Actualités :: Candidature de Blaise Compaoré à la présidentielle : On le voit (...)

De telles émissions, on en redemande encore. Cela faisait un bail que Blaise Compaoré ne s’était pas livré à un tel exercice face à la presse nationale. En effet, sauf erreur ou omission, le dernier en date a eu pour cadre Bobo-Dioulasso, la capitale économique, il y a de cela quelques années.

Mais toute proportion gardée, l’émission réalisée à Bobo était passée presqu’inaperçue ; elle n’avait pas bénéficié d’une si grosse pub, d’une si bonne organisation, d’un si grand battage médiatique tel qu’on l’a vécu les jours qui ont précédé le soir du jeudi 05 août dernier. Peut-être bien que si le "face à la presse" de Bobo est resté moins solennel dans sa préparation et son organisation, c’est parce qu’aucune échéance électorale digne d’intérêt ne pointait à l’horizon à l’époque. Tel n’est certainement pas le cas présentement avec la présidentielle de 2005 qui avance à grand pas et qui se veut décisive.

En tout cas, de mémoire d’homme de médias, rarement "un ace à la pesse" aura crévé le plafond de l’audimat. Jeudi dernier en effet, aux environs de 20 heures, les gargotes, les rues généralement si animées de Ouagadougou s’étaient vidées de leur monde car tout un chacun est resté plus de 2 heures scotché à son petit écran ou à son tansistor. On se serait vraiment cru à la mémorable CAN 2004 en Tunisie où le temps d’un match, les Etalons croisaient le fer avec les Lions de la Teranga. Au vu de l’engouement suscité par le public, il serait grand temps qu’en lieu et place des traditionnels discours ex-cathedra, dont on attend presque rien, hormis l’éventualité d’une maigre augmentation de salaire, qu’une fois pour toute, Seydou Ouédraogo et son staff de la Direction de la Communication de la Présidence prennent le pari de nous proposer chaque année un exercice médiatique du genre.

Comme c’est le cas chez nos ancêtres les Gaulois où la tradition est maintenant établie : l’entretien télévisé du locataire de l’Elysée fait partie, avec le défilé sur les champs Elysée et la Garden Party, des points d’orgue du 14-Juillet. C’est en effet une manière plus directe, moins fastidieuse et plus intéressante à suivre, que de subir les allocutions solennelles avec leurs chapelets "d’acquis" et leurs catalogues de bonnes intentions. Novembre 2005, c’est donc déjà demain et bien des télespectateurs attendaient avec une certaine fébrilité que Blaise Compaoré se prononcât sur son éventuelle candidature à la présidentielle.

En effet, depuis la petite phrase de Salif Diallo dans l’Observateur paalga du 5 janvier 2004, la candidature du président sortant à sa propre succession est l’objet d’un débat fort nourri dans le landernau politique. Et depuis, presque tous les protagonistes de la scène politique nationale se sont prononcés à ce propos. Tous, sauf Blaise Compaoré, le premier concerné. C’est dire que grande était l’envie des télespectateurs d’avoir enfin la position du principal intéressé. Et répondant à une question relative à son éventuelle candidature, Blaise Compaoré a estimé que la présidentielle de novembre 2005 n’est pas une préoccupation du moment, qui pis est, poursuit-il, qu’il serait prématuré d’en parler.

Face à cette réponse, certains télespectateurs sont restés bien perplexes, allant même jusqu’à penser qu’une candidature à sa propre succession n’intéressait nullement le président Compaoré. Mieux, ils sont nombreux qui se disent deçus parce que le Président Compaoré n’a rien dit malgré les relances des journalistes. Mais d’autres, bien au fait de la chose politique, qui savent lire entre les lignes et disséquer les mots, ont été définitivement situés. Blaise Compaoré sera candidat à sa propre succession. N’avons-nous pas coutume de dire que qui ne dit mot, consent ?

Et en l’espèce, le silence de l’enfant terrible de Ziniaré était bruyant de paroles comme dirait le philosophe. Accéder démocratiquement à la magistrature suprême est une course d’obstacles et de longue haleine. Et mieux que quiconque Blaise Compaoré n’ignore pas qu’aucun candidat sérieux n’affiche ses réelles intentions à 16 mois d’une présidentielle. Pas plus ici qu’ailleurs. De ce point de vue, on n’est pas déçu parce qu’on n’attendait rien et il fallait être assez naïf pour penser que le chef de l’Etat dirait haut et fort : "Oui, je serai candidat". Tout au plus les journalistes devaient-ils le pousser à s’empêtrer dans ses propres contradictions ou à se confesser sans en avoir l’air.

Pour Blaise Compaoré en effet, sa candidature (dont la probabilité n’est plus mise en doute) "doit être le résultat d’une certaine démarche qui doit consister à écouter ces personnes qui bougent pour cette candidature et à écouter d’autres qui ne l’ont pas affirmé publiquement et aussi à écouter les partis politiques (CDP et autres formations de la mouvance) afin de dégager une position". "En allant en campagne, dit-il, il faut que je sache que j’ai devant moi des hommes et des femmes du Burkina qui jugent que nous avons atteint des résultats et qu’il nous faut encore aller de l"avant".

Or si l’on croit ce que dit son Premier ministre, Paramanga Ernest Yonli, les résultats tant attendus sont visibles et le Burkina avance, avance... Il se trouve qu’il y a encore beaucoup de chantiers à poursuivre ainsi que l’interviewé de l’autre jour l’a dit, et qu’il n’est pas fatigué malgré la difficulté de la fonction. Sans oublier que quand on ne veut pas faire œuvre de candidature, on le dit sans ambages au lieu de s’en remettre au Conseil constitutionnel en temps utile. Si ce n’est pas un aveu dans ce vrai-faux suspense, on ne voit pas ce que c’est.

Cette situation nous rappelle en fait une déclaration du G-14 (cf. l’Observateur paalga n°6005 du 23 octobre 2003) qui, après les promesses de large ratissage du procureur Barry suivies peu de temps après de l’arrestation de Norbert Tiendrébéogo dans l’affaire de la tentative de putsch, avait lâché : "Nous les voyions venir..., et ils sont venus". Oui, le doute n’est plus permis, que ceux qui avaient la faiblesse de croire que Blaise Compaoré aurait l’élégance de se retirer se le tienne pour dit. Car on le voit venir, et il finira par arriver pour être, sauf tremblement de terre, candidat à sa propre succession à la présidentielle de 2005.

Observateur Paalga

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