Actualités :: Armée nationale : Une bombe à désamorcer

Le procès à haut risque s’est achevé à Ouagadougou il y a quelques jours. Le tribunal militaire qui siégeait sur le sensible dossier de tentative de coup d’Etat a rendu un verdict certes diversement apprécié, mais accepté du public. En pareilles circonstances, le pouvoir en place devrait en engranger les dividendes.

Pourtant, dans cette affaire où les militaires étaient au cœur du dossier, Blaise Compaoré et son équipe ont plutôt du souci à se faire. Notre armée nationale, qui fonctionnait presque en vase clos, est désormais une boîte de Pandore ouverte à tout vent.

L’opinion nationale a même vite fait de conclure que le procès a été avant tout celui de l’armée, et singulièrement celui des officiers. Que de révélations sur les "Kalaboulés" de la grande muette ! Les vœux du commandant Pooda sont à ce sujet révélateurs. Il s’est publiquement indigné du peu de solidarité qui existe au sein de l’armée.

Pour tout dire donc, notre grande muette brille par son manque de cohésion. Il y existe une sorte de copinage qui a fini par frustrer une grande majorité de la troupe. Or, une telle pratique conduit tout droit à l’indiscipline. Là encore, ce n’est pas une vue de l’esprit. Devant un tribunal militaire plein à craquer, un sous-officier a eu le culot de "toiser" son supérieur sans crainte de sanction.
Il semble qu’il a lié son sort à ceux qui tiennent l’armée aujourd’hui. Le malaise est patent. Blaise Compaoré, en bon stratège militaire, doit songer au plus vite à mettre de l’ordre dans sa caserne.

Le trop-plein de frustration peut conduire certaines personnes au geste fatal. La tenue des procès ne peut, à elle seule, dissuader les apprentis putschistes. La solution radicale réside plutôt dans l’instauration d’une justice sociale au sein de l’armée. L’armée nationale a besoin de déballer ses dossiers sales afin de repartir du bon pied. Ce serait certainement l’occasion d’exorciser tous les maux qui minent la grande muette.

Les forces armées burkinabè ont ceci de particulier qu’elles n’ont pas été entraînées dans le mouvement refondateur de la IVe République. Les civils ont été les seuls à s’exprimer à travers des cadres comme le Forum national de réconciliation (même s’il a avorté) et les multiples marches et contre-marches. Les acteurs politiques ont pu se défouler, se mettant ainsi dans une nouvelle disposition d’esprit. Mieux, ils continuent d’utiliser les cadres des institutions républicaines comme l’Assemblée nationale pour s’exprimer.

Les militaires, eux, ont plutôt été contraints à la loi du "tu te soumets ou tu te démets". C’est de cette situation qu’est née la célèbre phrase "on te fait et puis il n’y a rien". Pour tout dire, notre armée nationale nage encore dans l’Etat d’exception. Des militaires se sont mis à la recherche de couverture politique auprès de dignitaires du système. Dans certains cas, ce sont même les môgô puissants civils qui semblent diriger l’armée, grâce aux hommes de main qu’ils ont réussi à faire placer à la tête soit des régions militaires, soit des régiments et même parfois des états-majors. Il est donc temps de désamorcer la bombe qui menace d’emporter l’armée et la République.

Les révélations faites au procès ayant exacerbé les contradictions sans percer l’abcès, Blaise Compaoré, le chef suprême des armées, doit songer à solutionner au plus vite les maux qui assaillent l’armée burkinabè. C’est un secret de Polichinelle que le torchon brûle entre le général Kwamé Lougué, ancien ministre, et Gilbert Diendéré, chef d’état-major particulier de la présidence du Faso. Au-delà de l’inimitié qui peut exister entre les deux hommes, ce sont des conceptions différentes de la gestion de la chose militaire qui s’affrontent. Cette bagarre latente interpelle tous les cadres de l’armée, car il y va d’abord de leur vie et de l’avenir de la nation.

Adam Igor
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