Actualités :: Procès des présumés putschistes : Le général a parlé

Le procès des treize inculpés dans la tentative présumée de putsch a entamé depuis mardi 13 avril, sa deuxième semaine. Après avoir entendu les accusés, l’heure est à présent à l’audition des témoins. Sidwaya donne la parole à Me Benoît Sawadogo, avocat de la partie civile et Me Prosper Farama, avocat de la défense.

Me Benoît Sawadogo : "Nous allons demander une réparation même si c’est le francs symbolique"

Sidwaya (S) : Quelle appréciation faites-vous du déroulement du procès jusqu’à ce jour 14 avril 2004 ?

Me Benoît Sawadogo (BS), avocat de la partie civile : il est vrai que le procès a été émaillé au départ de quelques incidents qui ont vite trouvé de solution, sinon, il se déroule comme cela doit l’être dans un procès normal. Il y a plusieurs parties à savoir le tribunal qui doit être impartial. C’est à ce tribunal que l’accusation va présenter des faits graves et constitutifs d’infraction à la loi pénale reprochés aux accusés. Les accusés sont présents à l’audience mais ils sont assistés par les avocats de la défense. Il y a également à côté, l’accusation représentée par le commissaire du gouvernement.

Au milieu de ces deux grandes parties au procès, se trouve la partie civile c’est-à-dire, la personne qui a véritablement souffert des faits qui ont été préjudiciables à ses intérêts. Et c’est pour cela qu’il va demander la réparation de son préjudice.

Les trois parties au procès sont réunies. Autrement dit, devant le tribunal il y a l’accusation, la défense et la partie civile. Je constate que les choses se passent très bien et tout le monde a la liberté de parole pourvu qu’on ne dérive pas dans des expressions à tendance injurieuse. Il faut rester dans les limites.

S. : Quelle réparation avez-vous demandée ?

Me BS : Pour demander une réparation, il faut d’abord justifier au niveau du procès un préjudice. C’est le préjudice qu’on répare. Pour nous, c’est le préjudice que l’Etat subit à la suite de ces événements. L’État est une personne morale de droit public. Il a des droits et des obligations. A ce niveau-là, ce procès, par le fait qu’il met un terme au record de stabilité et de paix, au déroulement normal d’un régime politique né d’élection avec des institutions légales, nous estimons qu’un coup de force va être encore l’occasion d’errements à tous les niveaux.

C’est ainsi que nous avons vu que l’Etat, les administrés ont été comptables des réparations des violences qui sont faites à l’occasion de ces coups d’Etat. Ce sont nos impôts qu’on utilise pour faire des révisions de Tribunaux populaires de la Révolution (TPR), qu’on utilise pour réhabiliter des personnes injustement écartées de leurs fonctions. Ce sont des préjudices que nous subissons. Et le plus grand préjudice que nous devons réclamer, c’est l’entame de l’image de marque du Burkina Faso à l’extérieur.

Le Burkina Faso comme tous les Etats est un sujet de droit international. Nous ne vivons pas en vase clos mais dans un monde global. Et il y a ce qu’on appelle des échelles de pays à risque. Il ne faut pas que nous montions dans l’échelle des pays à risque. On ne peut construire ni le social, ni l’économie dans un pays de trouble. Nous voyons malheureusement autour de nous, que beaucoup d’Etats ne correspondent plus à la définition d’un Etat réel, c’est-à-dire, avoir une population, avoir la conscience d’appartenir à une seule nation. Nous risquons de perdre ce bénéfice.

Nous allons demander une réparation même si c’est le franc symbolique. Il faut marquer le coup. Il faut qu’on arrête les coups d’Etat. Il y a une République qui est une et indivisible, la liberté d’expression est reconnue à tout le monde. Celui qui veut changer, il faut qu’il passe par les voies démocratiques et républicaines.

S. : Est-ce que vous avez espoir d’obtenir gain de cause ?

Me BS : Je ne sais pas. Il faut d’abord que le tribunal accepte qu’au nom de l’Etat, nous pouvons nous constituer partie civile. Au demeurant, la défense a essayé de nous contester ce rôle-là, arguant du fait que le ministère public chargé de l’action publique pour l’appréciation des peines répare notre préjudice moral, alors que notre préjudice n’est pas seulement moral. Nous subissons ici un préjudice certain mais dont on n’en connaît pas le montant à l’avenir. C’est ainsi que nous disons que c’est assez de faire les révisions de procès, de réhabilitations. Nous, en tant qu’administrés relevant de l’Etat, personne morale de droit public, nous ne voulons plus voir cela.

Me Prosper Farama : "... Il y a dans cette affaire, un fond de vérité mais...

S. : Quelle est votre appréciation du déroulement du déroulement du procès jusqu’à ce jour ?

Me Prosper Farama (Me PF), avocat de la défense : Il faut dire qu’au début, nous avons eu quelques difficultés de procédure qui étaient à notre sens dues à des incompréhensions. Mais depuis la semaine dernière, lorsque nous avons manifesté, tout est rentré dans l’ordre. A ce jour, je peux dire que les choses se passent comme elles devraient se passer.

S. : Le procès a entamé depuis mardi dernier sa deuxième semaine. Est-ce que vous avez l’impression que le présumé putsch est un coup monté ?

Me PF : Je ne peux pas au stade actuel répondre à cette question parce que nous avons encore nos plaidoiries à montrer. Vous me permettez de n’y répondre qu’aux plaidoiries. Mais ce que je peux dire essentiellement, c’est qu’il y a dans cette affaire, un fond de vérité mais nous avons une certaine impression, que de ce fond de vérité, on en a fait une vaste opération. A quelle fin ? Nous n’en savons pas. Et comme je l’ai dit, dans nos plaidoiries, certainement nous y reviendrons.

S. : Espérez-vous pouvoir sauver les têtes de vos clients ?

Me PF : Oui. En ce qui me concerne personnellement, je suis constitué pour Norbert Tiendrébéogo. Je dois dire qu’en tenant compte du dossier, tout est à notre faveur. Nous avons toutes les chances pour pouvoir mettre hors de cause notre client. Maintenant dans l’ensemble, je pense aussi que ça devrait aller, au regard surtout des témoignages qui ont été produits dont aucun à notre sens n’est fiable et irréfutable, nous pensons que les choses se présentent plutôt bien pour nos clients.

S. : Quels grands enseignements tirez-vous de ce procès pour la justice burkinabè ?

Me PF : Je crois que le premier grand enseignement qu’on peut en tirer est que les choses vont plus ou moins positivement, parce que dans le principe au moins, la tenue de ce procès est déjà quelque chose de positif. Si je ne m’abuse, c’est le premier procès dans une affaire d’atteinte à la sûreté de l’Etat communément appelée coup d’Etat et je pense que c’est un grand enseignement. On peut aussi dire qu’avec ce genre de dossier, la justice burkinabè, d’une façon ou d’une autre, se fortifie. Attendons de voir le dénouement final avant de donner la suite.

Enok KINDO
Sidwaya

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