Actualités :: Haute criminalité : faut-il appliquer la même peine aux criminels et autres (...)

Entre la corruption et la haute criminalité, il y a des analogies qui bloquent ou sont des facteurs de blocage à leur éradication. La tolérance zéro, ne pourra être obtenue tant que dans l’application des peines, le deux poids deux mesures restera la règle de droit. S’il y a des corrompus, c’est qu’il y a des corrupteurs. Or, face à la loi, les corrompus et les corrupteurs n’encourent pas les mêmes sanctions. Souvent ce sont les corrompus qui prennent la route de la prison, pendant que les corrupteurs se la coulent douce et continuent de semer le venin de la corruption. Avec de telles sanctions disproportionnées, la corruption a la vie longue dans nos cités.

Comparaison n’est certes pas raison. Mais, avouons que le lien entre la corruption et la haute criminalité, en ce qui concerne la répression, sont les deux faces d’une même médaille. La haute criminalité dans nos villes et campagnes genère un nouveau genre de parvenus à col sale, taché de sang, à qui l’on pourrait donner la communion sans hésiter. Elle est aujourd’hui un juteux commerce mafieux dans lequel se lancent tous ceux qui préfèrent ôter la vie d’autrui devenant ainsi des tueurs sans foi ni loi. La "traite" des organes humains est la face hideuse de la haute criminalité.

Les analystes simplistes rechercheront les causes exclusivement dans le chômage, la pauvreté et son lot de misère, la morale agonisante... A bien voir, les criminels qui sévissent actuellement ne sont pas au chômage. La fortune par tous les moyens semble être le mobile principal de ces criminels. Sans vouloir minimiser toutes les raisons évoquées, il convient de savoir que pour la répression des crimes mafieux et autres assassinats, les sanctions ne sont pas à la hauteur des forfaits. Comme pour la corruption, il ne faut pas viser seulement le corrompu mais aussi le corrupteur. Tout le système.

La haute criminalité doit être combattue en tant que système dans lequel commanditaires, assassins, complices, receleurs, sont tous coupables. S’il y a des voleurs, c’est qu’il y a des receleurs qui écoulent le butin. S’il y a des assassinats pour la "traite" des organes humains, c’est qu’il y a des acheteurs. Certes, nous ne sommes pas des partisans de la peine de mort. Mais faut-il par notre humanisme oublier qu’une vie est égale à une vie ? En retenant la peine de mort contre les assassins du frère Ignace Garcia, des demoiselles Adissa Kouanda et Salima Jeanne Marie Lingani, de Elie Y. Zoungrana et des trois agents de la Police nationale, la Justice burkinabè veut-elle attaquer le mal par la racine ? Si tel est le cas, les complices, receleurs, commanditaires doivent se voir appliquer les mêmes peines. C’est tout le système qu’il faut réprimer. Vouloir situer les degrés de responsabilité relèvera d’une manœuvre de diversion. Quand il s’agit de crimes aussi vils et crapuleux, pour des raisons mercantiles tous les acteurs sont coupables au même degré.

Les derniers crimes ont confirmé que force doit rester à la loi. Si les limiers de la gendarmerie et de la police sont arrivés à ces succès élogieux par leurs enquêtes et investigations c’est parce qu’il n’y a pas eu d’interférence. Les crimes que les uns et les autres se précipitent à politiser conduisent toujours au Burkina comme partout dans le monde à l’impasse. Il n’y a donc pas meilleur moyen d’enterrer un dossier criminel que de le politiser. Lorsque les assassinats sont exploités comme des moyens pour la conquête du pouvoir, l’on crée un environnement délétère, confus. Ainsi, les pistes sont brouillées permettant aux criminels de profiter de la bataille politicienne pour se dissiper dans la nature. La justice a besoin de sérénité pour être au service des populations. Les dossiers Norbert Zongo, Michel Congo, Père Célestino restent pendants devant la justice, n’est-ce pas parce qu’ils ont été hyper-politisés et sur-médiatisés, permettant ainsi de brouiller les pistes ? Plus que tout, le dossier Norbert Zongo est la plus grande victime de la politique.

A présent que la leçon des choses est faite, laissons la justice s’assumer entièrement face à la lutte contre la haute criminalité qui produit une race de fortunés du sang et de la "traite" des organes humains. Aura-t-elle la main lourde ou légère ? Verdict très prochainement.

Michel OUEDRAOGO

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