Actualités :: Etat de la nation : Polémique autour des chiffres à l’Assemblée (...)

Cinquante, c’est le nombre de députés qui se sont inscrits, jeudi dernier, pour poser des questions au chef du gouvernement, Paramanga Ernest Yonli, à l’issue de son exposé sur la situation de la nation. Un chiffre qui traduit l’intérêt des élus de la représentation nationale à l’amélioration des conditions de vie des Burkinabè mais en dit long sur la coloration de notre parlement. D’un côté, les députés de la majorité et apparentés s’employaient à défendre les acquis du gouvernement, de l’autre, les élus de l’opposition "s’opposant"... Le débat était âpre et s’est déroulé sur fond de polémique autour des chiffres.

"Après une progression en termes réels de 4,4 % en 2002, la croissance économique en 2003, au stade actuel des estimations, se situe à 6,5%", a lancé Paramanga Ernest Yonli aux députés ajoutant à cela un taux de couverture vaccinale de 100% et un taux de séroprévalence reculant de 6,5% en 2002 à 4,2% en 2003. En plus de cela, il faut retenir le taux de couverture en eau de 85% en 2003 et l’exceptionnelle saison agricole... Toutes choses qui ont fait dire à Paramanga Ernest Yonli que le Burkina avance et ne recule pas.

"Il ne reculera pas, tel est le credo de mon gouvernement", martèle le chef du gouvernement qui estime que notre pays devrait même avoir un meilleur classement au niveau du rapport mondial sur le développement. "Si l’on considérait le PIB par tête d’habitant, notre pays se classerait devant certains pays africains recelant d’énormes richesses. Mais l’indicateur du développement humain va au-delà de ce paramètre strictement économique, ce qui est du reste normal, en prenant en compte pour une grande part, les variables qualitatives comme la santé et l’éducation", confie Paramanga Ernest Yonli qui soutient par ailleurs qu’au début des années 80, soit 20 ans après l’indépendance, nous n’étions qu’à un taux de scolarisation primaire de moins de 15% contre 52%, vingt autres années après. "En termes de progrès, faisons ensemble le compte", avance le chef du gouvernement.

Des chiffres manipulés ?

Des chiffres que les députés de la majorité ont applaudis scandant des phrases du genre "si tu n’aimes pas le lièvre à cause de ses longues oreilles, reconnais quand même qu’il coure vite".

Ce qui n’est pas évidemment du goût de leurs homologues de l’opposition radicale qui crient à la manipulation. "C’est une embellie qu’on nous sert à chaque état de la nation même avant Paramanga Ernest Yonli", s’insurge Stéphane Sanou du PAREN.

"Les statistiques sur les progrès dans le domaine de l’éducation et le Sida sont invraisemblables. Ce sont des avancées qu’on obtient pas dans des délais relativement plus longs", soutient Philippe Ouédraogo, le polytechnicien de l’opposition. Fidèle Hien, ironise par le de "miracles" et se fait chahuter par les députés de la majorité.

Pour ce qui concerne la baisse substantielle du taux de séroprévalence, le Premier ministre l’attribue à l’engagement massif de toutes les composantes de la société burkinabè dans la lutte.

Des efforts qui seront, de l’avis de l’homme de Tansarga, poursuivis notamment en ce qui concerne l’accès aux soins. L’ambition du gouvernement est de rabattre les coûts de traitement des malades du Sida à 8 000 FCFA par mois et par personne.

Quant au bond qualitatif constaté dans le secteur de l’éducation, le chef du gouvernement pense qu’il est dû aux mesures initiatives prises dans le cadre du PDDEB telles que la gratuité des manuels et des fournitures scolaires, la gratuité de la scolarité des filles inscrites au CPI et la promotion des cantines endogènes assistées.

Des explications qui n’ont guère convaincu Me Bénéwendé Sankara qui exige la démission de Paramanga Ernest Yonli et son gouvernement affirmant que le chef du gouvernement vit sans doute dans un Burkina différent du sien.

"Pas question", rétorque le Premier ministre qui lui brandit la confiance renouvelée de la majorité.

"Vous vivez assurément dans un Burkina différent de celui de la majorité qui m’a fait confiance. Vous êtes de l’opposition hyperminoritaire. Moi, j’incarne la majorité qui fait avancer ce pays. Je suis fier de faire partie de cette majorité et de conduire l’action gouvernementale. Je ne démissionnerai pas. Je continuerai", a ajouté Paramanga Ernest Yonli dans un tonnerre d’applaudissement nourris des élus de la majorité.

Une politique industrielle bien à propos

Interrogé sur le programme de relance économique de la région de Bobo, le Premier ministre saluera l’action du projet qui a permis d’injecter 130 milliards dans cette partie du pays en 10 ans. Cet investissement représente selon lui, 80 à 85% des ressources prévues. Aussi, s’inscrit-il en faux par rapport aux affirmations du genre "Bobo est abandonnée, délaissée...". Il affirme également que le cap sera maintenu pour permettre à cette région de jouer pleinement son rôle de pôle économique important.

Evoquant la mise en œuvre de la politique nationale de promotion de l’industrie, Paramanga Ernest Yonli dira qu’elle a permis la création de nouvelles unités (7 en 2003 qui ont rapporté 120 milliards de FCFA à l’Etat) et des milliers d’emplois.

Abordant la réhabilitation du marché Rood-Woko, il fixera le début des travaux pour cette année 2004. En attendant, les premiers commerçants qui le souhaitent, pourraient intégrer le marché de Hamdalaye à partir du 30 juin 2004.

Pour ce qui est du début retardé de l’exploitation de la mine de zinc de Perkoa dans la province du Sanguié, le Premier ministre fera savoir que la société Metorex qui a obtenu le permis de ce métal sur le marché international n’était pas rentable.

Aussi le gouvernement a-t-il entamé des discussions avec un autre partenaire qui estime le contraire.

Invité à donner l’avis de son gouvernement sur la révision du code électoral, Paramanga Ernest Yonli rappellera que l’exécutif s’était déjà exprimé sur la question. Aussi donne-t-il son avis personnel : "je me prononce pour cette révision du code et à l’avenir pour d’autres textes si cela doit contribuer au renforcement de notre démocratie".

Signalons que beaucoup de questions posées par les élus de l’opposition au chef du gouvernement ont été répondues par des députés de la majorité qui ont fait bloc derrière le gouvernement pour ne faire aucune concession à l’opposition. Ce qui a considérablement rallongé le temps des questions (plus de 3h30).

Notons que des députés, toutes tendances confondues, ont fait des suggestions au gouvernement. On peut citer la mise en place d’un projet national de développement, le recours aux mutuelles pour financer la santé des populations, la création d’un mécanisme pour faire profiter de l’augmentation salariale née de la baisse de l’IUTS aux retraités (signalons que l’IUTS n’est pas soumis aux retraités), l’allocation de 25% des ressources PPTE pour l’achat de médicaments et des équipements pour les formations sanitaires etc.

Le Premier ministre a regroupé les questions par thème et y a donné des réponses claires. Il a invité les élus à se rapprocher des ministres pour avoir les détails par rapport à des questions spécifiques. Le débat a pris fin aux alentours de minuit. Une première dans ce type d’exercice.

Victorien A. SAWADOGO (visaw@yahoo.fr)
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