Actualités :: Débats publics sur la présidentielle 2005 : Un dilemme pour les leaders (...)

Suite aux débats suscités par les analyses de l’archevêque de Ouagadougou (Mgr Jean-Marie Compaoré) et le président de l’Union interafricaine des droits de l’homme, Halidou Ouédraogo, nous avons reçu une nouvelle contribution au débat. Celle du député Achille Tapsoba qui invite les différents acteurs de la cité au respect du droit à la parole et à la différence...

La sortie médiatique de Monseigneur Jean-Marie Compaoré, archevêque de Ouagadougou et de Monsieur Halidou Ouédraogo, président du MBDHP et du Collectif sur les questions de l’élection présidentielle de 2005 et de la révision du code électoral ont suscité des réactions controversées d’hommes politiques, de journalistes et de simples citoyens

Ces réactions sont de trois catégories :

- il y a d’abord, celles qui approuvent ou désapprouvent le contenu des déclarations de ces deux leaders d’opinion avec des explications et des justifications à l’appui ;

- il y a ensuite celles qui, malgré la précaution prise par ces leaders en déclarant parler en leur nom propre, condamnent leurs points de vue, estimant qu’ils visent à manipuler l’opinion ;

- il y a enfin celles qui, manifestement considèrent que de par leur position, ces deux leaders sont disqualifiés pour prétendre parler en leur nom propre.

Si la première catégorie de réactions, n’appelle aucun commentaire, parce qu’en tant que jugements, il respecte la liberté d’opinion de chacun et de tous. En revanche, les deux dernières posent un problème de fond, à savoir le droit d’expression des leaders d’opinion, et au-delà de ce droit, le principe de participation, un principe fondamental de la démocratie, garanti par la Constitution (cf. articles 8 et 12).

Doit-on limiter le droit de participation des leaders d’opinion à la démocratie, au seul droit de voter, en leur interdisant les libertés politiques comme la liberté de parole, d’approbation et de contestation.

Si la réponse est affirmative, la conséquence suivante doit être tirée à savoir que les leaders d’opinion s’exprimeront dans le cadre de leurs structures et au nom de celles-ci.

Une telle conséquence entraînera vraisemblablement à un moment donné une certaine politisation de ces structures, incompatible avec leurs missions essentielles.

Si la réponse est négative, la différenciation entre l’opinion personnelle des leaders et le point de vue de leurs structures permet à celles-ci d’être à l’abri d’une utilisation abusive de la part de ces leaders qui tenteraient de les engager dans la défense et le combat d’intérêts étrangers à leurs missions essentielles.

On pourrait objecter qu’il y a tout de même l’influence exercée par les leaders à l’endroit de leurs fidèles ou adeptes Cela est vrai, mais cette influence est moindre que dans la première hypothèse, en ce sens que l’opinion personnelle de mon leader ne m’engage en rien.

Les leaders d’opinion ont, au-delà de leurs missions spécifiques celle d’animer telle ou telle structure sociale, une très grande responsabilité morale vis-à-vis de la marche de la société, et c’est en vertu de cette responsabilité qu’ils sont quelquefois interpellés à l’occasion de certaines situations de crises sociales et politiques.

C’est dans ce sens qu’il convient de situer et de comprendre les différentes sollicitations dont ils font l’objet de la part du politique et la sollicitude dont ils font montre quand la situation l’exige (cf. le Collège de sages, la Journée nationale du pardon, l’implication au processus électoral etc. . . ).

C’est également dans ce sens qu’on doit apprécier le fait que des journalistes interpellent certains leaders d’opinion pour les inviter à se prononcer sur des questions brûlantes et des problèmes majeurs de la vie nationale.

C’est enfin dans ce sens, qu’on doit admettre que de leur propre chef, des leaders d’opinion s’autosaisissent de certaines questions d’importance nationale.

Manifestement, il est irresponsable de la part de citoyens avertis de ce qui précède, d’opposer leurs propres intérêts partisans aux droits qui sous-tendent les déclarations des leaders d’opinion, surtout lorsque ceux-ci les font en vertu de leur responsabilité morale vis-à-vis de la société entière.

En conclusion, l’on doit retenir que le meilleur service que l’on peut apporter à notre processus démocratique ne réside pas dans le fait de disserter sur le principe du droit d’expression des leaders d’opinion, mais plutôt dans celui de pouvoir expliquer et justifier son approbation ou sa désapprobation des points de vue avancés par ces leaders, afin d’éclairer les citoyens dans leur choix C’est de cette façon qu’on participe à l’animation de la vie politique, à l’information et à l’éducation du peuple ainsi qu’à l’expression du suffrage et pas autrement. Par conséquent, gardons-nous de nous substituer à la Constitution pour accorder et retirer des droits aux uns ou aux autres dans la République.

Achille Marie Joseph TAPSOBA, député

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