Actualités :: 13 ans de démocratisation au Burkina : Un bilan en demi-teinte

Le tapage autour du dixième anniversaire des engagements
nationaux a mis sous l’éteignoir un autre événement tout aussi
important. Il s’agit de l’adoption,le 2 juin 1991, de la Constitution
par le peuple burkinabè. Cette année 2004 marque le treizième
anniversaire de cet acte fondateur de la 4 ème République et de
l’enclenchement du processus de démocratisation.

Cela fait
donc treize ans que le Burkina s’essaie à la démocratie dont on
sentait les frémissements avant même le fameux discours de la
Baule du 4 juin 1991. Cet anniversaire donne l’occasion de jeter
un coup d’oeil rapide dans le rétroviseur et de faire une halte
sur le chemin déjà parcouru. D’emblée, on verserait dans un
lieu commun en disant que si la démocratie n’existait pas, il
aurait fallu la créer. Ou plutôt que si le Burkina n’était pas un
pays démocratique, il aurait fallu qu’il le devienne un jour. Des
changements ont été opérés et un certain nombre d’actes
posés.

L’option de la démocratie comme système de gouvernement,
marque une rupture d’avec un passé fait d’Etats d’exception
synonymes de prise du pouvoir par la violence, d’absence de
libertés, ou dans le meilleur des cas, leur restriction. En faisant
des urnes le passage obligé pour accéder au pouvoir d’Etat, la
Constitution, encore appelée loi fondamentale, civilise non
seulement les moeurs politiques mais aussi élève les
populations au rang de citoyens qui ont désormais leur mot à
dire sur la gestion des affaires du pays.

Depuis le 2 juin 1991,
l’accès au pouvoir d’Etat s’est fait à deux reprises en 1991 et en
1998. Depuis cette date également, des élections législatives et
municipales ont été maintes fois organisées permettant de
désigner des élus nationaux et locaux respectivement à
l’Assemblée nationale et dans les communes. La démocratie
définie comme l’exercice du pouvoir par le peuple via ses
représentants, s’est accompagnée aussi d’une
responsabilisation de la gestion des collectivités par les acteurs
locaux. La décentralisation est donc en marche.

Un autre fait notable est l’organisation, la structuration au niveau
de la société qui n’a pas voulu être en reste du changement.
L’élargissement, la "libéralisation" du champ des libertés a vu
éclore des associations, des structures aux objectifs et
domaines d’intervention divers, des organes de presse privés
ne ménageant pas du tout le régime en place, etc. Cette société,
au nom de la liberté d’expression, d’opinion, a manifesté sans
crainte de représailles, son mécontentement face aux
privatisations, aux compressions de personnel consécutives à
la libéralisation de l’économie et aux injonctions des institutions
de Bretton Woods (Banque mondiale, Fonds monétaire
international). Toutefois, ce bouillonnement s’est fait sans
accrocs majeurs et c’est un acquis à mettre au compte du
processus de démocratisation et qui mérite d’être signalé, vu
qu’il n’en a pas toujours été le cas dans bon nombre de pays
africains.

Le Burkina, fort heureusement, a pu éviter ces
soubresauts, d’où les étiquettes de havre de paix, de pays
stable qui lui ont été collées. Et son président, qui a été
longtemps sur un nuage, menaçait sérieusement de ravir le
leadership sous-régional à certains de ses pairs Africains. En
somme, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes
jusqu’au 13 décembre 1998, jour de l’assassinat de Norbert
Zongo et de ses compagnons.
Cette date fatidique marque un tournant dans l’histoire
socio-politique du Burkina. Ce drame a entraîné de profonds
bouleversements, remis en cause un certain nombre d’acquis
inhérents au jeune et fragile processus démocratique.

La
réprobation populaire de l’acte barbare a mis sur le tapis des
sujets comme le respect de la vie humaine, la tolérance, la
diversité des opinions, etc. La crise socio-politique qui s’en est
suivie a révélé des malaises qui prouvent que contrairement à
ce que l’on disait, tout ne baignait pas dans l’huile. La preuve : il
a fallu s’en prendre à un journaliste, à un symbole donc de la
démocratie, à un défenseur des droits humains, pour que le
couvercle de la marmite saute. Le pays tout entier a été au bord
de l’implosion, la paix et la stabilité sociale mises à rude
épreuve. Il a fallu des réformes consenties par le régime sous la
pression du mouvement social regroupé spontanément dans le
Collectif des organisations de masse et des partis politiques,
pour faire retomber la tension et éviter le pire. Et comme à
quelque chose malheur est bon, cette crise a engendré une
conscience citoyenne inédite.

Le Burkinabè ordinaire peu porté
sur la politique s’y intéresse désormais et n’hésite pas à
prendre position sur des sujets comme la bonne gouvernance,
la corruption, etc.
En définitive, le 13 décembre 1998, un ressort de notre
démocratie s’est cassé, rendant aujourd’hui le bilan en
demi-teinte. S’il y a des acquis incontestables, il y a aussi des
zones d’ombre au tableau. C’est le lieu d’espérer qu’au
quatorzième anniversaire, et pour tous les autres à venir, les
satisfecits l’emportent sur les angoisses existentielles des
populations.

La démocratie politique, pour bien fonctionner, doit
avoir comme socle, la démocratie économique et sociale. Pour
toutes les années à venir, il est souhaitable que le régime en
place y veille constamment.

"Le Pays"

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