Actualités :: Les femmes et la vie associative au Burkina
Mariame Hien

Au Burkina, les femmes préfèrent de plus en plus se regrouper en association pour travailler. On y trouve en conséquence des associations féminines dans tous les secteurs socio professionnels : la santé, l’éducation, l’économie, le commerce, la culture, la politique, le social ...

Elles ont tellement adopté la vie associative qu’on a même l’impression que plus rien ne peut se faire individuellement. Quelles sont les réalités de la vie associative ? Quels impacts sur la question du développement ? Quelles orientations futures pour ces associations ?

L’association est devenue aujourd’hui un tremplin pour la promotion de la femme burkinabè.
Compte tenu de leur état de pauvreté, parfois d’analphabétisme, les femmes ont compris que l’union fait la force. C’est pourquoi elles ont choisi de mener en commun la lutte pour le développement sur tous les fronts. Concrètement, elles se regroupent en coopératives agricoles, en tontines, en sociétés, en caisses de crédit, en mutuelles, en amicales. Le plus souvent, mais pas exclusivement, il s’agit d’associations loi 1901.

Du point de vue de leur implantation, les associations ou organisations féminines couvrent tout le territoire. Il en existe évidemment dans les grandes villes comme Ouagadougou ou Bobo-Dioulasso telles l’Association Boblewendé des femmes pour le développement, l’Association Burkinabè pour la survie de l’enfance (ABSE), ou l’Association femmes 2000. Ces associations sont aussi présentes dans, de petites localités comme les villages et quartiers.

L’Association des femmes de Zabré, l’Association Namalgb-Zanga pour l’épanouissement des femmes de Samba (ANEFS) et l’Organisation des femmes de Manga en sont quelques exemples illustratifs. Comme on peut le constater, les noms de ces associations correspondent aux localités de leur implantation ou à celles qu’elles représentent.

Il importe de souligner que ces associations sont parfois décentralisées quand cela est nécessaire pour mieux répondre aux besoins de leurs membres. C’est ainsi que des forages sont construits, des moulins sont installés, des centres de tissage sont créés pour des femmes ou pour permettre à des femmes d’apprendre de petits métiers, sur toute l’étendue du territoire.

Un des avantages majeurs de la vie associative, c’est qu’elle n’est pas conditionnée par le niveau d’éducation. Autrement dit, le niveau d’instruction n’est pas la condition sine qua non de l’adhésion à une association où on peut faire valoir ses idées. Bien au contraire, la vie en association est possible pour toutes les couches de la population.

Si certaines de ces associations telles que l’Association des femmes scientifiques du Burkina (AFSIB) ou l’Association des femmes juristes du Burkina (AFJB) concernent des femmes intellectuelles, d’autres par contre regroupent des femmes de niveaux moyens ou même des non scolarisées. Dans ce dernier cas, on peut citer à titre d’exemples le Centre féminin de Bohicon (CFB), DJIGUI ESPOIR et Djiguia du secteur 5 de Ouagadougou.
Le tout est de pouvoir s’exprimer à travers son association, d’avoir un objectif noble à atteindre pour soi-même et pour toute la communauté.

Quels impacts ces associations ont-elles sur le développement ?
Par le biais de l’association, la femme burkinabè a brisé plusieurs tabous dans des secteurs importants tels que la lutte contre l’excision (le Comité national de lutte contre la pratique de l’excision (CNLPE)) et le mariage forcé. Elle est en train de réussir plusieurs autres chantiers dans divers domaines très complexes tels la lutte contre les violences conjugales, le sida, l’analphabétisme ou encore le trafic des enfants.

Dans le combat pour les droits humains, les droits des personnes handicapées et les droits de la femme, en particulier, les résultats obtenus sont à la fois très probants et encourageants. Les femmes burkinabè n’ont-elles pas été primées à la marche mondiale des femmes d’octobre 2005 pour leur combativité ?

En réalité, les femmes sont très dynamiques au niveau des multiples associations qu’elles se sont créées. A travers ces associations, elles évoluent avec le temps, elles intègrent leurs propres préoccupations à celles du moment. Quand on jette un coup d’œil sur le contenu des programmes des associations féminines, on peut noter leurs grandes ambitions quant aux objectifs fixés dans les court et moyen termes.

Ces programmes, quand bien même, ils renforcent et consolident les luttes anciennes, abordent de façon courageuse des thèmes d’actualité tels que « les nouvelles technologies de l’information et de la communication » (NTIC) », « alternatives économiques féministes », « alliances et mondialisations » et « bonne gouvernance ». Ils essayent pour ainsi dire de préparer les femmes aux échéances électorales, de cultiver chez elles l’esprit citoyen ou d’encourager les jeunes filles dans le choix des disciplines scientifiques.

Quoi qu’il en soit, il y a au Burkina Faso d’aujourd’hui plusieurs associations féminines et le nombre déjà impressionnant est appelé à grossir encore dans les années à venir. Cette vie associative qui a fait ses preuves dans divers domaines doit être encouragée. Les partenaires du Burkina Faso ont certainement pris conscience qu’il s’agit là d’un terrain intéressant pour l’émancipation de la femme.

Cependant, il faut se garder des dérapages. L’association ne doit pas être une fin en soi, une sorte d’handicap à l’autonomie de la femme. Il ne faut pas que la femme elle-même soit aliénée par l’association. Elle est d’abord une femme qui a choisi de se battre à travers une association. Ce faisant, les initiatives individuelles doivent également se développer à côté de celles des associations. Pour que la multiplicité de ces associations ne constitue pas un obstacle à leur épanouissement, il y a lieu, d’œuvrer davantage à une synergie d’actions pour atteindre des objectifs plus ambitieux.

Mme Hien Mariam,
Docteur en Droit des Affaires, cadre de banque

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