Actualités :: Grande interview du président de la transition : Retour sur les grands (...)

Le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, a accordé une grande interview diffusée sur la Radiodiffusion-télévision du Burkina, le vendredi 3 février 2023. Plusieurs questions ont été abordées au cours de cet entretien. Pendant plus d’une heure et demie, le chef de l’Etat a fait un tour d’horizon des préoccupations de l’heure. De la lutte contre le terrorisme, à la crise humanitaire, en passant par les relations internationales, la bonne gouvernance, la justice, etc., il a donné réponse à toutes les questions, sans langue de bois.

« Je me porte très bien. Les rumeurs vont train sur mon état. Ce n’est pas étonnant, au regard de la situation du pays », a lancé d’entrée le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, aux deux journalistes qui l’interviewaient. Après 120 jours passés à la tête du pays, il se dit plus que motivé, convaincu d’être sur le bon chemin. Cette motivation est en phase avec les résultats sur le terrain, confie-t-il. Il a affirmé que les terroristes sont aux abois. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils s’attaquent à des populations civiles non-armées, dit le capitaine Traoré. La reconquête du terrain a plusieurs phases. Le combat au sol, fait-il savoir, n’a pas encore commencé. Car pour gagner la guerre, il faut gagner la guerre du renseignement. Et le capitaine et son équipe travaillent à le rendre efficace. Un point d’honneur est également mis sur la consolidation des territoires reconquis.

« La guerre, ce sont des combats permanents. Et ce n’est pas parce qu’on perd quelques hommes que les choses n’évoluent pas positivement. Falagountou est une zone stratégique. On ne peut donc pas se lancer à la traque des terroristes après leur forfait, étant donné que c’est une zone frontalière », répond-t-il à une question sur cette commune du Séno reconquise il y a quelques semaines par les forces de défense et de sécurité, et à nouveau attaquée le 30 janvier 2023 par les terroristes.

Pas de négociation !

Le président de la transition n’est pas prêt à la négociation. Quand cette question lui a été posée, il a dit ne pas comprendre ce que les journalistes appellent négociation. « Comme je l’ai dit, cette guerre, ce n’est pas nous qui l’avons commencée. Ces terroristes ne défendent rien, ils n’ont aucun idéal. Ceux qui comprennent et qui veulent revenir, nous les accueillerons », darde-t-il.

L’acquisition d’armes est un fait. D’autres matériels de guerre sont même en cours d’acquisition, a affirmé le capitaine Ibrahim Traoré. « Les VDP sont une stratégie qu’on a expérimentée. La nouvelle donne, c’est qu’ils ne sont plus seuls. Ils sont mixés avec les FDS sur le terrain. Nous nous sommes réarticulés en six régions militaires. Certains VDP auront la tâche de faire la guerre ; d’autres, pour des raisons quelconques, nous leur attribuerons d’autres tâches », soutient le président de la transition, répondant du même coup aux accusations d’exactions qui seraient commises par ces supplétifs de l’armée. Pour le capitaine, la question des droits de l’homme est importante si bien que les VDP, au cours de leur formation, reçoivent des notions sur le sujet, grâce à des structures des droits de l’homme.

Des « exactions » de Nouna

Les enquêtes sont en cours concernant les tueries de Nouna, confirme Ibrahim Traoré. « Quand on dit que ce sont les VDP qui ont posé l’acte, c’est trop facile. L’analyse de la balistique est en cours. L’ennemi peut venir lui-même faire des exactions. Combien de fois la population a été attaquée par des hommes venus en tenue militaire ? », questionne-t-il.

La question de la division religieuse évoquée par certaines personnes n’existe pas, de son avis. Il ajoute que toutes les religions s’acceptent ici au Burkina Faso. Il en est de même pour les ethnies. Le capitaine souhaite d’ailleurs qu’on ne s’attarde pas sur ces sujets, parce que c’est de la « manipulation ». La communauté peule, souvent indexée, souffre le plus de cette guerre. Les troupeaux des membres de cette communauté et d’autres biens sont volés par les terroristes. Si bien qu’ils sont obligés de fuir comme toutes les autres ethnies. « Ceux qui jouent aux victimes ne font que du tort à cette communauté. J’ai envie de leur demander ce qu’ils font pour cette communauté », rétorque-t-il.

Pour ce qui concerne le ravitaillement des zones sous blocus, le capitaine indique qu’il n’y a pas de décélération. Il a pris l’exemple de commune de Sollé qui a été ravitaillée au cours de la semaine par voie terrestre. Chose qui n’avait pas été faite depuis des années. La commune d’Arbinda aussi l’a été. Cependant, le problème de location de camions persiste. Même si l’état-major général des armées a communiqué là-dessus, les choses n’ont pas considérablement évolué, d’après le capitaine Ibrahim Traoré.

Il y a du flou dans l’enlèvement des femmes à Arbinda, reconnaît le président de la transition. « Je pense que ministre de la Communication a donné des détails. Cela doit nous interpeller. Des langues se délient, on en saura davantage dans les semaines à venir », rassure-t-il.

Du musellement de la presse

Il n’y a pas une volonté manifeste de la part du capitaine Traoré et de ses hommes de museler la presse, assure le chef de l’Etat. « On peut nous reprocher de ne pas beaucoup communiquer, mais sachez que c’est la situation qui le recommande. On ne peut pas communiquer sur les opérations ponctuelles. Nous n’avons pas non plus l’intention de vous retirer la liberté de presse, mais nous sommes en guerre. Il faut qu’on prenne l’exemple sur d’autres pays en guerre », suggère-t-il.

Un canal sera d’ailleurs trouvé à travers la création d’un centre d’appel dans les prochains jours. Il informe que ce tuyau permettra de communiquer sans donner l’information à l’ennemi. Beaucoup d’ONG interviennent au Burkina Faso, constate le capitaine Ibrahim Traoré. Il assure qu’un inventaire est en cours. Parce que le gouvernement souhaite avoir un œil sur leurs mouvements, notamment les vivres qu’elles convoient dans les zones sous blocus. « Si cela n’est pas fait, on sera dans l’obligation d’abattre des avions », menace-t-il.

Un partenariat « gagnant-gagnant »

Sur les questions des relations internationales, il affirme que le Burkina Faso veut diversifier ses partenariats. L’ambition est de tisser des partenariats gagnant-gagnant. « Nous n’avons pas une dent contre un partenaire particulier. S’il y a des accords qui empêchent de donner de la dignité à nos populations, il est de notre devoir de les dénoncer. J’insiste sur la question de la souveraineté. Peu importe l’Etat, si c’est pour venir nous coloniser encore, nous ne sommes pas d’accord », clarifie-t-il.

Et quand on lui demande si Wagner est au Burkina Faso, le président de la transition dit avoir appris, comme tout le monde, que le groupe paramilitaire privé russe est au Burkina. C’est, selon lui, une rumeur qui a été ventilée par des gens de mauvaise foi pour isoler le Burkina, pour que tout le monde le fuie. Il dit d’ailleurs « merci » à ces gens, parce qu’ils ont permis de développer des stratégies endogènes. D’ailleurs, le Burkina Faso a déjà ses Wagner : ce sont les VDP, ironise-t-il.

Allégations de détournement de 400 millions par un capitaine

Pour ce qui concerne les allégations de détournement de 400 millions de francs CFA par un capitaine, Ibrahim Traoré dit avoir vu l’information un matin dans un journal. Il dit avoir tout de suite demandé à l’ASCE-LC et à l’état-major des armées d’investiguer. « Au fur et à mesure des investigations, on a compris qu’il y avait deux cas. Soit le journaliste n’a pas compris l’information, soit il est de mauvais foi. Jusqu’à l’instant où je vous parle, il n’y a rien de concret sur cette affaire, d’autant plus que le journaliste refuse de nous donner sa source », explique-t-il. Il ajoute que cette affaire a créé de la méfiance au sein de la troupe.

Sur la question de la gouvernance, le président de la transition laisse entendre que l’ASCE-LC a carte blanche pour investiguer dans toutes les institutions. La présidence du Faso ne dérogera pas à la règle. Car c’est la gouvernance qui est la cause de tous les problèmes que vit le Burkina Faso. « La lutte contre la corruption est engagée et on ira jusqu’au bout », prévient-il. Les remaniements ministériels intervenus ne sont pas, pour le capitaine Ibrahim Traoré, une erreur de casting. Car chaque ministre a reçu un cahier de charges et une règle de conduite ; et si un ministre déroge à ces règles, il va de soi qu’on le remplace.

La situation du colonel Emmanuel Zoungrana

La situation du colonel Emmanuel a été aussi évoquée. D’après le président de la transition, il était en prison pour des raisons qu’il ne maîtrisait pas. Il avait bénéficié d’une liberté provisoire. Il dit avoir été par la suite surpris que des enquêtes l’incriminent encore pour un coup qu’il préparait depuis sa cellule. Des traces de ce coup auraient été trouvées dans son téléphone. « Je suis en bons termes avec tous mes frères d’armes. Avec le colonel Zoungrana, je n’ai pas de relations particulières », précise-t-il.

La situation des mines inquiète également le capitaine Ibrahim Traoré. Il affirme qu’ils travaillent pour maintenir le cap afin que d’autres mines ne ferment pas. Les mines fermées seront rouvertes. Le code minier sera également révisé parce qu’on ne sait pas exactement la quantité d’or qui sort du pays.

La justice sera reformée. Elle sera basée sur nos valeurs. « Un programme sera mis en place. Les peines de prison seront converties pour qu’elles soient des peines de travaux forcés pour construire le Burkina Faso », envisage-t-il. Il a terminé en disant que le Burkina est sur le chemin de la victoire. Car la guerre sera bientôt lancée et la victoire est certaine. Le pays retrouvera son calme d’antan, promet-il.

Obissa Juste MIEN
Lefaso.net

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