Actualités :: "Puisque je vous dis que le Burkina avance, avance..."

Comme nous l’écrivions dans notre édition d’hier, le Premier ministre Ernest Paramanga Yonli (EPY) a sacrifié aux dispositions de l’article 109 de la Constitution et s’est donc adressé directement à la représentation nationale pour lui faire l’état de la nation burkinabè :
insécurité, lutte contre la pauvreté, incendie de Rood Woko et conséquences, agriculture, eau, lutte contre la méningite ont constitué autant d’arrêts de ce grand oral du locataire de la primature.

Le contraire aurait étonné le citoyen Lambda, car si l’actualité nationale est dominée par le procès des présumés putschistes, la hantise de l’insécurité, qui prend des proportions inquiétantes au Faso, ne pouvait que figurer au début de cet état des lieux : "Le nombre des attaques à main armée a connu un accroissement dont les effets, combinés à la témérité des délinquants, à la violence de leurs actions et au perfectionnement des armes utilisées, sèment la désolation au sein de nos braves populations".

2,5 milliards pour renforcer la sécurité

Face à cet état de fait, EPY, tout en s’inclinant devant la douleur de toutes les familles touchées, a rappelé que l’Etat exercera sa fonction régalienne en la matière : combattre la délinquance et l’insécurité sous toutes leurs formes. Ainsi, la loi n° 032/2003/AN du 14 mai 2003 relative à la sécurité intérieure se concrétisera en un de ses aspects par la "formalisation du concept de police de proximité". En outre, le département de la Sécurité aura dans son escarcelle 2,5 milliards de FCFA au titre du budget 2004, en sus de la dotation initiale.

Par ailleurs, un des piliers de l’Etat de droit, la justice, poursuivra sa réforme à travers son Plan d’action national de réforme 2002-2006 afin de rapprocher la justice des justiciables. Car, selon Yonli, le respect des principes constitutionnels doit être garanti, et c’est cet esprit qui a dicté "la gestion de la tentative de putsch dont le jugement a commencé le 6 avril 2004".

L’informatisation du fichier électoral, enclenchée par la CENI ainsi que le renforcement des capacités et des moyens d’action des collectivités locales en cours participent à la promotion de l’Etat de droit, selon l’orateur d’hier. L’effort d’équipement des médias publics sera poursuivi (RTB, Sidwaya, radio rurale).

La lutte contre la pauvreté, à travers des actions qui s’inscrivent dans la durée, est également une des priorités du gouvernement. Le taux de croissance économique est de 6,5% en 2003, le PIB en termes réels est de 1548 milliards (avec les secteurs tertiaire à hauteur de 45,8%, primaire pour 30,5%, et secondaire pour 20,5%) et l’inflation tourne autour de 1,7%.
EPY reste convaincu que si l’on considérait le PIB par tête d’habitant, notre pays se classerait devant certains pays africains aux sous-sols riches.

Economiquement, le Burkina, en début 2004, a enregistré quelques acquis et beaucoup d’insuffisances. Néanmoins, en matière de recouvrement des recettes, en 2003 il y a eu 461,8 milliards dans les caisses de l’Etat (au 31 décembre 2003) contre une prévision de 505,6 milliards (soit un taux de réalisation de 91,3%). Satisfecit, mais les populations sont toujours dans l’attente d’une traduction concrète de ces performances dans leur vécu quotidien.

Pour faire monter davantage la courbe de la croissance, le gouvernement a deux référentiels : le CSLP (Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté) révisé, et la prospective "Burkina 2025", le premier comportant un programme d’actions prioritaires 2004-2006. Dans le même registre économique, l’année 2003 aura été celle de l’incendie du grand marché de Ouagadougou le 27 mai.

En ce premier trimestre 2004, le Premier ministre burkinabè a soutenu que l’actuel emplacement pour "recaser" les commerçants de Rood Woko est en cours d’aménagement avec un budget de près de 1,835 milliard de FCFA (910 millions pour l’aménagement et 925 millions pour le bitumage des voies).

La croissance n’est pas comestible

Le spectre de la faim hantera moins les foyers, car l’excédent céréalier est une réalité. Devant les députés, EPY a égrené les chiffres en matière agricole : 3 564 281 tonnes de céréales, soit 14,3% d’augmentation par rapport à 2002, ce qui représente un excédent de près d’un million de tonnes.

L’eau, avec le barrage de Soum (Boulkiemdé) qui a une capacité de 75 millions de m3 est une réalité, et les études du barrage de Samandeni sont avancées en ces trois premiers mois de 2004. Mais il faudra pour la biennale-eau 2004-2005 une somme de 172 milliards.
En matière de routes, la voie Pâ-Dano-Diébougou-Gaoua-Kampti-frontière de la Côte d’Ivoire (231 km) est réalisée, et celle qui relie Ouaga, Léo et la frontière du Ghana est à moitié bitumée.

Le cycle infernal de la méningite sera-t-il rompu cette année ? A en croire Yonli, le gouvernement a alloué 5,524 milliards de FCFA pour l’exécution du plan de riposte à une éventuelle épidémie en 2004. L’éducation, un des moteurs de développement d’un pays, est d’un niveau encourageant avec 50% de taux de scolarisation au primaire dont 45,17% de filles en 2003.

En 1 heure à peu près, le locataire du 10, rue Agostino Neto n’a pas perdu de son optimisme, dont il avait du reste fait preuve le 20 mars 2003, lors de son précédent discours sur l’état de la Nation. A l’entendre ce 8 avril 2004, le chef du gouvernement reste convaincu que les Burkinabè verront (quand ?) leurs aspirations comblées. Il y a foi, et avec son "équipe de combat", il pense réaliser le programme pour un développement solidaire, référentiel de travail à lui assigné par son patron, Blaise Compaoré.

Une chose est sûre cependant, son optimisme a peu de chance d’être contagieux, car, ainsi que nous le relevions plus haut, les bons chiffres qu’il a débités ne se ressentent pas (encore) dans le panier de la ménagère. Plus que jamais, la croissance n’est pas comestible, et comme le chef du gouvernement lui-même avait dû l’avouer, la pauvreté a encore gagné du terrain dans notre pays.
Si le discours du PM n’était pas soumis à vote, lors des débats qui ont suivi son intervention, l’opposition n’a pas manqué de peindre un tableau différent de celui esquissé par Paramanga.

Le Burkina de Yonli qui soutient mordicus que le pays "avance, avance, ne recule pas, et ne reculera jamais" n’est manifestement pas celui de tout le monde.

Z. Dieudonné Zoungrana
L’Observateur Pallga

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