Actualités :: Roch Marc Christian Kaboré, président de l’Assemblée nationale

Le 14 janvier dernier, Sidwaya a eu le privilège de recevoir comme premier invité de la rédaction de l’année 2004, le président de l’Assemblée nationale, M. Roch Marc Christian Kaboré. Banquier de formation, directeur général de la Banque d’investissement du Burkina (BIB), ministre des Transports et des Télécommunications, Premier ministre, aujourd’hui président de l’Assemblée nationale et président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Roch Marc Christian Kaboré, a un parcours exceptionnel comme il le dit lui-même. L’homme est plein d’expériences mais reste assez modeste et ouvert à son entourage.

Accueilli à l’entrée de Sidwaya par le directeur général des Editions Sidwaya, M. Michel Ouédraogo et son staff, il a accepté de visiter d’abord le chantier de l’imprimerie, quelques services avant de monter à la rédaction.

Durant près de deux heures, il s’est entretenu avec les journalistes sur son parcours, sa gestion de l’Assemblée nationale, du CDP et également sur des questions d’actualité nationale et internationale.

SIDWAYA (S.) : La tentative de coup d’Etat est toujours d’actualité surtout avec l’arrestation d’un autre prévenu, en l’occurrence le commandant Sié Rémy Kambou. Quel commentaire faites-vous de cette affaire ?

Roch Marc Christian KABORE (R.M.C.K.) : En tant que parlementaire, nous avons été surpris de constater qu’à notre époque, après près de 12 ans de pratique démocratique, il y ait encore des personnes qui pensent qu’il faut arriver au pouvoir par des raccourcis et non par la voie démocratique.

Pour notre part, nous avons condamné sans ambages cette tentative de coup d’Etat, en même temps que nous avons salué le fait que ce dossier ait été confié à la justice, afin que la lumière soit faite et que les inculpés aient des avocats pour les défendre. C’est une grande première qu’il convient de saluer et qui témoigne de la réalité de l’ancrage démocratique dans notre pays.

Au regard de la séparation des pouvoirs, il y a lieu de laisser le tribunal militaire faire son travail. Notre souhait est que la justice soit rendue de façon équitable et que les coupables soient sanctionnés conformément à la loi.

S. : Qu’est-ce que cela vous fait de lire certains journaux où on vous cite comme cerveau ?

R.M.C.K. : (Rires). Pour l’instant, n’ayant pas été interpellé par la justice militaire, nous considérons que cela reste au stade des rumeurs.

S. : Les Etalons du Burkina viennent de partir pour la CAN 2004. Comment appréciez-vous la mobilisation autour de notre équipe et comment voyez-vous sa chance à cette phase finale ?

R.M.C.K. : Il faut reconnaître que les Etalons ont bénéficié de tous les honneurs de la Nation. L’initiative nationale de soutien aux Etalons qui s’est soldée par la soirée de Gala présidée par le Président du Faso nous a montré tout l’intérêt que les opérateurs économiques et le Peuple burkinabè de façon générale, portent aux Etalons et toutes les bénédictions faites à leur endroit pour que leur participation ne soit pas seulement une participation de plus. Même si nous souhaitons qu’ils soient en première place dans cette compétition, nous voulons surtout constater les progrès de notre équipe nationale.

Notre souhait est que les Etalons puissent gagner ce tournoi ; mais en même temps nous devons être réalistes et surtout continuer à soutenir notre équipe de manière à ce que les progrès continus et les performances de notre équipe nationale nous conduisent un jour à cette première place.

Je suis convaincu que les Etalons vont être combatifs et donneront le meilleur d’eux-mêmes. Il ne serait donc pas étonnant que nous soyons favorablement surpris par leurs résultats.

S. : Avez-vous un pronostic ?

R.M.C.K. : Si nous nous battons bien nous pouvons être parmi les trois premiers.

S. : Voilà 10 ans maintenant que le FCFA a été dévalué. En tant que banquier et homme politique, pensez-vous que les objectifs visés au départ par cette dévaluation ont été atteints ? Quel bilan peut-on faire au niveau du Burkina Faso ?

R.M.C.K. : Le franc CFA a été dévalué sur la base de la réalité économique de la zone franc. Je peux dire que le « cataclysme » que chacun s’apprêtait à vivre suite à la dévaluation a été résorbé au Burkina Faso grâce à des mesures sociales prises par le Gouvernement qui ont permis de contenir un certain nombre de conséquences négatives.

Aujourd’hui, sur le plan monétaire (les conclusions du sommet des chefs d’Etat à Niamey le démontrent) nous avons une monnaie forte qu’il faut consolider même si nous sommes dans une situation sous-régionale difficile caractérisée par la crise ivoirienne qui influe sur les économies des pays de l’UEMOA, et en particulier sur celles des pays enclavés. Globalement on peut dire que la situation au sein de notre union va dans le sens de l’amélioration et on a bon espoir qu’avec la mise en œuvre des critères de convergence de nos politiques économiques et le processus de paix qui se consolide chaque jour en Côte d’Ivoire, le spectre de la dévaluation s’éloigne de plus en plus de notre zone.

S. : Avons-nous gagné quelque chose ?

R.M.C.K. : A ce niveau, il faut relativiser les choses, car si au plan de nos économies, des efforts d’assainissement ont été entrepris au niveau global, sur le plan de nos exportations, si nous prenons le cas du coton par exemple, il est juste de noter que les subventions accordées aux producteurs de coton américain ou européens par leurs gouvernements ont mis à mal les efforts de compétitivité de nos braves paysans ; et mis en cause les gains positifs que nos économies auraient pu engranger du fait de l’exportation de nos productions.

Ce constat est valable sur l’essentiel de nos produits d’exportation pour diverses raisons. Il nous faut accroître les échanges commerciaux entre les pays membres de l’UEMOA par la modernisation et la sécurisation des activités de nos opérateurs économiques (effectivité de la libre circulation des biens et des personnes, la sécurisation des règlements par une meilleure implication du système bancaire dans les opérations commerciales etc.). Il y a encore des défis à relever…

S. : La crise ivoirienne vient de connaître un nouveau développement avec le retour des Forces nouvelles au Conseil des ministres. Peut-on dire que c’est enfin le bout du tunnel ?

R.M.C.K. : C’est ce que nous souhaitons. Aujourd’hui on constate avec satisfaction que le langage de la classe politique ivoirienne dans son ensemble est à l’apaisement général. Nous avons apprécié à sa juste valeur le retour des forces nouvelles au Gouvernement et l’engagement qui a été pris par le président Gbagbo lui-même de faire en sorte que les accords de Marcoussis soient appliqués afin de favoriser la réconciliation entre les Ivoiriens et consolider la paix et l’unité nationale.

S. : A-t-il été proposé que cela soit débattu par l’Assemblée nationale ?

R.M.C.K. : En effet un certain nombre de réformes qui auraient pu faire l’objet de projets de loi examinés par le parlement a été proposé à la sanction d’un référendum. Ce choix relève de la souveraineté des autorités ivoiriennes.

Quelle que soit la voie utilisée, ce qui nous paraît essentiel c’est la mise en œuvre par le Gouvernement de réconciliation nationale des réformes constitutionnelles, législatives et réglementaires nécessaires au retour de la paix, préalable à tout développement économique et social en faveur du peuple ivoirien.

S. : Tout de même, comment avez-vous vécu cette crise ivoirienne, vous qui avez connu la plupart des leaders politiques qui animent le débat politique de façon antagonique ?

R.M.C.K. : Nous avons vécu cette crise avec tristesse et déception. Tristesse d’abord, parce que lorsqu’une crise politique débouche sur une guerre civile, on ne peut qu’avoir une attitude de compassion pour le peuple ivoirien qui va souffrir durablement des conséquences de ce conflit interne.

Déception aussi, à cause de l’attitude adoptée par les autorités ivoiriennes vis-à-vis des étrangers vivant sur leur territoire, en particulier vis-à-vis de nos compatriotes, sous le couvert de l’ivoirité.

Je dois rappeler que le FPI et le CDP entretenaient des rapports de camaraderie et de participation mutuelle à leurs activités. A ce titre vous avez eu l’occasion plusieurs fois de constater la présence du regretté Boga Doudou à nos congrès, tout comme celle du président Gbagbo lui même. Mais les déclarations malheureuses des autorités ivoiriennes vis-à-vis de notre pays et les souffrances qu’ont endurées nos ressortissants vivant en Côte d’Ivoire, ont contribué à détériorer ces rapports.

Il convient néanmoins de noter que le Parlement burkinabè a mis en place une commission ad hoc qui a fait un travail intéressant sur la contribution parlementaire à la résolution de la crise ivoirienne.

Notre conviction était établie qu’en tant que représentants des peuples de la sous-région, les parlementaires de l’espace UEMOA devaient, à l’instar des gouvernements, apporter leur touche, leur contribution à la recherche de solution durable à la crise ivoirienne qui place le Parlement de ce pays au centre du processus de réconciliation et de consolidation de la paix et de la démocratie.

Malheureusement, les déclarations quelque peu incendiaires de notre collègue de Côte d’Ivoire et sa non-participation aux rencontres où pouvaient se retrouver les Présidents des Assemblées nationales de la sous-région n’ont pas permis d’enclencher ce processus de contribution des parlementaires !

S. : Un autre sujet d’actualité : la décision du colonel Kadhafi de renoncer à ses programmes d’armes de destruction massive. Votre commentaire ?

R.M.C.K. : On ne peut que saluer positivement cette attitude qui témoigne de l’esprit de responsabilité du colonel Kadhafi, du souci qu’il a d’apporter sa contribution à la paix dans le monde. Nous avons vu ce qui s’est passé en Irak sur la base d’informations non-fondées sur cette même question.

Nous souhaitons véritablement que tous les pays qui développent des programmes d’armes de destruction massive suivent l’exemple de la Libye.

S. : Pensez-vous qu’il avait réellement des armes de destruction massive ? N’est-ce pas du bluff ?

R.M.C.K. : Dans tous les cas, ceux qui sont chargés du contrôle au niveau de l’ONU se sont rendus en Libye pour en vérifier la véracité.

En tout état de cause, l’acte est courageux et constitue un pas en avant qu’il convient de saluer comme tel.

S. : Notre pays a entretenu des relations particulières avec l’Irak au temps de Saddam Hussein, est-ce vrai ?

R.M.C.K. : Particulières, qu’est-ce à dire ? (Rires)

S. : Diplomatiques.

R.M.C.K. : Le Burkina Faso sur le plan diplomatique entretient des relations avec l’ensemble des pays du monde qui le souhaitent sans exclusive. Il n’y a donc pas de raison que notre pays n’entretienne pas de relations diplomatiques avec l’Irak.

S. : Mais Saddam Hussein est mis sur le banc des accusés par la communauté internationale.

R.M.C.K. : Ecoutez, même ceux qui l’ont mis sur le banc des accusés comme vous le dites, ont entretenu des relations suivies avec l’Irak. Je ne vois donc pas pourquoi le Burkina Faso se culpabiliserait d’avoir eu des relations diplomatiques avec l’Irak.

S. : L’UEMOA, à son dernier sommet à Niamey, a décidé de s’adjoindre aussi un volet politique, notamment en intervenant dans le règlement des conflits. Comment voyez-vous cette décision ?

R.M.C.K. : Il est tout a fait normal qu’on salue cette initiative dans la mesure où, comme vous le savez, dans une organisation comme l’Union africaine, il y a déjà un dispositif de prévention, de gestion et de règlement des conflits.

Il est bon qu’au niveau de l’UEMOA également nous ayons ce type de mécanisme qui permette d’anticiper ou de participer à une gestion plus saine des conflits qui peuvent subvenir dans notre sous-région. Dans ce sens, la crise ivoirienne a été révélatrice de cette nécessité.

S. : Sidwaya a titré ce matin (nous sommes le mercredi 14 janvier 2004) : 2004 : Veillée d’armes électorales. Avez-vous l’impression qu’on est en veillée d’armes électorales ?

R.M.C.K. : Veillées d’armes électorales… Disons que nous avons, lors de la présentation des vœux aux députés, attiré aussi l’attention des élus sur le fait que la perspective des élections en 2005 (municipales et présidentielles) ne devait pas nous détourner de nos missions constitutionnelles qu’il nous faut continuer à assumer avec tout le sérieux que cela exige. Nous sommes néanmoins conscients que malgré les mises en garde, nous serons en 2004 dans une situation où les partis politiques vont dérouler une activité, je dirais pré-électorale.

Nous le constatons déjà, à travers la question des candidatures probables en 2005 et à travers le bilan que certains s’empressent de faire sur la gestion de la IVè République.

C’est dommage de constater que ce n’est qu’à l’occasion des élections que certains partis commencent à se réveiller ; le travail politique, d’éducation des populations doit être une activité permanente des partis politiques, qu’il y ait élection ou pas. Je voudrais profiter de l’opportunité que vous m’offrez pour inviter la classe politique dans son ensemble à éviter les surenchères qui relèvent de la politique politicienne car la consolidation et le renforcement de la culture démocratique dans notre pays seront à ce prix.

S. : Président de l’Assemblée nationale, vous dirigez la représentation nationale ; vous êtes aussi Président du CDP, donc défendant les intérêts d’un parti. Comment arrivez-vous à concilier ces deux grandes responsabilités ?

R.M.C.K. : En tant que Président de l’Assemblée nationale, sur le plan des débats en plénière, lorsque nous sommes en session, je suis chargé de la police des débats, c’est à dire que je donne la parole et je la retire quand c’est nécessaire. En somme, je veille à la sérénité de nos débats conformément à notre Règlement, mais je n’interfère pas dans les échanges que mènent les députés, sauf pour rappeler des dispositions du Règlement ou de la Constitution. Je suis tenu de garder une position d’écoute sur ce que chaque député dit. En cas de vote, évidemment j’exprime comme tout député mon choix.

Au plan de la gestion du parlement, nous avons un bureau élu dont la composition reflète toutes les composantes du parlement.

C’est ce dernier qui prend toutes les grandes décisions relatives au fonctionnement du Parlement.

C’est donc dire que le fait que j’aie une double casquette ne me pose aucune difficulté dans l’exercice de mes fonctions et jusque-là, à aucun moment, on n’a interpellé le Président de l’Assemblée nationale pour avoir eu une attitude partisane dans la gestion du Parlement.

S. : Vous êtes dans un parlement où l’opposition est assez représentée. Et on sait que dans cette opposition, il y a des élus qui sont assez « bavards ». Est-ce à dire que vous, en tant que modérateur du débat, vous éprouvez souvent des difficultés à le coordonner et à l’organiser ?

R.M.C.K. : Nous avons salué le fait que la 3ème législature de la IVè République est véritablement plurielle. C’est la seule législature où la majorité parlementaire est représentée par 67 députés, dont 57 du parti majoritaire, contre 44 de l’opposition, toutes tendances confondues. Pour nous c’est une première qui devrait avoir comme conséquence l’amélioration de la qualité des débats au niveau du parlement et un renforcement de la culture démocratique.

Il faut noter qu’avant ces élections, les partis politiques avaient des relations très tendues et je suis aujourd’hui heureux de constater que les députés, quelles que soient leurs options politiques, participent aux activités du parlement dans le respect de notre Règlement et entretiennent ente eux des relations de courtoisie dans le respect des différences. C’est autant de conditions qui permettent à notre parlement de jouer pleinement son rôle sans vagues et avec efficacité.

S. : Vous avez annoncé une relecture des textes organiques de l’Assemblée nationale. Est-ce pour permettre à un parti comme l’UNDD d’avoir son groupe parlementaire ?

R.M.C.K. : Le Règlement de l’Assemblée nationale a fait certaines fois l’objet de critiques tant sur le délai imparti aux parlementaires 3 jours pour examiner le rapport de la commission des fiances et du budget avant la plénière, que sur le fait que les procédures relatives aux propositions de loi sont coercitives pour les députés, laissant la part belle au Gouvernement d’accepter ou de rejeter ces propositions de loi. Nous considérons que tout texte est perfectible. Il appartient aux groupes parlementaires de se concerter et de dégager un consensus sur les amendements à initier.

Concernant la question des groupes parlementaires, notre Règlement précise qu’il faut 10 députés pour constituer un groupe parlementaire. Tout aménagement visant à réviser à la baisse ce chiffre pour permettre à l’UNDD d’avoir un groupe parlementaire, relève de la souveraineté du Parlement. Pour le moment, ce n’est pas une question à l’ordre du jour.

S. : Etes-vous contre le réaménagement qui permettra à l’UNDD de constituer son groupe parlementaire ?

R.M.C.K. : Il ne s’agit pas pour moi d’être pour ou contre un réaménagement qui permettrait à l’UNDD de constituer un groupe parlementaire. Je l’ai dit plus haut, cette question relève d’une décision souveraine des députés.

S. : Pour vous, qui est le chef de file de l’opposition ?

R.M.C.K. : La loi portant statut de l’opposition a été adoptée depuis la 2ème législature et jusque-là, elle n’est pas encore mise en œuvre pour diverses raisons.

Premièrement, suite aux élections législatives de mai 2002, l’ADF/RDA dans sa première version était le premier parti de l’opposition au Parlement avec 17 députés. Ce parti, sur la base d’une correspondance adressée au Premier ministre, a souhaité que le décret d’application de la loi soit pris avec des propositions nouvelles qui, somme toute, étaient en contradiction avec le contenu de la loi (mise en place d’un budget, le chef de file de l’opposition doit être au plan protocolaire le 4ème personnage de l’Etat, il doit être logé avec un siège pour l’opposition etc.). A ce stade, le Premier ministre nous a, par correspondance, demandé l’avis du Parlement sur ces nouvelles propositions.

Suite à des concertations internes au Parlement, il est ressorti une large opposition à ces propositions.

Deuxièmement, les choses ont évolué depuis lors car suite à une crise interne à ce parti, il a perdu sa place de 1er parti de l’opposition au Parlement.

Enfin, le texte d’application n’est pas encore pris et on a le sentiment que l’opposition ne marque aucun intérêt pour la mise en œuvre de cette loi.

S. : Ah bon !

R.M.C.K. : Selon la loi, c’est le parti politique qui a le plus grand nombre de députés qui doit être le chef de file de l’opposition, en l’occurrence aujourd’hui le PDP qui a 10 députés.

S. : Ca devrait être automatique. On sait quand même qui a le plus grand nombre de députés dans l’opposition ?

R.M.C.K. : Il y a un manque d’intérêt de la part de l’opposition. Evidemment elle peut toujours se réfugier sur le fait qu’il n’y a pas de décret d’application de la loi. Nous allons veiller à ce que le Gouvernement prenne ce décret, et nous espérons que l’opposition parlementaire prendra alors ses responsabilités en la matière.

Il y a lieu déjà d’appliquer la loi que nous avons adoptée ; si à la pratique on constate qu’il y a des insuffisances, à ce moment-là, on peut poser le problème de sa révision.

S. : Peut-on attendre le décret d’application pour très bientôt ?

R.M.C.K. : Certainement. Dans la mesure où nous n’avons pas procédé à la relecture de la loi, nous allons demander au Gouvernement de prendre le décret d’application.

S. : On voit de plus en plus l’Assemblée nationale en concertation avec la société civile. Est-ce que vous ne représentez pas déjà cette société civile ?

R.M.C.K. : Non. Nous, nous représentons le peuple burkinabè dans son ensemble (rire de l’assistance).

Nous avons en effet organisé récemment une rencontre avec la société civile dans le cadre d’un programme que nous menons en partenariat avec le PNUD. Dans ce cadre, nous avons commandé une étude de base afin d’évaluer la perception du rôle, de l’image du député par les populations. Cette étude nous a permis de constater qu’il y avait un décalage important entre les attentes des populations et les missions constitutionnelles dévolues aux députés. Par exemple, il a été édifiant de noter que pour certaines personnes interrogées, le député se limite à celui qui a une grosse voiture et porte des boubous richement brodés.

Ce sont les aspects extérieurs qui sont cités. Suite à cette étude de base, il paraissait nécessaire d’organiser une rencontre avec la société civile afin de mieux nous connaître et de mieux appréhender le rôle de chacun.

De plus, tout en réaffirmant que chacun devait rester dans son rôle conformément à la Constitution et aux lois en vigueur, nous avons ensemble estimé qu’il fallait établir des passerelles de communication entre la société civile et le Parlement, de manière à ce que leurs préoccupations soient prises en compte à travers des propositions de loi qui pourraient être examinées par les députés, dans l’intérêt du peuple burkinabè. Les députés sont élus, donc investis par le peuple pour voter la loi, consentir l’impôt et contrôler l’action du Gouvernement.

A la suite de cette rencontre, nous avons décidé d’organiser dans les prochains jours un séminaire parlementaire pour nous approprier les conclusions de l’étude de base, afin de définir la démarche à suivre pour, non seulement expliquer à travers des sorties sur le terrain les missions constitutionnelles du député, mais également améliorer son image au sein des populations.

S. : Le dialogue avec la société civile n’est-il pas une façon d’empiéter sur le rôle de l’exécutif ?

R.M.C.K. : Non, non, non ! L’exécutif a des relations d’une autre nature avec la société civile ? Prenez par exemple le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté, sa relecture a engagé toutes les couches de la société, donc la société civile.

Là également, il y a un travail qui est fait pour qu’au niveau de l’exécutif, il y ait une meilleure implication de la société civile dans la mise en œuvre des programmes de développement.

Nous parlementaires, nous votons la loi et les passerelles que nous voulons établir avec la société civile se situent dans le cadre de nos missions. Il n’y a donc pas de confusion en la matière.

S. : A quand l’hôtel du député ?

R.M.C.K. : Nous avons eu quelques difficultés pour le démarrage des travaux de construction de l’hôtel du député dont le terrain est situé du côté du pont de Gounghin. Nous allons démarrer les travaux en février 2004. Je dois dire que notre terrain est un peu enclavé dans la zone et nous allons voir avec le Ministre des Infrastructures comment nous ouvrir des voies de circulations pour améliorer la sécurité pour tout le monde.

S. : A quoi sert un hôtel de député ?

R.M.C.K. : Un hôtel de député est un cadre qui permet aux députés qui ne sont pas du Kadiogo, lorsqu’ils sont en session ou de passage, de pouvoir y être logés, moyennant une contribution minimum que nous définirons pour l’entretien.

Par ailleurs, c’est un cadre qui pourrait servir à l’organisation d’un certain nombre de manifestations. Il est prévu non seulement des chambres à coucher, une salle de conférences, un restaurant. Toute chose qui permet au député venant de Bobo, de Orodara, de Fada ou d’autres provinces, de pouvoir être dans un cadre qui appartient à l’Assemblée nationale.

S. : L’expérience a montré, qu’une fois élus, les députés vivent à Ouaga ?

R.M.C.K. : On leur offre un autre cadre. De même, lorsque nous avons des collègues qui viennent d’autres pays, nous pouvons également les loger là-bas. C’est un peu tout ça.

S. : Dans un pays où on essaie de promouvoir le secteur privé, comment comprendre que l’Assemblée nationale s’investisse dans le secteur hôtelier alors que les infrastructures privées existent ?

R.M.C.K. : Ce n’est pas un hôtel au sens classique du terme. Le Parlement est soucieux de sa souveraineté et cet hôtel du député est un cadre réservé exclusivement aux parlementaires. C’est de tradition au niveau des parlements.

S. : Le projet de révision du code électoral a été proposé par des députés CDP. Comment le Président de l’Assemblée nationale et du CDP que vous êtes, appréhendez-vous cette question ?

R.M.C.K. : Dans la question de la révision du code électoral, il y a plusieurs problèmes :

1. Le retour à la provincialisation des élections législatives. En effet depuis les dernières élections législatives, la régionalisation a été consacrée par le code électoral.

La nécessité du retour à la provincialisation est due au fait que lorsque vous établissez une liste électorale dans une région, la tendance au niveau des populations est de vouloir se reconnaître en un député venant de leur province. Si dans la région, après les élections, il y a des provinces qui n’ont pas eu de députés, les populations de ces provinces estiment qu’ils n’ont personne à l’Assemblée nationale pour défendre leurs intérêts.

Mon prédécesseur le Président Mélégué TRAORE avait évoqué la nécessité de cette réflexion dans un de ses discours de clôture d’une session de la 2ème législature.

Je dois préciser également que si nous somme passés de la province à la région en ce qui concerne les élections législatives, c’est parce qu’ en optant pour un mode de scrutin qui est la proportionnelle, dans toutes les provinces où il n’y avait qu’un seul député à élire, en fait de proportionnelle, on avait affaire à un scrutin majoritaire de liste. Pour qu’il y ait une véritable proportionnelle, il aurait fallu au minimum 2 députés à élire par liste.

Cette réflexion mérite donc d’être mise à maturation en tenant compte de ces différents contours et on a le temps de poursuivre cela, dans la mesure où les prochaines élections législatives sont prévues pour 2007.

2. Il en est de même sur la question du maintien ou non de la liste nationale, qui peut être examinée plus tard.

3. La question qui me semble essentielle et urgente à discuter est celle relative au mode de scrutin des élections municipales. Dans le cadre en effet d’un consensus au niveau de la classe politique, il a été retenu le même mode de scrutin pour les élections législatives et municipales, à savoir la proportionnelle au plus fort reste. Autant ce mode de scrutin se justifie pour le premier type d’élections (législatives) par le souci de faire en sorte que les petits partis soient représentés au parlement, autant l’application de la proportionnelle au plus fort reste aux élections municipales aura pour conséquence un tel émiettement au niveau des conseils municipaux, que les effets les plus immédiats seront l’instabilité et l’inefficacité au niveau de la gestion des mairies.

Les effets seront incalculables sur notre politique de décentralisation. C’est pourquoi la proposition de loi faite par des députés du Groupe CDP est que le mode de scrutin pour les municipales soit celui de la proportionnelle à la plus forte moyenne.

Cette proposition évidemment déchaîne des passions au niveau d’une partie de la classe politique, fondée sur le fait qu’il s’agissait d’un consensus.

Malheureusement, nous sommes dans un pays où entre l’opposition et la majorité, il y a toujours des procès d’intention qui limitent le débat objectif. Je pense qu’il faut être toujours disponible à une discussion fondée sur des arguments. La question essentielle sur laquelle nous devons continuer à affiner nos échanges et nos réflexions est celle de situer les avantages et les inconvénients des 2 modes de scrutin et leurs conséquences sur la consolidation de notre politique de décentralisation.

S. : Pensez-vous que la durée de votre mandat vous permettra d’atteindre vos objectifs ? Si vous n’étiez pas reconduit à la présidence à la prochaine législature, allez-vous accepter siéger comme simple député ?

R.M.C.K. : Le mandat de Président de l’Assemblée nationale est de 5 ans. Jusque-là nous avons eu 3 présidents pour 3 législatures depuis le retour à une vie constitutionnelle en 1991. Ce qui est une bonne chose pour plusieurs raisons :

1. Dans un grand parti comme le nôtre qui regorge de compétences, il est souhaitable que le renouvellement au bout des 5 ans soit effectif.

2. Le délai de 5 ans me semble suffisant pour, tout en assurant la continuité de l’action de votre prédécesseur, exécuter votre programme qui, lui-même, peut être poursuivi par une autre législature.

Pour ma part il n’est nullement gênant pour un ancien Président du Parlement de revenir au cours d’une autre législature comme simple député.

S. : Dans certains pays de la sous-région, le Mali par exemple, un quota de 30 % est fixé pour le vote des femmes. Le Burkina Faso envisage-t-il la fixation d’un tel quota ?

R.M.C.K. : Est-ce qu’il y a 30% de femmes au Parlement du Mali ? Je n’en suis pas certain. La question de définir un quota pour les femmes demeure un débat de fond. C’est vrai que le souhait d’avoir une meilleure participation, une meilleure représentation des femmes au Parlement est une préoccupation essentielle reprise chaque fois en écho dans les instances parlementaires internationales. Il y a des instances où il est exigé la présence de femme député dans les délégations.

Nous disons qu’il faut que les partis politiques s’engagent beaucoup plus à promouvoir les femmes en politique en faisant en sorte q’elles soient bien positionnées sur les listes pour être élues. Si nous prenons le cas du Parlement de Niger, il n’y a qu’une seule femme élue, qui par conséquent est beaucoup sollicitée.

Il y a encore des pesanteurs sociologiques qui ne contribuent pas au plein épanouissement de la femme en politique.

Nous avons au parlement burkinabè 13 femmes sur 111députés. Ce n’est pas mal si nous nous comparons aux autres parlements, mais il reste beaucoup à faire.

Je dois rappeler qu’au CDP, nous avions pris un engagement en terme de quota de 25 % pour les femmes qui n’est pas encore atteint. Mais nous y travaillons.

S. : Les femmes soulignent à chacune de leur rencontre une injustice dont elles sont victimes. Envisagez-vous un projet de loi pour les rétablir dans leurs droits sur l’IUTS ?

R.M.C.K. : (Rires)- En effet, lors des présentations des vœux au chef de l’Etat, la question a été évoquée. On attend un projet ou une proposition de loi sur cette question.

S. : C’est parce que ça dure…

R.M.C.K. : L’initiative de la loi appartenant aussi bien au gouvernement qu’à l’Assemblée nationale, il ne faut pas exclure qu’il y ait un projet qui soit examiné bientôt.

S. : Vous avez dit que le député a en charge de défendre les intérêts du peuple qui l’a élu. Défendre les intérêts du peuple c’est quoi pour vous ?

R.M.C.K. : C’est vrai qu’un député a des missions constitutionnelles qui sont de consentir l’impôt, voter la loi et contrôler l’action gouvernementale. Mais il est bon que le député se rapproche régulièrement de ses électeurs, non seulement pour rendre compte de son travail en tant que parlementaire, action qui participe à la formation et à l’éducation de nos populations, mais également pour recenser leurs préoccupations qui pourraient être soumises à l’exécutif. Dans ce sens le député peut être un vecteur de contact entre les populations et l’Exécutif.

Il faut éviter la confusion qui consiste à ce que le député s’approprie les réalisations de l’Exécutif comme étant les résultats de son action personnelle.

Nous, en tant que parti majoritaire, nous incitons notre gouvernement à faire des réalisations qui participent à l’amélioration des conditions de vie du peuple burkinabè en général, (retenues d’eau, routes, forages etc.)

Chaque député devrait participer à l’animation du développement dans sa région.

C’est donc dire que le contact avec les populations reste une question essentielle, puisque dans l’étude de base que nous avons commandée, il est ressorti que l’un des reproches qui est fait aux députés, c’est qu’une fois élus, ils disparaissent du terrain et sont à Ouaga, sous le prétexte de difficultés financières et de sollicitations diverses dont ils sont l’objet dans leurs zones.

Dans tous les cas, il faut s’assumer. C’est cela la politique et on ne peut pas faire autrement. (Rires).

S. : A vous entendre, il y a beaucoup de charges pour le député. Pourquoi avez-vous, semble-t-il, renoncé à un certain nombre d’avantages liés à votre fonction de président du Parlement ?

R.M.C.K. : (Rires)… Je jouis de tous les avantages auxquels le Président de l’Assemblée nationale a droit (résidence, véhicule…). C’est également vrai que les députés font face à beaucoup de charges sur le plan financier, mais cela fait partie des contraintes de leur travail.

Il y a des députés qui ont leurs électeurs à des distances très éloignées de Ouagadougou. S’ils doivent s’y rendre régulièrement, en plus des attentes de leurs militants à satisfaire et leurs propres préoccupations, cela devient lourd à supporter.

Seulement, il faut faire avec, car quel que soit le montant qu’ils percevront, ils ne pourront jamais faire face à tous ces problèmes. C’est une équation insoluble.

S. : Le député ne promet-il pas trop sur le terrain…

R.M.C.K. : Il y a tout cela. Si on fait trop de démagogie, il est difficile de s’en sortir. Cela explique sans doute aussi pourquoi certains députés ont des difficultés pour retourner souvent dans leur circonscription électorale.

Dans ce sens, nous prévoyons d’effectuer des sorties de l’Assemblée nationale sur le terrain afin de recréer les conditions d’un dialogue fructueux entre les députés et les populations de leurs circonscriptions.

S. : Comment appréciez-vous le récent rapport du Comité de coordination de la lutte contre la corruption dans notre pays ?

R.M.C.K. : Je n’ai pas encore reçu officiellement ce rapport. Je dois dire cependant que dans un pays comme le nôtre qui mène une politique de libéralisation de l’économie, il faut savoir que la corruption est un phénomène lié. Il faut libéraliser tout en menant de front la lutte contre la corruption. Je crois qu’il ne faut pas se voiler la face ; à travers l’ensemble des discours de fin d’année, que ce soit au niveau du Président du Faso, que ce soit au niveau du Premier ministre, ou de l’Assemblée nationale, au moment où nous avons examiné le budget de l’Etat, gestion 2004, il est clairement ressorti que la lutte pour un développement harmonieux et la lutte contre la pauvreté doivent aller de pair avec la lutte contre la corruption qui est une gangrène qui sape nos efforts de progrès économique et social.

De ce point de vue, tout le monde est conscient du phénomène et le souhait dans ce domaine, comme le Président du Faso l’a dit, est que l’ensemble des instruments de contrôle que nous avons mis en place assument avec conséquence leurs missions.

<Je crois que la semaine prochaine (vers le 22 janvier), il y aura une séance d’interpellation du Gouvernement par le REN-LAC sur sa politique de lutte contre la corruption. Toutes ces actions sont importantes parce que permettant de maintenir les esprits en éveil.

Nous aurons beau faire le constat que la corruption est un phénomène mondial, nous avons l’obligation d’y faire face.

Au plan international, de plus en plus, des dispositions sont prises pour lutter contre le blanchissement d’argent et contre la corruption. Notre pays ne doit pas rester en marge de ce mouvement d’ensemble.

A mon avis tout le monde est engagé dans ce combat et je pense qu’à défaut de l’éradiquer définitivement, il faut se battre pour la réduire à sa portion la plus congrue.

La gestion du CDP

S. : Au CDP, on vous qualifie d’homme du consensus. Est-ce à dire que vous êtes une personne qui n’a pas de position et qui contente tout le monde ?

R.M.C.K. : Je tiens compte des intérêts supérieurs du parti. Ce qui ne signifie pas que je n’ai pas de position. Un parti comme le CDP a été constitué sur la base de la fusion de plusieurs partis politiques.

Vous conviendrez que chacun dans son parti avait ses méthodes de travail, sa façon de voir les choses, et son mode de fonctionnement. Il est évident que lorsque vous gérez un parti de ce type, tout en ayant le souci de la fermeté et de la discipline, il est important d’y associer l’écoute, le tact, l’explication et la modération indispensables à la consolidation de l’unité du Parti. C’est essentiellement ce que je fais.

Je pense qu’en tant que premier responsable du parti, il faut savoir se mettre au dessus de la mêlée et faire en sorte que l’intérêt supérieur du parti, sa cohésion, soient au centre de nos préoccupations.

S. : Comment gérez-vous la question du prochain remaniement ministériel ? (l’entretien a eu lieu le 14 janvier 2004)

R.M.C.K. : Je veux signaler d’abord que l’initiative d’un remaniement ministériel relève du Président du Faso et de son Premier ministre. On attend de voir ce qui va se passer. En son temps, on en reparlera, mais pour l’instant, je n’en suis pas informé.

S. : Allez-vous ouvrir le Gouvernement, en dehors de la majorité présidentielle, à certains partis de l’opposition ?

R.M.C.K. : (Rires). Je vous ai dit que je n’en étais pas informé. Je ne peux donc pas vous parler d’une ouverture quelconque.

S. : Avec la conjoncture politique actuelle, quel genre de gouvernement pensez-vous indiqué pour notre pays en cas de remaniement ?

R.M.C.K. : Un remaniement peut être technique ou politique. Maintenant n’étant pas informé d’un remaniement, je suis obligé de m’en tenir à l’aspect théorique.

S. : Vous avez tantôt dit que le CDP était constitué de la fusion de militants issus d’horizons différents. Comment arrivez-vous à gérer les sensibilités ODP/MT, RSI, OMR, CNPP/PSD, ULCR, UCB…

R.M.C.K. : Tous ces partis sont dissous. Ils n’existent plus. Nous sommes tous CDP. Il y a lieu honnêtement de dire que depuis la création de ce parti à nos jours, il y a un effort certain qui a été fait dans le sens du renforcement de son unité.

C’est ce qui nous permet chaque fois que nos détracteurs nous prédisent l’implosion ou l’explosion, de sortir toujours de nos assises un peu plus renforcé.

Nous sommes conscients qu’au delà de nos différences de tempérament, nous devons fonder notre cohésion sur un socle commun. Le plus difficile était de réaliser l’unité à la base.

Au sommet, c’est plus facile parce que quelque part chacun est responsabilisé, mais pour des militants de base qui hier se sont affrontés politiquement lors des précédentes campagnes, ce n’était pas évident. Il fallait donc prendre du temps pour l’explication.

Nous sommes actuellement en phase de renouvellement de nos structures jusqu’en mars, et ce sera encore une occasion pour nous de travailler à consolider l’unité à la base au sein du parti.

S. : Est-ce qu’une telle approche est efficace quand on constate qu’il y avait des courants droitier, gauchissant…

R.M.C.K. : Nous avons fait une médiane. Nous sommes un parti social-démocrate. C’est-à-dire que les courants qui étaient trop à gauche ont mis de l’eau dans leur vin. Ceux qui étaient à droite en ont fait autant. De ce point de vue, il n’y a pas de problème. Nous avons une base idéologique commune de travail.

S. : Le CDP a une base électorale féminine très importante. Pourtant, celle-ci n’est pas récompensée à sa juste valeur…

R.M.C.K. : C’est une réalité. Hier, (mardi 13 janvier 2004) nous étions en discussion avec notre responsable chargée des femmes qui nous faisait l’observation que ce sont les femmes qui représentent la base la plus sûre du parti aux moments des élections.

Elles sortent et votent, respectent à chaque fois l’engagement qu’elles ont pris contrairement aux hommes. Nous sommes en train de réfléchir sur la manière de maintenir cette base féminine par des motivations afin que quelque part, les femmes sentent que leurs efforts sont récompensés.

C’est vrai qu’au niveau général, l’Etat a voulu marquer l’intérêt qu’il accorde à la femme en créant un ministère chargé de sa promotion, en soutenant l’amélioration de ses conditions de travail à travers la mise en œuvre de nouvelles technologies de production ; mais dans le parti, c’est une question sur laquelle nous devons poursuivre la réfléxion. Nous sommes d’accord que notre base électorale reste quand même les femmes et il faut que nous accordions plus d’intérêt à cette couche de notre population.

S. : M. le Président, est-ce que vous pouvez revenir sur le cas de Bobo-Dioulasso où le CDP semble sombrer dans des querelles intestines ?

R.M.C.K. : Le problème d’un parti c’est toujours la même histoire ; quand on ne place pas au centre des préoccupations et discussions l’intérêt général et que ce sont les intérêts particuliers qui prédominent, il va de soi qu’en ce moment, le parti aura des difficultés.

Je dois dire que depuis un certain temps, nous avons fait un travail d’approche afin d’aider à pacifier ces zones d’incompréhensions inutiles, fondées parfois sur une vision individualiste de la gestion du parti. A travers le renouvellement des structures et organes du CDP, nous allons faire en sorte que sur l’ensemble du territoire national les militants puissent se sentir concernés par la vie du parti. Quand on est dans un parti qui est vaste comme le CDP, on ne peut pas exclure l’existence de tendances.

L’intelligence consiste à mettre judicieusement tout le monde à contribution pour assurer le rayonnement du parti.

S. : De quels types de tendances s’agit-il au CDP ? Est-ce des tendances du genre hommes d’affaires, commerçants ?

R.M.C.K. : Quand je parle de tendance, c’est en terme de courants d’idées et de comportements qui traversent le parti. Ce n’est pas une histoire de tendance de commerçants ou d’intellectuels et que sais je encore !

S. : A l’instar des femmes, la jeunesse du CDP dit être aussi oubliée au moment des récompenses...

R.M.C.K. : C’est vrai. Nous avons, lors du dernier congrès, décidé de la création de secrétariats nationaux chargés des femmes, des jeunes et des anciens dont les premiers responsables sont membres du Bureau Exécutif National (BEN). Nous avons donc maintenant une connexion directe avec ces structures spécifiques qui sont déjà dotées de bureaux provinciaux. Il reste maintenant à installer les coordinations nationales.

Une fois ce travail achevé une politique d’animation et de formation adaptée sera mise en œuvre de manière à ce que l’ensemble des segments de la population sympathisants de notre parti soient plus étroitement impliqués aux activités du parti.

Déjà, aussi bien au niveau des femmes que des jeunes, un programme d’activités est tracé pour une tournée dans les 45 provinces et l’organisation d’assises au plan national.

S. : On a toujours vu la main du CDP dans les difficultés rencontrées par les partis de l’opposition. Par exemple pour l’ADF/RDA, on avance que c’est votre parti qui a organisé le putsch contre Hermann Yaméogo et que dans la perspective des présidentielles, il faut s’attendre à ce que d’autres partis connaissent le même sort. Que pensez-vous de ces accusations ?

R.M.C.K. : Nous répondons que nous-mêmes avons nos propres problèmes à gérer pour aller nous occuper des autres. En réalité, il faut que les partis politiques de l’opposition tirent les leçons du fonctionnement interne de leurs organisations. C’est trop facile d’accuser chaque fois le parti majoritaire. Le manque de démocratie interne, la gestion non transparente des moyens financiers et la léthargie des partis sont à la base de nombreuses scissions.

L’argument selon lequel, la crise qui est survenue au sein de l’ADF/RDA visait à empêcher Hermann Yaméogo d’être le chef de file de l’opposition est fallacieux, car à l’époque malgré ses 17 députés, ce parti n’empêchait le CDP ni de dormir ni de voter les lois au Parlement.

Cela n’a jamais été notre souci. Nous disons simplement que si les méthodes anti démocratiques de gestion des partis ne changent pas, les mêmes causes produiront les mêmes effets.

S. : Vous n’incitez pas à la scission ?

R.M.C.K. : Nous n’incitons à rien du tout.

S. : Arrive-t-il au CDP de craindre un éventuel regroupement des partis d’opposition ?

R.M.C.K. : Nous ne craignons pas du tout ce regroupement. Ce que nous constatons simplement, c’est qu’à chaque tentative de regroupement, il y a certains partis qui se sont illustrés dans l’art de la trahison pour des intérêts égoïstes.

Nous ne faisons que constater cette incapacité.

Nous ne sommes pas opposés et nous ne travaillons pas à empêcher un regroupement des partis d’opposition.

S. : On raconte que les cadres du CDP sont beaucoup mis à contribution pour le fonctionnement du parti. Qu’en est-il exactement ?

R.M.C.K. : Nous avons décidé au cours du dernier congrès de nous doter d’un budget qui sera approuvé par le Bureau Politique National.

Nous allons d’ailleurs examiné la première mouture de ce budget en Bureau Exécutif National cet après midi (14 janvier 2004). Ce projet, en recettes doit fixer le niveau de cotisations des militants en fonction de leurs responsabilités tant professionnelles qu’au niveau du parti. C’est une décision du congrès qui ne souffre pas trop de débats quand on sait que les positions que nous occupons aujourd’hui, nous le devons à l’action du parti.

Nous devons par conséquent apporter notre contribution financière à l’animation de la vie du parti.

S. : N’est ce pas une façon d’enrichir certains ?

R.M.C.K. : Les cotisations sont basées sur les salaires. Ce n’est pas une histoire de favoriser l’enrichissement de certains de nos militants dans la mesure où on ne leur demande pas de détourner de l’argent pour renflouer la caisse du parti ! (Rires)

S. : 2005, c’est bientôt. Est-ce que le CDP a un candidat ?

R.M.C.K. : J’ai constaté que beaucoup de salives et d’encre ont coulé suite à la déclaration du Vice-Président du CDP sur la candidature probable du Président Blaise Compaoré à l’élection présidentielle de 2005.

Nous avons été surpris par cette levée de bouclier car constitutionnellement, contrairement à toutes les déclarations faites ça et là, nous ne voyons pas ce qui empêche Blaise Compaoré d’être candidat aux élections présidentielles prochaines. Ceux qui invoquent des questions de constitutionalité ont tout le loisir de saisir le Conseil constitutionnel à cet effet.

Je rappelle qu’un cinquième au moins des membres de l’Assemblée nationale (soit 23 députés) suffit pour saisir le Conseil constitutionnel de cette question et nous serons départagés. Il nous faut nous souvenir permanement que nous sommes dans un Etat de droit, qui ne laisse pas de place aux états d’âme.

Ensuite on ne peut que marquer notre étonnement lorsque nous lisons certaines analyses dans les journaux. En même temps qu’on dit que la 4ème république est décriée par le peuple, en même temps on a peur que Blaise Compaoré se présente à nouveau aux élections. Que de contradictions !

Ce qui est sûr, le CDP aura un candidat aux élections présidentielles de 2005.

Et pour cela, il appartient aux instances du CDP et à elles seules de le choisir. Ce n’est pas aux autres de nous dicter la conduite à tenir. Et cela se fera sur la base du bilan du septennat et d’un programme quinquennal que nous soumettrons à l’adhésion du peuple burkinabè pour l’échéance 2005-2010.

Quant à ceux qui pensent que Blaise Compaoré ne doit plus se présenter et pire que le CDP ne doit même pas présenter un candidat, comme je l’ai lu dans certains écrits, nous disons que c’est là une hérésie qui ne nécessite pas de réponse de notre part.

Le débat qui nous paraît utile à mener est celui de créer toutes les conditions d’une élection transparente qui permette une compétition saine sur la base de programmes politiques. Pour le reste, le peuple burkinabè est souverain.

L’Homme et ses ambitions politiques

S. : Nombre de militants du CDP et hors du CDP pensent que M. Roch Marc Christian KABORE est présidentiable. M. KABORE veut-il se contenter d’être le Président de l’Assemblée nationale ?

R.M.C.K. : Pour l’instant, la fonction que j’occupe me convient largement. Le CDP qui est un grand parti a forcément beaucoup de potentialités dans ce domaine, mais la question n’est pas là.

La question est qu’à chaque étape, il faut pouvoir choisir l’homme qu’il faut, qui, tout en bénéficiant de la confiance du peuple, peut œuvrer à consolider la cohésion sociale, la paix, la démocratie et le développement de notre chère patrie.

Pour ma part, j’ai un mandat de 5 ans à accomplir et c’est déjà une grande responsabilité.

S. : Et après 2005 ?

R.M.C.K. : Attendons de voir. (Rires).

S. : Monsieur le président, vous avez été Premier ministre de 1994 à 1996, période où ont eu lieu les privatisations. La commission d’enquête parlementaire a parlé de braderie voire de malversations. Quelle est votre lecture de cette situation ?

R.M.C.K. : Les premières réformes structurelles dans notre pays ont démarré dans les années 1992 avec entre autres l’exigence pour l’Etat de se désengager des secteurs de production pour investir ses efforts dans les secteurs prioritaires tels que l’éducation, la santé, les infrastructures etc… afin d’améliorer les conditions de vie des populations. Il devait par ailleurs créer l’ensemble des conditions favorables à l’investissement privé dans notre pays. Dans un tel contexte, il était évident que l’Etat, ne pouvant pas continuer à subventionner des sociétés d’Etat qui n’étaient pas rentables, avait tout intérêt à les privatiser.

Lorsqu’on parle de privatisations, il y a toujours au delà des questions de rentabilité économique, un volet social qui est toujours source de polémiques depuis l’époque jusqu’à nos jours.

Comme vous l’avez noté, la commission d’enquête parlementaire a remis ses travaux à qui de droit. Et je peux vous assurer, en tant qu’acteur à cette époque, qu’il n’y a eu ni copinage, ni braderie au niveau des sociétés privatisées et que seul l’intérêt national nous a guidé dans notre travail.

S. : Y a t-il eu braderie ou pas ?

R.M.C.K. : Non. Il n’y a pas eu braderie. De façon régulière, à travers les questions orales, le Parlement avait le point aussi bien de la démarche suivie pour les privatisations que des montants encaissés. Ce sont des opérations transparentes.

Cependant, je reconnais que le coût social a peut-être été un handicap à l’acceptation des privatisations des sociétés d’Etat surtout par les travailleurs et leurs organisations syndicales.

S. : En tant qu’homme politique, quelle analyse faites-vous du poids de plus en plus important de la franc-maçonnerie en Afrique et au Burkina Faso en particulier ?

R.M.C.K. : La franc-maçonnerie, je ne sais pas si c’est maintenant seulement qu’elle a un poids. C’est une institution qui existe depuis longtemps. Je dois dire que sa présence au Burkina Faso ne pose pas de problème particulier à partir du moment où la liberté d’association est reconnue à tous les Burkinabè.

En termes d’influence, c’est une institution vieille que nous découvrons peut-être maintenant au Burkina Faso. Cette institution existait dans certains pays africains depuis fort longtemps.

S. Vous dites que la franc-maçonnerie est une vieille institution. Est-ce une confrérie de sorciers ?

R.M.C.K. : Je n’en sais rien, puisque je n’en suis pas membre. (Rires).

S. : Vous avez été directeur général de banque, Premier ministre, Président de l’Assemblée nationale… On peut dire que vous avez tout eu dans la vie…

R.M.C.K. : Je ne crois pas que la question doit être posée en ces termes. Disons que quelque part, j’ai eu une carrière politique qui n’était pas prévisible parce que j’étais à la banque. Je n’avais pas de raison évidentes d’être dans la politique. Le déclic est parti de 1989 lorsque le Président du Faso m’a demandé d’assurer la fonction de ministre des Transports et des télécommunications. Ce qui fait que j’ai quitté la banque pour le gouvernement.

Finalement, nous avons eu une longue période de participation à l’action gouvernementale jusqu’à assumer les charges de Premier ministre. Aujourd’hui, je suis le Président de l’Assemblée nationale. C’est un parcours exceptionnel. Je voudrais remercier le Président du Faso pour la confiance de départ qui m’a permis de sauter pied-joint dans la politique.

Je voudrais remercier également l’ensemble des militants du parti qui m’ont toujours soutenu notamment au plan électif pour que je puisse assumer les fonctions de député, Premier vice-président pendant cinq ans et Président de l’Assemblée nationale aujourd’hui. Que dire de plus si ce n’est remercier le Seigneur et ceux qui ont été à la base de cette carrière politique.

S. : On dit que vous êtes né avec une cuillère en diamant…

R.M.C.K. : Pas du tout ! C’est ce qui se dit toujours. La cuillère en diamant à la naissance ne détermine pas le parcours. Elle détermine les conditions de la naissance. Le parcours, c’est autre chose ; il est fait d’un mélange combiné de vos rapports sociaux et du destin.

S. : Cette position ne vous éloigne-t-elle pas des réalités des populations ?

R.M.C.K. : Non ! J’essaie toujours d’être disponible, même si c’est plus difficile qu’auparavant à cause de mes charges actuelles. Je reste quand même la plupart du temps accessible et toujours à l’écoute des préoccupations qui peuvent exister ça et là. C’est pour dire que nous avons intérêt à ne pas être déconnecté des préoccupations des populations sinon on sera coupé des réalités quotidiennes.

S. : Que retenez-vous de votre passage au Premier ministère ?

R.M.C.K. : Le Premier ministère fut un passage assez difficile pour moi dans la mesure où nous sommes arrivé au moment de la dévaluation du franc CFA.

Les lendemains n’étaient pas très certains. Avec l’équipe gouvernementale qui était en place à l’époque, sur les recommandations du Président du Faso, nous avons réussi en tout cas à amorcer la pente et à faire en sorte que le processus qui, par la suite, a été renforcé par le Premier ministre Kadré Désiré Ouédraogo, et maintenant par le Premier ministre Paramanga Ernest Yonli, participe à la consolidation et à l’assainissement des finances publiques.

C’est un processus qui est actuellement très avancé, que malheureusement la crise ivoirienne est venue entacher de ses effets. Je crois que les efforts qui sont faits par le gouvernement actuel doivent nous permettre d’avoir en 2004, de meilleures perspectives d’évolution.

S. : Quelle lecture faites-vous de l’évolution de la presse burkinabè et particulièrement de Sidwaya ?

R.M.C.K. : Pour nous qui lisons les journaux chaque matin, nous ne mesurons pas toujours aisément les contraintes qui peuvent être celles d’une entreprise de presse. Ce que l’on a vu ce matin à Sidwaya est assez édifiant.

On s’imagine l’ensemble des prouesses techniques que vous devez faire quotidiennement pour pouvoir sortir ce journal à temps. C’est pourquoi, je pense qu’en tant que journal d’intérêt public, il est important que vous puissiez être dotés d’un outil qui permette de donner une information saine et transparente à l’opinion publique dans de meilleures conditions de travail.

Au niveau de votre journal, j’estime que sur le plan de la rédaction, il y a beaucoup de modération, de souci de responsabilité et d’éducation. Cela est important. Le plus souvent, certains journalistes ne tiennent pas compte de leur rôle d’éducateur et se livrent à des analyses qui ont des effets pervers sur les populations.

Je félicite Sidwaya qui, sur le plan du contenu, n’est pas un journal partisan. C’est un journal ouvert où nous avons des déclarations de l’opposition comme du Gouvernement.

Ce contenu pluriel est très important. Bien que journal d’Etat, vous n’êtes pas là simplement pour reprendre en écho ce que le gouvernement ou l’Assemblée nationale fait. Vous montrez que vous avez le souci de l’équilibre de l’information. Ce qui contribue à consolider et renforcer la culture démocratique dans notre pays.

C’est pourquoi, je souhaite que l’exemple de Sidwaya puisse être largement suivi.

Certains pensent que pour pouvoir mieux vendre leur journal, il faut s’attaquer en permanence au pouvoir y compris sur la base d’informations non fondées et de rumeurs.
Et plus on recherchele sensationnel, plus on prend ses rêves pour la réalité, participant ainsi à la désinformation et à l’intoxication. Ce qui n’est pas la mission d’un journal ou d’un journaliste.

S. : 200 millions pour la presse privée, est-ce suffisant ?

R.M.C.K. : C’estpeu maisc’est à l’image des moyens dont dispose l’Etat. Je pense que l’effort sera progressif en fonction de l’amélioration des conditions budgétaires.

Je crois que c’est déjà quelque chose de positif qui est fait vis-à-vis des partis politiques, de la presse et de certaines structures.

L’Etat fait des efforts pour marquer sa volonté de soutenir la démocratie. Je pense qu’il faut s’attendre à ce que cette volonté puisse être renforcée d’année en année.

S. : On entend souvent dire le « Rocco ». Qu’en est-il exactement ?

R.M.C.K. : J’ai un ami qui m’appelait le « Rocco » par déformation de la prononciation de mon prénom. Les gens ont retenu cela, même si les surnoms qu’on m’attribue sont nombreux. Chacun y va de son inspiration.

S. : Est-ce sympathique de vous appeler ainsi ?

R.M.C.K. : Si ça vous plaît. (Rires).

S. : On vous dit également bon viveur ?

R.M.C.K. : Comme j’aime à le dire, je suis un citoyen normal. Je vis comme tout le monde. J’essaie malgré tout d’avoir une hygiène de vie correcte. (Rires).

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