Actualités :: EX-EIER-ETSHER : Crise ouverte entre la direction et les étudiants

Le comité des étudiants de l’année académique 2006-2007 de 2iE (ex-groupe EIER-ETSHER) a entamé dans la matinée du 18 décembre un mouvement de contestation contre l’administration dudit établissement, pour revendiquer "de meilleures conditions de travail".

Le dialogue n’était pas au rendez-vous ce lundi, car, pour Paul Giniès, directeur général de cette école, et son équipe, leurs pensionnaires veulent tout juste "profiter d’un luxe exagéré".

Face au son d’ustensiles de cuisine et cris de détresse d’étudiants mécontents se tenait une administration sereine.

Direction générale de 2iE, plus connue sous le nom d’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (ex-groupe EIER- ETSHER), le 18 décembre 2006. Il est 8h30 quand notre véhicule s’arrête devant la porte d’entrée principale de l’établissement. Juste en face de nous, une cinquantaine d’étudiants en colère manifestent de façon pacifique mais bruyante.

C’est tout un concert de casseroles et poêles qui est organisé. Deux refrains se succèdent : "on veut la liberté", "on veut étudier". A la vue du véhicule, c’est un cri de joie qui jaillit du groupe. Les décibels montent et quelques étudiants se séparent du lot des manifestants pour "nous accueillir" et expliquer la situation.

Quid des revendications ?

Bieupoudé Guelaih Pascal, secrétaire général du comité des étudiants du 2iE, ne se fera pas prier pour donner les raisons de leur mécontentement. Selon lui, leur débraillage du jour est une décision prise lors des assemblées générales extraordinaires qu’ils ont tenues les 15 et 17 décembre derniers, sur les sites de Ouaga et Kamboinsé. "Notre mouvement de ce matin est normal.

En effet, nous sommes préoccupés par plusieurs problèmes dans cette école. Nous n’avons pas de cadre d’échange avec notre administration qui sait pourtant que nous représentons ici 14 Etats africains. Nos Etats paient des millions... Je suis Ivoirien et ma formation coûte au total 13 millions de F CFA à mon pays. Nous sommes en tout 26 Ivoiriens dans cette école", fera-t-il savoir.

Et d’ajouter que leur retour en salle de classe ne sera effectif que si l’administration respecte leur plate-forme revendicative :
- la redéfinition du statut du comité dans l’école,
- la suspension de la fermeture des salles de classe et d’informatique sur les deux sites,
- l’annulation de toutes mesures disciplinaires susceptibles d’être prises à l’encontre des "étudiants qui demandent le minimum", l’annulation de la décision d’affecter un "amphithéâtre très inadapté aux étudiants de Master 1",
- le paiement effectif des bourses des étudiants,
- la création d’un cadre de concertation entre étudiants et administration,
- la résolution des problèmes liés aux coupures d’eau et d’électricité sur le site de Kamboinsé, et au manque de polycopies,
- l’éclairage des voies et pistes menant aux différents sites,
- la "non-programmation d’un même enseignant pour deux cours à la même heure dans deux classes différentes,
- l’augmentation du nombre de bus desservant le site de Kamboinsé, ou du nombre de navettes que ces véhicules font par jour,
- l’allégement des conditions de paiement des loyers des chambres.

A propos de bourses d’études

A quelques mètres de nous, le groupe d’étudiants mécontents continuait de faire son tintamarre, quand un vigile de l’établissement sortit de la cour et se dirigea vers notre véhicule de reportage. A peine eut-il le temps d’émettre un mot qu’il est assailli par les manifestants criant à hautes voix : "Ils ne partiront pas d’ici. C’est nous qui les avons appelés." L’atmosphère se détendra quelques minutes plus tard, après que l’homme a présenté l’objet de son déplacement : l’administration de 2iE demandait à rencontrer la presse. Une invitation à laquelle nous répondrons aussitôt.

C’est dans le salon de son bureau que Paul Giniès, directeur général, et ses collaborateurs directs, Dr Amadou Hama Maïga, directeur général adjoint, et Kouassi Kouamé, directeur des Etudes et des services académiques, nous accueilleront. Pour eux, l’agitation de leurs étudiants n’a qu’une seule explication : " C’est un luxe exagéré qu’ils réclament. Ils ont tout ce qu’ils veulent. Ils sont tous dans des salles climatisées, ils étudient dans des salles bien équipées. Ils ont pour la plupart des ordinateurs portables. Ils vivent dans des conditions que beaucoup d’étudiants ne vivent pas en Europe. Ils sont dans toutes les conditions pédagogiques pour prendre les cours. Ils sont 65 ici et refusent de prendre cours dans un amphithéâtre de 300 places qui est pourtant bien équipé ".

Qu’en est-il de la bourse et des sanctions affligées aux "meneurs" ? Dans sa réponse, le Dr Amadou Hama Maïga fera savoir qu’aucun Etat ne paie pour les activités pédagogiques de l’école, et Kouassi Kouamé d’ajouter qu’aucun étudiant n’a été sanctionné pour avoir mené une manifestation. Prenant la parole à son tour, le DG de 2iE fera savoir que les réformes faites dans son école ont été décidées par les Etats membres de l’ex-groupe EIER-ETSHER (GEE) et non par l’administration. Pour lui, étudiants et administration devaient néanmoins s’unir afin de pousser les pays membres du groupe à payer leur dette qui s’élève aujourd’hui à plus d’un milliard de F CFA.

Y aura-t-il une solution dans l’immédiat ? A cette question, le Dr Amadou Hama Maïga répondra "non". La direction de 2iE estime que le comité d’étudiants à la base de la manif n’est pas représentative. "Nous n’avons jamais reçu de doléances d’un comité d’étudiant dûment élu et représentatif", fait savoir le DG. Et d’ajouter que pour faciliter la tâche des étudiants, son école a dû quelquefois préfinancer leurs bourses en attendant que leurs Etats se manifestent.

Pour ce qui concerne le loyer- estimé à 180 000 F CFA la chambre pour une personne et par an, contre 120 000 F CFA pour deux- l’administration de l’école a déclaré que les conditions de paiement avaient été imposées par un prestataire de service privé. "L’année dernière, certains étudiants n’ont pas versé leur loyer et la société a eu un manquant de plus de 5 000 000 de F CFA. Elle a donc décidé que la totalité du loyer soit versée par les locataires avant d’emménager dans les chambres. J’ajoute également que les étudiants ne sont pas obligés de louer ces chambres."

Par Alain DABILOUGOU

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