Actualités :: Gouvernance démocratique : Clarifier le statut de la chefferie

A l’initiative du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD)
et la Cellule nationale de renforcement des capacités, un atelier
de validation de l’étude sur le rôle et la place de la chefferie
traditionnelle dans la gouvernance s’est tenu le 21 mai, à
Ouagadougou. Mais, les travaux ont été suspendus à la
demande des chefs coutumiers.

D’une quarantaine de pages, le rapport provisoire est l’oeuvre
d’un consultant indépendant, Albert Korgo Ouédraogo,
enseignant à l’université de Ouagadougou et d’un chef
coutumier, sa majesté Bertrand Colgo.

Ce rapport dresse dans
un premier temps, un tableau panoramique de la chefferie au
Burkina Faso, de ses origines à nos jours. Il ressort de ce
panorama qu’aux origines, la chefferie traditionnelle disposait
de la totalité du pouvoir politique. Cette hégémonie politique
sera freinée avec la colonisation. Les "tout puissants" chefs vont
ainsi perdre une parcelle importante de leur pouvoir.

Aussi, une
fois les indépendances acquises, pour s’adapter à la réalité
ambiante, les chefs vont "infiltrer" les arcanes du pouvoir d’état,
en occupant des postes politiques (ministres, présidents
d’institution, députés, maires), exceptée la période
révolutionnaire (1983-1987).

Aujourd’hui, la présence des chefs
dans la politique devient de plus en plus remarquable. Cet état
de fait inquiète à la fois les hommes politiques et les
organisations de la société civile. Les fondements d’une
république multiethniques et laïques se trouvent ainsi menacés
par une chefferie ethnique.

C’est pourquoi, le CGD et la cellule nationale de renforcement
des capacités, en partenariat avec le PNUD, ont voulu poser les
vrais problèmes afin d’y apporter des solutions.

Car, à l’allure où
vont les choses, "voir un jour un chef coutumier briguer la
magistrature suprême et être élu, n’est pas de la politique
fiction". Il convient donc de poser et de clarifier certains thèmes
comme chefferie, citoyenneté et démocratie, chefferie et droits
humains ainsi que le statut de la chefferie.

La solution à
mi-parcours selon les consultants est de mieux définir le statut
de la chefferie, afin que les chefs puissent bénéficier de certains
avantages dus à leur rang. Ce d’autant plus que leur présence
dans le sérail politique est pour la plupart "motivé par l’attrait des
avantages du pouvoir".

Les chefs coutumiers, dont plusieurs sont arrivés en retard à la
cérémonie d’ouverture, ont ensuite quitté la salle de l’atelier.
Cela s’explique par le fait qu’ils travaillent présentement à
redéfinir eux-mêmes un statut.

Ainsi, le CGD et la Cellule
nationale de renforcement des capacités, de concert avec les
participants, ont décidé de surseoir aux travaux de l’atelier "dans
un souci de dialogue inclusif et participatif" (voir encadré). Tous
sont donc à la recherche du consensus.

Evariste BATIONO
(Stagiaire)


Sur les chemins du consensus

Suite à la suspension des travaux de l’atelier sur le rôle et la
place de la chefferie traditionnelle dans la gouvernance au
Burkina, le CGD et la cellule nationale de renforcement des
capacités de la société civile ont produit une déclaration. Les
chefs coutumiers et traditionnels aussi. Voici les deux sons de
cloche, tous prônant la recherche du consensus.

1 - Déclaration des chefs coutumiers et traditionnels distingués
membres du CGD.

Mesdames et Messieurs,

Nous avons reçu votre invitation à prendre part à l’atelier de
validation de l’étude sur la place de la chefferie traditionnelle
dans la gouvernance au Burkina Faso, de même qu’à
l’Assemblée générale de mise en place du Comité national de
suivi du code de bonne conduite des OSC.

Par la présente, nous avons l’honneur de porter à votre
connaissance qu’une participation conséquente de la chefferie
traditionnelle à ces échanges requiert au préalable, une
concertation entre les différentes autorités traditionnelles et
coutumières du Burkina Faso sur les résultats du rapport qui
nous est transmis.

Monsieur le Directeur exécutif,
Mesdames et Messieurs,
Ces travaux s’effectuent au moment où la chefferie coutumière et
traditionnelle du Burkina Faso travaille elle-même à se "définir"
et à statuer de façon beaucoup plus précise sur sa place et son
rôle dans notre pays. Notre réflexion se mène depuis quelques
temps et à ce jour, nous poursuivons nos échanges sur
d’importants points traités dans l’étude. La complexité et la
délicatesse de cette question font que nous conduisons ce
travail très prudemment et avec tout le sérieux requis.

Aussi, tenons-nous à porter à votre bienveillante attention qu’en
l’absence d’une concertation des hautes autorités coutumières
et traditionnelles de notre pays sur les résultats et conclusions
du rapport, nous sommes au regret de ne pouvoir prendre part
aux travaux dont les conclusions ne sauraient nous engager.

La chefferie coutumière et traditionnelle du Burkina Faso

2 - Déclaration du CGD et de la Cellule de renforcement des
capacités de la société civile

"Suite aux controverses sur l’appartenance ou non de la
chefferie coutumière et traditionnelle à la société civile, le Forum
national de la société civile qui s’est tenu en décembre 2002 à
Bobo-Dioulasso avait recommandé la réalisation d’une étude
sur la question.

Dans le cadre du projet de mise en oeuvre des
résultats du Forum de décembre 2002, le CGD, en partenariat
avec la Cellule nationale de renforcement des capacités de la
société civile, a entrepris une étude sur le rôle et la place de la
chefferie dans la gouvernance au Burkina Faso, étude menée
par le Pr. Albert Ouédraogo, enseignant à l’Université et M. 
Bertrand Colgo, enseignant à la retraite, Nedgo Naba.
Afin de valider les résultats de cette étude, le CGD a initié un
atelier le 21 mai 2004.

Plus de deux cents participants ont
répondu à l’appel du CGD, au nombre desquels des
représentants de la chefferie coutumière et traditionnelle, de la
société civile, des institutions étatiques, des partenaires au
développement, les leaders des caucus et les membres de la
Cellule.
Après la cérémonie d’ouverture, les chefs coutumiers et
traditionnels, après s’être concertés, ont décidé qu’ils ne
pouvaient prendre part aux travaux faute de concertation
préalable entre eux sur les résultats de l’étude menée par le
CGD, et compte tenu du fait qu’une réflexion est en cours au
sein même de la chefferie sur la question.

C’est pourquoi, dans un souci de dialogue inclusif et participatif,
le CGD et la cellule nationale de renforcement des capacités, de
concert avec les participants, ont décidé de surseoir aux travaux
de l’atelier afin de permettre à la chefferie de mener à bien, en
toute sérénité, les travaux qu’elle a elle-même amorcés sur son
statut, sa place et son rôle.

Compte tenu de la délicatesse, de la
complexité mais aussi de l’importance du sujet pour la
gouvernance démocratique dans notre pays, le CGD et la
Cellule ne peuvent que souhaiter plein succès aux travaux en
cours au sein de la chefferie. Ils se tiennent par ailleurs prêts, si
celle-ci le souhaite, à l’accompagner dans sa démarche en
apportant tout leur concours pour la résolution définitive de la
question du statut de la chefferie coutumière et traditionnelle
dans notre pays".

Le CGD, une institution impartiale au service du dialogue
démocratique. En partenariat avec la Cellule Nationale pour le
renforcement des capacités de la société civile au Burkina Faso

Pour le CGD et la Cellule nationale de renforcement des
capacités de la société civile
Le Directeur exécutif du CGD

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