y a pas de règles de régulation, cela fait du tort aux petits pays qui vont dans la concurrence avec des arguments différents. Nos partenaires nous parlent de développement en sachant que le développement ne peut se faire sans commerce et en même temps, ils nous obstruent les voies pour aller au commerce. Il faut ce débat politique pour montrer que de plus en plus, nous devons aller vers des négociations qui vont intégrer la dimension spécifique des producteurs du Sud notamment des producteurs de coton.

Le président Wade estime qu’il faut demander aux Américains des dédommagements plutôt que de suggérer l’annulation des subventions.

• Nous sommes quatre pays (Burkina, Mali, Bénin, Tchad, Niger) et nous avons une vision claire de ce que nous voulons. C’est vrai qu’il y a des commentaires autour de notre initiative, mais pour nous, l’essentiel est de savoir que nous ne pouvons pas organiser un commerce international qui sera équitable pour tous, si nous ne supprimons pas les subventions qui constituent l’élément central.

Ne faut-il pas à terme en venir à ce que la BOAD propose à savoir la transformation de notre coton sur place pour lui donner une plus-value ?

• Il est certain qu’il faut aller vers d’autres dimensions de l’environnement même du coton pour renforcer son impact sur l’économie. La première difficulté pour le coton dans notre pays, ce sont les usines textiles et la filature. Mais au niveau régional, nous pouvons organiser cela avec les producteurs de coton. Mais à côté, il y a d’autres possibilités qui s’offrent à nos régions : c’est d’abord faire un programme de développement durable pour ces producteurs et les aider à aller vers une technologie beaucoup plus avancée. C’est pour cela que nous avons eu des rencontres sur les OGM et autres. Tout cela peut participer à aider l’environnement du producteur de coton. En attendant la suppression de ces subventions, nous travaillons avec l’Europe sur les questions d’échanges.

Concernant les OGM, ne pensez-vous pas que dans ce domaine, nous allons trop vite au moment où l’Europe s’en méfie beaucoup ?

• Je crois que sur le plan scientifique, des rapports viennent de sortir en France avec l’agence de sécurité alimentaire. Sur le plan technique, il est démontré que la plupart des OGM n’ont pas de conséquences sur la santé. Au-delà de tout cela, il faut dire que le Burkina s’investit dans des domaines qui ne sont pas encore alimentaires, comme le coton. Il faut évoluer avec le monde. Aujourd’hui, on a besoin du coton qui n’est pas transgénique. Si demain, on a besoin de coton OGM, il nous faudra réapprendre comment travailler avec ceux qui ont pris de l’avance sur nous. Pour le Burkina, ce qui est intéressant, c’est d’être à l’écoute de la science.

D’aucuns disent que le Burkina s’est engagé dans les OGM parce que nous voulons un rapprochement politique avec les Etats-Unis.

• Nous n’avons pas de problèmes avec les Américains.

Sur le plan agricole, vous incitez les paysans à produire. L’année dernière, il y a même eu un surplus céréalier. A tout cela s’ajoutent les produits de la petite irrigation villageoise. N’avez-vous pas peur qu’à terme, cela décourage les paysans de produire beaucoup s’il n’y a pas de transformation de ces produits ?

• Le gouvernement a commencé à étudier ce point. Il y a des conseils de cabinet, et des réunions interministérielles ont eu lieu ces derniers mois. Des contacts ont été pris avec le FIDEA et d’autres partenaires et d’ici à début 2005, nous allonsnous investir fortement dans ces infrastructures de transformation et de conservation des produits agricoles. Cela est effectivement une chance pour notre économie rurale.

La crise ivoirienne a montré les rapports étroits entre le Burkina et la Côte d’Ivoire.Les exportateurs ont vite réagi en trouvant de nouveaux corridors. Comment faire pour les capitaliser pour que le Burkina ne soit presqu’exclusivement lié au débouché maritime ivoirien ?

• Je pense que la paix va revenir en Côte d’Ivoire et que les Burkinabè vont repartir au port d’Abidjan (rires). Deuxièmement, en fait nous n’orientons pas nos opérateurs économiques vers la Côte d’Ivoire, le Togo ou le Ghana. L’opérateur y va quand il a intérêt. Nous n’avons pas la capacité de les orienter.

L’incendie de Rood Woko a jeté dehors de nombreux commerçants. Certains sont inquiets des rumeurs qui font état de la cession du marché à des intérêts privés étrangers...

• Je ne pense pas qu’un gouvernement puisse frauduleusement vendre un marché qui est une infrastructure qui n’appartient ni à lui ni aux commerçants. C’est une infrastructure des Burkinabè pour organiser le commerce national et je crois que pour la promotion du commerce, le gouvernement s’attelle à remettre en état ce marché pour le bien des commerçants et du public.

La privatisation est un processus en cours depuis de nombreuses années au Burkina. Ces dernières années, on voit des privatisations de sociétés qui sont pourtant des symboles nationaux notamment l’hôtel Indépendance et l’ONATEL en cours. Etait-il nécessaire de privatiser des sociétés auxquelles les Burkinabè sont liés par le cœur ?

• Je crois que les Burkinabè cherchent aujourd’hui une économie moderne, compétitive, qui résolvent leurs problèmes de services publics et de niveau de vie. De plus en plus, il a été démontré que pour les économies nationales, il faut faire la part des choses entre le rôle de l’Etat et celui du secteur privé. L’Etat doit être un organe qui oriente, appuie, conseille et organise la compétition, mais il ne peut pas s’occuper de toutes les activités même si elles sont rentables.

Il y a eu des moments où l’Etat faisait des biscuits. Mais à partir du moment où le privé peut être concurrentiel, il vaut mieux pour lui s’occuper des routes et des écoles. Cela permet de donner à l’Etat plus de moyens et de capacités pour le faire. Il y a eu le débat sur le téléphone, mais en cinq ans, on a créé 20 000 emplois, et aujourd’hui il y a plus de 5000 télé centres dans ce pays. C’est dire que la privatisation peut être d’un intérêt pour l’économie nationale, car l’essentiel, c’est d’aller vers des économies plus compétitives. Quand vous avez un hôtel Indépendance qui était un joyau il y a 40 ans et qui, aujourd’hui, ne vaut même pas l’auberge de Ziniaré quand on voit l’état de ces chambres, les Burkinabè ne doivent pas en être heureux. Cette infrastructure mérite d’être valorisée, mais l’Etat n’a pas les moyens de gérer les chambres des gens qui sont de passage à Ouagadougou.

Mais n’est-ce pas la mauvaise gestion qui a conduit à cette situation ?

• Non, ce n’est pas la mauvaise gestion. Il y a des activités où le secteur privé est plus compétent pour gérer. Prenez les Faso yaars dans le temps ; quand vous étiez à Faso yaar, vous étiez comme celui qui est à l’information ou à la présidence : qu’il y ait des bénéfices ou pas, vous êtes payés. Il faut donc faire confiance au secteur privé pour gérer ce genre d’activités dans l’intérêt du pays tout entier.

Monsieur le président, une étude prospective est lancée pour voir un peu ce que pourrait être le Burkina en 2025. Comment voyez-vous ce pays dans 20 ans ?

• Je pense que si l’on travaille comme nous le faisons, il va être émergent. Mais si nous arrêtons de travailler, il sera autre.

Le projet ZACA a entraîné des grincements de dents. Des milliers de gens ont été délogés pour être relogés dans les périphériques. Etait-il un mal nécessaire ?

• (Rires). Mais, c’est de la préhistoire ça. Il y a eu à l’époque des rencontres et des explications ont été données. Ces populations sont même parfois mieux logées. Nous avons un espace qui va servir à améliorer encore le centre-ville, à créer encore des possibilités d’installation de services nouveaux.

Concernant le Sida, la trithérapie est gratuite au Sénégal. Le Burkina est-il sur cette voie ?

• Nous sommes sur la voie de la confiance des partenaires. Vous avez suivi, ces derniers temps, les différentes contributions, qui montrent que dans les mois à venir, nous allons disposer de moyens suffisants pour la prise en charge de ceux qui en ont besoin. Avec le Brésil et l’Inde, nous avons des contacts pour disposer de médicaments qui vont contribuer à alléger la charge de l’Etat dans la prise en charge des malades.

Un sommet sur l’emploi sera organisé en septembre au Burkina Faso. Pensez-vous que ce type de rencontres avec vos pairs puisse permettre de trouver des solutions assez concrètes au chômage, qui touche la jeunesse africaine en général ?

• Je pense que si le Burkina s’est engagé sur cette idée, c’est d’abord parce que nous appartenons à la communauté internationale et cette communauté des Nations a des responsabilités que nous entendons assumer à côté des autres. Nous avons opté pour une réflexion panafricaine sur la question de l’emploi parce que de l’individu à la famille en passant par le groupe, la société et la Nation, l’emploi est un élément capital. Nous sommes convaincu que c’est le travail qui génère les revenus et c’est de là que l’on peut résoudre les autres problèmes de la société.

Aujourd’hui, il y a beaucoup de débats sur la croissance, l’investissement, mais notre souci est qu’au-delà, cette conférence dégage un ensemble de pistes pour permettre à l’Afrique de s’investir davantage dans la promotion de l’emploi. A Ouaga, nous devons jouer sur la communauté des partenaires et pouvoir dire qu’il y a la croissance à rechercher et des investissements à faire. Il y aura des institutions qui s’occupent de macro-économie et de développement dans le monde notamment le FMI et la Banque mondiale.

Nous voulons faire en sorte qu’avec ces institutions, aujourd’hui avec les Etats, les autres partenaires sociaux, nous puissions dire que la croissance et l’investissement doivent aller en cohérence dans l’économie avec la création d’emplois.

Lorsque vous regardez les problèmes des jeunes, il y a des dispositifs qui permettent de financer, d’aider à l’entreprenariat, mais nous sommes toujours confrontés à la question des finances et il n’a jamais été dégagé une perspective, une résolution, une initiative qui dise aux partenaires, vous devez en même temps financer la balance des paiements, le développement, mais dans le développement il faut un volet financement des structures comme le FAARF, le FONAPE qui, pour l’instant, ne dépendent que des capacités limitées de l’Etat. L’intérêt d’une telle rencontre, c’est d’amener les partenaires à comprendre que l’Afrique ne peut sortir de la pauvreté si on n’organise pas mieux en quantité, mais aussi en qualité, la promotion de l’emploi.

L’exode rural grossit les rangs des chômeurs. Le développement à la base n’est pas encore visible ?

• Le monde rural représente 80% de la population. L’exode rural est un phénomène connu. Nous essayons de le réduire en créant des projets de fixation des jeunes dans leurs terroirs, mais aussi en aménageant un peu les campagnes. La dimension monde rural va avoir une grande importance à notre réunion de Ouagadougou. Comment faire justement pour renforcer à la fois les infrastructures, les moyens, les possibilités de créer davantage de travail dans ce monde rural et contribuer à élargir les possibilité d’emploi pour renforcer l’économie nationale ?

Le grand banditisme se développe dans notre pays et constitue un danger qui guette la nation...

• Lorsqu’on parle de grand banditisme, je pense à tous ces policiers qui ont été abattus par des bandits à Koupéla. Pensons à tous ceux qui se mobilisent pour maintenir la sécurité dans notre pays. C’est un combat qui demande une mobilisation nationale. Nous espérons que les études qui sont menées sur la police de proximité vont amener les populations à s’associer aux forces de sécurité.

Le week-end dernier, je circulais en voiture en ville et les policiers contrôlaient les motocyclettes. Je voyais de ma voiture des citoyens qui informaient d’autres que les policiers étaient devant. Ce sont des comportements qui ne permettent pas à la police d’arrêter des voleurs d’engins par exemple. Et demain, ce sont ces mêmes citoyens qui vont s’asseoir dans les bars pour dire que les policiers ne font rien contre les voleurs d’engins. Il faut une adhésion de tous pour venir à bout du phénomène.

Il y a une mobilisation totale autour du football alors que nos athlètes sont rentrés de Brazza avec six médailles et n’ont pas reçu un grand accueil...

• Non, selon les informations en ma possession, il n’y a que deux qui sont rentrés ; les autres devant continuer en stage dans le cadre des J.O. A leur retour, nous organiserons une cérémonie à leur intention.

Tout de même, le football mobilise plus de moyens et il n’y a pas de résultat. Un journal a même titré "un milliard, un but".

• Oui, mais le football commence à donner des résultats. C’est un sport qui ne se pratique pas comme la pétanque. Il demande beaucoup de ressources. Nous ne regrettons pas ces milliards dépensés. En Afrique, on est classé 12e, et dans le monde, 74e. Nous progressons. A Brazza, nous étions 11e sur 45 Nations avec 6 médailles. Il y a du travail qui se fait sur le terrain. Dans les autres disciplines, je crois que nous devons être satisfaits des résultats.

Quels engagements avez-vous obtenus du président Gbagbo sur la sécurité des Burkinabè et de leurs biens sur le sol ivoirien ?

• Lors des travaux de la commission mixte Côte d’Ivoire - Burkina et dans les déclarations faites à Bamako, il a été question d’un traitement décent pour les Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire. Les autorités ivoiriennes ont pris des engagements dans ce sens. Nous sommes donc à l’écoute et nous observons pour voir comment ces engagements vont être tenus.

L’animosité vis-à-vis des Burkinabè est due en partie au fait qu’Abidjan a vu la main du Burkina derrière la rébellion. C’est vrai que Ouaga l’a toujours nié. Mais est-ce que vous n’avez pas un peu prêté le flanc en abritant avant la crise des éléments qui participeront plus tard au déclenchement du conflit ?

• Le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire sont comme deux cases voisines où les uns et les autres ont appris à vivre ensemble depuis toujours. Vous avez souvenance que lorsqu’il y avait des problèmes politiques ici, dans les années 60, les hommes politiques se réfugiaient dans les pays voisins, mais surtout en Côte d’Ivoire ; et vice versa. D’ailleurs le président Gbagbo lui-même est passé par ici. Aucun régime ne l’a pris pour le remettre aux autorités ivoiriennes. Le Burkina Faso ne peut pas dire à un Ivoirien de ne pas s’installer au Burkina.

Du reste, quand à Marcoussis la classe politique ivoirienne, toutes tendances confondues avec le FPI et les mouvements rebelles, s’est réunie durant dix jours, ils ont dégagé les causes de la crise ivoirienne. On n’y a pas parlé du Burkina Faso. On a parlé de la précarité de l’identification nationale, d’élections ouvertes, de légitimité du pouvoir d’Etat, des spoliations des terres des paysans, de la négation des droits de l’homme, etc. Sur ces questions, des solutions ont été proposées. C’est pour tout simplement vous dire que les Ivoiriens eux-mêmes sont conscients que les problèmes qu’ils vivent ne viennent pas du Burkina Faso, mais que les causes sont à l’intérieur de la Côte d’Ivoire.

Il reste quand même que beaucoup de Burkinabè ont été spoliés dans cette affaire notamment avec le problème foncier. Est-ce qu’on peut envisager des réparations pour ces Burkinabè qui ont tout perdu ?

• Lorsqu’un conflit n’est pas terminé, on ne peut pas parler de réparations. Il faut que la paix revienne en Côte d’Ivoire et par la suite on pourra poser ces questions. Pour l’instant nous devons tous nous engager pour aller vers la paix dans ce pays et cela aussi bien dans notre intérêt que dans celui de la Côte d’Ivoire.

Vous venez de rentrer d’Accra où vous avez élaboré avec vos pairs un plan qui prévoit un calendrier de réformes politiques devant aboutir au désarmement des forces rebelles et des milices armées. Mais avec le débat sur l’article 35, la loi sur l’éligibilité semble nous éloigner de la sortie de crise. Est-ce que vous avez vraiment le sentiment qu’Accra III a balisé le terrain pour éviter ces écueils ? Est-ce qu’il n’y a pas eu de précipitation dans la convocation de ce sommet ? Est-ce qu’il ne fallait pas le reporter ?

• Non, non. Je crois plutôt qu’on a mis du retard à faire Accra III. Parce que lorsque Marcoussis a dégagé les problèmes, un seul était plus important, c’était la légitimité du pouvoir d’Etat, qui passait nécessairement par des élections ouvertes. Cette question a été éludée pendant tous ces mois passés, et à Accra, nous avons essayé de ramener les protagonistes sur son traitement.

Je crois que les engagements qui ont été pris doivent aller d’abord dans le sens de la création des conditions d’une élection présidentielle ouverte permettant ainsi de légitimer le pouvoir d’Etat qui sera en place après le scrutin. Les autres aspects du problème ne sont que secondaires pour moi parce que s’il y a un pouvoir légitime, il est certain que le problème foncier, celui des droits humains et les autres vont trouver nécessairement des solutions.

Est-ce que vous pensez que le président Gbagbo est un partenaire crédible avec lequel on peut véritablement discuter ? On lui reproche souvent de dire une chose aujourd’hui et de dire le lendemain tout son contraire.

• Nous assumons les fonctions qu’il assume. Nous comprenons donc les difficultés qu’il peut avoir concernant la mise en œuvre de certains engagements. Nous comprenons qu’il lui faut du temps, qu’il lui faut discuter avec son camp et ses partenaires. Nous comprenons tout ça. Nous pensons jusque-là qu’il cherche à sortir de cette crise.

Le blocage est prévisible avec ce problème des élections. Le pouvoir ivoirien veut organiser un référendum après le désarmement alors que les Forces nouvelles veulent les réformes politiques d’abord. Le 15 octobre étant la date butoir, est-ce que vous voyez une chance de succès à cet accord d’Accra III ?

• Il y a beaucoup de voix qui parlent au nom du président Gbagbo , mais je crois que ce ne sont pas des voix autorisées pour emprunter au jargon des journalistes. Il faut attendre la position officielle du gouvernement et du président Gbagbo pour savoir comment il entend mettre en œuvre les engagements d’Accra. Nous-mêmes avons prévu de nous voir ensemble avec le président ATT et Gbagbo après le sommet d’Accra. Nous sommes en train de nous organiser pour le faire probablement dans les jours à venir.

Une rencontre dite de construction de la paix est en principe prévue demain (NDLR : le vendredi 6 août 2004) à Freetown à l’initiative du président Ahmed Tejan Kaba. Y êtes-vous invité et y serez-vous ?

• Nous avons été invité, mais pour l’instant notre participation n’est pas acquise pour des raisons bien simples. Nous espérons avoir une appréciation du président Gbagbo sur ces accords. Nous ne voulons pas que cette rencontre soit contre-productive. Parce que les Nations unies et la CEDEAO se sont réunies à Accra où on a pris des engagements. Il faut éviter des réunions parallèles qui donnent l’impression qu’on veut aller à contre-courant de ce qui a été décidé à Accra.

La diplomatie burkinabè a souvent été qualifiée de diplomatie va-t-en guerre aussi bien par l’opposition que par des organisations de la société civile. On se souvient que des commissions d’enquête de l’ONU ont séjourné ici il y a quelques années …

• Vous voulez faire l’histoire du Burkina Faso ou bien parler de son avenir. Parler de l’avenir c’est plus intéressant non ?

On suspectait le Burkina Faso d’être au cœur d’un trafic d’armes et de diamant au profit des rébellions du Liberia et de la Sierra Leone. Est-ce qu’on peut considérer que cette page est définitivement tournée ?

• Je pense qu’on suspecte le Burkina Faso parfois sur la base de rumeurs. Parce que s’il y trafic de diamant dans ce pays, je pense qu’avant même que quelqu’un quitte le Chili ou New York pour venir le constater, cela allait se savoir dans ce pays. C’est tout simplement pour vous dire que nous avons répondu à beaucoup de rapports et de questions. Comme vous le constatez, nous n’avons pas de contentieux avec qui que ce soit dans le monde.

Il reste quand même que dans le cas du Liberia vous n’avez jamais marchandé votre soutien à Charles Taylor. L’avenir ne semble pas vous avoir donner raison…

• Pourquoi ?

La façon dont Taylor a fini par être débarqué…

• Il y a des situations qui arrivent dans le monde et nous optons par conviction d’aller dans tel ou tel sens. Dans le cas d’espèce, il y avait un combat contre une dictature noire, celle de Samuel Doe ; pour nous le camp juste était celui de la lutte contre la dictature. C’est tout. Mais si après être arrivé au pouvoir ce camp ne respecte plus ce pourquoi il s’était battu, et qu’il nous met dans des situations difficiles politiquement... parce que ce n’est pas pour cela qu’on a soutenu ce genre de lutte, ce sont des choses qui arrivent. Ce n’est pas seulement au Liberia, mais à travers le monde que vous constatez cela au quotidien. Même les grands, parfois en matière de vision de la politique extérieure, se trompent sur le choix des combats et des amis.

Est-ce qu’il faut comprendre que vous regrettez aujourd’hui ce soutien ?

• Non, nous ne regrettons pas. Parce que pour nous il y a eu un combat pour une juste cause. C’est l’essentiel. Vous avez suivi le processus qui a permis la transition, vous avez vu que le Burkina a joué un rôle aussi important dans la mise en œuvre du dispositif qui a permis cette transition.

Vous avez souligné tantôt qu’il n’y avait pas de problèmes avec les Etats-Unis. On se rappelle quand même que sur les dossiers du Liberia et de la Sierra Leone, les Etats-Unis et le Burkina n’ont pas toujours été d’accord…

• Ecoutez, les Etats-Unis ont fait la guerre avec l’Angleterre ; est-ce qu’ils ne s’entendent pas aujourd’hui ? Et vous ne parlez que de ce qui n’a même pas été une guerre.

Vous reconnaissez qu’il y a eu un refroidissement et maintenant un réchauffement. L’ambassadeur des Etats-Unis l’avait reconnu tantôt…

• C’est vrai, le vice-ministre américain l’a aussi dit. Nous sommes en bons termes avec l’administration américaine et nous travaillons au-delà de nos relations bilatérales à consolider notre rôle d’appui à la stabilisation de l’Afrique de l’Ouest.

On reproche aux Etats-Unis leur politique unilatérale dans le monde. Est-ce qu’il n’y a pas là un danger pour la paix dans le monde ?

• Pour l’instant je crois que nous avons des relations bilatérales. Les Etats-Unis ont des relations bilatérales avec la France, avec l’Angleterre, avec un peu tout le monde…

Leur position sur certaines crises notamment la Palestine et le comportement qu’ils ont pour ce qui concerne l’Irak…

• Sur ces questions il y a des appréciations qui peuvent diverger. C’est sûr que je ne partage pas les positions américaines relatives à certains conflits et problèmes du monde. Mais je pense aussi que les Américains ne partagent pas ma position sur certains dossiers. C’est comme ça la vie des nations.

On attend toujours votre visite aux Etats-Unis. Vous n’y êtes jamais allé en visite officielle. C’est pour quand ?

• Ça viendra je suppose. C’est toujours comme ça dans les relations entre les nations.

Pour évoquer d’autres foyers de tensions, il y a le Darfour avec 1,2 millions de personnes déplacées et 200 000 réfugiés au Tchad. On a l’impression que la communauté internationale ne montre pas le même empressement qu’avec la Côte d’Ivoire. L’Union africaine vient de décider l’envoi de 2 000 hommes, on est tenté de dire, seulement 2 000 hommes. Quelles sont à votre avis les conditions d’une sortie de crise dans cette partie de l’Afrique ?

• Je pense qu’il faut d’abord reconnaître que c’est un problème complexe en raison de l’immensité du territoire soudanais. Imaginez un président du Burkina avec un territoire qui va jusqu’aux confins de l’Algérie et qu’il y ait des crises qui se nouent vers Tamanrasset. Vous comprenez que ça doit être difficile de gérer ce genre de situations. C’est d’abord un territoire vaste.

C’est ce qui d’ailleurs fait que les informations qu’on nous donne (50 000 morts ou 30 000 morts) sont difficilement appréciables. C’est tout simplement vous dire que pour nous, intervenir dans le débat, pour apprécier, objecter ou condamner de façon automatique est difficile. Par contre nous disons que s’il y a un conflit, poussons l’Union africaine à intervenir sur le terrain. Nous avons déjà envoyé des observateurs qui ont fait des recommandations au gouvernement soudanais.

Nous pensons que si la gravité de la crise est telle que décrite par les agences de presse, parce qu’il n’y a pas d’agence de presse burkinabè au Darfour, il faut comprendre notre prudence par rapport à certaines informations que nous avons reçues d’autres régions du monde. Nous disons que notre rôle aujourd’hui c’est d’appuyer toutes les initiatives africaines et d’aller sur le terrain pour observer et soutenir. Nous souhaitons aussi que la communauté internationale soit plus prompte pour mieux aider.

Le Nigeria, la Tanzanie et le Rwanda ont annoncé leur participation à la force de maintien de la paix au Darfour. Est-ce que le Burkina pourra y participer ?

• Pour l’instant nous n’avons pas eu de sollicitations officielles. Mais je pense que c’est une question qu’on peut étudier.

Le Burkina doit bientôt abriter le sommet de la Francophonie. On reproche à notre pays sa trop grande présence dans l’organisation des sommets. Qu’est-ce qu’un pays comme le nôtre gagne en organisant un sommet comme celui de la Francophonie ?

• C’est parce que nous sommes francophones et que nous croyons en la Francophonie. Nous croyons que dans ce monde, la Francophonie a des choses à proposer ; qu’au-delà de la langue, qui, pour moi, n’est pas l’intérêt premier de cette communauté, c’est des valeurs que nous pouvons partager avec d’autres. Je pense à ces valeurs de dialogue, de diversité et de solidarité. Je l’ai dit la dernière fois à Lyon, nous sommes dans un monde qui est constamment en déficit de dialogue. Ce déficit conduit à des conflits.

C’est un monde où la diversité n’est pas acceptée. On a ce débat sur le choc des civilisations. Pour moi, voir un Libanais, un Burkinabè, un Français, un Vietnamien et un Québécois qui dialoguent, qui parlent de coopération, c’est un exemple que l’on peut donner au reste du monde. La solidarité est un des éléments du thème de Ouagadougou, car nous vivons dans un monde où cette valeur doit prendre tout son sens dans des actions concrètes et positives entre les nations. Le Burkina est une nation de la communauté internationale. Notre monde a des responsabilités en dehors desquelles le Burkina Faso ne peut rester. Nous assumons nous aussi avec les autres nations, qui organisent, qui dépensent aussi.

Mais au-delà, il y a la voix du Burkina qui est entendue. Il y a notre contribution, il y a qu’on est mieux connu et que dans ces réunions nos cadres apprennent beaucoup y compris le peuple. Lorsque vous suivez l’environnement de ces réunions, il y a aussi d’autres Burkinabè qui en tirent profit parce qu’outre la salle de conférences, il y a des hôtels, des restaurants, en tout cas beaucoup de monde qui en profite. Mais d’une manière générale, il faut se dire que le Burkina doit aussi assumer des responsabilités au niveau de la communauté des nations.

On parle de plusieurs milliards de FCFA mobilisés pour cette rencontre. Qui paye la note ?

• Le sommet de la Francophonie est une grande réunion, car vous déplacez les sommités de cet espace francophone, qui arrivent avec beaucoup de monde. Mais je peux vous dire que pour le budget de cette conférence, nous avons des engagements financiers très forts de la part de la France, du Canada, de la Belgique, de la Suisse et bien d’autres pays qui appuient l’organisation de la conférence.

On a malgré tout une réalité douloureuse au niveau de la Francophonie. C’est la difficulté qu’ont les étudiants africains à aller se former en France. Pour obtenir un visa, c’est la croix et la bannière. Est-ce qu’il ne faudra pas parler de cela avec les partenaires du Nord ?

• Que l’on prenne le thème du sommet sous l’angle de la solidarité ou de la diversité, nous revenons toujours à cette question qui a été souvent posée et que nous avons évoquée à Beyrouth, à savoir que la Francophonie doit être un espace ouvert. Du moins pour les artistes, les étudiants, les chercheurs et les opérateurs économiques. C’est ceux-là qui doivent faire la Francophonie. Pour moi, ce sont des questions qui seront évoquées et qui constituent des préoccupations africaines au sommet où nous allons parler de développement durable, mais aussi de solidarité.

C’est le temps des vacances, comment allez-vous les passez ?

• Nous avons encore beaucoup à faire. Dans un mois, nous sommes déjà engagé dans les premières réunions de l’Union africaine sur l’emploi. Après il y a l’Assemblée générale des Nations unies. J’ai aussi une réunion avec un certain nombre de collègues dont le président du Brésil sur le financement du développement dans le monde. Nous avons aussi la préparation du sommet de la Francophonie.

Pour l’instant donc il n’y aura pas de vacances pour le président du Faso ?

• Disons que le gouvernement est partie en repos, et cela allège la tâche ; déjà qu’on n’a pas de conseil des ministres, on s’organise mieux pour souffler. Pour l’instant, il y a certainement beaucoup à faire pour les deux sommets et même pour les ministres, et on les appelle toujours bien qu’étant en vacances.

Retranscription
- San Evariste Barro
- Issa K. Barry
- Adama Ouédraogo dit Damiss

L’Observateur Paalga

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