ActualitésDOSSIERS :: Terrorisme au Burkina : Deux ou trois choses apprises du rapport « Global (...)

L’année 2022, a été une année éprouvante pour notre pays. Chacun sait ce qu’il a vécu avec deux coups d’Etat survenus à huit mois d’intervalle. Ces moments d’instabilité à la tête de l’Etat, et de division au sein de l’armée ont impacté la lutte contre le terrorisme dans notre pays. 2022 est la pire des années pour notre pays en termes d’impact du terrorisme dans le pays. C’est ce qui ressort du rapport publié par l’Institut pour l’économie et la paix (IEP) qui analyse chaqu’année l’impact du terrorisme dans le monde.

Sur la base des données collectées par plusieurs sources comme TerrorismTracker sur les attaques terroristes, le nombre de personnes mortes et blessées, les dommages occasionnés. Tous ces critères sont pondérés. Le critère le plus important est le nombre de morts. Le rapport analyse près de 163 pays regroupant 99,7 de la population mondiale. Notre pays a été observé par le think thank qui produit ce rapport. Quelques constats et données le concernant sont intéressants dans ce rapport, et nous les partageons avec vous.

Le rapport du GTI nous dit que notre région, le Sahel, est aujourd’hui l’épicentre du terrorisme mondial. C’est au Sahel que se passe le terrorisme avec près de 43% du nombre total de décès, en 2022. Ce rapport nous dit qu’en 2007, on en était au Sahel, seulement à 1% du nombre total des incidents terroristes. Et en 16 ans nous avons eu une augmentation de 2000%. Nous faisons « mieux » si on peut s’exprimer ainsi en matière de nombre de personnes décédées du fait du terrorisme que l’Asie du sud, le Moyen Orient, et l’Afrique du nord réunis. Les attaques terroristes augmentent au Sahel mais sont en déclin en Afrique du nord et au Moyen Orient de 32%.

Cette tendance baissière est même mondiale avec un taux des décès en baisse de 9%. L’année 2022 a été en baisse de 38% par rapport au pic de décès de 2015 qui a fait 10 699 morts. Le nombre des attaques terroristes diminuent aussi dans le monde de 28%. Mais contrairement à cela notre pays, a connu en 2022 une hausse importante du nombre de décès dû au terrorisme passant de 759 à 1135 selon le GTI. C’est la première fois que le pays atteint le chiffre de 1000 morts. Le nombre de personnes décédées dans notre pays représente 17% du nombre total des décès dans le monde.

Le Mali avec 944 morts en 2022 fait 14% des pertes humaines. Le Nigéria ne compte que pour 6% et notre voisin de l’Est, le Niger ne prend que 3%. Raisonnons CEDEAO avec ses statistiques, en 2022, les personnes ressortissantes de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest mortes du fait du terrorisme représentait 40% du total des décès, en ne s’en tenant qu’aux quatre pays Burkina, Mali, Nigeria, Niger. Par le passé la communauté a regardé les deux pays Nigeria, Mali, se débattre seuls jusqu’à ce que l’incendie se propage au Burkina et au Niger et est en passe de gagner le Togo, le Bénin la Côte d’Ivoire et les autres pays côtiers.

Si le « Sahelistan » est une réalité, l’Afghanistan reste le pays le plus impacté par le terrorisme ces quatre dernières années. Le Burkina est monté sur le podium avec la médaille d’argent et le bronze pour la Somalie. Le rapport nous dit que le nombre des attaques a augmenté ainsi que le nombre des décès et la létalité des attaques dans notre pays. Le Burkina, le Mali et l’Irak ont en commun d’avoir le plus grand nombre d’attaques non revendiqués.

Il y a parmi les assaillants de ces pays beaucoup de pêcheurs en eaux troubles que sont les bandits, trafiquants et autres contrebandiers qui s’attaquent à l’Etat pour le gain facile. Le rapport dit que c’est le JNIM, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans(GSIM) qui est responsable de la plupart des attaques revendiquées au Burkina. Le connaître bien et le combattre est une des clés du succès de la lutte contre le terrorisme dans notre pays.

Dix pays comptent pour 85% des décès du terrorisme selon GTI
Le tableau suivant provient du rapport GTI 2023 il fait le classement des dix pays les plus impactés par le terrorisme et leur évolution depuis 2011

Si on observe la situation du Burkina à partir de 2011, il était très peu touché par le terrorisme comparé au Mali et au Niger, et dès qu’il a été touché en 2015, il n’a fait que s’écrouler par paliers successifs. Une descente continue. Nos voisins du Mali et du Niger n’ont pas eu le même parcours. Qu’est- ce qui peut expliquer le nôtre ? Est-ce légitime de regarder ce passé peu glorieux ? Oui s’il nous enseigne quelque chose et si nous apprenons de nos erreurs et utilisons le tremplin du passé pour des victoires futures.

Plusieurs raisons expliquent à notre descente aux enfers que le graphique montre : la faible connaissance de l’ennemi, la réponse inadéquate au problème. On l’a déjà dit le pouvoir MPP a cru que le terrorisme était une réaction du pouvoir déchu du CDP. Tout le monde sait que ce mauvais diagnostic nous a fait perdre beaucoup de temps. On n’a pas étudié l’ennemi pour le connaître et le combattre. On a fait plus confiance à l’appui des partenaires étrangers. On n’a pas fait un point de nos forces et faiblesses. On s’est disputé entre nous sur des questions subsidiaires au terrorisme par la suite.

Maintenant que nous savons que cette guerre contre le terrorisme, est la nôtre, pas celle d’un allié étranger et que c’est sur nos propres forces qu’il faut compter, il faut s’atteler à réunir nos forces, l’armée, les FDS, les VDP, la population. Il ne faut pas diviser notre propre camp. Tout le monde ne peut pas se battre avec des fusils et ce n’est pas pour autant qu’ils ne servent à rien ou sont pour les terroristes.

Donc il est essentiel d’affiner notre connaissance de l’ennemi et de le combattre à tous les niveaux, comme l’assèchement de ses sources de financement, l’empêcher de faire de nouvelles recrues par la cohésion sociale et la non stigmatisation des ethnies, la formation et l’emploi des jeunes. C’est ce que le gouvernement propose et il doit continuer de le faire tout en tendant le bras à ceux qui déposent les armes, car la paix même si elle est chère, elle est à meilleur prix que la guerre. Et nous qui disons cela, c’est aussi notre contribution pour la défense de la patrie, en aidant nos compatriotes de bonne volonté à réfléchir pour le pays et son avenir.

Sana Guy
Lefaso.net

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