Actualités :: Option de rupture de l’OBU : une décantation salutaire pour l’opposition

L’approche inéluctable de l’élection présidentielle de 2005 opère au sein de la classe politique burkinabé des effets de décantation et de repositionnement dont on n’a pas fini de mesurer toute l’étendue. A l’exemple d’Icare, dont la jointure des ailes en cire avait fondu à l’approche du soleil, l’approche de la zone de vérité que constitue l’élection présidentielle pourrait s’avérer fatidique pour les plus faibles, les indécis, mais surtout les moins objectifs des partis politiques d’opposition.

Une issue dont les prémices les plus importants se sont peut-être posés à travers la décision de l’OBU, le 5 mai dernier, de suspendre sa participation à la concertation de l’opposition et de présenter son propre candidat à l’élection présidentielle de 2005.

C’est de manière solennelle qu’à travers la voix de son président le docteur Emile Paré, l’OBU a décidé urbi et orbi :

1)de suspendre sa participation à la concertation des "15 partis et regroupements de l’opposition", en vue de recentrer ses rapports extérieurs sur la base de ses statuts et de son règlement intérieur.

2)d’informer ce jour la presse, et à travers elle l’opinion nationale et internationale, qu’elle présentera un candidat aux élections présidentielles de 2005 et qu’elle soumettra au peuple dans les mois à venir son programme de gouvernement.

3)de poursuivre le travail d’unification des partis de l’opposition sur la base de ce programme de gouvernement.

A un moment où à travers plusieurs actions significatives (actions multiples contre la révision unilatérale du code électoral, mémorandum sur l’article 37, atelier de réflexion sur l’élection présidentielle, appel pour la création d’une commission d’enquête internationale sur les ingérences et les crimes impunis du régime Compaoré, etc), l’opposition burkinabé faisait la preuve de son unité retrouvée, cette décision de l’OBU n’a pas manqué d’étonner plus d’un représentant de la presse, comme il a été exprimé à travers les questions posées. Quelles raisons fondent justement cette décision de l’OBU ?

La plus essentielle semble être la candidature unique de l’opposition à la présidentielle de 2005. L’OBU soutient n’avoir pas été suivie dans sa proposition de dégager cette candidature unique, "les autres ayant préféré la voie de la candidature multiple à trois candidats maximum".

Et de soutenir que dans sa déclaration lors de la journée de réflexion, elle avait avancé la proposition suivante : "L’OBU pense que l’idéal serait la voie de la candidature unique ; un candidat certes de consensus mais un candidat qui peut entraîner un maximum de militants des différents partis dans la campagne électorale et qui peut rassembler le maximum de voix des élections de l’opposition. Dans ce sens, il doit être le moins comptable possible de la gestion des deux mandats de Blaise Compaoré et avoir un programme de gouvernement alternatif. A défaut de dégager une candidature unique qui simplifierait le choix des élections, l’OBU souhaite deux ou trois candidatures sur la base des regroupements existants, qu’ils soient formels ou informels".

En se fondant sur cette déclaration, la décision de suspension prise par l’OBU reste pour le moins incompréhensible. En effet, les conclusions issues de la journées de réflexion de l’opposition épousent les préoccupations de l’OBU : elle a considéré la candidature unique comme un idéal qu’il était souhaitable à l’opposition d’atteindre, mais qu’à défaut, le principe des 3 candidatures devrait être retenu. Les conclusions de l’atelier de réflexion ne disaient pas autre chose. Force est de conclure qu’elles ne sauraient fonder valablement la décision de l’OBU.

Les échanges ayant suivi la lecture de la déclaration liminaire n’ont pas non plus permis un meilleur éclairage sur les motivations d’Emile Paré et des siens. Certes, beaucoup de choses furent avancées, notamment à l’endroit du reste de l’opposition : "L’opposition est incapable de s’unir", "Nos fameux opposants, ce sont des gens qui passent leur temps à se demander qui sera devant" ; "L’informel veut nous noyer dans sa nébuleuse", "Je ne suis pas prêt à soutenir quelqu’un dont la candidature va faire gagner Blaise Compaoré", "Les initiatives de l’opposition, c’est de l’enfantillage".

Avec un étalage de telles amabilités à l’endroit de l’opposition, il est à demander qui l’OBU considère comme son véritable adversaire politique. Après un tel "rentre-dedans", le pouvoir n’a plus besoin d’arguments pour s’attaquer à l’opposition : le travail est déjà fait.
En outre malheureusement, on perçoit à travers l’argumentaire de l’OBU, l’émergence de postulats qui pourraient à terme constituer une menace pour la démocratie burkinabé. En effet, dans l’optique de briller sans doute par contraste par rapport à leurs amis d’hier, les responsables de l’OBU répandent à leur encontre des concepts et des expressions qui pourraient jeter les bases d’un sectarisme aux conséquences difficilement réparables.

Par exemple, lorsque l’OBU est "structurée", "formalisée", les autres sont la " nébuleuse", "l’informel" ; quand les actes de la concertation de l’opposition sont appelés "enfantillages", c’est une invite à ne voir qu’en l’OBU le seul regroupement responsable ; quand l’OBU avance que le seul candidat valable de l’opposition est celui qui est "le moins comptable possible de la gestion des deux mandats de Blaise Compaoré", elle diffuse un faux postulat, un faux dogme auto-valorisant qui se fonde sur des arrières-pensées conceptuelles de "pureté politique originelle".

Un tel raisonnement signifie par exemple qu’un Abdoualye Wade au Sénégal ou un Moïse Kibaki au Kenya, qui avaient été "comptables" de la gestion de leurs prédécesseurs, n’auraient jamais pu réaliser l’alternance dans leurs pays respectifs. Il faut prendre garde à ce qu’au Burkina, certains idées ne soient à la politique ce que l’intégrisme est à la religion.

Si au sein de l’opposition, la décantation était nécessaire et inéluctable, il est heureux pour elle qu’elle intervienne dès maintenant. Cette situation pose du coup un énorme défi à la concertation de l’opposition. Il ne lui reste d’autre choix que de démontrer par des actes forts et non équivoques ses prétentions unitaires et la justesse de ses options présentes

Lamine Koné

San Finna

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