Actualités :: Affrontements militaires-policiers : Faire la paix des braves

"Ça chauffe au centre-ville, des militaires et des policiers sont en train de se rentrer dedans." C’était le premier coup de fil alarmant que nous avons reçu dans la matinée d’hier mercredi 20 décembre 2005. Après, suivra une kyrielle d’appels tout aussi inquiétants les uns que les autres.

"Les balles crépitent, je descends prendre ma voiture et je me cherche", nous a dit un autre au téléphone. Effectivement, pendant que nous conversions, le bruit sourd produit par les coups de feu était très net dans notre appareil cellulaire. "Ce sont des tirs et les soldats ont retourné leurs bérets", a précisé notre interlocuteur que nous avons, nous-même, encouragé à se mettre en sécurité. "On ne sait jamais."

Effectivement, à l’instar du citoyen lambda, peu habitué depuis un certain 15 octobre 1987 à des coups de feu d’une telle intensité en pleine ville, nous étions en train de nous triturer les méninges sur les origines de la pétarade. Nous nous sommes rappelé qu’en 1999, des hommes de tenue qui revendiquaient ce qui leur était dû après des missions à l’étranger, le Liberia par exemple, étaient descendus dans la rue et avaient fait courir les rumeurs les plus folles. Nous avions également à l’esprit cette manifestation bruyante d’élèves-policiers en février 2005. "Y a rien au village", nous rassurera un soldat, dont l’empressement contrastait pourtant avec la boutade lancée. En fait, notre "lacrou" (il était sans galon) courait récupérer un sac de riz que lui avait promis un de ses cousins commerçants. Les fêtes de fin d’année, de nouvel an et de la Tabaski sont là et il faudra bien fait face à ces dépenses prévues mais qui surprennent toujours.

N’y avait-il vraiment rien au village ? Des coups de feu étaient tirés en l’air. Même si ce n’était pas l’omerta, les langues ont refusé de se délier, tant au niveau de la hiérarchie militaire que des hommes du rang. Une fois de plus, l’armée a mérité son qualificatif de "grande muette". Comme à l’accoutumée, le bouche à oreille a fonctionné. Des versions ont été données. (voir encadré).

C’est vrai qu’on parle souvent de frictions entre ces différents corps militaires et paramilitaires. Pourtant, il est légitime de se demander si les deux raisons sus-énumérées devaient inévitablement conduire à un affrontement entre frères d’armes. Le problème ne pouvait-il se régler autrement ? La manif a en effet créé une belle panique au sein des populations que sont censées protéger militaires et policiers. "On a eu très peur", a affirmé un citoyen qui nous a appelé pour savoir ce qui se passait. On ne saurait non plus occulter le fait que le Burkina accueille actuellement de nombreux étrangers à l’occasion des sommets d’institutions, telles la CEDEAO et l’UEMOA.

Tout en déplorant les pertes en vies humaines qui seraient à la base du mouvement, on peut espérer que les premiers responsables des différents corps ont su ramener les troupes à la raison, et que l’accalmie observée se muera en paix des braves. En attendant, tous les endroits sensibles, dont la zone de la Présidence du Faso, sont sous haute surveillance et la circulation est déviée à plusieurs niveaux. Au moment où nous bouclions cette édition, des tirs nourris étaient toujours entendus dans certains quartiers.

Par Morin YAMONGBE


Où est la vérité ?

Version 1 : Lors d’un show musical au stade municipal, un militaire en civil aurait essayé d’accéder à une place autre que celle à laquelle lui donnait droit son ticket. Il aurait rencontré l’opposition des policiers de service, qui l’auraient bastonné.

Des représailles auraient alors été organisées contre les policiers. Les CRS qui font la battue contre les délinquants auraient alors été attaqués par des militaires dans la nuit du mardi 19 décembre au rond-point des Nations unies. Dans la bagarre, un des militaires aurait trouvé la mort et un autre blessé serait décédé dans la journée d’hier. Très remontés, les militaires seraient alors sortis pour faire payer cet affront aux policiers. Tout ceci reste à confirmer.

Version 2 : Les militaires seraient sortis parce qu’un policier municipal aurait retiré l’engin de l’un d’eux. Faux, a-t-on rétorqué catégoriquement du côté de la mairie. Seulement, les militaires - ils étaient très jeunes, a précisé notre interlocuteur - sont venus à l’hôtel de ville pour actionner la sirène. Ils n’ont pas pu la trouver mais s’en sont pris à trois policiers municipaux dont deux ont été hospitalisés à la clinique Suka. Les autorités municipales ont rendu visite à ces agents hier vers 12h30. Il y a eu également des dégâts matériels, notamment des ampoules cassées, des vitres brisées, une porte défoncée, etc.

Le Pays

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