Actualités :: Lutte contre la fraude et la corruption : La machine ne va-t-elle pas se (...)

Au Burkina, il existe tellement de structures d’origine législative
et réglementaire mises en place par l’Etat et contre lesquelles,
idéalement, toutes les formes de corruption devraient se briser.
Malheureusement, en toute chose, l’excès nuit. Et vouloir
énumérer toutes ces structures vous donnerait le tournis.

La
plupart de ces dispositifs anticorruption sont non seulement mal
connus du grand public, mais plus grave, ils brillent par le
manque de visibilité dans leurs activités. Ce qui rend leur impact
pratiquement nul. Autant dire que cette multitude de structures
n’est pas toujours un gage de réussite en matière de lutte contre
la corruption. Elle contribue d’abord à disperser les moyens
financiers, matériels et humains mis à la disposition de ces
différentes institutions. Ensuite, elle crée une confusion des
rôles et est source de contradictions, chacune de ces entités
marchant dans les plates-bandes de l’autre.

Mais, le plus grand
handicap de tous ces dispositifs anticorruption, c’est surtout leur
absence d’indépendance vis-à-vis du pouvoir politique qui les
tire par le mors. Les rapports de la plupart de ses structures
sont frappés du sceau de la confidentialité et sont ainsi
empêchés de publication. Dans ces conditions, seule l’autorité
politique est habiitée à décider de la suite à réserver à un
dossier. Une telle opacité a pratiquement transformé ces
structures en simples dépôts de paperasseries qui finissent par
se cramoisir, au fil des ans, dans les placards solidement
scellés du pouvoir exécutif.

C’est ainsi que dans son rapport
2003 sur le développement humain du Burkina, le PNUD avait
relevé que l’Inspection d’Etat était assimilée à "une salle
d’attente pour personnalités en instance d’affectation" pour ne
pas dire un garage. C’est dire que dans la plupart de ces
institutions, les personnes requises pour le travail sont plus
préoccupées de s’assurer une fin de carrière sans accrocs que
de manifester des velléités d’indépendance quand bien même
les enjeux le commandent.

Au Burkina, ce n’est pas toujours
que les Zoro courent les rues.
En tous les cas, une telle attitude risque, à la longue, de
discréditer ceux qui distillent des discours grandiloquents sur
leur volonté de lutter contre la corruption et leur détermination à
promouvoir la transparence.

Toujours est-il que ces derniers
temps, c’est avec un certain soulagement que l’opinion publique
a été informée de la sortie sur le terrain, du Laboratoire national
de santé publique (LNSP) pour contrôler l’état sanitaire des
produits vendus sur le marché. Il est évident que de la qualité
sanitaire des produits vendus dépend la santé des
consommateurs. Il s’agit donc, d’un problème de santé publique
devant lequel aucun Etat responsable ne devrait se dérober.

Même si les statistiques sont muettes ou inexistantes, il est
évident que le coût social dû à la consommation de ces déchets
est trop lourd. Cette fois-ci, de grosses boîtes jusque-là
intouchables en ont eu pour leur compte. Le laboratoire national
de santé est décidé à aller plus loin dans cette chasse aux
produits empoissonnés qui empoisonnent les populations. En
s’engageant à publier la liste des produits incriminés, cette
structure fait un bond qualitatif dans la lutte contre la pieuvre de
la corruption.

Dans le même ordre d’idées, on doit saluer et
encourager la récente sortie sur le terrain de l’IGAE (Inspection
générale des affaires économiques).
En décidant la fermeture, sans autre forme de procès, de
certaines maisons spécialisées dans la vente des produits
pétroliers frelatés, l’IGEA de même que le laboratoire national de
santé publique dans son domaine de compétence, se sont
engagés dans une dynamique salutaire. Il est en de même du
ministère de la Santé qui est dans sa seconde édition d’audits
de ses services.

Cependant, pour que toutes ces actions soient
efficaces et aient un impact positif sur la vie économique et
sociale, il faudrait un élan général. Il faudrait le rendre
systématique et permanent dans tous les rouages de notre
machine administrative, économique et politique. Il faudrait
éviter que cette première dans les annales de la lutte à grande
échelle contre la corruption n’ait pour seul objectif, un effet
d’annonce pour contenter les bailleurs de fonds. Il convient
d’aller jusqu’au bout, si on ne veut pas que la machine de la
détermination se grippe et tombe en panne. Il convient surtout
que ces structures publiques ne mènent pas une campagne
sélective et à la tête du client.

Reste à savoir s’ils auront toute la
latitude pour mener à bien cette tâche qui requiert beaucoup de
courage car il existe encore des citadelles imprenables, des
grosses pointures qui bénéficient de solides complicités à
divers échelons de l’appareil d’Etat. Car, en fait, ce n’est pas
souvent par manque d’initiatives que ces structures sont parfois
figées. Certaines d’entre elles font un travail de qualité en
amont.

Malheureusement, c’est en aval que ce travail est noyé
dans les eaux boueuses de la malgouvernance et de l’impunité.
Si une telle tendance à étouffer dans l’oeuf les résultats de ces
investigations qui ne sont qu’à leur début persistait, il faudrait
craindre que ce saut qualitatif ne soit qu’un simple cérémonial
de faux départ. Pour éviter ces risques d’un retour en arrière,
chacun à son niveau, doit faire sien, ce combat.

Autrement, la
machine risquerait de s’arrêter finalement. Car au Burkina, en
matière de lutte contre la corruption, il y a comme une espèce de
ligne Maginot à ne pas franchir, tant les pressions et les risques
mêmes de perdre sa carrière constituent de véritables épées de
Damoclès planant sur la tête de ceux qui tenteraient de
bousculer une certaine loi du silence qui fait les beaux jours des
corrompus et des fraudeurs.

Le Pays

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