Actualités :: Déclaration : la situation nationale toujours préoccupante

Lumière, toute la lumière sur la tentative présumée de putsch révélée en début octobre par le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, Abdoulaye Barry, et l’assassinat de Tidiane Bibagui Paré le 17 octobre dernier, c’est ce qu’exigent des autorités burkinabè Tahirou I. Zon et Christian T. Koné, respectivement présidents du Front patriotique pour le changement/Yelemani (FPC) et du Parti national républicain/Juste voie (PNR/JV).
La situation nationale est toujours préoccupante, concluent-ils dans la déclaration qu’on lira ci-après.

Deux événements graves marquent aujourd’hui l’actualité nationale et montrent que notre pays est loin d’être sorti de la crise socio-politique consécutive à l’assassinat de Norbert Zongo et de ses compagnons le 13 décembre 1998. Il s’agit tout d’abord de la "tentative de putsch" qui aurait été éventée le 7 octobre dernier et de l’élimination violente par balles de Paré Bibagui Tidiane, membre du bureau politique du CDP, le 17 octobre 2003.
Ces deux faits viennent prouver à tous ceux qui pouvaient en douter que la violence est toujours vivace dans les mœurs politiques au Burkina Faso.

1. Sur la tentative présumée de coup d’Etat

Bien que nous soyions très dubitatifs sur la réalité du putsch, le Parti national républicain/Juste voie (PNR/JV) et le Front patriotique pour le changement/Yelemani (FPC) réaffirment ici leur opposition absolue à toute forme de prise du pouvoir par des putschs. Nous sommes résolument attachés aux principes démocratiques et à la forme républicaine de l’Etat dans lesquels notre pays s’est engagé depuis l’adoption de la Constitution du 2 juin 1991.
Toutefois, le PNR/JV et le FPC/Yelemani mettent en garde le pouvoir de la IVe République contre toute dérive ou tentation d’utiliser le prétexte du putsch présumé pour abattre une répression tous azimuts sur les partis de l’opposition et singulièrement ceux du G14.
Il appartient à la justice de tirer au clair cette ténébreuse affaire. Tous les inculpés doivent bénéficier d’un procès équitable garantissant le plein respect des droits de la défense.
Nous disons en outre que dans nos républiques bananières, les tentatives de putsch, les rébellions, l’élimination physique des adversaires politiques, tirent leurs causes de la malgouvernance, des brimades et frustrations subies par des catégories de citoyens, de la marginalisation de nationalités et des régions entières que l’on écarte délibéremment des actions de développement, comme c’est actuellement le cas pour les régions de l’Ouest du Burkina Faso.
N’ayons pas peur des mots. Osons dénoncer le régionalisme qui a cours dans notre pays. Si nous n’y prenons garde, si nous fermons nos yeux et nos oreilles, ce qui est arrivé en Casamance (Sénégal) et récemment en Côte d’Ivoire menacée de sécéssion, se produira nécessairement ici et ce pour le malheur de nos populations qui aspirent à la paix, au développement économique et social.
Nous sommes pour le traitement équitable de toutes les régions et de toutes les nationalités du pays. Le développement doit profiter à toutes les communautés dans la nation.
Le PNR/JV et le FPC/Yelemani sont attachés à l’unité nationale par dessus tout. C’est bien pourquoi nous ne cesserons jamais de mettre le doigt sur toutes les prémices qui favorisent le régionalisme et peuvent porter atteinte à l’unité de la nation burkinabè.
Nous ne nous laisserons jamais intimider par ceux qui nous traitent de régionalistes, voire de Lepennistes. Les vrais régionalistes sont ceux qui, ouvertement et dans l’ombre, œuvrent et s’organisent pour que le développement économique et le pouvoir politique au Burkina soient réservés au seul groupe ethnique soit disant majoritaire.
La crise politique de décembre 1998 a révélé notre marginalisation sur l’échiquier politique national, notre amateurisme en la matière est si évident que les affaires du pays se gèrent sans la participation effective de tous les acteurs politiques, toute chose qui devrait émouvoir nos bonnes consciences.
Alors que dans certains cercles bien avisés, cette crise a permis un recentrage, une reprise des choses en mains pour prévenir tout passage même temporaire du pouvoir exécutif à l’Ouest. Ils ont vite fait de verrouiller le système en remplaçant durablement le pouvoir politique au centre.
D’où la remise en cause récente du sacro-saint principe du respect des grands équilibres régionaux dans la gestion du pouvoir d’Etat et notamment la dévolution des pouvoirs entre exécutif et législatif. Aujourd’hui, le président de l’Assemblée nationale n’est plus originaire de l’Ouest comme par le passé.
On se souvient que lors de l’installation de la dernière législature, le journal l’Indépendant s’était inquiété du non respect des équilibres régionaux traditionnels. Mais on constate que cela n’inquiète nullement ceux qui sont aux affaires aujourd’hui. Leur boulimie du pouvoir passe avant l’unité nationale.
Bien entendu cela ajoute aux frustrations des autres communautés en particulier celles de l’ouest et du sud du pays.
En effet, les motifs de frustrations sont nombreux.
Prenons le cas de la boucle du Mouhoun. Cette région est la plus grande productrice du coton, la principale source de devises pour notre économie depuis de très nombreuses années. Cela est connu de tous. Mais voici paradoxalement une région qui réclame à cor et à cri depuis longtemps son désenclavement en vain : aucune route bitumée ne la relie ni à la capitale ni à Bobo-Dioulasso deuxième ville du pays. Le lancement avec grand bruit des travaux de bitumage de la route de Bobo-Dédougou (RN8) avait pourtant suscité beaucoup d’espoir. Force est constater que ce projet qui devait démarrer en mars 2003, est resté sans suite "et puis il n’y a rien".
Que devient le projet du barrage de Noumbiel ? Les travaux ont pourtant été officiellement lancés, "et puis il n’y a rien". Le barrage de Samandéni, près de Bobo, n’a pas été réalisé lui aussi "et puis il n’y a rien". Il ne faut pas oublier non plus que l’enclavement et la marginalisation de toutes ces régions de l’Ouest seront agravés au plus haut point si la RN1 et notamment le tronçon Bobo-Boromo n’est pas entièrement repris et correctement bitumé dans les règles de l’art et dans les meilleurs délais.
En effet, la Côte d’Ivoire n’est plus notre principale source d’approvisionnement à partir d’un port. Le pas est vite franchi par certains qui pourraient prétendre que cet axe n’est plus prioritaire (question stratégique, d’asservir en l’affaiblissant économiquement).
C’est bien pourquoi la réaction de l’Union européenne quant à l’affaire de la RN1 nous paraît insuffisante. Si d’ici à deux ans, les travaux ne sont pas entièrement repris, alors ce sera la catastrophe pour toutes les régions concernées.
Dans cette affaire de la RN1, nous constatons que le bailleur de fonds était européen (l’UE), l’entreprise chargée des travaux était européenne (Razel), le Bureau de contrôle du chantier était européen (DIWI) : l’argent est reparti d’où il était venu et il n’y a pas de route. Quel commentaire faut-il faire encore ?

Le sort de la route nationale (...) Ouaga Saponé frontière du Ghana accuse elle aussi un grand retard, toujours pour les mêmes raisons. Les autres peuples acceptent, avalent tout sans broncher. Alors on fait ce que l’on veut avec des complicités au plus haut niveau de l’Etat et puis il n’y a rien. Là aussi, l’argent a été mangé et les travaux arrêtés. On verra après.

2. Sur l’assassinat d’un cadre du CDP

Le PNR/JV et le FPC/Yelemani condamnent avec la dernière énergie l’élimination violente de M. Paré Bibagui Tidiane. Quels que soient les mobiles du crime, il faut reconnaître que là aussi le pouvoir de la IVe République doit des explications à la nation entière ne serait-ce que sur sa politique sécuritaire.

Ce crime de plus ne doit en aucune façon démeurer impuni comme tant d’autres. Pour notre part, nous constatons que l’assassinat de ce cadre de l’Etat intervient dans le contexte d’un coup d’Etat présumé. Y a-t-il un lien entre les deux affaires ? ou bien a-t-on saisi l’opportunité de la psychose d’un putsch pour perpétrer un règlement de compte d’un autre genre ?

Que d’ombres et de points d’interrogations.
Une fois de plus, nous disons que cette affaire ne doit pas servir de prétexte pour engager une chasse aux sorcières contre l’opposition, ni pour marginaliser certaines parties de la communauté nationale.

En effet, que signifie cette rumeur distillée insidieusement selon laquelle la tentative de putsch serait le fait de "non mossi" qui veulent arracher le pouvoir aux mossis ?
Non, il faut arrêter ces dérives porteuses des plus grands dangers pour la paix dans notre pays. Il ne faut pas en rajouter encore à la marginalisation économique et sociale de certaines régions du pays, la mise à l’écart politique des fils de nos régions en les diabolisant et en les livrant à la vindicte populaire. Notre option politique fondamentale est la voie démocratique pour parvenir au pouvoir. Nous sommes attaché à la forme républicaine de l’Etat, l’égalité entre toutes les régions et nationalités que composent notre pays.

Incontestablement le pays va de plus en plus mal.
En effet, au moment où nous écrivons ces lignes, le directeur de publication du journal L’Indépendant, vient d’être l’objet d’actes d’intimidation ou de tentative d’assassinat parce qu’il a osé dénoncer un réseau mafieu de syro-libanais coupables de contrefaçons et de fraudes sur les engins à 2 roues au détriment de notre Trésor public : un crime économique par excellence.

Il y a fort à parier que si ces gens ont pu agir dans une impunité totale, c’est certainement parce qu’au plus haut niveau de l’Etat des dignitaires du régime mangent goulument dans les mains de ces Libanais qui ruinent notre économie comme ils l’ont fait en Sierra Leone, en Côte d’Ivoire et au Liberia. Pendant ce temps, l’Etat ne fait rien ni pour aider nos opérateurs économiques, ni pour les protéger.

Nous sommes également très inquiets de la situation qui prévaut dans les unités du groupe IPS que dirige le tout-puissant Aga Kan. C’est ce groupe qui contrôle SN-SOSUCO, Faso Plast, Air Burkina. Si dans toutes ces entreprises, la gestion est identique à ce qui se passe à la SN-SOSUCO, on peut s’attendre à leur faillite inéluctable.

C’est le lieu ici de mettre en garde le groupe IPS, ses accolytes et l’Etat burkinabè que désormais les choses ne seront plus comme avant. IPS doit partir du Burkina avant que tout ne soit mis sans dessus dessous. Un réseau de mafieux ne peut agir impunément au vu et au su des citoyens. L’Etat doit prendre ses responsabilités ou alors les populations concernées en tireront toutes les conséquences.
Notre option politique fondamentale est la voie démocratique pour parvenir au pouvoir. Nous sommes attachés à la forme républicaine de l’Etat, l’égalité entre toutes les régions et nationalités qui composent notre pays.

Désormais, nous ne nous tairons plus face à tous les agissements des dirigeants du moment qui mettent en danger l’avenir de nos régions et qui risquent de briser l’unité nationale chère à ceux qui aiment vraiment leur peuple.
A bon entendeur, salut !

Le Front patriotique pour le changement/Yelemani
Le président :

Le Parti national républicain/Juste voie
Le président :

Tahirou I. Zon & Christian T. Koné

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