Actualités :: Burkina Faso : Une conférence publique pour discuter des enjeux et défis de (...)

L’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) a abrité, le 3 février 2023, une conférence publique sur le thème « Enregistrement des décès au Burkina Faso : réalité et enjeux ». Faisant partie d’une série de trois conférences, l’activité avait pour objectif de vulgariser les résultats de recherche menée dans le cadre du programme « Renforcement des capacités, production et diffusion de connaissances sur la population burkinabè » financé par l’Union européenne.

Malgré la douleur que cause la mort d’un être cher, il est nécessaire pour le parent le plus proche de faire enregistrer le décès et d’obtenir un acte de décès. Dans une démarche de sensibilisation, l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) a organisé une conférence publique sur le thème « Enregistrement des décès au Burkina Faso : réalité et enjeux ». Cette tribune d’échanges et de partage de connaissances a réuni des étudiants et des acteurs du monde de la recherche.

Vue des participants.

Pendant plus de trois heures, les communicateurs, au nombre de quatre, ont tenu en haleine les participants. Souleymane Zoromé et Yacouba Compaoré ont présenté les résultats de l’étude qualitative et quantitative sur l’enregistrement des décès au Burkina Faso. Abdoulaye Tall, conseiller en aménagement du territoire et du développement local, s’est appesanti sur « la pratique de l’enregistrement des décès dans nos communes : enjeux, défis et perspectives ». Il ressort de sa communication que dans la commune de Ouagadougou, les décès ne sont pas enregistrés ou sont faiblement enregistrés par rapport aux naissances.

Abdoulaye Tall, conseiller en aménagement du territoire et du développement local.

S’appuyant sur les statistiques du recensement général de la population, il a indiqué que seulement 15% des décès d’hommes et 12% des décès de femmes ont été déclarés en 2021. « Les gens sont plus prompts à faire des jugements qu’à faire des déclarations. Quand c’est un jugement, la procédure est encore plus longue. Pourtant la déclaration, elle est gratuite et l’établissement est rapide. En moins de 30 minutes, vous avez l’acte de décès », a-t-il déclaré. Les facteurs qui expliquent la réticence de la population sont, selon lui, la méconnaissance de l’importance de l’enregistrement des décès et le manque d’intérêt. « Il n’y a pas un travail qui est fait pour permettre à la population de pouvoir avoir la culture de l’enregistrement des décès », ajoute M. Tall. Quant aux principaux défis auxquels l’état civil est confronté, il a signalé le non-respect des délais des déclarations de décès et le renforcement des capacités des acteurs (officiers d’état civil et officiers d’état civil délégués) en matière de gestion et de tenue des registres de décès. Comme autres défis, il y a le perfectionnement des registres de remplissage et des mécanismes de collecte des données statistiques, la modernisation et la sécurisation de l’état civil à travers l’utilisation des technologies de l’information et de la communication.

La cérémonie a connu la présence du directeur adjoint de l’ISSP.

En guise de perspectives à court terme, le conseiller en aménagement du territoire et développement local recommande le renforcement des actions de sensibilisation de la population, l’accroissement des capacités des centres d’état civil en moyens humains et logistiques, la mise en réseau de tous les acteurs intervenant en matière d’état civil dont les ministères de la Justice et de la Santé, les mairies, les gouvernorats et d’autres acteurs comme la police judiciaire. A moyen et long termes, il suggère la modernisation et la sécurisation des documents d’état civil à travers la digitalisation du système d’état civil, la mise à l’échelle du logiciel iCivil et l’expérimentation de la technologie mobile pour la déclaration des faits d’état civil. « Ce sont des expériences qui sont faits ailleurs, notamment en Ouganda. Je pense que nous pouvons également copier pour pouvoir mieux moderniser notre état-civil », conseille-t-il.

Harouna Ouédraogo, administrateur civil en poste au ministère de l’Administration territoriale, quant à lui, a soulevé la question des « lois et règlements régissant l’enregistrement des décès au Burkina Faso : enjeux, défis et perspectives ». Il a parlé de l’état civil dans sa globalité et des problèmes rencontrés dans l’enregistrement des décès.

Selon Harouna Ouédraogo, administrateur civil en poste au ministère de l’Administration territoriale, c’est le Code des personnes et de la famille qui fonde et légitime toutes les questions liées à l’état civil au Burkina Faso.

La communication a également permis de montrer les conditions de déclaration des décès, qui peut déclarer un décès, dans quels délais, qui reçoit la déclaration de décès et quels sont les éléments à mettre sur l’acte de décès. Selon le Code des personnes et de la famille, le délai légal pour déclarer un décès est de deux mois. L’importance du document n’est plus à démontrer. Il aide le pouvoir public à planifier les services au profit de la population, surtout dans le domaine de la santé. Sur le plan de la recherche, c’est une source d’informations en santé publique, en géographie, en sociologie. « Il y a des pratiques qui concourent à rendre difficiles les déclarations. Au niveau des services d’état civil, on demande souvent que celui qui vient déclarer ait d’abord des papiers avant de déclarer un décès. De plus, les gens ne voient pas l’intérêt de déclarer un décès s’il n’y a pas un héritage ou autre chose après la mort », a rappelé M. Ouédraogo.

Pour relever ce défi, il pense qu’on peut mettre à contribution les responsables coutumiers et communautaires, ou encore instaurer l’informatisation de l’état civil au Burkina Faso.

Des étudiants y ont pris part.

A l’issue des présentations, des échanges constructifs ont eu lieu entre les participants et les conférenciers, sous la modération de Dr Hervé Bassinga, enseignant-chercheur à l’ISSP.

La présente activité s’inscrit dans le cadre du programme « Renforcement des capacités, production et diffusion de connaissances sur la population burkinabè » financé par l’Union européenne.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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