Actualités :: Lutte contre les mutilations génitales féminines : Le photoreporter Philippe (...)

L’Assemblée générale des nations unies a décrété le 6 février, journée mondiale de lutte contre les Mutilations génitales féminines (MGF). A cette occasion, Lefaso .net s’est entretenu avec le photoreporter Philippe Blondel. Il est basé au Canada et est de nationalité allemande. Membre du collectif DR, il a réalisé un photoreportage sur une exciseuse repentie au Mali, pays où cette pratique n’est toujours pas interdite par la loi.

Lefaso.net : Le Collectif DR, qu’est-ce que c’est ?

Philippe Blondel : C’est un collectif de photographes reporters basé en France, entre Toulouse et Paris. J’ai intégré ce collectif en septembre 2022. Je suis nouveau au sein du collectif. Il y a principalement des photographes de presse et des reporters qui couvrent des sujets à travers le monde en photographie.

Pourquoi vous vous êtes intéressé à l’excision et plus précisément dans cette partie de l’Afrique qui est le Mali ?

L’an passé, j’ai été au Burkina Faso pour la première fois. J’y suis resté pendant trois mois avec des amis. Un jour, j’écoutais la radio et il y avait un reportage sur l’excision. J’en avais déjà entendu parler, mais sans en avoir une grande connaissance. Au Canada et en Allemagne, nous ne sommes pas très informés sur ce sujet. En été, j’ai commencé à me documenter sur le sujet. J’ai découvert qu’il y a plusieurs endroits dans le monde où cela se faisait, notamment en Somalie, en Egypte, en Indonésie, au Burkina Faso et au Mali. J’ai commencé à faire des recherches et c’est au Mali que j’avais les contacts les plus faciles. C’est là-bas que j’ai eu le plus de retours positifs.

Sous quel angle avez-vous abordé la thématique et pourquoi ?

Au début, c’était une démarche personnelle. Comme je suis un jeune reporter, cela n’est pas mon métier principal. J’ai un autre métier durant l’été au Canada. Je souhaitais en apprendre davantage sur une situation que je ne maîtrisais pas. J’avais lu beaucoup de reportages en ligne où les journalistes condamnaient la culture et le mode de vie de ces pays où l’excision est pratiquée. Moi je voulais plutôt orienter mon reportage par exemple vers une exciseuse qui a arrêté cette pratique. Je voulais le traiter sous un angle joyeux en apportant des solutions et un regard nouveau.

Êtes-vous satisfait de l’angle que vous avez préféré ?

Oui, je suis satisfait de l’angle. Après, il faut reconnaître que le reportage a été difficile à réaliser. C’était seulement mon deuxième voyage en Afrique et précisément la première fois au Mali. Mais pour une première fois, j’ai été satisfait du résultat. J’ai pu rencontrer plusieurs acteurs comme une exciseuse, des groupes de parole, des personnes victimes de l’excision et un médecin. Cela ouvre les yeux et des portes pour faire d’autres photos reportages.

Comment s’est fait la rencontre avec les personnes ressources ?

Tout s’est fait à partir du Canada. J’avais pris contact avec une association qui lutte contre l’excision au Mali. On a beaucoup échangé via e-mail, on a discuté de ce qui est faisable ou pas. C’est à partir de cela qu’on a construit le reportage. Par exemple, j’aurais aimé photographier une cérémonie où l’excision a lieu. Mais comme cette ONG était contre l’excision, c’était très compliqué de le faire. On n’a finalement pas pu le réaliser lors de ce premier voyage.

Quelles ont été les difficultés rencontrées durant le reportage ?

Les difficultés se trouvaient surtout au niveau de l’organisation du reportage. Au Mali, je ne connaissais pas les codes. Il fallait également convaincre l’exciseuse et les victimes qui veulent souvent rester anonymes parce que c’est vraiment un sujet tabou comme au Burkina Faso d’ailleurs. C’était un gros défi pour moi de les convaincre.

Que faut-il retenir à la suite de ce reportage ?

L’excision est plus un problème d’éducation que de culture. J’ai rencontré de nombreuses exciseuses qui ne sont pas au courant du danger que cela représente. Par exemple l’exciseuse que j’ai rencontré, sa grande mère et sa mère étaient des exciseuses. Elle a suivi la tradition familiale sans vraiment se poser des questions sur le fait que cela affecte les petites filles. Il faut vraiment sensibiliser et éduquer autant les jeunes filles dans les écoles que les exciseuses afin que les mentalités changent.

Selon vous, ce type de reportages peut-il aider à la lutte contre l’excision ?

Oui, cela peut aider au niveau des prises de décisions. Après, mon reportage en soi est très limité, surtout que je suis nouveau dans le domaine du photoreportage. Mais je suis certain que si je continue à faire ce métier et que j’ai plus de contacts dans quelques années avec les médias, il y a plus de chances que les choses changent. Je crois que la photographie et le reportage peuvent changer le monde.

Faut-il s’attendre à d’autres reportages sur l’excision de votre part au Burkina Faso et ailleurs ?

Oui, je vois vraiment ce reportage comme un début de projet peut-être à long terme. C’est quelque chose que j’aimerais faire développer. J’ai déjà essayé de contacter des gens en Ethiopie où l’excision se pratique. C’est vraiment un sujet qui m’intéresse. La porte n’est pas fermée pour d’autres reportages sur le même thème.

Quel conseil avez-vous à donner aux jeunes journalistes qui veulent faire du photoreportage ?

Il ne faut pas avoir peur et il faut oser. De toutes les façons si on n’ose pas on n’a rien en retour. Bien souvent, la pire chose qui puisse arriver c’est un refus. Il faut y aller quand même et si on refuse ce n’est pas la fin de monde. On va encore réessayer plus tard.

Vous pouvez voir le reportage de Philippe Blondel ici

SB
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