Actualités :: Incendie du marché de “Sankar-yaaré” : « Les responsables du marché et la police (...)

Suite à l’incendie qui a ravagé une grande partie du marché de “Sankar-yaaré” le dimanche 29 janvier 2023, les témoignages sur les circonstances de ce drame ne cessent pas. Interrogé par la presse en marge de la visite du gouvernement sur les lieux du sinistre le lundi 30 janvier 2023, Moussa Zoundi, membre de l’Association des jeunes commerçants du Burkina Faso confie avoir interpellé en vain la police et les responsables du marché sur la présence des produits explosifs au sein du marché.

La présence d’explosifs utilisés notamment dans les sites d’orpaillage serait, selon certaines rumeurs, à l’origine de l’incendie du marché de Sankaryaré. En attendant que l’enquête promise par le gouvernement ne dévoile les véritables raisons de cet incendie, Moussa Zoundi, membre de l’Association des jeunes commerçants du Burkina Faso, estime que cette situation était prévisible. Il dit avoir interpellé en vain, les premiers responsables du marché et les forces de l’ordre affectées à la sécurisation du marché, sur la présence des produits explosifs au sein du marché.

« Je suis membre de l’Association des jeunes commerçants du Burkina Faso. Bien avant cet incendie, nous avons constaté l’arrivée des explosifs sur le marché. Nous avons interpellé la police et les premiers responsables du marché sur la présence de ces explosifs. Nous nous (association) sommes mobilisés contre la présence de ces produits explosifs. Nous avons demandé à la police, comment se fait-il que ces produits explosifs se retrouvent sur la place du marché malgré leur présence et les contrôles ? Nous voulions appeler un autre corps pour la saisie de ces produits mais cela reviendrait à manquer de respect à la police, aux agents qui sont sur place », déclare-t-il d’entrée.

« Donc pour nous, si la police affectée pour la protection du marché dit qu’elle n’est pas au courant de cette présence, elle est complice. Les premiers responsables du marché sont également au courant. C’est une situation qui ne date pas d’aujourd’hui. Grâce à nos actions d’interpellation, ces produits ont été saisis à plusieurs reprises mais cela persiste. Que faire dans cette situation ? », S’interroge-t-il

Selon Moussa Zoundi, malgré leurs actions et détermination, les ventes des explosifs ont continué sans problème. « Il y a à peine un mois, ces produits sont revenus et déposés juste à quelques pas de ma boutique. Je suis reparti voir la police et ceux qui s’occupent de la gestion du marché, les informer que quelqu’un est venu avec des produits explosifs qui peuvent être dangereux pour nous. Si ça explose, ça va nous tuer tous. Il serait donc judicieux de déplacer ces produits. Grâce à notre mobilisation, les responsables du marché ont évacué les explosifs. On parle de ça tous les jours mais rien ne change », confie-t-il.

Il dit assumer les éventuelles conséquences de son témoignage. Moussa Zoundi pointe du doigt la police qui selon lui, a failli dans sa mission. « Peu importe les conséquences, je vais vous dire la vérité. La police n’a pas fait son travail. Les produits rentrent dans le marché à tout moment, même à minuit. Malgré la présence des gardiens des magasins et boutiques, il y’a toujours des braquages, quel est leur rôle ? Je suis prêt à répondre à n’importe quelle convocation, j’ai des preuves. Je ne suis pas seul, nous partons toujours en groupe, en délégation pour les écouter et leur soumettre nos doléances. Mais pourquoi le problème persiste toujours ? Ceux-là même que l’Etat a choisi pour veiller sur le bon fonctionnement du marché, ce sont eux les complices jusqu’à ce que survienne ce drame » a-t-il affirmé.

« On dirait que le marché n’a pas de responsables. Les produits rentrent seulement sans soucis. Il y a des gens qui sont là, qui n’ont pas de boutiques ou ateliers brûlés mais seront les premiers à témoigner sur les évènements. Ils ne disent pas la vérité. On les a interpelés à plusieurs reprises sur la situation en vain. Ils sont toujours restés silencieux à nos plaintes. Après chaque interpellation, nous sommes vus comme des gens jaloux, envieux alors que c’est pour notre bien à tous. Voilà, qu’aujourd’hui, c’est nous tous qui avons perdu » ajoute-il.

Moussa Zoundi appelle les commerçants à plus de responsabilité pour éviter un tel drame. Il interpelle aussi les autorités à se pencher sérieusement sur la gestion des marchés, notamment le choix des premiers responsables. « Je pense que nous les commerçants, nous devrons prendre des dispositions pour éviter ces genres de drame. Nous devons toujours informer ou contacter les autorités compétentes notamment les agents de la police affectés à la sécurisation du marché et les premiers responsables du marché en cas de présence de produits explosifs. Je souhaite que ce drame n’arrive plus jamais au Burkina Faso, sur aucun marché. Il faut trouver des personnes intègres pour la gestion des marchés afin d’éviter ces genres de problèmes. J’appelle également les commerçants et les responsables des autres marchés à agir de concert en cas de présence de produits illicites pour le bien de tous et éviter pareille situation », a-t-il souhaité.

Pour rappel, le marché Sankaryaré de Ouagadougou a été ravagé par les flammes le dimanche 29 janvier 2023.
Une délégation gouvernementale composée du ministre en charge du commerce, de celui en charge de la communication et du ministre de la solidarité s’est rendue sur le site du marché le lendemain.
A l’issue de la visite, le ministre en charge du commerce Serge Poda a annoncé que selon les dernières statistiques faites par les responsables de la Chambre de commerce, l’incendie du marché Sankaryaré a entraîné la perte d’environ 70% des boutiques.

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