Actualités :: Présidentielle de 2005 : "Hermann est notre Wade"

Que faire face à la candidature quelque peu inéluctable de Blaise Compaoré à la présidentielle de 2005 ? Pour l’alternance, Robert Niangané, militant du PDP/PS, demande à son président, Joseph Ki-Zerbo, de se désister en faveur de la candidature d’Hermann Yaméogo, qui, en dépit des défaut qu’on lui connaît, est pour ce militant convaincu le seul capable de remporter une victoire à la Wade.

Cher président,

Je m’appelle D. Robert Niangané, élève en 1re D au lycée Bogodogo. J’ai 22 ans, je suis militant du PDP/PS depuis 2000 soit depuis l’âge de 18 ans. Le n° de ma carte de membre est : 002575. M. le président, je vous transmets toutes mes salutations militantes et mes vœux de prompt rétablissement car on m’a dit, alors que j’étais de passage au siège du parti en début mai 2004, que vous étiez souffrant et alité ; puis plus tard, que vous étiez allé en Europe pour vous soigner.

Je suis très content de savoir que vous êtes de retour. Je vous ai même aperçu avec joie à la Télévision nationale. Dieu merci. Je vous souhaite une longue vie pour que vous continuez à nous faire bénéficier de votre riche expérience en matière de lutte politique. Ceci étant, ma lettre a pour but de vous soumettre une requête importante.

Mais avant cela, permettez-moi, M. le président, de vous expliquer brièvement comment j’ai adhéré au PDP/PS. En effet, j’ai adhéré au PDP/PS après avoir été exclu de mon lycée provincial en 2000, suite à une manifestation du collectif provincial pour appliquer le mot d’ordre de boycott des examens de l’an 2000, mot d’ordre lancé à l’époque par le collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques.

Dans ma province, nous avions réussi à mobiliser tous les établissements scolaires pour la concrétisation du mot d’ordre. Tous scandaient votre slogan historique : « Nan lara, an sara ». Puis nous avons été réprimés ; certains, comme moi, furent traités de meneurs, puis exclus de leur établissement. C’est alors que j’ai décidé de rejoindre la lutte en venant à Ouagadougou.

Une fois à Ouaga, de bonnes volontés m’ont accueilli et m’ont permis de poursuivre mes études. Mais j’avais déjà perdu deux années scolaires. C’est ce qui explique mon âge avancé pour un élève de 1re. A Ouaga, j’ai assisté à plusieurs manifestations du collectif en 2000 et 2001.

Je vous voyais imperturbable devant les manifestants, parcourant, avec nous les jeunes, 10 à 15 km à pied, malgré les risques que cela comporte pour votre santé, compte tenu de votre âge. Cela m’a beaucoup touché et galvanisé. Vos interventions me rassuraient, m’édifiaient et me donnaient plus d’énergie et d’espoir ; alors je suis allé avec plusieurs camarades au siège du PDP/PS, et tous ensemble, nous avons adhéré au parti.

Des éléments négatifs étouffent le parti

J’en viens maintenant à ma requête. M. le président, l’élection présidentielle de 2005 approche ; le PDP/PS, notre parti, semble avoir des problèmes internes sérieux, au nombre desquels :

le départ regrettable du Dr Emile Paré et de quelques militants, non des moindres, pour créer le MPS/PF ;
le départ tout aussi regrettable du Dr Jean Jacques Zéba, militant influent du groupe opérationnel du Boulgou, pour créer son Parti socialiste paysan ;
la léthargie du parti, qui n’arrive plus à réunir sa direction hebdomadairement comme auparavant ;
la non-convocation du congrès alors qu’une résolution du Conseil national qui s’est déroulé en décembre 2002, l’avait souhaité pour Décembre 2003 au plus tard ;
vous-même, lors d’une conférence de presse du parti, tenue en janvier 2004, aviez annoncé le congrès pour le 1er trimestre 2004 au plus tard ;
le refus, pour l’instant, de céder volontairement votre siège à l’Assemblée à votre suppléant comme promis, et les luttes d’influences des différents courants au sein du parti, pour votre succession...

Tous ces éléments négatifs ont suffisamment affaibli notre parti et, comme conséquences, on ne l’entend plus suffisamment à l’Assemblée ; les interventions à ce niveau sont molles, peu percutantes ; médiatiquement, l’image du parti a pris un sérieux coup, les adhésions sont rares ; de jeunes militants de base que je connais très bien nous quittent pour d’autres partis, plus dynamiques et plus efficaces à leurs yeux comme I’UNIR/MS, l’UNDD ou le FFS.

Notre parti régresse et se meurt petit à petit

Comme pour confirmer l’adage qui dit que « Le malheur ne vient jamais seul », votre état de santé, sous le poids de l’âge certainement, ne fait que se détériorer malheureusement, vous empêchant ainsi d’être dynamique, percutant et efficace comme par le passé. C’est naturel ; bientôt, vous allez souffler votre 83e bougie, le 21 juin 2004.

En 2005, vous aurez 84 ans ; cela m’amène à vous faire la requête suivante : à 18 mois de l’élection présidentielle, notre parti n’a toujours pas de candidat ; à la lumière des problèmes internes évoqués tantôt, il est pratiquement impossible de trouver un candidat crédible et consensuel au sein du parti, autre que votre personne. Or votre âge en 2005 (84 ans) risque de décourager et d’éloigner les électeurs si vous êtes candidat.

A coup sûr, les jeunes ne voteront pas un ancien de 84 ans à la fonction de président du Faso. Je suis jeune, vous avez été jeune aussi, et vous comprendrez aisément pourquoi les jeunes ne voteront pas pour vous à cet âge.

Les opposants gâteaux sont démasqués

Le parti risque de ne même pas atteindre le seuil honorifique de 5% des voix ! C’est pourquoi, comme requête, je voudrais suggérer que notre parti, le PDP/PS, accepte courageusement de faire bloc autour du candidat de l’opposition le mieux placé, qui a le plus de chance de battre le président Blaise Compaoré au cas où ce dernier forcera les choses pour briguer un 3e mandat, en demandant par exemple à son Conseil constitutionnel de le laisser se présenter ou en modifiant l’article 37 de la Constitution grâce à la coalition des députés CDP-Mouvance présidentielle-opposition gâteau.

A mes yeux, ce candidat n’est autre que Me Hermann Yaméogo de l’UNDD. Cela peut choquer, mais c’est la réalité politique ; c’est vrai, Me H. Yaméogo a déçu de nombreux jeunes en 1991 (CFD), puis en 2000 (collectif). Mais malgré cela, c’est un homme sincère, qui dit ce qu’il pense : quand il veut participer au gouvernement, il le dit haut et fort et donne ses raisons.

Ses justifications peuvent être fondées ou non, mais il a l’honnêteté de le dire, contrairement aux opposants gâteaux qui vont nuitamment dîner du caviar avec l’autre à Ziniaré et reviennent le jour embrouiller les jeunes en faisant croire qu’ils sont opposés au régime de Blaise Compaoré. Nous, les jeunes, nous commençons à les démasquer ; Me H. Yaméogo a fait son mea-culpa publiquement. Il a reconnu avoir commis de graves erreurs et a promis d’en titrer tous les enseignements ; aujourd’hui, il se bat aux côtés de l’opposition vraie, dans la coalition des partis d’opposition dont est membre le PDP/PS.

Cet homme, malgré ses fautes, n’a pas les mains ensanglantées ; il n’est cité dans aucun crime économique ; il ne s’est ingéré dans aucune affaire d’autres pays africains pour du diamant ou pour un trafic d’armes.

Certes, ce monsieur n’est pas un Nelson Mandela, mais il pourrait être notre « Wade ». Je me réjouis de voir que notre parti, le PDP/PS, œuvre avec le parti de Me H. Yaméogo, dans le cadre de la coalition des partis de l’opposition réelle. Cette coopération est à saluer, mais elle est insuffisante pour ôter Blaise Compaoré du fauteuil présidentiel. Je sais que, par le passé, il y a eu des problèmes entre le FPV, que vous avez dirigé, et l’UNDD de l’époque (1978).

Pour notre Nelson il faut 50 ans de souffrance

Mais, cher président, à 83 ans, vous êtes un sage, vous êtes notre mémoire, notre bibliothèque, offrez-nous l’alternance, cela est possible ; je vous demande de faire venir Hermann Yaméogo chez vous à domicile pour enterrer la hache de guerre et le soutenir afin que nous réalisions l’alternance. Chaque peuple mérite ses opposants.

Si nous voulons voir un Nelson Mandela burkinabè au perchoir présidentiel, nous attendrons encore une bonne cinquantaine d’années.

Cela fait objectivement le jeu de Blaise Compaoré. Cela signifie pour nous les jeunes et pour notre peuple 50 ans de souffrance, de chômage, de corruption, de magouille, de crimes de sang et de crimes économiques, c’est-à-dire 50 ans encore de mal-gouvernance ! ! ! Le pays risque de prendre feu avant, comme en Côte d’Ivoire, en RDC, au Rwanda... Mon président, l’alternance en 2005 est possible et dépend en grande partie de deux personnes : le Pr Joseph Ki-Zerbo et Me Hermann Yaméogo ; et de deux partis : le PDP/PS et I’UNDD.

Si, M le président, vous nous ordonnez de soutenir et de voter pour Me H. Yaméogo en 2005, comme les opposants sénégalais l’ont fait pour Me Wade au Sénégal, ce qui a permis l’alternance dans ce pays, alors Blaise Compaoré sera battu à plate couture au premier tour, car la quasi-totalité des jeunes du Burkina Faso est contre sa candidature. Tous les grands spécialistes en droit constitutionnel ont confirmé que Blaise Compaoré ne devrait pas briguer un 3e mandat successif.

Seule une poignée de juristes généralistes, donc non spécialisés en droit constitutionnel, disent le contraire ; assistons-nous à la naissance des juristes gâteaux aussi ?

Pauvre Faso, ma patrie !

Cher président, je vous sais souffrant, c’est pourquoi je ne serai pas long, pour vous permettre de me lire jusqu’au bout. Tel est le contenu de ma requête à 18 mois de l’élection présidentielle. Je vous remercie beaucoup.

En attendant votre décision, j’ai contacté des camarades pour créer un club contre la candidature éventuelle de Blaise Compaoré, club dénommé : Jeunes pour le vote-sanction contre Blaise Compaoré en 2005, en abrégé : JVS/CBC 2005. Une fois constitué, nous allons tenter d’obtenir un récépissé.

Niangané D. Robert S/c Niangané Issouf
Secteur 17 Ouaga - Tél. 76-62-08-74

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