Actualités :: Sort de Wendkuni du Boulkiemdé : Où est donc passé le Dieu qui est en nous (...)

Dans sa livraison n° 6934 d’hier mardi 24 juillet 2007, "L’Observateur paalga" a publié en page 32 un article signé de Christian Zongo relatif au traitement réservé à Wendkuni, une fillette d’une dizaine d’années, du fait de son infirmité.

Victime de malformations congénitales, elle est considérée comme un monstre par les habitants de son village Yorgho qui, après avoir accusé sa mère de sorcellerie avant de la chasser, la traitent moins bien qu’un animal.

Tout d’abord, chapeau bas à C. Zongo et à L’Observateur paalga qui ont permis à l’opinion publique de savoir qu’en ce XXIe siècle, il y a encore aux portes d’une ville comme Koudougou et à seulement une centaine de kilomètres de Ouagadougou des pratiques d’un autre âge à l’endroit d’une innocente fillette.

Sans nul doute la lecture traditionnelle de ce que doit être la société des humains est-elle pour quelque chose. Sans nul doute aussi, la représentation de ce que doit être l’individu au sein de la collectivité a sa part de responsabilité. En effet, si la logique de la société dite traditionnelle est de se reproduire identique à elle-même autant que faire se peut, cette reproduction doit se comprendre au double plan socio-économique et biologique.

Autrement dit, l’humain a pour souci de construire et de perpétuer la société de façon plus ou moins égalitaire à travers une manipulation idéologique savamment élaborée et mise en œuvre par la chefferie traditionnelle (dans le cas des sociétés à pouvoir centralisé) et les aînés.

Ainsi, à la veille ou au lendemain des nouvelles récoltes, la tendance était à l’organisation de fêtes comme pour détruire le surplus afin d’éviter toute accumulation excessive de biens par certains éléments ; ce qui pourrait faire naître des velléités de remise en question de l’ordre traditionnel.

Ce n’est d’ailleurs pas pour rien s’il n’était pas admis chez les Mossé qu’un "roturier" possédât et surtout portât une tenue de même qualité ou de qualité supérieure à celle du chef. A l’exception du chef, tout le monde devait avoir plus ou moins le même train de vie.

Ce qui est en vigueur sur le plan socio-économique l’est aussi sur le plan biologique

Sur le plan biologique, la situation n’est pas différente. Les aléas de la génétique, qui ne sont du reste pas connus du monde traditionnel, sont le prétexte à toutes sortes d’interprétations et à toutes sortes de traitement à l’endroit de gens qui ne sont pour rien dans ce qui leur est arrivé :

il n’y a pas longtemps, les albinos étaient victimes d’infanticides ;
il n’y a pas non plus longtemps, les jumeaux étaient loin d’être les bienvenus dans certaines sociétés traditionnelles ;

aujourd’hui encore, les malades épileptiques qui ne doivent leur mal (du reste non contagieux) qu’à des affections caractérisées par des crises (convulsives, motrices) ou des troubles (sensoriels, sensitifs ou psychiques) dont l’origine est liée essentiellement à l’héritage génétique des intéressés font l’objet d’ostracisme ; alors que la maladie n’est pas contagieuse. D’ailleurs, même si elle l’était, la marginalisation ne serait pas la solution.

Les exemples pourraient s’étendre à l’infini et le cas de Wendkuni vient de le confirmer et conduit à la conclusion suivante : tout être humain dont le comportement et l’anatomie s’écartent de la norme est systématiquement mis au ban de la société traditionnelle.

Ses vertus que les ethnologues et nombre d’intellectuels célèbrent tant ne concernent que les gens dits normaux et ne profitent qu’à ces gens dits normaux ; c’est-à-dire ceux qui ne souffrent pas de handicap sont des ascendants ou des descendants de personnes influentes, etc. Constatez vous-même : les personnes accusées de sorcellerie et punies pour cela le sont en général parce qu’elles n’ont personne pour les défendre. L’adage selon lequel "personne n’ose accuser la mère du chef de sorcellerie" est suffisamment pertinent à ce propos.

Un baromètre de notre humanité

Le normal est ce qui est conforme aux traditions, aux coutumes, aux habitudes, à la loi. L’anormal est ce qui s’en écarte et/ou ce qui s’y oppose. La société traditionnelle, qui se veut "statique", ne peut que s’inscrire dans la norme ou le normal en ne laissant pas de place pour l’individu. Le primat du groupe sur ce dernier ne traduit-il pas cette volonté "inconsciente" de faire de sorte que tout le monde ressemble à tout le monde comme des clones humains ?

Or, dans le monde qui nous entoure, ce type de conception éloigne de nous notre humanité et le Dieu des religions du Livre vers lesquels nous nous ruons. C’est ce que nous nous attellerons à démontrer :

la norme conçue de manière aussi étriquée est destructrice de civilisations. Ce parce que ce n’est pas le normal qui est source de progrès mais l’anormal. L’homme de génie souvent considéré comme anormal est à l’origine des progrès scientifiques, techniques, sociaux et politiques.

Des exemples, l’histoire en regorge. Les normaux sont en fait les fossoyeurs du bien-être de la collectivité tandis que dans la plupart des situations, les anormaux en constituent l’avant-garde ;

notre attitude envers les personnes marginalisées, handicapées, etc. est un des principaux baromètres qui permettent de mesurer assez fidèlement notre degré d’humanité et la consistance de l’appropriation de la part de divinité que Dieu a mise en nous.

Pour faire plus simple, Dieu nous a créés à son image et le fait d’être doté d’esprit en est l’expression. Dans le même temps, cet esprit nous confère une divinité certaine.

Notre attitude vis-à-vis des "anormaux", une preuve de notre humanité

En marginalisant notre prochain du fait de son handicap alors que ce n’est point le prix d’un quelconque péché, nous nous éloignons de la divinité qui réside en nous et donc de Dieu.

Le sort réservé à la petite Wendkuni n’est ni plus, ni moins qu’une façon pour nous de nous éloigner de Dieu. Elle est venue au monde du fait du Tout-Puissant et de ses parents. Ce n’est donc pas de son propre fait. A-t-on le droit de réserver un tel sort à un tel pauvre être qui n’a jamais demandé à venir dans ce monde ? La réponse est sans équivoque.

L’ignorance de son entourage familial ne saurait être une explication, encore moins une justification ; car il est inimaginable que Yorgho n’ait pas un fils ou une fille à Koudougou ou à Ouagadougou, qu’il n’y ait pas de fonctionnaire à Yorgho ou dans le voisinage, qu’il n’y ait ni catéchiste, ni imam, ni pasteur à Yorgho ou dans les environs pour raisonner la famille de Wendkuni.

On est donc tenté de se demander où la part de divinité, que nous renfermons en nous et dont nous nous vantons à l’occasion, est passée. Espérons seulement que tout cela avait cours parce que les gens bien n’étaient pas au courant. Maintenant que c’est fait grâce à C. Zongo et à L’Observateur paalga, Wendkuni devrait en ressentir très vite les retombées.

Z.K.

L’Observateur

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