Actualités :: Affaire Rood Woko : Le gouvernement entre fermeté et volonté de (...)

Les ministres Yipènè Djibrill Bassolé de la Sécurité et Benoît Ouattara du Commerce ont animé dans l’après-midi d’hier 18 février 2004, une conférence de presse à l’immeuble du 15 Octobre à Ouagadougou. A l’ordre du jour, les événements violents survenus après la tentative, par des associations de commerçants, de tenir une assemblée générale sur le site du grand marché de Ouagadougou (Rood Woko). Saisissant cette occasion, ils ont donné le son de cloche gouvernemental sur "l’affaire Rood Woko", réaffirmé la volonté de l’Etat de maintenir l’ordre public tout en restant ouvert au dialogue social...

"Cette rencontre obéit au souci d’information objective et de transparence qui a toujours animé le gouvernement dans ses relations avec les organes de presse et les médias et qui consiste à vous donner l’information à la source et procéder à des échanges directs chaque fois que des événements marquants surviennent dans notre pays", a déclaré d’entrée de jeu, Benoît Ouattara. Le ministre du Commerce, par ailleurs, a tenu à faire comprendre qu’ils s’exprimaient au nom du gouvernement. Evoquant les événements des 12 et 13 février 2004 qui ont conduit à des actes de vandalisme et de violence dans la ville de Ouagadougou, le ministre Ouattara dira que les faits relayés par la presse nationale et internationale ont été gonflés par la rumeur.

Aussi, affirme t-il, "nous avons donc estimé qu’il était nécessaire de vous rencontrer pour vous restituer la réalité des choses".

"Le gouvernement déplore ces incidents qui portent atteinte à la paix et à la sécurité ainsi qu’à la sérénité et au climat des affaires. Il prendra toutes les mesures nécessaires pour faire respecter l’ordre public ainsi que l’autorité de l’Etat," a confié M. Benoît Ouattara. Celui-ci assure par ailleurs qu’en dépit de ce qu’il qualifie d’actes regrettables posés, le gouvernement reste ouvert à la concertation et au dialogue.

"De même, le gouvernement n’épargnera aucun effort pour trouver des solutions idoines aux problèmes vécus par les commerçants victimes de l’incendie du grand marché Rood Woko" , a-t-il ajouté. Il rappellera ensuite les dispositions et mesures prises par le gouvernement et la commune depuis le sinistre pour résoudre les problèmes rencontrés par les commerçants de Rood Woko.

"D’abord, il a fallu parer au plus pressé, enlever les marchandises et réinstaller au plus tôt les commerçants sur les premiers sites identifiés. Ensuite, il a fallu offrir aux commerçants, un cadre mieux adapté en attendant les travaux de réhabilitation de Rood Woko qui vont nécessiter un certain temps...", rappelle le ministre du Commerce qui soutient que dans toute cette approche, c’est la satisfaction des préoccupations des commerçants qui était privilégiée. Du reste, avance-t-il, des représentants des commerçants participent aux travaux de la Commission de réorganisation de Rood Woko, mise en place aux lendemains du drame.

En tout état de cause, le gouvernement ne comprend pas l’attitude des commerçants et réaffirme qu’il n’a jamais été question de changer ni la destination de Rood Woko, ni d’empêcher ses anciens usagers d’y revenir. Selon lui, le site de Nonsin qui est en train d’être aménagé (les travaux seraient presque terminés) est tout à fait provisoire. Toutefois, souligne-t-il, il n’est pas fait obligation aux anciens occupants de Rood Woko d’y aller. "C’est à qui veut ou à qui n’a pas encore d’emplacement que ce site sera réservé," a laissé entendre le ministre du Commerce qui indique que ce "marché" pourrait accueillir le "trop-plein" de Rood Woko après sa réhabilitation.

"En effet, prévient-il, l’anarchie ne sera plus tolérée à Rood Woko et seuls ceux qui étaient légalement implantés dans ce marché y reviendront". Il laisse cependant supposer une extension de Rood Woko sans toutefois, se prononcer, car soutient-il, les études ne sont pas encore terminées. Ainsi, ne peut-on pas savoir à combien s’élèveront le coût de la réhabilitation. Ce qui est sûr, l’Etat a déjà mis quelque chose de côté et les partenaires seront également mis à contribution.

Ce qui est également connu, s’est que la partie touchée par le feu devra être détruit. Le ministre annonce pour les prochains jours des appels d’offres pour cette démolition et pour déterminer la structure architecturale de Rood Woko. Répondant aux questions des journalistes, le ministre Ouattara tiendra à préciser que le "marché n’était pas sous sa responsabilité". "Les marchés sont du ressort des communes," affirme-t-il, arguant que l’Etat s’implique dans cette affaire à cause de l’ampleur du sinistre.

Son département n’a-t-il pas fait preuve de laxisme, voire de négligence, dans ce dossier qui a provoqué les événements du week-end écoulé ? "Que nenni", rétorque le ministre Ouattara qui précise que le dialogue est permanent avec les structures représentant les commerçants et que la situation venue n’était en rien liée à un quelconque déficit de communication. "Mon rôle était de veiller à ce que les commerçants soient recasés sur un site convenable," confie M. Ouattara qui reconnaît que tel événement était prévisible. "On rencontre du tout sur un marché," note-t-il en soutenant qu’il est vraiment impensable de croire à des rumeurs du genre : "on a vendu Rood Woko", tout simplement parce qu’on a enlevé la plaque portant l’inscription du nom audit marché.

Le marché est une affaire de la commune

En conséquence, il pense qu’il n’y a pas de problème de confiance entre le gouvernement et les commerçants. "La veille des événements, j’ai reçu un groupe de commerçants. Je ne me suis jamais dérobé même si l’affaire de Rood Woko est d’abord celle de la municipalité".

Conclut le ministre du Commerce. Alors que s’est-il passé et pourquoi l’intervention des forces a t-elle provoqué autant de dégâts ?

Le ministre de la Sécurité, Yipènè Djibrill Bassolé qui est venu au point de Presse avec son directeur général de la Police ainsi que le chef d’Etat Major général adjoint de la gendarmerie estime qu’il y a eu, selon des informations à lui parvenues, une récupération des événements par des politiciens. "Certains responsables politiques de l’opposition - c’est normal, et c’est dans leur rôle - ont encouragé et/ou organisé des manifestations", déclare le ministre Bassolé qui affirme que le gouvernement n’attend pas politiser cette affaire. "Nous appliquerons la loi dans toute sa rigueur.

Les organisateurs et les casseurs répondront devant la justice", a révélé M. Bassolé qui a blanchit, en partie en passant, ses hommes. "S’ils sont intervenus, c’est qu’ils ont été réquisitionnés en bonne et due forme", précise Djibrill Bassolé, qui indique qu’ils ne sont pas responsables de l’usage de la force. Cette décision relève de celle de l’autorité administrative qui gère la situation sur le terrain et qui avait de son avis toutes les raisons de requérir la force publique.

On n’a pas utilisé d’armes de guerre..

"Il n’a jamais été question d’usage d’armes de guerre contre les manifestants dont au moins un portait en apparence une arme. Ce qui, au regard de la loi rendait la manifestation dangereuse et susceptible de dispersion. Du reste, aucune arme de guerre n’était sur le terrain, aux mains des forces de l’ordre. Celles-ci n’ont fait qu’utiliser des armes conventionnelles prévues pour ce genre d’intervention", avance, catégorique, le ministre de la Sécurité qui révèle que son département a diligenté une enquête pour connaître l’origine des blessures graves constatées sur certains manifestants.

Pour le cas de l’amputé, le ministre de la Sécurité suppose qu’il a dû piétiner la grenade avant son explosion ou l’aurait reçue sur sa jambe suite à une erreur de tir. Dans tous les cas, précise-t-il, l’enquête permettra de situer l’origine du problème. Il exclut pour l’instant tout défaut du matériel utilisé ; car soutient-il, "notre matériel est récent et très moderne." Par ailleurs explique M. Bassolé, "les gaz ne sont pas toxiques. Ils sont tout juste incommodants, et sont identiques à ceux utilisés partout dans le monde". Là même, je suis allergique au gaz. C’est pourquoi, je ne fais rien qui puisse m’y exposer, a laissé comprendre le ministre de la Sécurité qui a profité de la conférence pour présenter ses regrets aux victimes et à la presse dont certains éléments ont été rudoyés. "Il n’était pas dans notre intention de blesser", soutient-il, précisant que la formation donnée à ses hommes vise à prévenir de telles difficultés. Concernant les journalistes, le ministre a regretté les brimades dont ils ont été l’objet.

"Je pense que notre collaboration ira toujours s’améliorant", a-t-il conclu. Abordant le nombre de personnes arrêtées et le sort à elles réservé, le ministre de la Sécurité a laissé parler son DG de la police qui indique que sur 75 personnes interpellées, 37 étaient détenues à la date du 18 février. La procédure judiciaire suit son cours quand bien même le gouvernement reste, selon le ministre Djibrill Yipénè Bassolé, ouvert au dialogue.

Ibrahiman SAKANDE (Email : ibra.sak@caramail.com)

Victorien A. SAVADOGO (Email : visaw@yahoo.fr)


Deux policiers tués sur l’axe Koupéla-Fada

C’est une nouvelle triste qui est venue clore la conférence de presse conjointe entre le ministère de la Sécurité et celui du Commerce...

En effet, le ministre Djibrill Bassolé et le directeur général de la Police nationale, M. Sambaré Palguim ont reçu un message, en pleine conférence, qu’ils ont tenu à partager avec les journalistes : la mort de deux policiers et le coma d’un troisième, dans l’exercice de leurs fonctions. Très effondré, le directeur général de la Police nationale a quitté les lieux pour l’hôpital Yalgado où le policier qui est dans le coma était admis hier en fin de soirée.

Leur identité ?

L’assistant Ouédraogo Issa N°2 et le brigadier Ouédraogo Cyprien sont morts sur le champ, tandis que M. Dramane Coulibaly, directeur provincial de la Police du Kourittenga est dans le coma. Et ce après avoir voulu secourir, selon nos sources, des usagers de la route pris dans les tenailles des bandits, coupeurs de route munis d’armes de guerre...

Et selon le ministère de la sécurité, c’est sur le terrain des opérations que les deux policiers ont été abattus et le troisième grièvement blessé sur l’axe Koupéla/Fada vers 16 heures.

Selon nos sources, les corps des deux policiers qui ont trouvé la mort ont été transférés hier nuit sur Ouagadougou.

I. SAKANDE
V. SAWADOGO

Sidwaya

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