Actualités :: Affrontements militaires-policiers : A l’hôpital Yalgado Ouédraogo

La ville de Ouagadougou a été secouée par un incident opposant des militaires et des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) le 20 décembre 2006. La situation qu’on croyait être "sous contrôle" s’est dégradée dans la soirée du même jour. Et depuis, les Ouagavillois vivent dans la psychose.

Rafales d’armes à feu, bruits de sirènes de véhicules, services de police ravagés et brûlés, boutiques fermées, des stations d’essence fermées, etc. C’est le visage que présente la capitale du Burkina depuis lors.

Pour rentrer à la maison dans la soirée du 20 décembre, c’était le parcours du combattant. Il fallait braver les bruits des armes à feu, les balles perdues et les injures de toutes sortes émanant d’éléments fâchés. Point de station pour se ravitailler en essence car à force d’avoir subi les multiples assauts de manifestants qui se sont fait servir de force, beaucoup de stations ont dû fermer porte. Vers 20h, les voies étaient quasi désertes. Pas de maquis ou de supermarchés ouverts. On accourt vers les télécentres pour rassurer les parents amis et proches.

Mais la plupart de ces locaux ont fermé depuis 19h30 à cause des rumeurs faisant cas de couvre-feu à partir de 20h. Dans les quartiers populaires comme Dapoya et Ouidi, situés à quelques pas du Camp Guillaume, tout coup de feu émis provoque la débandade. Les boutiques encore ouvertes ne tarderont pas à fermer. Quelques éléments à moto comme en voiture font du porte-à-porte pour demander aux populations de "rentrer". Leur ordre est toujours suivi de rafales d’armes à feu. De 19h à 6h du matin, l’atmosphère restera la même. Une nuit froide d’harmattan perturbée de tirs d’armes à feu et de coups de sifflet.

Un sauve-qui-peut général

A l’hôpital Yalgado, les victimes de cette guerre ouverte entre corps habillés ne sont pas que militaires. On dénombre plus d’une dizaine de civils atteints par des balles perdues. Aux urgences viscérales, nous en rencontrerons une. Awa habite au secteur 18 de Ouagadougou. Elle a reçu une balle dans l’épaule vers 22h, au moment où elle s’apprêtait à aller aux toilettes. "Quand j’ai ouvert la porte, je me suis inclinée pour appeler mon mari et lui demander d’entrer dans la maison.

C’est à ce moment que j’ai senti une piqûre au niveau de l’épaule. Au vu du sang, j’ai fait signe à mon mari. Il m’a dit que c’est une balle", nous fera-t-elle savoir. Comme elle, Kiswendsida Ouédraogo, âgée de 26 ans (habitant au quartier Samandin) et Isabelle Nonguierma, 22 ans (secteur 16 de Ouaga) ont eu le malheur d’être sur la trajectoire de balles perdues. La première a été blessée au niveau de l’aisselle. Quant à la seconde, elle a été gardée en salle de réanimation. Elle a subi une intervention chirurgicale qui a duré de 10h à 14h. La balle logée au niveau du thorax n’a malheureusement pas pu être extraite. Seules les lésions ont pu être traitées. Les deux dames auraient reçu les projectiles entre 2h et 4h du matin.

A l’hôpital Yalgado de Ouagadougou, on ne trouvera point de policiers. "Les policiers blessés sont tous à la clinique Suka", fera savoir un agent de santé. Quant aux militaires, on les trouve aux Urgences traumatologiques. Certains sont tout ensanglantés, couchés sur des lits d’hôpital ou à même le sol. La plupart sont victimes de balles perdues tirées par leurs propres camarades. Pas de photos, ce sont les directives données par les jeunes militaires accompagnant les blessés.

Jeudi 21 décembre 2006. Il est 14h30 quand passe un cortège militaire composé d’un véhicule 4x4 blanc, d’une voiture de la "Police secours" (saisie pendant l’assaut du commissariat central de Ouagadougou) et d’une "moto cross". Tous ses véhicules sont occupés par des éléments militaires armés. Derrière eux, une ambulance se signale. Elle s’arrête devant l’entrée principale. Une haie est ouverte afin que l’élément blessé puisse être transporté. Un silence de mort s’installe dans la cour, mais il ne sera que de courte durée. Après l’évacuation du blessé, le cortège redémarre en trombe.

Qu’est-il arrivé aux éléments blessés ? Selon certains de leurs camarades, les blessés ont été victimes de balles perdues. Ils sont plus d’une dizaine dans la situation.

16h à Ouagadougou. Aucun policier en vue. Les rares stations d’essence sont submergées par les clients. Des tirs se font toujours entendre. On signale encore un couvre-feu à 20h30. Les autorités infirment cette énième rumeur. Dans la circulation fluide, des Ouagavillois se pressent pour rentrer chez eux. Les feux tricolores sont pratiquement ignorés, les parkings jadis encombrés des services sont déserts.

Par Alain DABILOUGOU

Le Pays

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