Actualités :: Production de timbres fiscaux au Burkina : On en devient tous timbrés (...)

Au sortir du conseil des ministres du 24 mai 2023, le ministre d’Etat, ministre de la fonction publique du travail et de la protection sociale, a entamé un exercice nouveau dans la communication gouvernementale qui s’apparente à des commentaires sur ce qui fait le buzz sur les réseaux sociaux et dans les médias. Notamment sur la production au Burkina Faso des timbres fiscaux et le décompte du nombre de personnes déplacées internes.

Quand bien même il a dit qu’il parlait au nom de ses chefs hiérarchiques, le Premier ministre et le chef de l’Etat, et que ses collègues ministres viendront compléter ses propos, nous avons été surpris de constater que les sujets abordés par l’ancien "général des travailleurs", le ministre d’Etat Bassolma Bazié ne figurent pas au compte rendu du conseil des ministres du 24 mai 2023. Jusqu’à plus amples informations, ce constat nous réjouit. Car pour être franc avec notre ministre d’Etat qui a demandé au peuple burkinabè la franchise envers les gouvernants, son intervention pose quelques problèmes.

Le Burkina Faso produira lui-même ses timbres fiscaux et un opérateur semble même avoir été trouvé et il aurait rencontré le président de la transition, selon la communication faite par le ministre d’Etat chargé de la fonction publique.

Timbres fiscaux made in Burkina

Le ministre d’Etat dit que sa communication sur les sujets qu’il a abordés est un ramassé, un rassemblé, en somme un raccourci. Et c’est là que le bât blesse, car la Direction générale des impôts (DGI) a annoncé qu’elle va mettre en circulation le timbre fiscal de 200 FCFA qui est en rupture. Ce timbre commandé en France n’a-t-il pas été livré ?

Et s’il est livré, il faudra le payer et même s’il n’est pas livré, le seul bon de commande signé quand on le résilie, il y a des coûts selon les contrats. La question est de savoir quels étaient les critères du choix du fournisseur du timbre ? La commission devrait-elle choisir un soumissionnaire local en priorité, ou les rapports qualité, prix sécurité entraient en ligne de compte ? La DGI a-t-elle fait une faute, elle qui dans ses perspectives envisageait aussi la production du timbre au Burkina ? Autant de questions non abordées. Le ministre se focalisant sur la production au Faso du timbre et non en France.

Verra-t-on désormais tous nos problèmes sous le seul prisme France ou pas France ? Le ministre en a dit trop et pas assez : la rencontre entre un potentiel fournisseur avec le président du Faso vaut-il bon de commande, quand bien même cet expert a convaincu de la qualité de sa proposition ?

Le ministre prétend que le coût ne serait pas un problème parce que le fournisseur serait Burkinabè. De sa part, cela nous assomme. Il y a quelques temps il aurait piqué une colère noire qu’on puisse le penser. Autres temps, autres fonctions, autres mœurs. Mais c’est un uppercut dans la tête pour qui se soucie de la bonne administration du bien public en ces temps de crise sécuritaire et humanitaire où l’argent manque le plus.

Le conseil des ministres, les ministres et le président approuvent les marchés selon des procédures établies et connues. Et son discours sur la production des timbres au Burkina n’en dit rien. Les procédures de passation des marchés publics sont soumises à des principes comme l’économie et l’efficacité du processus, la liberté d’accès à la commande publique, l’égalité de traitement des candidats et la transparence du processus de passation.

Le discours du ministre d’Etat ne permet pas de savoir quelle sera le processus, surtout qu’il parle de l’imminence de la production. Si le timbre est produit au Burkina, tous les candidats ont-ils la possibilité de concourir en proposant leurs offres ? Peut-être que d’autres Burkinabè ont des solutions à proposer, l’Etat ne devrait pas faire de discrimination. L’avenir nous dira davantage sur cette affaire de production locale de timbres fiscaux car l’intervention du ministre d’Etat amène à se poser plus de questions qu’elle n’en éclaire.

Les deux millions de personnes déplacées internes

Voici une question aussi abordée par le ministre où on n’a pas eu des informations précises. Sauf que le chiffre du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR) ne tient pas compte des personnes déplacées qui sont retournées dans leurs localités d’origine. Combien sont-elles ces personnes ? Le ministre d’Etat ne le dit pas, mais nous assure que la plateforme sera remise à jour. Mais on est vraiment surpris de cette contestation des chiffres du gouvernement par un membre du gouvernement.

Les personnes déplacées internes sont connues du CONASUR et on imagine difficilement que des déplacés ne prennent pas les vivres et que les services sociaux qui les distribuent ne sont pas au courant. Quel est cet organe qui connaît les retours des personnes déplacées internes mieux que les services de l’action sociale ? Il y a un malaise à voir le gouvernement saper lui-même sa crédibilité. Avoir des difficultés ne signifie pas qu’on ne peut pas les surmonter, mais refuser d’accepter la réalité ou essayer de l’enjoliver n’est pas le meilleur moyen de trouver la solution.

Au total cet exercice du ministre d’Etat n’a fait que créer des supputations sur la cohérence du gouvernement, l’envie de celui-ci de plaire à une portion de la population.

Sana Guy
Lefaso.net

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