Actualités :: 8 mars 2023 : « Nous comprenons la décision du ministère de ne pas produire de (...)

Dans un communiqué en date du 17 février 2023, le ministère en charge du genre et de la famille a décidé de ne « pas faire de la production des pagnes une activité majeure pour la commémoration officielle du 8 mars 2023 ». Dans le même communiqué, le ministère dit se démarquer de toute initiative de production et de commercialisation de pagnes de 8 mars. Dans cet entretien qu’elle nous a accordé, Thérèse Coulidiaty, responsable aux relations extérieures de la Fédération nationale des tisseuses du Burkina Faso dit comprendre la décision du gouvernement, mais déplore la diffusion tardive du communiqué. Ce qui de son point de vue a pénalisé les tisseuses au profit des commerçants qui ont eu le temps de commercialisé le pagne industriel pendant des semaines.

Lefaso.net : Comment la fédération a-t-elle accueilli le communiqué du ministère de la femme indiquant qu’il n’y a pas de pagne officiel pour la célébration du 8 mars 2023 ?

Thérèse Coulidiaty : Nous avons été sensibles au communiqué. Nous avons rencontré la secrétaire générale du ministère pour échanger parce que nous avons vu qu’il y avait une grande quantité de pagnes industriels du 8 mars sur le marché. Elle nous a répondu que le ministère n’avait pas l’esprit à la fête. Nous lui avons expliqué que les pagnes industriels avaient déjà inondés le marché. Ce que nous déplorons, c’est que le communiqué est sorti tardivement. C’est là le motif de mécontentement des tisseuses. C’est comme si on avait donné l’occasion aux commerçants de vendre le pagne industriel au détriment du pagne tissé. Pourtant depuis le 2 septembre 2015, le pagne tissé est le pagne officiel du 8 mars. Il y a eu de la surenchère sur le pagne industriel. Selon la couleur, les commerçants avaient monté le prix à 8500 et les autres couleurs à 8000 F CFA. Or nous, les tisseuses, n’avons rien produit.

Quel est l’impact de cette décision sur les tisseuses ?

Le 8 mars, ce n’est pas seulement l’aspect festif, c’est une occasion de réfléchir sur les difficultés des femmes. Mais le 8 mars constitue aussi une opportunité financière pour les tisseuses. Nous sommes environ 50 000 tisseuses réparties sur tout le territoire du Burkina Faso. Pendant le 8 mars, nous produisons plus d’un million de pagnes tissés et cela rapporte environ un milliard de F CFA pendant la période de production du 8 mars. C’est un manque à gagner pour les tisseuses.

C’est donc une perte économique pour vous ?

C’est vrai que c’est une perte économique pour les tisseuses, mais la raison évoquée par le gouvernement est fondée. Nous nous alignons sur la décision gouvernementale. Il faut dire que comme les années antérieures, nos partenaires à l’extérieur du pays notamment aux Etats-unis d’Amérique, au Canada, en Belgique, en Suisse, en France, au Niger, au Sénégal, au Mali et même à l’intérieur du pays nous ont appelé pour savoir si l’échantillon a été produit. Nous leur avons dit qu’il n’y a pas eu d’échantillons cette année. Nous comprenons la décision du gouvernement au vu de la situation, mais ce qu’on déplore c’est que le communiqué soit sorti tardivement, cela a permis à d’autres de vendre les pagnes industriels et de faire de bonnes affaires.

Ce que le consommateur a souvent reproché au pagne tissé, c’est la qualité du produit. Que pouvez dire pour rassurer les consommateurs ?

De par le passé, les gens accusaient le pagne tissé de déteindre. Ça c’est vrai pour certaines productions dont les couleurs n’étaient pas maîtrisées, notamment le bleu turquois et le noir. Ce sont ces deux couleurs fondamentales qui déteignaient. Nous avons eu la chance d’être formées sur la teinture artisanale durable. Pour ce qui est des pagnes qui déteignent, nous avons oublié ça depuis un certain temps parce que la formation a pris en compte la stabilisation des couleurs. On s’en réjouit aujourd’hui parce que les tisseuses que nous sommes peuvent produire des pagnes de qualité et qui ne déteignent pas.

Avez-vous été consultés avant la diffusion du communiqué ?

Nous n’avons pas été consultés, mais nous prenons acte du communiqué. Le communiqué dit qu’il n’y a pas de festivités de 8 mars. Mais de mon point de vue, le 8 mars, ce n’est pas seulement le côté festif. Il y a aussi les opportunités financières. Pendant le 8 mars, les tisseuses font de bonnes affaires. C’est le 8 mars, c’est aussi une occasion d’échanges de réflexion. C’est une opportunité de promotion économique.

Propos recueillis par Justine Bonkoungou
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