Actualités :: Burkina : Le Syndicat national des travailleurs de l’agriculture demande (...)

Dans nos sorties médiatiques antérieures, nous avons présenté une analyse des politiques agricoles mises en œuvre au Burkina Faso. Nos analyses faisaient ressortir qu’en dépit des énormes potentialités que regorgent le Burkina Faso, le pays peine à couvrir les besoins alimentaires et nutritionnels de sa population. Cette situation est sans doute la résultante du tâtonnement teinté de diversion politique et politicienne animée et entretenue par les hommes des différents pouvoirs néocoloniaux qu’a connu notre pays. Malheureusement le pouvoir du MPSR semble s’inscrire dans la même logique.

La preuve palpable réside dans les axes stratégiques du gouvernement de la transition qui passent sous silence des actions allant dans le sens du redressement de notre Agriculture. Pire, ce gouvernement n’a pour l’instant développé aucune stratégie pour faire face à l’insécurité alimentaire accentuée par le fléau de la crise sécuritaire. Dans un premier temps, se rendant compte de l’oubli des questions agricoles, les autorités du MPSR 1 en voulant rattraper les choses ont intégré ces questions dans les actions de gouvernance. Dans le second temps, avec les autorités du MPSR 2, le président Ibrahim Traoré en voulant rattraper les choses, affirme qu’après les questions sécuritaires suivent celles agricoles en termes de priorité des priorités.

Nous ne cesserons de le répéter la sécurité alimentaire est une question extrêmement fondamentale pour la survie d’une nation. Il est donc évident que ce qui relève de la souveraineté nationale ne s’aurait s’inscrire dans les actions de gouvernance comme on le constate avec l’adoption du plan opérationnel de production de la campagne sèche.

Bien que nous ayons interpellé le Ministre KIBA Innocent dans notre déclaration de mai 2022 sur la nécessité de se doter d’une politique agricole assortie d’une vision prospective claire qui s’inscrit dans le moyen et long terme. Pour le court terme nous avons suggéré de développer des stratégies adaptées pour subvenir aux besoins alimentaires des populations en général et des PDI en particulier. Cependant nous constatons amèrement que la nouvelle équipe semble hériter du tâtonnement exprimé par des choix déraisonnés.

Nous constatons malheureusement que la seule vision qu’ont les autorités est la fusion du secteur de l’Agriculture avec celui des ressources animales. Il nous semble que cette vision n’est même pas clairement définie avec la récente nomination d’un Ministre délégué chargé des ressources animales après une année de fonctionnement.

Les exemples de choix déraisonnés sont légion :

 Dans un contexte d’insécurité alimentaire et humanitaire accentuée, comment qualifier le choix de subventionner, à hauteur de 72 milliards, la filière coton contre seulement 2 milliards pour celles des cultures céréalières ? A qui profite ce choix déraisonné ? Sans doute pas aux larges couches des populations à la base qui ne se nourrissent que de céréales !

 Comment comprendre que malgré nos gigantesques pôles de croissance que sont Bagré pôle, Sourou pôle, Samendeni, nous n’ayons pas l’intelligence d’anticiper sur certaines crises alimentaires dans les zones à haut défi sécuritaire ;

 Comment comprendre que pendant que les personnes déplacées internes et les populations des zones occupées par le terrorisme meurent de faim, des milliers de tonnes (plus de 20 000 tonnes) de vivres de la SONAGESS soient expressément oubliées dans les entrepôts jusqu’à détérioration pour cause de passation de marché mal exécutée ;

 Dans une option de fusionner l’Agriculture à l’élevage dans le contexte de la crise sécuritaire ; comment comprendre l’attitude du MPSR2 qui prétend placer les questions agricoles parmi les priorités des priorités, de diminuer drastiquement le budget du secteur à 5% du budget national. Pourtant en 2003 avec les accords de Maputo, les pays africains se sont engagés à allouer au moins 10% de leur budget national au développement agricole et rural qui est désormais la cible de référence pour évaluer l’engagement du pays en faveur de l’amélioration de son agriculture ;

 Comment peut-on comprendre que dans cette même logique de fusion de l’agriculture et de l’élevage cumulée aux perspectives d’accroissement des rendements agricoles, on arrive à la nomination d’un administrateur civil au poste de Secrétaire General en foulant au pied les normes techniques en la matière. En effet la fonction de Secrétaire général étant une fonction technique ne doit pas faire l’objet de politisation ou de clientélisme. Ce poste technique revient de droit aux techniciens du métier de l’Agriculture.

Par ailleurs, nous dénonçons une fois de plus, le tâtonnement dans la mise en œuvre du mécanisme de distribution des intrants et équipements agricoles. Les autorités du ministère peinent à maîtriser la gestion des intrants, équipements et animaux destinés aux laborieux producteurs. Ainsi, depuis 2008, nous assistons à de multiples révisions de ce mécanisme de distribution qui sont des résultats de calculs politiciens teintés de mauvaise foi et des politiques hasardeuses imposées par les institutions internationales.

Sans revenir sur les raisons qui ont entraîné ces multiples révisions nous tenons à mettre un focus sur la nouvelle trouvaille dénommée d’abord E-voucher puis Agri-voucher.

Nous avions déjà dénoncé, dans nos précédentes déclarations, le caractère amateuriste et aventuriste de ce système de distribution. Après trois années de mise en œuvre, les réalités et les faits sont têtus :

 En trois années de mise en œuvre, le mécanisme a enregistré quatre révisions en commençant par E-voucher (en 2019 avec la phase d’expérimentation dans quatre régions), ensuite s’en est suivi le mécanisme Ad hoc en 2020 puis nous avons connu le Mécanisme Agri-voucher en 2021 et enfin le mécanisme de cette campagne 2022-2023 qui a connu des modifications majeures, même si cette fois-ci l’autorité n’a pas eu le courage de lui attribuer un nouveau nom parce que l’aberration est à son comble ;

 La raison principale utilisée par les autorités pour confier la gestion des intrants à l’Association des Grossistes et Détaillants des Intrants Agricoles (AGRODIA), raison que nous qualifions de fallacieuse, est le fait que la garantie de détenir et surtout de sécuriser les magasins de stockage incombe à AGRODIA. Et malheureusement dans le même registre, des montants colossaux leur sont versés pour la location et la sécurisation des magasins dans toutes les communes du Burkina, conformément au contrat qui les lie ;

 Des dysfonctionnements majeurs liés à la plate-forme comme le fait que les quantités d’intrants distribuées via les messages triplent les quantités réelles dans les magasins ; occasionnant des bons payés et non livrés ; de multiples annulations des bons émis avec les désagréments que cela comporte ;

 Des cas de détournements constatés en témoignent les sorties médiatiques de certains membres d’AGRODIA durant la campagne agricole passée ;

 Les tentatives de lynchage d’agents d’Agriculture par des groupuscules de producteurs mécontents du fait qu’ils constatent les magasins pleins d’intrants alors que les agents d’Agriculture ne peuvent les servir pour raison d’indisponibilité de codes bons. Ces situations se sont déroulées dans la commune de Bondokuy (province du Mouhoun) et un peu partout dans le pays ;

 A cela s’ajoutent les suspensions tous azimuts des bons livrés par les messages dans la distribution des engrais PreCA. L’Unité de Gestion du projet PreCA prend unilatéralement des actions sans un minimum de consultation des autorités du MARAH. Le cas le plus palpable est l’instauration dans leur mécanisme, de la gestion des ressources financières issues de la vente des semences par les agents d’Agriculture. Cette situation nous ramène encore en arrière car à la suite des revendications syndicales pour protéger les agents, la mesure de ne plus laisser ces derniers manipuler de l’argent dans le cadre du mécanisme avait été prise ;

 Les retards enregistrés dans la distribution cette année sont sans précédent. Jusqu’en fin Août les dépôts d’engrais se faisaient toujours dans certaines régions ;

 Dans le mécanisme de cette année, il y a deux types de système de distribution dictés par les partenaires tels PreCA et PUDTR en plus du mécanisme classique de distribution des intrants de l’Etat. Dans le même magasin sont entreposés trois stocks différents d’engrais qui seront distribués à travers trois systèmes différents. Quelle cacophonie !

 La distribution par endroit des engrais de qualité douteuse qui ont été partout décriés par les producteurs ;

 A tout cela, s’ajoute la défaillance des réseaux téléphoniques qui s’est accentuée avec la situation sécuritaire.

Ces résultats médiocres résultent d’un contrat faramineux (sous prétexte de vouloir soutenir les associations) entre le MARAH et l’Association des Grossistes et Détaillants des Intrants Agricoles sous l’injonction de la Banque Mondiale. Malgré nos multiples interpellations sur le fait que le mécanisme de distribution électronique a déjà brillé par son inefficacité dans d’autres pays de la sous-région, comme le Mali qui a dû suspendre sa mise en œuvre ; nos autorités se sont félicitées en disant que ce mécanisme mettra fin aux remous sociaux.

Quant au contrat signé avec AGRODIA, des interrogations demeurent en ce sens que nous ne comprenons pas les agissements de nos autorités :

Que recherchons-nous quand nous signons un contrat avec une association de commerçants d’intrants pour assurer la distribution des intrants agricoles, tout en leur disponibilisant des ressources pour l’acquisition des intrants ?

Que recherchons-nous quand on mentionne dans ledit contrat que l’acquisition et la sécurisation des magasins relèvent de la responsabilité de AGRODIA tout en octroyant à cette structure, la somme de 250 000 FCA par commune pour la location des magasins alors que ce sont des magasins de l’Etat qui ont été utilisés par endroit ?

Au regard de ce qui précède, le SYNATRAG :

 Lance un appel au gouvernement de la transition à dégager des axes stratégiques spécifiques pour le développement de notre Agriculture à travers des investissements conséquents ;

 Lance un appel au gouvernement de la transition, à développer une stratégie réelle de production ciblée pour nourrir les Personnes Déplacées Internes car les dons en nature et en moyens financiers ne pourront jamais juguler la crise qu’elles subissent ;

 Interpelle le ministre sur la nécessité de transformer notre Agriculture afin de la rendre structurante et performante en définissant une politique agricole assortie d’une vision prospective qui mettra un focus sur les solutions aux contraintes réelles du secteur agricole ;

 Demande l’organisation des états généraux de l’Agriculture afin d’amorcer une véritable refondation ;

 Dénonce les nominations par complaisances et surtout la politisation de l’administration générale ;

 Invite le Ministre Denis OUEDRAOGO à privilégier et valoriser les cadres du ministère dans l’occupation des postes techniques ;

 Rejette et dénonce avec vigueur le mécanisme Agri-Voucher et appelle les autorités du MARAH à élaborer un nouveau mécanisme qui tiendra compte des caractéristiques réelles de notre Agriculture ;

 Invite le ministre et les agro-dealers à cesser de dilapider l’argent du contribuable devant servir à l’achat des intrants agricoles ;

 Réclame un bilan chiffré du mécanisme de distribution des intrants des trois dernières années avec des détails sur ce qu’ont eu AGRODIA, Orange, CRA, CPF, ….. ;

Vive le SYNATRAG !

Vive le syndicalisme révolutionnaire de lutte de classes !

Pain et liberté pour le peuple.

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