Actualités :: BAC 2007 à Ouahigouya : 12 mois ferme pour le professeur harceleur

Inculpé pour fraudes à l’examen du BAC 2007 et attentat à la pudeur, Poda Issiaka, professeur d’anglais au lycée départemental d’Arbollé, a comparu pour les faits qui lui sont reprochés au tribunal de grande instance de Ouahigouya dans la matinée du mercredi 25 juillet 2007.

Vêtu d’une chemise blanche et d’un pantalon noir, la tête bien rasée, l’inculpé qui présentait l’air d’un gentleman bon teint, était dans une situation inconfortable. Son statut d’éducateur contrastait vraiment avec les faits qui lui sont reprochés. La salle d’audience était pleine à craquer et les enseignants présents étaient dans leurs petits souliers.

Après la citation des chefs d’inculpation par la présidente du tribunal, l’inculpé a été appelé à relater les faits, cas par cas.

En rappel, Poda Issiaka, examinateur à l’examen du BAC 2007 au jury 139 au lycée Yadéga de Ouahigouya, a été dénoncé par une candidate, à qui il aurait fait des avances contre une bonne note à l’oral d’anglais. Après les investigations, il s’est avéré que ladite candidate n’était pas la seule. Finalement, le fautif sera suspendu de ses tâches d’examinateur et le président du jury décidera de la reprise des épreuves orales pour les candidats qui ont défilé devant Poda Issiaka.

Pendant l’instruction, des témoignages de plusieurs candidats serontrecueillis. Il ressortira que l’examinateur n’interrogeait pratiquement pas certaines candidates. Il vantait leurs charmes, puis notait leurs numéros de téléphone portable avant de les laisser ressortir.

Par la suite, il les appelait pour leur proposer un marchandage donnant- donnant, expression revenue à maintes reprises dans les témoignages pendant l’instruction. Les proies, invitées dans des maquis, étaient enfin conduites aux dortoirs des Six "s".

L’attention des juges a été retenue par une candidate avec laquelle le professeur a eu des rapports sexuels et qui, après, souffrait de douleurs au bas-ventre. Il s’est révélé à l’audience que c’est à 14 heures, le samedi 07 juillet dernier, que la fille a rejoint l’examinateur dans les dortoirs des Six "s" où il logeait.

Son bourreau a bouclé la porte à clé et l’a invitée à coucher avec lui. La candidate tentera de le dissuader, arguant n’avoir jamais eu affaire à un homme. Malgré ses cris, le professeur a laissé entendre : "Crie comme tu veux, je m’en fous ! tu acceptes ou je repars te coller 1/20". Ce qui devait arriver arriva : la fille perdit sa virginité, avec en sus des douleurs.

Pendant l’audience, l’accusé n’a pas nié les faits. La victime, qui a adressé une note aux juges, a demandé à ne pas comparaître ; refusant donc de se constituer partie civile. Elle dit ne plus vouloir revoir le visage de celui qui lui a fait perdre sa virginité. Parmi les victimes de l’examinateur, il y avait aussi des hommes.

Retenu pour faux témoignages

Un assistant des douanes, du nom de Gouba Martin, candidat libre à l’examen du BAC 2007, cité comme témoin et ancien ami de l’accusé, a avoué l’avoir approché pour qu’il intercède auprès d’un professeur d’allemand en sa faveur.

Le procureur a fustigé le comportement dudit candidat, regrettant qu’un agent commis à la lutte contre la fraude se retrouve être un corrupteur. Zakaria Zombo, instituteur, lui aussi candidat libre, a eu des contacts avec le professeur d’anglais. Le candidat en question après un pot au maquis "Le Kadiami" a communiqué à travers un SMS son numéro P-V au professeur tout en lui demandant de le "comprendre".

L’examinateur par un coup de fil a demandé à son client 50 000 FCFA en contrepartie. Le candidat, partisan de la réussite facile, aurait dit avoir 2 000 FCFA. Depuis lors, ils n’ont plus eu de contacts. Certainement qu’en ce moment, le professeur avait déjà été pris la main dans le sac.

Les juges ont demandé au témoin d’expliquer pourquoi il a communiqué son numéro P-V à l’examinateur. L’instituteur n’a pas voulu être explicite sous prétexte que c’était sans arrière-pensée. Les juges le rappelleront à l’ordre à maintes reprises, puis seront contraints de suspendre l’audience pour statuer sur le cas du faux témoin. A la reprise, il sera conduit dans le groupe des prévenus.

Dans sa réquisition, le procureur a qualifié les faits reprochés à Poda Issiaka de graves. Dans les investigations, selon le procureur, il est ressorti que l’accusé n’était pas une personne de bonne moralité.

Plusieurs personnes auraient témoigné que son comportement n’était pas étonnant. Le procureur alors de se demander pourquoi une telle personne a été retenue comme examinateur avant d’ajouter qu’il n’est pas le seul à commettre de tels actes, qui contribuent à ternir l’image de l’enseignement et de la valeur de nos diplômes.

Il a souhaité que ce procès soit un exemple pour les autres brebis galeuses. Citant les articles 308, 410, 416 du code pénal, il a demandé 12 mois de prison ferme contre le prévenu. N’ayant pas d’avocat, Poda Issiaka a fait lui-même sa plaidoirie.

Il a reconnu les faits tout en demandant la clémence des juges. Il a également adressé des excuses à ses supérieurs hiérarchiques, à ses collègues, à sa famille et aux membres du jury 139.

Dans sa délibération, la présidente du tribunal a condamné le prévenu à 12 mois d’emprisonnement ferme. Poda Issiaka, 6 ans de service dans son métier de professeur d’anglais, est marié et père de 02 enfants.

Pour le cas de l’instituteur, gardé pour faux témoignages, nous ne savions pas encore le sort qui lui sera réservé au moment où nous quittions le palais de justice.

Emery Albert Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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