Actualités :: Halte à la pratique de l’excision au Burkina Faso : Une sage-femme révoltée (...)

Dans ce témoignage qu’elle livre à Lefaso.net, une jeune dame qui se fait appeler Néry témoigne des affres de l’excision auxquels elle est confrontée dans sa pratique quotidienne d’agent de santé. Elle interpelle les autorités à intensifier la lutte contre ce fléau, qui ne touche pas que les jeunes filles, mais aussi des femmes mariées forcées à se faire exciser au nom des coutumes.

« Je me nomme NERY, je suis sage-femme de profession.
Tout d’abord, je voudrais remercier toute l’équipe de Lefaso.net qui m’a donné cette immense opportunité de livrer mon témoignage sur l’excision.

Mon témoignage se veut la dénonciation de l’excision qui sévit actuellement dans nos contrées, cette horrible calamité qui porte atteinte à la gente féminine. Avant d’aller dans le vif de mon témoignage, je m’autorise à vous donner ici la définition de l’excision démontrée par les experts.

Selon les experts, les mutilations génitales féminines ‘’Excision’’ désignent toutes les interventions aboutissant à une ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme pour des raisons coutumières, culturelles ou d’autres et non des raisons thérapeutiques.

Mon vécu quotidien

Les mutilations génitales sont le plus souvent pratiquées sur les enfants et adolescentes de 4 à 14 ans, ainsi que les femmes adultes après le mariage. Une pratique rituelle assumée en connaissance de cause. Dans cette partie du Burkina Faso où je sers, on enregistre une moyenne de 15 cas d’excision par mois.

Ma fille et moi avons été victimes de harcèlements par ma belle-famille concernant cette pratique ignoble. A la naissance de ma fille, sa grand-mère paternelle m’a approchée dans le but de faire exciser le nourrisson, parce que disait-elle, c’était le moment propice.

Je me suis opposée catégoriquement et cela a entraîné un conflit entre moi, mon mari et sa famille. Mon mari a décidé de prendre une autre femme. Signant ainsi notre séparation qui m’a causé une affliction extrême.

Mais sa nouvelle épouse n’arrivait pas à concevoir au bout de deux ans. Et sa famille en a déduit, pour des raisons archaïques, que c’était à cause de moi. Elle a même décidé, curieusement, que sa première épouse que j’ai été devait être excisée pour lui permettre d’avoir des enfants avec la nouvelle. Et de succéder au trône de la chefferie familiale.

J’ai catégoriquement refusé de céder à leur demande, devenant ainsi une personne impropre devant leurs coutumes et indésirable dans leur famille. Cela m’a même valu des menaces de mort. Ma motivation à lutter contre cette pratique ignoble est que dans l’exercice de mes fonctions actuelles, je reçois souvent des patientes jeunes, âgées de 16-17 ans, qui présentent des douleurs lors des rapports sexuels et parfois montrent des déchirures, lésions, au niveau vaginal. Lors des soins prénatals beaucoup de jeunes filles ont des difficultés au toucher vaginal parce que le vagin s’est rétréci, ont des douleurs et le col de l’utérus est difficilement appréciable.

Au cours de l’accouchement les femmes victimes ont des difficultés à expulser et chez certaines, il faut impérativement pratiquer une épisiotomie (déchirure du vagin) pour permettre une ouverture plus large et les aider à donner naissance.

En allant plus loin dans mon interrogatoire avec ces jeunes femmes et femmes mariées, je me suis rendue compte que certaines ont été excisées à la naissance et d’autres après le mariage, pour des raisons rituelles liées à des croyances rétrogrades liées à la sexualité et à la procréation.

Je suis profondément triste que ces pratiques barbares qui n’appartiennent pas qu’au passé, existent présentement sur le sol du Burkina Faso. Les femmes qui ont été soumises à des mutilations génitales pour sauver leur mariage n’osent pas briser le silence pour ne pas entrer en conflit avec leur belle-famille et risquer de se faire répudier.

Je souhaite que des politiques rigoureuses contre les mutilations génitales féminines soient mises en œuvre et que la prévention, la protection, le soutien, la formation et la coordination interdisciplinaire soient renforcées afin que le Burkina Faso lutte efficacement contre ce phénomène et se conforme à ses obligations internationales ».

NERY
Photo d’illustration

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