Actualités :: ME HERMANN YAMÉOGO : "Je refuse d’être le bouc émissaire"

Pendant les manifestations des ex-locataires de Rood Woko du 12 au 14 février 2004 avec les saccages qui en ont résulté, des doigts accusateurs ont été pointés sur certaines structures civiles et politiques comme ayant soutenu en sous-main lesdits événements.

Font partie des structures quasi explicitement incriminées, celle de Me Hermann Yaméogo, à savoir l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) qu’un communiqué du CDP a nommément citée (cf. L’Observateur n°6081 du 16/02/2004).
Voilà ce qu’en pense Me Hermann Yaméogo, son président, qui a bien voulu se prêter à nos questions

Avez-vous des nouvelles de votre militant Louis Nama qui a été interpellé ?

• Nous avons d’abord cherché à savoir où il était et les raisons de son interpellation. Par le canal de sa famille, nous avons pu le localiser. Il est à la Surêté. Mais jusqu’à l’heure où je vous parle, nous ne connaissons pas les motifs de son arrestation. Cependant, à travers certains de nos militants qui ont été aussi interpellés, il ressort que les questions tournaient autour des manifestations des commerçants.

Vous faites beaucoup de sorties médiatiques ces derniers temps. Qu’est-ce qui explique cette attitude ?

• Lorsqu’on est agressé et que par des déclarations publiques et officielles, on incrimine notre parti et en me citant nomément, il est normal que je réagisse. Il n’est pas question que j’apparaisse comme un bouc émissaire dans cette affaire et que l’on m’impute la gestion catastrophique du pouvoir.

Vous semblez en avoir gros sur le cœur contre le pouvoir en place !

• Cela n’a rien de personnel. En tant qu’opposant, je me dois de dénoncer tout ce qui ne va pas dans la gouvernance, surtout pour un opposant qui ambitionne la conquête du pouvoir. Ceci, aux plans politique, économique et social. C’est le rôle de tout parti d’opposition. Il est inutile de jeter des fleurs quand on utilise des méthodes répressives.

Revendiquez-vous toujours votre place de chef de file de l’opposition ?

• Cette place se mérite sur le terrain. Depuis longtemps, devant les tergiversations du pouvoir, j’ai montré que je ne me battrais pas pour avoir quelque chose qui m’est revenu de droit de par les suffrages populaires. S’il faut faire des salamalecs, des couci-couça pour avoir cela, je préfère les laisser donner ce titre à des personnalités qu’ils vont choisir, celles qui leur sembleront plus accommodantes.

C’est l’occasion pour dire que nous ne critiquons pas pour critiquer, nous sommes une force de proposition. Tout ce que nous proposons concourt à asseoir une bonne gouvernance transparente.

Quelle lecture faites-vous des événements qui se sont passés à propos de Rood Woko ?

• Il y a quelque temps, j’avais fait une adresse aux militants sur un certain nombre de dérives, pour exprimer des inquiétudes relatives à des phénomènes de prédation.

Avez-vous vu venir ces manifestations ?

• A l’instar de beaucoup de Burkinabè et d’observateurs qui lisent la gestion de ce pouvoir, de la politique diplomatique hasardeuse, des problèmes qui se posent au niveau de la fonction publique,dans l’armée et dans le secteur, on pouvait tirer des enseignements sur ce qui pourrait arriver. Gouverner, c’est prévoir, et le fait que les autorités n’aient pu prévenir ce qui est arrivé est une preuve de...

A l’époque, je leur avais prédit que s’il n’y avait pas une volonté politique et un dialogue démocratique pour revenir sur cette manière de gérer, on courrait vers des catastrophes et que j’avais peur pour mon pays. Voyez ce qui s’est passé après l’incendie du marché : on n’a pas cherché à situer les responsabilités ni à indemniser les commerçants ; on a fait traîner les choses en longueur. Alors que des gens sont dans la peine et la souffrance, on leur demande de participer à la construction de hangars.Comment voulez-vous qu’il n’y ait pas des extrapolations ? Quand les rumeurs avaient commencé à circuler, on devait leur donner des informations claires et nettes.

Par ailleurs, si on avait peur des dérapages, on aurait dû prendre des dispositions à temps pour les éviter, par des mesures préventives. J’interprète cela comme l’expression d’une gestion cavalière, de la conviction qu’on peut tout régler par le fer et par le feu ; et maintenant on se défonce sur l’opposition, sur l’UNDD en l’occurrence.

Pourtant, le communiqué du CDP voit la main de partis politiques, notamment du vôtre dans cette affaire.

• C’est tellement grotesque ! Tout le monde sait que ce secteur des commerçants est un bastion du parti au pouvoir. C’est eux qui contraient les manifestations de l’opposition et du Collectif. C’est encore eux qui ont toujours assuré la réélection des responsables décentralisés.

Comment pourrions-nous du jour au lendemain les faire basculer ? Comment pourrions-nous les rencontrer et travailler avec eux sans que les services spéciaux en soient informés ? C’est dommage qu’après presque 20 ans de pouvoir on en soit à ces procédés.

N’y a-t-il pas une récupération de ces événements de Rood Woko ?

• Il ne faut pas compter sur l’opposition pour caresser le pouvoir dans le sens du poil, pour lui faire grâce de ses erreurs ! Le rôle de l’opposition c’est aussi exploiter les erreurs du pouvoir, surtout que ces erreurs s’accumulent et sont récurrentes.

Quant aux accusations de déstabilisation et d’incivisme, nous disons haut et fort que nous ne violons pas la constitution. En outre, nous ne nous immisçons pas dans les affaires intérieures d’autres Etats. Nous sommes des pacifistes attachés à une véritable démocratie dans notre pays. Nous ne pouvons pas nous taire sur les causes et les responsabilités.

L’Observateur

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