Actualités :: Drogue en milieu scolaire : « Vouloir que l’école seule résolve le problème de (...)

A l’ordre du jour de la session parlementaire du mardi 7 mars 2023, des questions orales avec débat. Le ministère de l’éducation nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales (MENAPLN) a apporté des éléments de réponse à la question de l’honorable Drissa Ki, qui l’interrogeait sur les mesure entreprises contre la drogue, la toxicomanie et la violence en milieu scolaire en posant la question suivante : « quels sont les actions que vous comptez mener à court, moyen et à long termes pour parvenir à l’éradication complète ou à une réduction significative de ces fléaux en milieu scolaire ? »

D’entrée de jeu, le ministre saluera la pertinence de la question avant de relever que le phénomène a la peau dure et ce, depuis belle lurette. La situation est d’autant plus préoccupante que le ministère en a fait son cheval de bataille. En effet, le 26 juin 2016, à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de lutte contre la drogue, le thème retenu était : « problématique des drogues en milieu scolaire, quelles stratégies pour une meilleure prévention ».

Depuis lors, des actions fortes ont été engagées en vue de combattre le phénomène. Une stratégie nationale de lutte contre la drogue, la toxicomanie et la violence en milieu scolaire (SNL-DTV) a été élaborée en 2018, mais elle n’a pas été adoptée par l’Assemblée nationale. Cependant, au vu de la gravité du problème, la Commission nationale pour la protection des données (CNPD) a autorisé le MENAPLN à la relecture de ladite stratégie en vue d’apporter une réponse plus efficace à la problématique.

Une vue des parlementaires présents

En attendant que cela se fasse, la direction générale de l’accès à l’éducation formelle a entrepris deux activités d’envergure nationale. La première a porté sur les violences en milieu scolaire, la drogue et la toxicomanie à l’école et l’éducation à la paix. « Cette initiative a permis de toucher des acteurs tels que les chefs d’établissements, les élèves, les parents d’élèves, les syndicats de l’éducation dans 760 structures primaires, post-primaires et secondaires dans 30 provinces » a laissé entendre le ministre.

La deuxième activité s’est tenue du 14 au 17 décembre 2022. Il s’agissait de la septième édition de la Semaine scolaire d’éducation à la citoyenneté (SESECI) qui a instruit les acteurs de l’éducation sur « le rôle de la communauté éducative dans la construction de la paix, de la cohésion sociale et de la citoyenneté responsable ».

Pour ce qui est des actions à moyens terme , le MENAPLN entend parmi ces nombreuses actions, « organiser des campagnes de plaidoyers auprès des leaders communautaires, des Partenaires techniques et financiers (PTF), des collectivités territoriales et la représentation nationale, suivre les élèves toxicomanes, promouvoir le dépistage précoce des élèves consommateurs de drogues et stupéfiants, organiser des émissions de sensibilisation radio et télé sur la problématique de la drogue et de la violence en milieu scolaire, intégrer la thématique dans les curricula, mettre en place des dispositifs d’accompagnement dans les établissements scolaires ».

« Le MENAPLN prévoit de réintroduire l’éducation civique et morale au post-primaire et secondaire comme discipline à part entière pour l’année scolaire 2023-2024 » Souleymane Coulibaly

A long terme, il sera question entre autres de former les enseignants dans les écoles de formation sur les modules de prévention de la drogue, de la toxicomanie et la violence, de mettre en place dans chaque région un comité de veille et de communication sur la thématique, déconcentrer les structures en charge des toxicomanes dans les CHR, d’assurer la réinsertion des élèves toxicomanes, acquérir des kits d’identification de drogues, de réprimer et de punir la vente et la consommation des drogues dans l’environnement scolaire.

Pour la majeure partie des députés de l’ALT, le ministre dans son allocution, s’est plus appesanti sur les conséquences du phénomène. Ils ont proposé entre autres que les sanctions soient durcies pour garantir l’efficacité de la lutte. Selon l’un des parlementaires, la solution serait de faire mal au portefeuille des parents pour qu’ils puissent se ressaisir quant à l’éducation de leurs enfants. « Il faut renvoyer les élèves toxicomanes sans possibilité de remboursement. Vous verrez que si ça fait mal au parent parce que c’est leur argent qui est dilapidé, ils vont se concentrer sur l’éducation des enfants », a-t-il recommandé avant d’ajouter que certains ne retrouveront le chemin du salut que par la prison. « Il y en a qu’il faut enfermer parce que c’est la seule solution pour les ramener à l’ordre ».

Des recommandations que le ministre dit avoir écouté avec beaucoup d’intérêt mais qu’il convient de relativiser. « Au sujet des enfants toxicomanes que vous demandez d’emprisonner, n’oubliez pas que parmi ces jeunes-là il y a des mineurs. Nous tentons de les récupérer, nous sommes des éducateurs et des pédagogues. Nous avons foi que nous pouvons les récupérer. Ce n’est pas la répression tout azimut qui permettra de résoudre la situation. Si on les enferme, ils vont en ressortir plus criminels et viendront nous égorger dans notre sommeil. Renvoyer un élève pour une semaine parce qu’il a consommé la drogue serait lui donner l’occasion d’aller renforcer ses compétences en consommation de stupéfiants », a relevé le ministre.

Le président de l’ALT, président la session parlementaire

Aussi va-t-il déplorer le manque d’infrastructures sanitaires prévu à cet effet. « Il n’y a pas de centre pour la prise en charge des toxicomanes dans notre pays. Le seul centre se trouve au CHU Yalgado Ouédraogo et permettez-moi même de douter de la qualité de ce centre-là », dit-il.

Un autre point marquant est l’irresponsabilité des acteurs de l’éducation qui, pourtant, sont censés éclairer les élèves. « Il y a combien d’enseignants qui fument ? Ils ne fument pas dans la cour, ils fument dans la classe. Que voulez-vous que l’élève fasse dans ce cas, lui qui prend pour exemple son maître. Vous voulez qu’il fasse quoi si ce n’est que fumer à son tour ? », questionne-t-il. « Un autre fait est que la distance qui doit séparer les écoles de certains endroits de consommation est de 400 m. Vous allez voir qu’au départ c’est respecté. Mais à la longue, c’est la mairie même qui viendra donner une portion à quelqu’un pour qu’il ouvre son maquis ou son kiosque. Que voulez-vous que le pauvre directeur fasse dans ce cas de figure, si c’est la mairie même qui a autorisé cela ? Par finir les enfants se retrouvent là-bas et ce n’est la faute ni au responsable de l’école, ni au ministère. Je trouve que les responsabilités sont partagées et que chacun à son mot à dire mais telles que les choses se présentent on dirait qu’on rejette seulement la faute à l’école alors que les enfants s’approvisionnent partout. L’école a sa part de responsabilité, mais vouloir qu’elle seule résolve le problème de la drogue serait trop demander à mon institution », dira-t-il pour conclure.

Erwan Compaoré
Lefaso.net

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