Actualités :: Cambriolages et insécurité : Des réveils douloureux pour les Ouagalais

En cette période hivernale, il arrive qu’il pleuve le soir ou au cours de la nuit. Dans de telles situations, les habitants de Simonville, profitant de la fraîcheur, "climatiseur naturel des pauvres" selon certains, dorment à poings fermés.

De telles situations sont également très profitables pour ces travailleurs spéciaux de nuit : les cambrioleurs. Après leurs passages dans les cours et dans les chambres, le réveil est plus que douloureux. Le constat est toujours affligeant après la visite d’un cambrioleur : sacs à main, porte-documents, téléphones cellulaires, ordinateurs portables, postes téléviseurs, portefeuilles, meubles, effets d’habillement, etc., sont emportés par les malfrats. Il arrive même qu’ils démontent climatiseurs et brasseurs d’air. Parfois, des économies de toute une vie de labeur que la victime n’a pas voulu placer dans une banque ou dans une caisse populaire disparaissent aussi dans les poches des voleurs. C’est la désolation et l’abattement total chez les victimes.

Les cambriolages s’opèrent de plusieurs manières. Il y a des cambriolages faits pendant l’absence des occupants des lieux ou des propriétaires de la maison. Dans ce cas, les cambrioleurs coupent la tôle des portes ou des fenêtres pour entrer dans la maison. Avec la seconde manière, les cambriolages sont opérés après endormissement de l’occupant ou des occupants de la maison en leur faisant respirer des gaz incapacitants qui les plongent dans un sommeil à la limite comateux. C’est particulièrement cette dernière méthode qui est utilisée en cette période d’hivernage. On parle même de formules magiques ou de "wack" utilisés par les cambrioleurs dans leurs entreprises maléfiques. Tout compte fait, ils sont rarement surpris dans leurs opérations. Un confrère raconte qu’après s’être introduits dans une cour, les cambrioleurs ont tout pris et avant de s’en aller, ils ont eu la machiavélique idée de placer un couteau sur les oreillers de chacun de leurs victimes. Il peut arriver que les cambrioleurs, se croyant maîtres des lieux et si sûrs de leur fait, ne prennent plus aucune précaution dans leurs gestes, allant jusqu’à réveiller le propriétaire. Celui-ci est alors sommé de rester tranquille s’il tient à avoir la vie sauve. Et comme les cambrioleurs ne sont pas des enfants de choeur, toute velléité de rébellion peut se solder par un drame.

Il est logique de se demander pourquoi cette recrudescence des cambriolages, du banditisme, en somme de l’insécurité dans la capitale ? On dit que l’oisiveté est la mère de tous les vices, mais personne ne peut se risquer de justifier les actes de cambriolage par le chômage, qui sont le fait de personnes habituées au gain facile. La deuxième interrogation que l’on est en droit de se faire est l’apparente passivité, cette impuissance de la Police et de la Gendarmerie devant la recrudescence de l’insécurité, non seulement dehors, mais même à domicile, à laquelle sont exposés les habitants de la ville. Pourtant, Ouagadougou et Bobo Dioulasso sont les deux villes où est concentré le plus grand nombre des forces de défense et de sécurité. C’est paradoxalement dans ces deux grandes villes que se perpètrent les crimes les plus crapuleux et les vols les plus audacieux. Et personne n’est à l’abri, même pas ceux qui habitent Ouaga 2000 où des patrouilles de nuit sont organisées pour veiller sur la sécurité et la quiétude des personnes et de leurs biens. Toutefois le ministre en charge de la Sécurité doit veiller à étendre le bénéfice de telles patrouilles à l’ensemble des secteurs et quartiers de la capitale, notamment aux zones non encore loties qui sont généralement des nids de grands bandits qui volent, violent et tuent de paisibles habitants. Les différentes opérations coup de poing de l’ancien ministre de la Sécurité, Djibrill Bassolé, ont-elles fait affluer un grand nombre de voleurs dans les grandes agglomérations où ils peuvent se fondre facilement pendant la journée parmi la population ? La nuit tombée, ils changent leurs habits d’honnêtes citoyens contre leurs vraies tenues de malfaiteurs.

Dans le combat contre l’insécurité, le ministre de la Sécurité pourrait traduire en réalité ou du moins envisager de multiplier le nombre des commissariats de police dans les secteurs et les quartiers. Les recrutements massifs que fait chaque année la Police permettent une telle extension. Mais il ne suffit pas de multiplier le nombre des commissariats si l’on ne peut pas les doter du minimum nécessaire à leur fonctionnement adéquat. Par exemple, aujourd’hui quand on alerte un commissariat à propos d’un crime qui vient d’être commis, il n’est pas rare de s’entendre dire que la Police n’a pas les moyens pour se déplacer ou qu’il manque du carburant dans son véhicule. Toutes choses qui amènent les populations à se faire elles-mêmes justice si un voleur est pris. Le malheureux est aussitôt lynché jusqu’à ce que mort s’en suive. Le conduire dans un commissariat, c’est courir le risque de le voir réapparaître le lendemain pour les narguer, et pourquoi pas les menacer.

Les autorités pourraient associer la Police municipale aux patrouilles nocturnes. Les populations ne voient ses éléments que le jour, parfois cachés derrière un bosquet d’où ils surgissent brusquement pour siffler les usagers de la route, sous le prétexte qu’ils ont brûlé un feu de signalisation. On a longtemps parlé de la police de proximité. L’inconvénient de la chose, c’est que les forces de l’ordre n’assurent pas toujours la protection de celui ou de celle qui, grâce à ses informations, a permis d’arrêter un délinquant. Celui-ci est très souvent laissé à lui-même, à la merci des autres membres de la bande de celui qui a été pris.

La sécurité des hommes et de leurs biens, la libre circulation des hommes et desdits biens sont les premiers fruits de la démocratie. La démocratie est un vain mot si la sécurité et l’intégrité physique des hommes et des femmes sont chaque jour menacées. C’est le devoir premier d’un Etat de droit de combattre l’insécurité si l’on veut permettre à chacun et à chacune de se consacrer entièrement à ses tâches de production, c’est-à-dire à la lutte pour le développement national.

Le Fou

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