Actualités :: Procès : Les témoins parlent
Ouali et N. Tiendrébéogo

La deuxième semaine du procès des présumés putschistes a commencé ce mardi 13 avril 2004 avec la suite de l’audition des témoins. Une vingtaine de témoins se sont confiés au tribunal.

L’idée de coup d’Etat qui a germé dans l’esprit du capitaine Diapagri Luther Ouali serait partie, selon l’un des témoins, le sergent Norbert Toé, de "Timothée 2 : 1-3". Cet épître du nouveau Testament conseille en substance, "de suivre tous ceux qui sont élevés en dignité afin que la paix règne".

Le sergent Toé a affirmé que ces versets (1-3) auraient été l’objet de discussion à l’issue d’une séance de prière chez une sœur. Pendant ladite discussion, le capitaine Ouali se serait demandé s’il valait la peine de "continuer avec des gens qui ne veulent pas changer. Et que Dieu suscitera un groupe qui va rétablir l’ordre des choses".

Une autre fois, a poursuivi le témoin Norbert Toé, Ouali l’avait recontacté et invité dans son bureau. "C’est en ce moment qu’il m’a parlé de ce qu’il a subi comme injustices depuis la Révolution jusqu’à ce jour", a-t-il soutenu. Le sergent Toé reconnaîtra toutefois que le capitaine Ouali ne lui a pas expressément parlé de putsch.

Des témoins du jour, les lieutenants colonels Atogodan Adinali de la sécurité présidentielle et Balibi Ido du département central des transmissions des forces armées, le commandant Harouna Zampaligré, chef de la Division information de l’Etat-major de l’armée de terre, ont déclaré avoir été informés de la préparation d’un coup de force par les médias.

Le lieutenant-colonel Attogdan, commandant du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) a été invité par l’accusé Sié Rémy Pooda à attester des menaces qui pesaient sur lui et dont il a fait allusion dans sa déposition. Me Farama de la défense a profité pour demander au témoin Atogodan s’il avait déjà été informé d’un éventuel putsch en préparation. Le témoin répondra par la négative. Et Me Mamadou Sombié de rebondir pour savoir si les accusés étaient réellement à mesure de perpétrer un coup d’Etat. Le commandant du Régiment répondra que "ce n’est pas une question d’effectif, mais de moyens".

Ballet de témoignages

Toujours au compte de l’accusé Sié Rémy Pooda, le lieutenant-colonel Moïse Minoungou est revenu à la barre. Son témoignage a porté essentiellement sur "le divorce" intervenu entre le commandant Pooda et l’adjudant Aloïse Bationo. Ce dernier depuis sa réhabilitation après sa radiation suite aux malversations financières auxquelles il se serait livré, n’adresse plus la parole au commandant Sié Rémy Pooda. Parce que lesdites malversations auraient été révélées par Pooda. Cela va se confirmer lorsque l’adjudant Bationo a été appelé à témoigner.

Tout de suite, il reconnaîtra ne pas accorder le respect dû à la hiérarchie au commandant. Mieux à la fin de son audition, il a adressé des propos injurieux à l’accusé. Et le juge Franck Compaoré d’exiger des excuses à l’endroit de Sié Rémy Pooda. D’autres témoins, le lieutenant Tegawendé Yaméogo, le colonel à la retraite Badaye Fayama dont le commandant a déclaré en substance être déçu du témoignage, sont intervenus.

Les sergents-chefs Abdoulaye Konfé et Souleymane Zalla ont appelé le sergent-chef Patrice Kini et le capitaine Céleste Coulibaly pour témoigner de leur présence à l’enterrement de Sié Pooda, un élément de la RSP. Pour dire qu’ils (Zalla et Konfé) sont venus à Ouagadougou pour cet enterrement et non pour des rencontres dans le cadre du putsch. L’adjudant de gendarmerie Seydou Zou qui a participé aux enquêtes a été invité par Zalla et Konfé à préciser que le plan d’attaque de la présidence joint dans les procès-verbaux de Konfé établis à l’enquête préliminaire a été dessiné à la gendarmerie sous la demande des enquêteurs.

Cette précision était nécessaire selon le conseil du sergent-chef Abdoulaye Konfé, Me Franceline Toé/Bouda.

L’accusé Norbert Tiendrébéogo du Front des forces sociales (FFS) a pour sa part, fait venir à la barre M. Noël Brice Yogo (enseignant d’économie et de gestion au LTO) et notre confrère Shérif Sy comme témoins. Tous deux membres du bureau exécutif du parti, ont déclaré n’avoir jamais été informés de l’organisation d’une marche que les présumés putschistes auraient infiltrée pour renverser le pouvoir.

Le président du MBDHP et du "Collectif", Halidou Ouédraogo a également été entendu dans ce sens. Du supposé coup d’Etat, Halidou Ouédraogo laisse entendre qu’il "est sceptique". Quant au témoignage du Pr Joseph Ki-Zerbo, les avocats de Norbert Tiendrébéogo y ont renoncé expressément.

D’autres témoins ont reconnu avoir reçu de l’argent de la part du sergent Naon pour divers motifs : le sergent-chef Bouma Yaro 100 000 FCFA qui lui serait venu d’Allemagne pour la rentrée scolaire. Le soldat de 1re classe Badassongo dit Jean a reconnu avoir gardé pour le sergent Naon, la somme de 250 000 FCFA.

A la reprise de l’audience de 17 heures, les témoignages les plus significatifs ont été ceux de Kassim Camara, garagiste qui a ramené trois véhicules 4x4 du Ghana (véhicules dont il ne connaissait pas le propriétaire) et de Yacouba Rouamba, garagiste dont le garage a servi à parquer les véhicules à son insu, précisera-t-il. Quant à Youbi Zoundi, c’est lui qui a ramené les véhicules du Ghana. Il a indiqué que les "convoyeurs" des véhicules étaient réticents à leur enregistrement aux différents postes de gendarmerie.

D’autres témoins défileront à la barre, avant que la dame Marceline Kaboré, venue elle aussi témoigner, ne se livre à un prêche enflammé. Plus "terre à terre", le lieutenant-colonel Pegdnoma Zagré, reconnaîtra que le capitaine Ouali lui a parlé "d’événements graves qu’allait connaître le Burkina Faso" et que "Dieu lui a révélés".

L’homme d’affaires Panguéba Mohamed Sogli, lui, dira ne rien savoir des faits, non sans avoir stigmatisé le comportement du gendarme venu lui apporter la convocation du tribunal. Enfin, le colonel Kodjo Lougué a lui aussi indiqué qu’un autre prêcheur, Joël Sam, en l’occurrence, lui aurait parlé d’une menace grave qui planait sur le Burkina Faso. L’un dans l’autre, les témoignages vont dans le sens qu’il se tramait quelque chose dans l’ombre, même si la gravité des faits a entraîné une certaine retenue au niveau des témoins. Le tribunal poursuit donc ses investigations et la journée d’aujourd’hui devrait nous situer davantage.

Alassane KARAMA
Boubacar SY
Sidwaya

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