Actualités :: Les gendarmes veillent sur le déballage

Les "Tchétchènes" sont toujours fidèles au rendez-vous. C’est le moins que l’on puisse dire au sixième jour du procès. La cour du tribunal militaire où les "gens du peuple" prennent généralement place, a, du reste, connu une affluence plus grande que celle des deux séances précédentes.
.A l’intérieur de la bâtisse, le défilé des témoins continue, suscitant des réactions diverses dans l’espace extérieur réservé au public qui ne peut pas accéder au palais. De même, le dispositif s’ taire n’a pas baissé la garde.

Le week-end pascal a pris fin et c’est probablement cette fatigue de fête qui se lisait sur les visages des anciens et nouveaux "tchétchènes". Est-ce de la fête que Halidou Ouédraogo, le président du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP), qui a témoigné en fin de matinée, parlait avec des hommes de tenue à la porte du tribunal ? La discussion que nous suivions de loin était assez cordiale, et les rapports plus ou moins amicaux qui se sont développés entre les hommes de presse et les forces de l’ordre, peuvent nous faire dire que le procès, ce n’est pas la guerre. Mieux, qu’ils soient dans leur robe ou qu’ils l’aient enlevée, qu’ils soient de la défense ou de la partie civile, les avocats se retrouvent tous ensemble dans la cour, lors des suspensions de courte ou de longue durée.

Pendant ce temps, le "peuple" continue d’arriver. Les femmes étalent leur pagne et s’y installent, parfois avec leurs bébés. Certains viennent avec des tabourets ou de petites chaises, parce que le gravier déversé dans la cour fait sans doute mal aux fesses. Tout ce beau monde, avant d’accéder à la "Tchétchénie" a dû encore montrer patte blanche. Des hommes ont même dû enlever leur ceinture, pour franchir le portique de sécurité sans le faire couiner. L’épreuve du soleil cuisant semble ne pas décourager le "peuple", encore moins l’absence des bancs pour s’asseoir. "On fait avec", a signifié un étudiant qui rejoignait les autres, réfugiés sous les" arbres du salut", deux gros manguiers qui offrent généreusement leur ombre salvatrice.

Des témoins attendus

Et on écoute, en tendant l’oreille, car les haut-parleurs, ont montré des signes évidents d’épuisement. Leurs grésillements étaient difficilement supportables. "Tout ça c’est pour nous chasser", ont murmuré quelques jeunes qui écoutaient religieusement Halidou Ouédraogo qui est aussi le président du Collectif. Même cette dame, qui visiblement ne comprenait pas français, mais applaudissait à tout rompre, à 1a suite des autres, se sentait dans le bain du procès. Elle ponctuait tous ses vivats de "Halidou, ya Halidou" (c’est Halidou), comme s’adressant à quelqu’un à qui elle présentait le "monsieur droits de l’Homme". Le Colonel Gilbert Diendéré était très attendu comme témoin, de même que Halidou Ouédraogo. Parmi les autres témoins très attendus en "Tchétchénie", figurent en pôle-position, le Général Kouamé Lougué et le Professeur Joseph Ki-Zerbo.

"II est là ce matin", a relevé quelqu’un, suscitant l’enthousiasme du public proche de lui. La douche froide et la réplique au bonimenteur de service sont venues du président du Tribunal, Franck Compaoré qui a demandé après le professeur, auprès de Me Prosper Farama. Ce dernier a reconnu que l’état de santé du témoin ne lui permettait toujours pas de venir au tribunal. Donc on attend toujours "le Vieux". Et si des témoins ont aiguisé l’intérêt du public, d’autres ont été loin de répondre à leurs attentes. "On n’est pas satisfaits, il y a trop de non-dits dans ce procès", a souligné quelqu’un de l’assistance. On ne peut que lui concéder cette vérité, car contrairement au "grand déballage" promis, et malgré quelques révélations, l’Armée garde toute sa discipline et son caractère presqu’exclusif de "Grande muette".

Le Colonel et le Capitaine
Le tribunal militaire est, en tout cas, loin d’être muet.
Pour contenir tout ce monde et lui assurer une sécurité exemplaire, le Colonel Mamadou Traoré a sorti le grand jeu. "Non, c’est juste un dispositif normal .pour que tout se déroule dans l’ordre au tribunal", a rectifié le- chef d’Etat major de la Gendarmerie, tout en nous orientant vers le Capitaine Somé, le responsable du dispositif mis en place. Celui-ci nous a appris que seul un corps, en l’occurrence la Gendarmerie est chargée de la sécurité au tribunal militaire et ses alentours, au cours de ce procès.

Les CRS (Compagnie républicaine de sécurité) sont affectés à la sécurité des magistrats et des juges. Et tous les autres militaires que nous voyons dans la cour ? "II y a également les conducteurs et les gardes-du-corps qui sont là", mais personne n’a le droit d’entrer au tribunal avec son arme. "C’est interdit et le dispositif sera maintenu et adapté aux besoins de l’heure et ceci jusqu’à la fin du procès", a conclu le Capitaine Somé. Le Colonel Mamadou Traoré l’appuie, en citant un principe fondamental en matière de sécurité : "il faut montrer la force pour ne pas avoir à s’en servir". Comme pour dire que la machine peut se mettre en branle à tout moment, le chef d’Etat- major martèle que ceux qui seraient déterminés à jouer les troubles-procès trouveront aussi en face d’eux des hommes déterminés.
Pourvu qu’on n’en arrive pas au stade des bras de fer.

Morin Yamongbé

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