Actualités :: Violences faits aux femmes : Privilégier la culture de l’harmonie au (...)

"Femmes noires, femmes africaines...
O toi ma mère ! je pense à toi..."

Tout petits, les écoliers africains ont appris ce poème de Camara Laye, un hommage à la femme noire et à la femme, mère de l’humanité.

Plusieurs décennies après, l’Afrique est toujours à la recherche d’un équilibre psychologique et social par rapport à la place qu’il faut accorder à l’autre moitié du ciel. Femmes des villes et des campagnes se liguent pour faire entendre leur voix. Reléguées au second plan de la vie publique, elles veulent un peu de place au soleil. Des coalitions se forment pour sortir la femme africaine de l’ornière de la pauvreté. Naissent alors les projets de renforcement des capacités des femmes et les projets de financement des activités rémunératrices. Une femme riche égale un ménage riche dit-on.

Mais voilà, depuis une décennie, au nom du droit à l’intégrité physique, les violences faites aux femmes sont devenues le thème de campagne de plusieurs associations et ONG. Un combat noble et nécessaire pour éliminer toutes les formes de violence. L’excision par exemple est une des pratiques ancestrales, qui est en train de disparaître face au plaidoyer des associations et des ONG. Un combat de longue haleine pour lequel toutes les énergies ont été mobilisées. Ce plaidoyer-là a eu l’avantage d’impliquer tous les acteurs sociaux concernés.

De fait, au Burkina Faso, les mutilations génitales féminines (MGF) sont désormais réprimées par la loi. Une victoire pour les femmes ? Pas seulement elles, puisque la nation entière a adhéré au principe de la répression, donc à l’interdiction des MGF. Maintenant, il s’agit de démasquer et de réprimer les auteurs et les complices des MGF.

Il y a cependant, parmi les violences faites aux femmes, les violences conjugales. Elles sont le plus souvent physiques. Et elles font autant de ravages que celles dites morales ou psychologiques. Ces violences-là sont multiformes et difficiles à détecter.

Dans le silence des foyers, il se passe des choses volontairement tues, par pudeur, par peur de tout perdre, de ne pas être la risée de l’entourage. Souvent, les voisins en savent des choses, mais personne ne veut se mêler des palabres dans un couple. Une fuite de responsabilité qui s’apparente dans certains cas à de la non- assistance à personne en danger.

Le phénomène est surtout concentré en zone urbaine où l’individualisme et la dislocation de la famille ont pris le pas sur la gestion communautaire des problèmes sociaux. Le "développement" y est certainement pour quelque chose. Avec son cortège de stress, de course effrénée pour assurer le revenu familial à travers des emplois de plus en plus précaires, notre époque modifie sensiblement les rapports au sein du couple.

Les femmes de plus en plus autonomes et entreprenantes arrivent à faire la "concurrence" aux hommes en termes de capacité financière. Si la capacité financière devait déterminer le titre de chef de famille, beaucoup de femmes le seraient aujourd’hui. La recrudescence des cas de violences conjugales est à rechercher donc dans les conditions de vie, l’environnement et peut-être dans le niveau d’éducation des partenaires.

Loin de nous, l’idée de dire que l’Afrique traditionnelle ne connaissait pas de violences conjugales. C’est plutôt une question de degré et les recours sociaux permettaient de traiter la question rapidement.

C’est pour cela qu’il est nécessaire de dépasser l’angle actuel du plaidoyer contre les violences conjugales, qui consiste à victimiser la femme. Elle n’est pas toujours la victime innocente qu’on veut présenter. Et les hommes ne sont pas toujours les brutes que l’on veut nous faire croire. A côté du plaidoyer actuel, il faudrait que les associations et ONG intègrent la dimension de l’harmonie conjugale. Elles doivent réorienter leurs messages sur le couple afin d’attirer à elles ces hommes qui battent leur femme, et qui ont peut-être des choses à dire. Cela ne justifie pas, quelle que soit la faute, l’usage de la violence comme solution au règlement des conflits.

Une fois identifiées les formes de violence, comment les traiter sans casser l’harmonie du couple ? L’objectif de toutes ces campagnes n’est-il pas de rendre la femme plus heureuse et épanouie, débarrassée de toutes les pesanteurs sociales qui empêchent l’affirmation de sa personnalité et de ses qualités ? Et le foyer doit rester le lieu de rencontre de deux conjoints pour construire ensemble le bonheur ou ce qui y ressemble. Finalement, l’homme fouettard et la femme battue ont probablement tous besoin d’assistance. Le plaidoyer devrait pouvoir prendre en compte cette dimension pour aller progressivement vers la construction de l’harmonie conjugale.

Le Pays

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