Le long métrage « Sira », seul film burkinabè en compétition pour l’Etalon d’or de Yennenga, a remporté, vendredi 3 mars 2023, le prix spécial de l’ONG WaterAid. Ce prix, qui récompense la meilleure œuvre traitant des questions liées à l’eau potable, l’hygiène, l’assainissement et le climat, est composé d’un chèque de 5 millions de francs et d’un trophée. La cérémonie s’est tenue en présence du directeur du plaidoyer et de la communication de WaterAid, Célestin Pouya.
Un mot, un son, une image, une vidéo peuvent changer positivement et qualitativement la vie des populations. WaterAid en est convaincue. Raison pour laquelle, elle a associé son image à la grand-messe du cinéma africain. Pour la deuxième fois, l’ONG a décerné un prix spécial au meilleur film qui traite des questions de climat, d’eau, d’hygiène et d’assainissement. Et ce film, c’est « Sira » d’Apolline Traoré, vainqueur de l’Etalon d’argent, samedi 4 mars dernier.
« Inch’Allah, on aura la paix au Burkina Faso »
« Ce trophée est une fierté pour nous. Nous avons réalisé un très beau film. On avait peur de le présenter au Burkina Faso et nous ne pouvons qu’être fiers de voir tous ces prix que nous avons raflés. Merci à WaterAid et au peuple burkinabè. Inch’Allah, on aura la paix au Burkina Faso », a déclaré Nafissatou Cissé, l’héroïne de Sira, âgée seulement de 25 ans.
- Nafissatou Cissé, l’héroïne de Sira, a exprimé, au nom d’Apolline Traoré, sa gratitude à WaterAid.
Un film « complet »
Présent aux côtés de l’actrice, le directeur du plaidoyer et de la communication de WaterAid, Célestin Pouya, a soutenu que le film « Sira » est complet car il pose le problème de climat, d’hygiène, d’eau potable et d’assainissement, dans un contexte de changement climatique et d’insécurité.
« Dès le début, le film nous plonge dans les changements climatiques. Tout le décor est dans le désert, on voit des cailloux, du sable, de la sécheresse. L’eau est au centre de tout le décor. L’héroïne Sira a recherché de l’eau dans ce désert. Quand elle a trouvé l’eau, cette eau lui a permis de revivre. J’ai aimé la réponse qu’elle a donnée au terroriste qui lui a demandé pourquoi elle était là, dans un lieu dangereux. Elle a répondu : ‘‘Au moins ici, il y a de l’eau”. Cela montre la situation des femmes du Sahel qui bravent la mort pour aller chercher l’eau, la vie. A travers ce film, il y a la problématique des changements climatiques qui nous font dire que si on ne fait pas attention, si on ne s’adapte pas, on va disparaître comme les dinosaures », a déclaré Célestin Pouya.
- Selon le directeur du plaidoyer et de la communication, Célestin Pouya, Sira est un film complet
L’hygiène menstruelle en question
Selon le directeur de plaidoyer et de la communication de WaterAid, le film « Sira » traite également d’assainissement d’hygiène menstruelle. « On ne sait pas comment Sira a accouché dans le film, mais il y a aussi la question d’assainissement et de l’hygiène menstruelle qui est aussi posée. On était émerveillé par cette tache de sang qu’elle avait sur sa robe. Au Burkina Faso, 20% des jeunes filles s’absentent chaque mois de l’école parce que les écoles, les gouvernements sont incapables de leur offrir un endroit adéquat pour gérer leur hygiène menstruelle », a-t-il déclaré.
- Sira errant dans le désert à la recherche d’eau après avoir été violée par le chef terroriste Yéré
Apolline Traoré, une allier de taille ?
Pour l’ONG WaterAid, la réalisatrice Apolline Traoré a la carrure qu’il faut pour être une ambassadrice et tutoyer les gouvernants pour influencer les politiques publiques en matière de l’effectivité des droits d’accès à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement, dans un contexte d’insécurité et de changement climatique. « Elle peut nous aider à jouer le rôle d’allier. Elle serait un bon partenaire », se convainc Célestin Pouya.
- WaterAid a installé des dispositifs de lavage de mains et de désinfectant au siège du Fespaco et à la maison du peuple
L’hygiène avant la fête
Notons qu’au-delà du prix spécial, l’ONG WaterAid, soucieuse de l’hygiène des festivaliers, a installé plusieurs dispositifs de lavage de main et de désinfectant au siège du Fespaco et à la Maison du peuple durant la biennale du cinéma africain. Son partenaire, l’Association des étudiants en médecine du Burkina Faso (AEM-BF), a sensibilisé les festivaliers au lavage des mains à l’eau et au savon, grâce à une équipe de quinze personnes déployée sur les deux sites.
- Quelques membres de l’association des étudiants en médecine du Burkina, partenaire de WaterAid dans la sensibilisation sur l’hygiène
« Quand les festivaliers arrivent, on leur dit de s’assurer d’avoir les mains propres, de sorte à éliminer le maximum de gènes possibles, avant de se restaurer », a indiqué Ilboudo Felix Albert, vice-président chargé aux affaires internes et du développement de capacités de l’AEM-BF. Même si certains festivaliers opposaient une certaine résistance, l’équipe dit avoir le sentiment d’avoir fait œuvre utile pour la communauté.
Fredo Bassolé
LeFaso.net
