Actualités :: Ouaga, Bobo, Koudougou : "Ces marabouts de la honte"

Certains marabouts inquiètent de plus en plus les citoyens. Ces
"marchands d’illusion prétendent détenir la clé de l’inaccessible
et président l’avenir". Souvent, ils posent des actes extrêmement
graves. L’Association des élèves et étudiants musulmans au
Burkina (AEEMB) a donc décidé de tirer la sonnette d’alarme. "Le
comportement de ces gens-là ne doit pas être mis sur le dos de
l’Islam", dit-elle en substance dans cette déclaration.

"La presse nationale a rapporté ces derniers mois, de
nombreux crimes dans lesquels étaient impliqués des
musulmans ; et pas des moindres : les marabouts ! On se
souvient du dieu de Gounghin, qui en septembre 2000,
prétendait vendre l’immortalité à 10 000 F CFA. Toute la capitale
a aussi retenu son souffle à l’annonce de la mort de Moalim
Kaboré (connu pour ses nombreuses prêches sur la radio
Savane FM), au cours de sa détention alors que pesait sur lui
l’accusation d’une tentative d’escroquerie.

On se souvient enfin,
ces dernières semaines, de l’arrestation de marabouts
impliqués dans les assassinats de jeunes filles dans la ville de
Ouagadougou. La liste macabre est longue, et on arrivera
jamais à citer tous ces faits qui ne sont pas à l’honneur des
musulmans du Burkina Faso.

Les musulmans sincères ont été meurtris dans leur chair par la
succession de ces événements. Ils ont été interpellés dans
leurs convictions intimes parce qu’ils prêchent et défendent une
religion qui considère le mensonge, les arnaques et
l’escroquerie comme des maladies du cœur ; et l’honnêteté
comme le baromètre de la foi. Ils se sont certainement
demandés comment l’islam qui condamne fermement ces
vices peut avoir ces adeptes impliqués dans de tels faits ? Il
faut, et c’est le devoir de tout musulman épris de vérité, de lever
le voile sur une activité qui déshonore l’islam et les musulmans.

Qu’est qu’un marabout ?

A l’origine, le terme marabout (étymologiquement murâbit)
désignait un homme vertueux commis aux tâches d’enseignant.
Sa vocation était donc d’instruire et d’éduquer. Il servait aussi de
maître et de guide spirituel à ses élèves. Le marabout, homme
vertueux, priait abondamment et faisait de nombreuses
invocations pour les fidèles qui le sollicitaient, sans attendre en
contrepartie de l’argent, encore moins un morceau de tissu, des
poulets, des cauris ou autres. Il le faisait simplement en
conformité avec la tradition du prophète Muhammad (SAW) qui
faisait des prières pour ses compagnons qui étaient dans le
besoin. Ces invocations étaient faites, en toute humilité, au nom
de Dieu, seul capable de réaliser les vœux.

De nos jours, l’évocation du terme marabout suscite pour
certains de la frayeur et du dégoût. Pour d’autres, c’est un signe
d’espoir et d’espérance. Les marabouts sont désormais ces
marchands d’illusions qui prétendent détenir la clé de
l’inconnaissable et qui prédisent l’avenir. Ils prétendent venir en
aide à toute personne en quête de bonheur. Le marabout est
celui qui croit pouvoir transformer les difficultés en facilités et qui
croit maîtriser des vertus cachés du Coran pour faire face aux
sollicitations des étudiants, des femmes, des chômeurs, des
politiciens, des commerçants…

Deux catégories de marabouts se partagent le marché de
l’arnaque. Il y a d’abord ceux qui ne détiennent aucun savoir ni
aucun secret mystique. Ce sont des véreux qui relatent des faits
à leurs victimes tout en restant le plus vague possible. Dans ces
cas, un bouc émissaire est très vite désigné. C’est soit le voisin,
soit le conjoint ou la conjointe, soit la coépouse ou le fils… Bref,
le coupable idéal car on trouve toujours dans son entourage un
homme mince ou une femme claire.

Ensuite, il y a ceux qui ont eu le contact avec les démons (djinns
mécréants). Ils sont plus ou moins précis dans leurs
prédications ; ce qui présente une réelle tentation pour aussi
bien, les musulmans que les non musulmans. En effet,
lorsqu’un contrat est établi entre un marabout et des démons,
ceux-ci peuvent souvent l’informer de certains évènements à
venir. Ces diables aiment tout ce que d’ailleurs les gens
considèrent comme impurs ( sang humain ou d’animaux, eaux
de toilette de sexe, cheveux, urines…).

Pourquoi le maraboutage ?

Plusieurs événements peuvent expliquer la montée en
puissance du maraboutage dans nos sociétés : Premièrement,
bien que l’homme soit la plus parfaite des créatures, il présent
aussi des signes de faiblesse et de négligence dans ses
agissements. Et cela le conduit à la recherche des voies faciles
pour obtenir ce qu’il désire. Le chemin du marabout est vite
trouvé, lui qui promet beaucoup de choses avec peu d’efforts.
Deuxièmement, de nombreuses personnes ont laissé leur
nature cupide et jalouse prendre le dessus sur les valeurs
humaines. Ils veulent donc à tout prix être comme les autres
sans passer en plus par un chemin licite.
Troisièmement, le monde contemporain est caractérisé par une
course effrénée vers les biens matériels. Les vices sont
désormais élevés en vertus et les vertus réduits en vices.

L’argent est la référence et la mesure de toute chose, de sorte
que tout le monde est à la recherche de cette baguette magique
qui accomplit même les désirs les plus démesurés. Enfin, le
système de formation islamique au Burkina Faso laisse à eux
mêmes des théologiens souvent formés dans de grandes
universités islamiques. La science religieuse ne nourrit pas son
homme serait-on tenté de dire. Ces laissés-pour-compte
trouvent dans le maraboutage une voie rapide pour se faire une
place au soleil. De toute façon, se disent-ils, il faut bien trouver
un moyen de subsistance même si ce sera en opposition aux
principes islamiques.

L’islam condamne ces actes car Dieu connaissant les relations
qui pourraient exister entre l’homme et les diables, nous averti
dans le saint Coran en ces termes : « O fils d’Adam ! Que le
diable ne vous tente point, comme il a fait sortir du paradis vos
père et mère, leur arrachant leur vêtement pour leur rendre
visible leur nudités. Il vous voit, lui et ses suppôts, d’où vous ne
les voyez pas. Nous avons désigné les diables pour alliés à
ceux qui ne croient point. » C71V27. Un acte répréhensible d’un
musulman, aussi instruit soit-il, ne remet pas en cause la
justesse de sa religion qui reste quoiqu’il arrive, une voie qui
recommande le bien et proscrit le mal sous toutes ces formes.
Les marabouts sont dans leur grande majorité des gens très
peu nantis. Ils consultent et prédisent moyennant de l’argent.

S’ils sont aussi puissants qu’ils le prétendent pourquoi
n’améliorent-ils pas d’abord leur situation matérielle. Il faut y
réfléchir à l’aide de ces paroles divines : « Ceux qui se
détournent de notre chemin, nous les égareront par des voies
qu’ils ignorent. » ; « Nous avons destiné beaucoup de djinns et
d’hommes pour l’enfer. Ils ont des cœurs, mais ne comprennent
pas. Ils ont des yeux, mais ne voient pas. Ils ont des oreilles,
mais n’entendent pas. Ceux-là sont comme les bestiaux, même
plus égarés encore. Tels sont les insouciants » C7V179

Que faire ?

Le retour inconditionnel vers Dieu et au respect scrupuleux des
principes moraux de nos religions, demeure la seule solution
pour faire barrage à ce phénomène qui prend de plus en plus
de la place dans le cœur de nombreuses personnes. Quant à
l’islam, de par sa doctrine et ses rites, il est destiné à guider
l’homme, à lui rappeler sa vraie nature et le but réel de sa
présence sur terre, et à lui donner toutes les chances de réussir
son parcours. Il ne suffit pas de se prévaloir du titre de
musulman ou de se considérer comme tel, pour l’être
véritablement et le demeurer définitivement. L’islam est une
quête, une qualité qui se mérite, et se perd à défaut d’entretien.
Il faut mériter son statut de musulman et jouer pleinement le
rôle y afférant.

Il faut éviter de tomber dans les pièges de Satan, par la
recherche des voies faciles car il a fait le serment suivant : « Je
ne manquerai de les égarer, je leur donnerai de faux espoirs. »
C16V99 La clef de la réussite demeure le travail d’abord et la
prière ensuite ; laquelle prière doit être adressée exclusivement
à Dieu. Bien qu’il ne soit pas interdit de demander à une tierce
personne de faire des invocations, chacun de nous peut
atteindre le niveau spirituel des gens dont les prières sont
agréés. Il faut pour cela toute une éducation spirituelle.

L’ultime
solution consiste à se débarrasser de la jalousie, de
l’hypocrisie, du mensonge, de la cupidité… et de persévérer
dans l’accomplissement des bonnes actions. D’où la nécessité
d’une éducation morale et religieuse pour les enfants.
En définitive, il faut que chacun retienne que le comportement
de ces marchands d’illusions ne doit être mis sur le dos de
l’islam. Pour paraphraser Muhammad M. Al-Hudeibi, il faut
apprendre à juger les gens à l’icône de l’islam et non juger
l’islam à l’icône du comportement de ses adeptes".

Le comité de presse de l’Association des élèves et
étudiants musulmans au Burkina (aeemb_ce@hotmail.com)

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